La vraie pantomime suit la nature dans toutes ses nuances : S’en écarte-t-elle un instant, elle fatigue, elle révolte. […] Il faut conclure d’après cela que les préceptes stériles de l’école doivent disparoitre dans la danse en action, pour faire place au sentiment de la nature. […] Roscius ne le fut que d’un seul, que la nature sans doute avoit servi ; encore y trouvoit-il toujours quelque chose à reprendre. […] On ne peut se distinguer au théatre que lorsqu’on est aidé par la nature ; c’étoit le sentiment de Roscius. […] Le goût n’est pas dans les difficultés ; il tient de la nature ses agrémens.
Il faut conclure d’après cela que les préceptes stériles de l’Ecole doivent disparoître dans la Danse en action pour faire place à la nature. […] Il n’appartient pas à tout le monde d’avoir du goût ; la nature seule le donne, l’éducation le rafine & le perfectionne ; toutes les regles que l’on établiroit pour en donner, seroient inutiles. […] Roscius ne le fut que d’un seul que la nature sans doute avoit servi, encore y trouvoit-il toujours quelque chose à reprendre. […] On ne peut se distinguer au Théatre que lorsqu’on est aidé par la nature, c’étoit le sentiment de Roscius. […] De deux Acteurs également servis par la nature, celui qui sera le plus éclairé sera sans contredit celui qui mettra le plus d’esprit & de légéreté dans son jeu.
Ces situations pénibles et forcées tiennent de loin en loin à la nature. […] Garrick étoit pour ainsi dire à l’affût de la nature ; il la guettoit sans cesse et la saisissoit toujours avec précision. […] Combien elle étoit chère au public, et combien ce précieux chef-d’oeuvre de la nature à été …… Garrick n’en dit pas davantage, et quelques larmes s’échappèrent de ses yeux. […] L’art fit pour Mademoiselle Clairon tout ce que la nature avoit fait pour Mademoiselle Dumesnil. […] Elle ne doit à la nature que la beauté de son organe ; tout le reste appartient à l’art.
Car vray Phare pour tous il a rendu par fait Le chemin du bien estre : Ioignant comme il a fait, Et la Nature a l’Art, & l’Art a la Nature.
La nature est elle uniforme dans ses productions ? […] non, sans doute, les gradations et les dégradations des productions de la nature sont infinies ; leur variété est immense et incompréhensible. […] Nulle diversité dans les traits, nulle expression, nul caractère : tout languit, et la nature gémit sous un masque mort et désagréable. […] Ils doivent imiter cette simplicité, cette joye franche de la nature en belle humeur. […] On a senti que ces ombres inanimées et imparfaites de la belle nature s’opposoient à la vérité et à la perfection des comédies.
Non, Monsieur, le Magasin de Ducreux ne fut jamais celui de la nature ; ses masques en offrent la charge & ne lui ressemblent point. […] La nature est-elle uniforme dans ses productions ? […] Non, sans doute, les gradations & les dégradations des productions de la nature sont infinies ; leur variété est immense & incompréhensible. […] On a senti que ces ombres inanimées & imparfaites de la belle nature, s’opposoient à la vérité & à la perfection du Comédien. […] La nature ne peut s’associer à l’art grossier ; ce qui l’éclipse & ce qui la dégrade doit être proscrit par l’Artiste éclairé.
De la Musique naturelle attribuée à Dieu comme l’Auteur de la Nature. […] Les premiers Philosophes & Musiciens de l’Antiquité, tels que Mercure, Trismegiste, Thales, Pytagore, Platon & Aristoxene, qui ont reconnu un être souverain Auteur de la Nature, ont aussi crû qu’il a réglé les mouvemens des Cieux & des Planetes, par les accords sonores de l’harmonie, & que ces mouvemens forment un concert à la gloire de leur Créateur, dont il a donné la clef aux Intelligences célestes, & qu’il y en a de préposées pour le gouvernement de tous les élémens. Ces Philosophes prétendent encore que tout ce qui se meut dans la nature n’agit que sur les principes de cette Musique naturelle, & qu’elle régle tous les mouvemens de l’Univers, dont les effets néanmoins sont aussi imperceptibles à notre esprit qu’à nos sens, & par conséquent très-difficiles à concevoir, & dont nous n’avons que des preuves littérales & artificielles, je veux dire simplement écrites par des anciens Poëtes & Musiciens, qui ne sont pas suffisantes pour une conviction incontestable. […] Pline nous apprend dans son Histoire naturelle, que quelques Grecs coupant de certains roseaux appellez Bonbiscins, il en sortit un son mélodieux, & ils étoient organisez à proportion de leur grosseur & de leur hauteur, dont Antigenes fameux Musicien fit faire des flutes excellentes ; desorte que c’est par les effets de ces roseaux harmonieux, que l’on a pû trouver l’invention des Orgues : ce son mélodieux est, ce me semble, une preuve de la résidence de la Musique dans la nature. […] Mais comme les eaux des fontaines sont de differente nature, le ton qui convient à l’une pour la faire danser, ne convient pas à l’autre ; c’est au joueur de flute à le trouver : il faut aussi qu’il soit des plus habiles, pour jouer tendrement ces beaux airs de flute des Operas de Lully, qui émeuvent la nature ; & quand l’eau est bien agitée, elle danse au son des Menuets, de la Gigue, & sur des tons patétiques : cette expérience peut convaincre les plus incrédules sur les effets de la Musique naturelle.
Je vais causer avec vous sur l’objet intéressant et fugitif de votre demande, je consulterai la nature, mais elle est souvent mystérieuse ; ses secrets impénétrables opposent à la curiosité une barrière qui arrête l’esprit, et que le génie ne peut franchir. […] Il faut conclure d’après ces observations puisées dans la nature de l’homme, que la danse, et la musique privées de règles et de principes, sont aussi anciennes que le monde. […] La mélodie, ce chant naif, et touchant qui n’emprunte rien de l’art et qui doit tout au goût et à la nature a surnagé sur les flots tumultueux des siècles ; le tems n’a pu flétrir ses charmes, et elle brille encore parmi nous de l’éclat, et de la fraîcheur intéressante de la jeunesse. […] Tout cela est conjectural, mais n’est pas invraisemblable ; et l’on peut croire aisément que les artistes n’ont produit que des caricatures informes de la belle nature, jusqu’au moment, où ils parvinrent à l’imiter, et à la faire sourire. […] Je sais qu’elle emprunte plusieurs choses de la nature.