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13. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XI. » pp. 107-114

La première ne parle qu’aux yeux, et les charme par la simétrie de ses mouvemens, par le brillant des pas et la variété des tems ; par l’élévation du corps l’aplomb, la fermeté, l’élégance des attitudes, la noblesse des positions, et la bonne grace de la personne. […] J’ai dit ailleurs, et je dois le répéter, que le devoir d’un acteur pantomime est de faire passer dans l’âme du spectateur par l’expréssion vraie de ses mouvemens, de ses gestes, et de sa physionomie, les sentimens, les passions dont il est agité. […] Le danseur qui ne s’attache qu’à la partie méchanique de sa profession a bien moins d’étude et de recherches à faire que celui qui veut réunir l’art aux mouvemens combinés des pieds, et des bras ; si ce danseur est favoisé par la nature, ses progrès seront rapides : il doit être, pour ainsi dire, jetté dans le moule des graces, et être construit comme l’étoit VestRiis père, et Le Picq. […] L’homme employé dès sa naissance à la culture de la terre, contracte l’habitude de ses travaux pénibles, et de ses positions forcées : ses mouvemens sans cesse répétés dans le même sens deviennent pour lui une routine à la qu’elle il obéit machinalement ; à mesure qu’il se fortifie, ses muscles acquièrent de la rigidité ; il perd l’adresse et la souplesse si nécessaires aux mouvemens variés des bras. […] C’est par la même raison que l’acteur qui n’exerce que sa mémoire, a l’esprit si rétréci hors de ses rôles, et que le danseur qui borne ses études au méchanisme des mouvemens des jambes, est si pauvre en idées, et si mesquinement uniforme dans la composition de ses pas.

14. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXVII. Des Tems de Courantes, ou pas graves. » pp. 115-121

Il faut d’abord sçavoir, que ce pas n’est nommé tems que parce qu’il n’est renfermé que dans un seul pas & un seul mouvement, & qu’il tient la même valeur que l’on employe à faire un autre pas composé de plusieurs mouvemens, & plusieurs pas comme un pas de Courante, ou pas de Bourée ; voilà la difference que je fais du pas au tems. Mais ce tems n’est pas seulement dans la Courante, on le place dans toutes sortes de danses, où il fait un bon effet, & même il procure beaucoup de grace au corps par ses mouvemens doux & temperez, qu’il faut observer pour le bien faire. […] Il se fait des pas que nous appellons seulement tems, mais qui ne doivent pas être confondus dans la même maniere de ceux-ci ; quoique leurs premiers mouvemens se prennent de même, mais il ne se terminent pas comme les autres. […] Par exemple, ayant le corps posé sur le pied gauche, à la quatriéme position, vous pliez dessus & vous vous relevez en portant le pied droit à côté à la deuxiéme position, en ne posant que la pointe du pied, & vous restés un tems pour reprendre un autre pas, ce qui fait un agrément tout des plus gracieux : car ce pas étant pris à propos, le corps restant dans son repos, dans une situation avantageuse, vous donne beaucoup de grace, après on fait un autre pas qui en paroît plus animé par l’opposé d’un pas lent à un autre, qui se fait plus vivement, ce qui fait en partie la beauté de la danse, lorsque l’on sçait faire tous ces differens mouvemens & pas à propos, en conservant beaucoup de noblesse dans les pas lents & de vivacité dans les vistes.

15. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre IV. De la premiere Position. » pp. 11-12

Son usage est pour les pas assemblez, & pour prendre ses mouvemens lorsque l’on doit plier, parce que tous les pas qui se commencent par des demi-coupez se doivent prendre de cette position. […] Et de plus c’est que le corps paroît plus droit ; ce que j’expliquerai plus au long dans la maniere de prendre les mouvemens, puisque je n’entens faire ici que l’explication des positions, & en donner la démonstration.

16. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre II. De la maniere de bien marcher. » pp. 4-8

C’est pourquoi je prie le Lecteur de faire attention à cette méthode facile que je vais d’écrire ; on n’y trouvera que les propres mouvemens que la nature fait. […] Le pas étant de passer le pied devant, ou en arriere, & de côté ; ce qui s’entend d’un pied comme de l’autre, quant à la maniere de marcher ; mais en fait de danse le nom de pas renferme plusieurs pas ensemble, & qui sont quelquefois differentiez de plusieurs mouvemens, qui cependant ne compose qu’un pas. Comme le pas de Menuet, le pas de Courante, le pas de Bourée, & nombre d’autres, que j’enseigne la maniere de les faire ; & comme tous ces differens mouvemens doivent être pris à propos, & que les regles que l’on doit suivre ne sont fondées que sur les cinq Positions, c’est ce qui sera expliqué dans les Chapitres suivans.

17. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Introduction. » pp. -

Ensuite les règles s’établirent au son des instrumens et de la voix ; le corps s’agita en cadence ; les bras s’ouvrirent ou se fermèrent ; les pieds formèrent des pas lents ou rapides ; les traits du visage participèrent à ces mouvemens divers ; et la danse devint un art universel et estimé. […] Nous lisons dans les commentateurs des Anciens, que les Égyptiens représentaient par des danses les mouvemens célestes et l’harmonie de l’univers ; ils dansaient en rond autour des autels consacrés au soleil, et cette figure, qu’ils décrivaient en se tenant par les mains, désignait le zodiaque, ou le cercle des signes. […] C’est à la danse que la jeunesse doit cette souplesse dans toutes les parties du corps, cette légèreté dans tous les mouvemens qui se font si bien sentir encore dans un âge avancé. […] Toinet Arbeau, chanoine de Langres, s’est distingué le premier par un traité qu’il donna en 1588, et qu’il intitula Orchestographie ; il écrivait au-dessous de chaque note de l’air les mouvemens et les pas de danse qui lui paraissaient convenables.

18. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre IV. De la maniere de prendre des mouvemens du poignet. » pp. 203-205

De la maniere de prendre des mouvemens du poignet. Quoi que les mouvemens des poignets ne semblent pas difficiles, ils meritent pourtant que l’on y fasse attention : en ce qu’ils se prennent dans les extremitez des bras ; & c’est de ces mêmes extremitez qu’il sort des graces infinies, quand les bras sont conduits avec douceur, & en suivant les regles que je vais décrire ; c’est pourquoi je donnerai des Figures dans tous les endroits necessaires : afin que l’on puisse s’instruire plus facilement.

19. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre XVI. De la maniere de faire les bras avec les Contre-tems de Gavote. » pp. 255-263

Mais pour suivre toûjours le point de fiction que je me suis fait d’abord par le pied droit, je le suppose & par conse quent le gauche est devant à la quatriéme position : ainsi vous devez avoir le bras droit opposé : pour lors en pliant sur le pied gauche pour sauter dessus, le bras droit du même tems s’étend en prenant son contour de haut en bas, & le poignet du bras gauche se plie aussi de haut en bas ; mais ses trois mouvemens se doivent prendre conjointement ensemble, c’est-à-dire, lorsque vous pliez sur le pied gauche ; les bras par consequent prenent leurs mouvemens dans l’instant. […] Quant à ceux de côté ils se font differemment, tant à l’égard des jambes que des bras, & comme je vous en ay fait sentir tous les differens tems dans la premiere Partie, tant par le discours que les Figures, c’est ce qui m’engage de mettre les trois figures de suite, pour mieux faire sentir tous les differens tems & mouvemens que les bras doivent executer dans le cours de ce pas. […] La maniere d’en faire les bras n’est pas fort embarrassante, & on ne doit faire qu’une opposition, il est vrai, qu’il n’a qu’un pas ; mais dans ce seul pas il y a deux mouvemens, comme je l’ai déja dit ; ce qui le rend vif & brillant.

20. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre premier. De la Danse en général, suivant l’opinion des Anciens. » pp. 1-32

C’est un art auquel les Grecs ont donné le nom de Chorographie propre à exprimer les actions & les passions humaines, par des pas composez, par des sauts cadencez, & par tous les mouvemens du corps, soutenus de bonne grace, & conforme à la cadence des instrumens. […] Ainsi la Danse prophane n’a pas seulement passé chez les Anciens pour un simple divertissement, mais aussi pour une espece d’étude & d’aplication nécessaire, pour régler tous nos mouvemens & même nos passions les plus dominantes. […] Platon qui fut leur disciple & leur admirateur, ne put assez louer le génie de celui qui le premier avoit mis en concert & en danse l’harmonie de l’Univers & tous les mouvemens des astres, exprimez par la danse astronomique : il conclut de-là qu’il devoit être un Dieu ou un homme divin. […] Les chœurs dans ces Tragédies dansoient en rond, de droit à gauche, au son des instrumens, pour exprimer les mouvemens des Cieux qui se font du levant au couchant, qu’ils appeloient Strophes ; ils se tournoient après de gauche à droite, pour représenter les mouvemens des Planetes, qu’ils nommoient Antistrophes ou Retours : après les deux danses ils s’arrétoient pour chanter, & ces chants fixes se nommoient Epodes, parce qu’ils représentoient la fermeté & l’immobilité de la terre, suivant l’opinion des anciens Astronomes. […] Le même Eunapius a dit agréablement que l’ame dansoit dans les yeux, parce qu’il est peu de passions qui ne s’expriment par leurs mouvemens & qui ne deviennent sensibles.

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