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104. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VIII. » pp. 65-96

La plupart des poètes modernes se servent des ballets comme d’un ornement de fantasie, qui ne peut ni soutenir l’ouvrage, ni lui prêter de la valeur ; et dans le fait, ils n’ont pas tort, parce que les compositeurs n’ont pas senti qu’il falloit que les ballets tinssent au sujet, et que les auteurs les ont regardés comme des hors-d’œuvre imaginés pour remplir le vide des entre actes : mais ils auroient dû apperçevoir que ces accessoires, et ces épisodes étrangers à l’action, nuisent à l’ouvrage ; ces objets contraires et toujours désunis, ce cahos de choses mal cousües partagent l’attention, et fatiguent bien plus l’imagination qu’ils ne la satisfont : dèslors le plan de l’auteur disparoît, le fil échappe, la trame se brise, l’action s’évanouit, l’intérêt diminue, et le plaisir s’envole. […]   On se plaint que les danseurs ont du mouvement sans action, des graces sans expression ; mais ne pourroit on par remonter à la source du mal ? […] et comment n’être pas choqué d’une action si fausse et si mal rendue ? […] Chassé, acteur unique, qui avoit l’art de mettre de l’intérêt dans des scènes froides, et d’exprimer par le geste les pensées les moins frappantes, secoua pareillement les tonnelets, ou ces paniers roides, qui otoient toute aisance à l’acteur, et qui en faisoient, pour ainsi dire, une machine mal organisée ; les casques et les habits symétriques fûrent aussi proscrits par lui ; il substitua aux tonnelets guindés, des draperies bien entendues, et aux panaches antiques, des plumes distribuées avec goût et élégance. […] Quant aux décorations, Monsieur, je ne vous en parlerai point ; elles ne péchent pas par le goût à l’opéra ; elles pourroient même être belles, parce que les artistes qui sont employés dans cette partie, ont réellement du mérite ; mais la cabale et une économie mal entendue bornent le génie des peintres, et étouffent leurs talens.

105. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

Ces accessoires & ces épisodes étrangers à l’action nuisent à l’ouvrage ; ces objets contraires & toujours désunis ; ce cahos de choses mal cousues partagent l’attention & fatiguent bien plus l’imagination qu’ils ne la satisfont : dès-lors le plan de l’Auteur disparoît, le fil échappe, la trame se brise, l’action s’évanouit, l’intérêt diminue & le plaisir s’enfuit. […] On se plaint que les Danseurs ont du mouvement sans action, des graces sans expression ; mais ne pourroit-on pas remonter à la source du mal ? […] & comment n’être pas choqué d’une action si fausse & si mal rendue ? […] Chassé, Acteur unique qui a trouvé l’Art de mettre de l’intérêt dans des Scenes de glace, & d’exprimer par le geste les pensées les plus froides & les moins frappantes, a secoué pareillement les tonnelets ou ces paniers roides qui ôtoient toute aisance à l’Acteur, & qui en faisoient, pour ainsi dire, une machine mal organisée ; les casques & les habits symmétriques furent aussi proscrits par ce grand homme ; il substitua aux tonnelets guindés des draperies bien entendues, & aux panaches antiques des plumes distribuées avec goût & élégance. […] Quant aux décorations, Monsieur, je ne vous en parlerai point ; elles ne péchent pas par le goût à l’Opéra, elles pourroient même être belles, parce que les Artistes qui sont employés dans cette partie ont réellement du mérite ; mais la cabale & une économie mal entendue bornent le génie des Peintres, elles étouffent leurs talents.

106. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Le Public s’appercevra-t-il plus facilement de l’idée & du dessein d’un Danseur, si sans cesse il lui cache sa physionomie sous un corps étranger ; s’il enfouit l’esprit dans la matiere, & s’il substitue aux traits variés de la nature ceux d’un plâtre mal dessiné & enluminé de la maniere la plus désagréable ? […] Je prouverai premiérement que les masques dont on se sert pour ces sortes de caracteres sont mal modelés, mal peints & qu’ils n’ont aucune vraisemblance ; secondement, qu’il est aisé de rendre ces personnages avec vérité sans aucun secours étranger. […] En apportant le même soin qu’elles, nous ne serons ni affreux ni désagréables ; nous ne contracterons plus d’habitude vicieuse ; nous n’aurons plus de tics, & nous pourrons nous passer d’un masque qui dans cette circonstance aggrave le mal sans le détruire ; c’est une emplâtre qui dérobe aux yeux les imperfections, mais qui les laisse subsister. […] Ici je vois de la conduite & du raisonnement, de la précision dans l’Ensemble, de la vérité dans le Costume, de la fidélité dans le trait historique, de la vie dans les figures, des caracteres frappants & variés dans les têtes, & de l’expression par-tout ; c’est la nature qui m’est offerte par les mains habiles de l’Art : mais là je ne vois que des Tableaux aussi mal composés que désagréablement dessinés.

107. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre IX. Circonstances qui contribuent à rendre les Danses plus dangereuses et plus criminelles. » pp. 102-114

Aussi, saint Augustin dit qu’il y auroit moins de mal à travailler à la terre les jours entiers des dimanches et des fêtes, qu’à y danser : Meliùs totâ die foderent, quàm totâ die saltarent. […] Tout le monde sait que la nuit contribue ordinairement à rendre plus hardi pour le mal.

108. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre IV. Troubles excités à Rome par les Pantomimes. »

Leurs Théâtres furent fermés ; mais les ordres de l’Empereur furent mal exécutés, malgré les rigueurs qu’on en avait à craindre.

109. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre i. sur les fêtes nationales. » pp. 109-115

Les fêtes publiques ont eu jusqu’ici différens objets, tantôt celui de distraire le peuple de ses maux, tantôt de capter son suffrage par d’inutiles prodigalités ; tantôt enfin, de déployer à ses yeux une magnificence qui, par un triste retour sur lui-même, lui faisoit plus profondément sentir sa misère ; mais je n’ai pas encore vu de fêtes en France, où la moralité fut unie au plaisir, où la décence et le bon goût fussent joints à la gaieté : le résultat de toutes les fêtes est, beaucoup de gens ivres, beaucoup de bourses volées, souvent des accidens graves, de la fatigue, et peu de plaisir, du moins de ce plaisir qui doit tourner au profit des mœurs, du goût et de l’esprit.

110. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Première lettre. A monsieur le duc d’Autremont, château d’Autremont. » pp. 79-81

Juste Odoard ne s’y ennuiera pas, parce qu’il sera occupé et qu’il aime le travail avec passion ; mais il gardera, de la contention d’esprit de ses laborieuses journées, une certaine animation, bonne ou mauvaise, qui cadrera peut-être fort mal avec le calme de vos habitudes de recueillement.

111. (1841) Physiologie de la lorette pp. -127

Le parrain a vingt-quatre ans, il baptise force Lorettes ; la première pupille en conçoit de la jalousie, elle transmet toujours par la poste ses impressions d’absence à l’auteur de ses maux. […] Que ceci serve d’enseignement aux indifférents ou aux paresseux qui ne lisent pas les lettres sous prétexte qu’elles sont mal écrites. […] Mais le mal du pays court les monts avec elle. […] Il y a des croyances qui font plus de mal que celle-là. […] (Ici le récit plus ou moins détaillé des maux de la Lorette, et la prescription de l’Hypocrate.)

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