/ 203
5. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre X. » pp. 130-144

La vraie pantomime suit la nature dans toutes ses nuances : S’en écarte-t-elle un instant, elle fatigue, elle révolte. […] Il faut conclure d’après cela que les préceptes stériles de l’école doivent disparoitre dans la danse en action, pour faire place au sentiment de la nature. […] Roscius ne le fut que d’un seul, que la nature sans doute avoit servi ; encore y trouvoit-il toujours quelque chose à reprendre. […] On ne peut se distinguer au théatre que lorsqu’on est aidé par la nature ; c’étoit le sentiment de Roscius. […] Le goût n’est pas dans les difficultés ; il tient de la nature ses agrémens.

6. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE X. » pp. 261-289

Il faut conclure d’après cela que les préceptes stériles de l’Ecole doivent disparoître dans la Danse en action pour faire place à la nature. […] Il n’appartient pas à tout le monde d’avoir du goût ; la nature seule le donne, l’éducation le rafine & le perfectionne ; toutes les regles que l’on établiroit pour en donner, seroient inutiles. […] Roscius ne le fut que d’un seul que la nature sans doute avoit servi, encore y trouvoit-il toujours quelque chose à reprendre. […] On ne peut se distinguer au Théatre que lorsqu’on est aidé par la nature, c’étoit le sentiment de Roscius. […] De deux Acteurs également servis par la nature, celui qui sera le plus éclairé sera sans contredit celui qui mettra le plus d’esprit & de légéreté dans son jeu.

7. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVIII. » pp. 185-200

Ces situations pénibles et forcées tiennent de loin en loin à la nature. […] Garrick étoit pour ainsi dire à l’affût de la nature ; il la guettoit sans cesse et la saisissoit toujours avec précision. […] Combien elle étoit chère au public, et combien ce précieux chef-d’oeuvre de la nature à été …… Garrick n’en dit pas davantage, et quelques larmes s’échappèrent de ses yeux. […] L’art fit pour Mademoiselle Clairon tout ce que la nature avoit fait pour Mademoiselle Dumesnil. […] Elle ne doit à la nature que la beauté de son organe ; tout le reste appartient à l’art.

8. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Avx cavaliers et avx dames, par luy mesme. »

  Car vray Phare pour tous il a rendu par fait Le chemin du bien estre : Ioignant comme il a fait, Et la Nature a l’Art, & l’Art a la Nature.

9. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

La nature est elle uniforme dans ses productions ? […] non, sans doute, les gradations et les dégradations des productions de la nature sont infinies ; leur variété est immense et incompréhensible. […] Nulle diversité dans les traits, nulle expression, nul caractère : tout languit, et la nature gémit sous un masque mort et désagréable. […] Ils doivent imiter cette simplicité, cette joye franche de la nature en belle humeur. […] On a senti que ces ombres inanimées et imparfaites de la belle nature s’opposoient à la vérité et à la perfection des comédies.

10. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Non, Monsieur, le Magasin de Ducreux ne fut jamais celui de la nature ; ses masques en offrent la charge & ne lui ressemblent point. […] La nature est-elle uniforme dans ses productions ? […] Non, sans doute, les gradations & les dégradations des productions de la nature sont infinies ; leur variété est immense & incompréhensible. […] On a senti que ces ombres inanimées & imparfaites de la belle nature, s’opposoient à la vérité & à la perfection du Comédien. […] La nature ne peut s’associer à l’art grossier ; ce qui l’éclipse & ce qui la dégrade doit être proscrit par l’Artiste éclairé.

11. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre VIII. De la Musique naturelle attribuée à Dieu comme l’Auteur de la Nature. » pp. 183-194

De la Musique naturelle attribuée à Dieu comme l’Auteur de la Nature. […] Les premiers Philosophes & Musiciens de l’Antiquité, tels que Mercure, Trismegiste, Thales, Pytagore, Platon & Aristoxene, qui ont reconnu un être souverain Auteur de la Nature, ont aussi crû qu’il a réglé les mouvemens des Cieux & des Planetes, par les accords sonores de l’harmonie, & que ces mouvemens forment un concert à la gloire de leur Créateur, dont il a donné la clef aux Intelligences célestes, & qu’il y en a de préposées pour le gouvernement de tous les élémens. Ces Philosophes prétendent encore que tout ce qui se meut dans la nature n’agit que sur les principes de cette Musique naturelle, & qu’elle régle tous les mouvemens de l’Univers, dont les effets néanmoins sont aussi imperceptibles à notre esprit qu’à nos sens, & par conséquent très-difficiles à concevoir, & dont nous n’avons que des preuves littérales & artificielles, je veux dire simplement écrites par des anciens Poëtes & Musiciens, qui ne sont pas suffisantes pour une conviction incontestable. […] Pline nous apprend dans son Histoire naturelle, que quelques Grecs coupant de certains roseaux appellez Bonbiscins, il en sortit un son mélodieux, & ils étoient organisez à proportion de leur grosseur & de leur hauteur, dont Antigenes fameux Musicien fit faire des flutes excellentes ; desorte que c’est par les effets de ces roseaux harmonieux, que l’on a pû trouver l’invention des Orgues : ce son mélodieux est, ce me semble, une preuve de la résidence de la Musique dans la nature. […] Mais comme les eaux des fontaines sont de differente nature, le ton qui convient à l’une pour la faire danser, ne convient pas à l’autre ; c’est au joueur de flute à le trouver : il faut aussi qu’il soit des plus habiles, pour jouer tendrement ces beaux airs de flute des Operas de Lully, qui émeuvent la nature ; & quand l’eau est bien agitée, elle danse au son des Menuets, de la Gigue, & sur des tons patétiques : cette expérience peut convaincre les plus incrédules sur les effets de la Musique naturelle.

12. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre II » pp. 10-20

Je vais causer avec vous sur l’objet intéressant et fugitif de votre demande, je consulterai la nature, mais elle est souvent mystérieuse ; ses secrets impénétrables opposent à la curiosité une barrière qui arrête l’esprit, et que le génie ne peut franchir. […] Il faut conclure d’après ces observations puisées dans la nature de l’homme, que la danse, et la musique privées de règles et de principes, sont aussi anciennes que le monde. […] La mélodie, ce chant naif, et touchant qui n’emprunte rien de l’art et qui doit tout au goût et à la nature a surnagé sur les flots tumultueux des siècles ; le tems n’a pu flétrir ses charmes, et elle brille encore parmi nous de l’éclat, et de la fraîcheur intéressante de la jeunesse. […] Tout cela est conjectural, mais n’est pas invraisemblable ; et l’on peut croire aisément que les artistes n’ont produit que des caricatures informes de la belle nature, jusqu’au moment, où ils parvinrent à l’imiter, et à la faire sourire. […] Je sais qu’elle emprunte plusieurs choses de la nature.

/ 203