On peut juger, par cette seule réflexion, du point éminent auquel les Grecs portèrent, dans les suites, cet Art qu’ils connurent sitôt et qu’ils cultivèrent si vite, eux qui du barbouillage et des tréteaux informes de Thespis formèrent avec tant de rapidité ce théâtre sublime, qui a servi depuis de modèle aux Corneilles, aux Molières aux Quinaults49.
Là, plus de dix-huit, ou vingt Belles, Qui sont les aimables Modèles Des plus adorables appas, Y font admirer leur beaux pas, Leurs grâces, leurs jolis corsages, Et les charmes de leurs visages Qui ravissent, qui moins, qui mieux, Les âmes, les coeurs et les yeux.
Les Grecs imitèrent les Egyptiens ; et les Romains à leur tour prirent les Athéniens pour modèle ; ils héritèrent de leur goût pour les arts et les sciences, de leur inconstance et de leur injustice ; ils les surpassèrent dans l’amour qu’ils eûrent pour les théâtres ; mais la passion qu’ils montrèrent pour la pantomime fut portée jusqu’à l’enthousiasme, et dégénéra insensiblement en frénésie. […] Le goût cessa de présider aux productions des arts ; les théatres n’eurent plus de modèles et les spectacles n’offrirent que les tableaux dégoûtants de la crapule, et du libertinage ; les Romains perdirent leur moralité ; les grands associèrent leurs débauches à celles de ces bas farceurs, les dames Romaines, et leurs filles joüoient avec eux les scènes les plus indécentes, et se prostituèrent sans aucun ménagement, libère successeur farouche d’Auguste n’aimoit ni les talons, ni les théâtres ; il chassa de Rome tous les Baladins, et fit fermer les théâtres ; mais la passion éffrénée que les Grands avoient pour les représentations licencieuses, les détermina à donner azile dans leurs palais à tous ces crapuleux histrions.
Comme si le vrai talent devait se donner lui-même des entraves ; comme s’il n’était pas fait pour s’élever toujours par son activité au-dessus des modèles qu’il s’est choisis.
Continuez de vous dessiner d’après des modèles que vous n’atteindrez jamais.
Frappés à la vüe de ses merveilles, ils l’étudiérent, la consultérent et cette mère tendre et généreuse, s’empressa de leur fournir des modèles parfaits dans tous les genres. […] Tout est bien changé ; mais ces hommes rares seront toujours nos maîtres, et nos modèles ; leurs noms, et et quelques-uns de leurs chefs-d’oeuvre qui ont surnagé sur les flots ensanglantés des révolutions, sont arrivés jusqu’à nous à travers les siècles, et ils seront en vénération, tant qu’il y aura des hommes qui cultiveront les arts, et les lettres.
Claude de Monteverte [Claudio Monteverdi] fit alors l’Ariane sur le modèle des deux autres.
Il a existé et il existe encore en Italie des hommes du plus grand mérite dans tous les genres ; les Italiens nous ont donné depuis deux siècles d’excellentes leçons musicales, et nous ont toujours fourni de grands modèles.