Les Peres de l’Eglise & les plus profonds Philosophes de l’Antiquité prétendent que c’est sur les principes de cette Musique naturelle, que Dieu a créé l’Univers, & qu’il en a formé l’arrangement avec la premiere matiere : c’est ainsi sur ce fondement qu’ils le qualifient quelquefois de grand Musicien & d’Architecte du monde. […] Ces Philosophes prétendent encore que tout ce qui se meut dans la nature n’agit que sur les principes de cette Musique naturelle, & qu’elle régle tous les mouvemens de l’Univers, dont les effets néanmoins sont aussi imperceptibles à notre esprit qu’à nos sens, & par conséquent très-difficiles à concevoir, & dont nous n’avons que des preuves littérales & artificielles, je veux dire simplement écrites par des anciens Poëtes & Musiciens, qui ne sont pas suffisantes pour une conviction incontestable. […] Cardan nous donne encore une idée de la Musique naturelle, par l’examen qu’il a fait de la composition du corps humain, qui n’agit, à ce qu’il dit, que sur les principes de cette Musique. […] Quelques Rabins ont prétendu que le flux & le reflux de la mer se faisoit sur les principes de la Musique naturelle, fondez sur ce que Dieu a dit qu’il avoit réglé ses bornes ; du moins peut-on croire que cette Musique existe dans tous les élémens. […] Ainsi il a été facile à Dieu de donner aux Planetes un mouvement harmonieux, sur les principes de cette Musique naturelle, comme l’a crû Pitagore.
Du menuet On a abandonné depuis longtemps le menuet, et il n’est plus d’usage dans les danses de société, cependant il renferme tous les principes de l’art ; et il est facile de démontrer qu’on ne peut parvenir à danser, je ne dis pas bien, mais même médiocrement sans s’y être appliqué : cette danse développe les membres, leur donne des contours gracieux, du moelleux et de la justesse dans les mouvements, de l’aplomb et du soutien dans l’équilibre du corps ; et si la plupart des danseurs ont des attitudes forcées, des mouvements durs et un équilibre mal assuré, c’est qu’ils ignorent ou qu’ils n’ont pas assez pratiqué ces premiers principes ; aussi voit-on la plupart des danseurs modernes se placer comme des mannequins et se mouvoir comme des automates ; j’invite donc les amateurs à ne point le négliger ; il est très-important de s’appliquer à le bien apprendre, d’autant plus qu’il est à l’art de la danse ce qu’est l’a, b, c, à l’égard des mots et des discours.
L es arts en général ont des règles et des principes ; ces principes et ces règles sont-ils scrupuleusement suivis ? non, Monsieur, il n’existe qu’un seul principe commun à tous, dont on ne peut s’écarter sans se perdre, où s’egarer, c’est l’imitation de la belle nature. […] Il faut conclure que les règles sont exéllentes jusqu’à un certain point ; il en est d’elles, (je le répéte) comme il en est les principes en général. […] Peut-on, d’après la variété des tailles, des constructions physiques, et des déffauts qui s’y rencontrent, poser un principe immuable ? […] Fier d’une réputation usurpée, vain par principes, insolent par succès, il se permettait envers des femmes titrées les propos les plus durs, et les plus impertinents.
Cet art, considéré comme faisant partie de l’éducation, acquiert une importance qu’il ne semble pas d’abord mériter : mais si l’on réfléchit sur la forme que la nature nous a donnée, sur les fonctions qu’elle a attribuées à chacun de nos membres, on sera porté à conclure que, si l’homme n’était pas sans cesse mû par l’imitation, peut-être resterait-il accroupi, ou ne marcherait-il que comme les quadrupèdes ; ce n’est que l’exemple et l’impression que font sur lui les images extérieures, qui le portent à un maintien tout autre que celui que lui donnerait sa structure : or les vrais principes de la danse n’étant autre chose que la belle manière d’exécuter les différents mouvements du corps, de composer son maintien et de se présenter avec grâce, il est indubitable que la danse corrige les vices et les erreurs de la nature. […] Mais autant la danse est essentielle à l’éducation de la jeunesse, autant il est important qu’elle soit enseignée par des maîtres qui en connaissent les vrais principes, et qui aient un jugement sain ; car il est bon de savoir que cet art a ses charlatans comme tant d’autres, et qu’il n’y a rien de si commun que de voir faire des méprises intolérables. […] En présentant au public ce traité élémentaire, je crois lui fournir des moyens d’instruction dans un art qui, sous tous les rapports et à tant d’égards, est devenu précieux à la société, et tellement essentiel à l’éducation, qu’il est comme impossible de figurer sur le théâtre du monde sans en avoir au moins quelques légères connaissances ; et n’eussé-je tracé que les vrais principes, consacrés par l’usage et pratiqués par les meilleurs artistes, je croirais avoir rendu un service aux parents et aux personnes destinées à l’éducation de la jeunesse ; elles pourront au moins, en le lisant avec attention, juger du mérite des maîtres entre les mains desquels ils mettront leurs élèves, et, je dis plus, même leur enseigner les premiers principes sans leur secours.
Dans l’impossibilité, où je suis de lire dans le passé, et de voyager dans le néant des siècles, je ne Hazarderai pas de prononcer affirmativement sur cet objet ; mais comme on se trompe rarement en consultant la nature, je me bornerai à chercher dans celle de l’homme le principe inné des arts et des connaissances humaines. Oui, c’est dans la conformation, ou la construction de l’homme dans ses organes, et ses facultés intellectuelles, qu’il faut puiser de grandes vérités ; c’est dans ses mouvemens physiques, sa charpente, ses articulations, le jeu varié de leurs différentes charnières, la mobilité des muscles et des tendons, c’est enfin dans une multitude innombrable de positions, et d’attitudes diversifiées à l’infini, et toutes contrastées, par les oppositions des bras, que l’on trouvent le principe de tous les mouvemens possibles. […] Il faut conclure d’après ces observations puisées dans la nature de l’homme, que la danse, et la musique privées de règles et de principes, sont aussi anciennes que le monde. La nécessité et le besoin furent deux sources fécondes, où les hommes puisèrent les prémiers principes des arts, et des sciences. […] Ce fut alors que les hommes devinrent imitateurs ; la marche régulière des astres, le renouvellement périodique des saisons, et l’ordre incompréhensible qui régne dans l’univers, leur apprirent combien il étoit nécessaire d’établir des règles, des principes de l’harmonie, et de l’ordre dans leurs imitations.
Je vais établir une comparaison propre a étayer d’une manière solide mes observations et mes principes. […] Il est un principe immuable. […] La physique a démontré ce principe : il est invariable et ne peut être modifié. […] Dupré a établi ces règles et ces principes. […] On me dira que ce genre est neuf, et je répondrai que les principes des arts établis parle goût et embellis par l’imagination sont invariables.
Je ne prétends point publier un traité complet d’orchestographie2 ; j’entreprends seulement d’établir et de développer quelques principes certains, quelques règles infaillibles d’un art utile et aimable, l’un des premiers ornemens de la société, et qui fait, pour ainsi dire, partie de l’éducation nationale. […] Mais, si les principes du vrai et du beau peuvent s’éclipser pendant quelque tems, ils ne reparaissent qu’avec plus d’éclat après des jours de trouble et de révolution : aujourd’hui, un maître habile et sage peut parvenir à former des élèves, qui uniront à la noblesse décente de la danse ancienne, l’aisance et la grâce de la danse moderne. Tels sont les principes qui servent de base à cette méthode, que j’ai puisée dans l’expérience et dans l’étude de la nature.
Comment est-il possible d’exceller dans un art dont on ignore les premiers principes ? […] Je vais parcourir le plus rapidement possible les occupations du maître de ballets, les obligations qu’il a à remplir, les règles qu’il doit suivre, et les principes qu’il doit adopter. […] Cette harmonie intime de mouvemens de toute la machine ne peut être le résultat des principes de l’école ; l’élève est, si j’ose m’exprimer ainsi, un bloc que les principes dégrossissent ; ils l’ébauchent, mais le goût seul, je le répète, finit et donne à la figure les contours et la grace qu’elle doit avoir pour être vraiment belle.