Ni cette grandeur qui vous environne, ni la gravité attachée à l’importance des affaires qui vous occupent, ni le caractere de Héros que vous soutenez déja depuis long-tems, ne rendent point cette Histoire indigne de votre protection, lorsque vous sçavez, MONSEIGNEUR, que l’exercice qui en fait le sujet, a servi aux Rois les plus sages & aux Héros les plus illustres de l’Antiquité, à signaler leur joye dans les plus grandes occasions de Fêtes & de réjouissances publiques.
Ces fougueux Aventuriers à qui on donna le nom de Héros, et dont l’orgueil ne voyait qu’en pitié tous les autres hommes, fixèrent leurs regards sur les Dieux, et ils les imitèrent. […] La force, l’adresse, le courage, furent les vertus des premiers héros.
Il est bien singulier que l’on ait comme ignoré jusqu’à présent, que le genre le plus propre aux expressions de la danse, est le genre tragique ; il fournit de grands tableaux, des situations nobles, et des coups de théatre heureux ; dailleurs les passions étant plus fortes et plus décidées dans les héros que dans les hommes ordinaires, l’imitation en devient plus facile, et l’action du pantomime plus chaude, plus vraie, et plus intelligible. […] L’embarras n’est donc pas de donner un caractère dominant et distinctif à Ajax et Ulisse, puisqu’ils l’ont naturellement, et qu’ils sont les héros de la scène ; la difficulté consiste à y introduire les figurans avec décence ; à leur donner des rôles plus, ou moins forts ; à les associer aux actions de nos deux héros ; à placer adroitement des femmes dans ce ballet ; à faire partager à quelqu’une d’elles la situation d’Ajax ; à faire pencher enfin le plus grand nombre en faveur d’Ulisse. […] Que les maîtres de ballets qui voudront se former une idée juste de leur art, jettent attentivement les yeux sur les batailles d’Alexandre, peintes par le Brun ; sur celles de Louis XIV. peintes par Vander-Meulen : ils verront que ces deux héros, qui sont les sujets principaux de chaque tableau, ne fixent point seuls l’œil admirateur. […] Que l’on jette ensuite sur ces tableaux un voile qui dérobe à la vûe les sièges, les batailles, les trophées, les triomphes ; que l’on ne laisse voir enfin que les deux héros ; l’intérêt s’affoiblira : il ne restera que les portraits de deux grands princes.
Il est bien singulier, que l’on ait comme ignoré jusqu’à présent que le genre le plus propre à l’expression de la Danse est le genre tragique ; il fournit de grands Tableaux, des situations nobles & des coups de théatre heureux ; d’ailleurs, les passions étant plus fortes & plus décidées dans les Héros que dans les Hommes ordinaires, l’imitation en devient plus facile, & l’action du Pantomime plus chaude, plus vraie & plus intelligible. […] L’embarras n’est donc pas de donner un caractere primant & distinctif à Ajax & Ulisse, puisqu’ils l’ont naturellement, & qu’ils sont les Héros de la Scene ; la difficulté consiste à y introduire les Figurants, avec décence ; à leur donner à tous des Rôles plus ou moins forts ; à les associer aux actions de nos deux Héros ; à placer adroitement des femmes dans ce Ballet ; à faire partager à quelqu’une d’elles la situation d’Ajax ; à faire pencher enfin le plus grand nombre en faveur d’Ulisse. […] Que les Maîtres de Ballets qui voudront se former une idée juste de leur Art, jettent attentivement les yeux sur les batailles d’Alexandre, peintes par Lebrun ; sur celles de Louis XIV, peintes par Vander-Meulen, ils verront que ces deux Héros qui font les Sujets principaux de chaque Tableau, ne fixent point seuls l’œil admirateur ; cette quantité prodigieuse de combattants, de vaincus & de vainqueurs, partage agréablement les regards, & concourt unanimement à la beauté & à la perfection de ces chef-d’œuvres ; chaque tête a son expression & son caractere particulier ; chaque attitude a de la force & de l’énergie ; les grouppes, les terrassements, les renversements sont aussi pittoresques qu’ingénieux : tout parle, tout intéresse, parce que tout est vrai ; parce que l’imitation de la nature est fidelle ; en un mot, parce que la toile semble respirer. Que l’on jette ensuite sur ces Tableaux un voile qui dérobe à la vue les sieges, les batailles, les trophées, les triomphes ; que l’on ne laisse voir enfin que les deux Héros ; l’intérêt s’affoiblira ; il ne restera que les Portraits de deux grands Princes.
Des buissons de roses et des arbres fleuris s’entr’ouvrent ; les Nymphes s’en échappent, et toutes s’empressent à séduire le jeune héros ; les tableaux voluptueux que ces Nymphes lui peignent, les grouppes variés qu’elles forment au tour de lui, l’enchantent et le séduisent ; elles désarment Renaud et se servent de son épée de son casque et de son bouclier, pour embellir leurs jeux, leurs attitudes et leurs positions ; elles le couronnent de fleurs et elles l’enchaînent avec des guirlandes. […] Elle va s’asseoir près du jeune héros ; elle 1’enchaîneavec des guirlandes et le transporte dans son palais. […] Ubalde lui présente le bouclier de diamants ; le jeune héros n’a pas plutôt jette les yeux sur ce miroir fidèle qui a la vertu de démasquer les foiblesses et les vices, qu’il recule de honte ; la vue de son ajustement efféminé et des guirlandes dont il est orné, l’enflamme de colère ; il arrache ses vêtemens, il brise sa couronne, il déchire ses guirlandes, et se hâte de se dépouiller de tous les vains ornemens qui ternissent sa gloire. […] Ce héros s’éloigne à pas lents en regardant sans cesse Armide, et en peignant tous les sentimens qui déchirent son cœur.
Les jeux institués par Thésée, vainqueur du Minotaure, n’étoient que des marches figurées par des evotions militaires ; ce héros exerçoit la jeunesse de Délos à des jeux propres à leur inspirer bon goût de la guerre et l’amour des combats ; il lui faisoit tracer tous les détours du fameux Labirinthe de Crète. […] Le jeune Héros irrésolu sur son choix, flottant sans cesse entre la Gloire qui commande, et le plaisir qui séduit : balance, hésite ; son coeur est incertain ; son âme est indéterminée ; quel combat, quelle agitation, quelle expression variée de sentiniens ! […] Il seroit absurde de se servir du buste ou du portrait du Prince ou du Héros à qui la louange s’adresse ; ce foible moyen l’offenseroit sans doute ; il afficheroit l’ineptie du compositeur. […] Cette Fée traça avec sa baguette plusieurs cercles magiques et fit paroitre par le pouvoir de son art tous les héros et toutes les femmes illustres qui dévoient naître de l’union de cette guerrière avec Roger et former la tige de l’Auguste maison d’Est. […] Roger et Bradamante professoient un culte tout opposé ; cette héroïne exigeoit que le Sarrazin embrassât sa religion ; c’étoit à ce prix qu’elle lui promettoit son cœur et samain ; le héros hésitoit, mais on amour triompha de ses scrupules, et il promit à Bradamante d’abjurer ses erreurs.
Robinet, lettre du 9 janvier 166774 Mais, pour revenir au BALLET, Le Tour galant assez me plaît De notre nouvelle HÉROÏNE, Qui, survenant à la sourdine, Comme on dansait ledit Ballet, Fit défiler le Chapelet Et cesser toutes les Entrées Qu’on avait si bien préparées, Afin qu’on l’allât recevoir Ainsi qu’il était du devoir.
C’est elle qui, sur la Fougère, Quand notre HÉROÏNE est BERGÈRE, Dans le grand BALLET des Neufs SŒURS, Fait trembler les Loups ravisseurs, Comme l’a mis dans son beau Livre, Qui fera MIMI toujours vivre, BENSÉRADE, que, sans abus, On peut dire notre PHÉBUS.