Ce Ballet du plus Grand des Rois Eût été dansé plus de fois, Mais à la requête et prière De la pieuse Reine-Mère, Le Carême étant survenu, J’ai su du discours ingénu D’un de mes voisins nommé Jacques Qu’on l’a salé pour après Pâques : Mais d’autres Gens mieux éclairés Prétendant en être assurés, En discourent d’une autre sorte, Et disaient Mardi, sur ma porte, Que ce Ballet étant cassé, Ne serait jamais plus dansé.
Mais puis-je faire trop d’efforts, et employer trop de moyens pour m’opposer à un désordre devenu si commun, et dont tant de gens osent prendre la défense, non par lumière, mais par prévention pour les coutumes et les maximes du monde, ou même, parce que, livrés à l’amour de ces dangereux plaisirs, leur cœur ne peut s’en détacher ? […] A leur place, les jeux, les danses dissolues, les intempérances, les querelles s’y pratiquent hautement ; voilà, sans doute, de grands maux qui sont dignes de la compassion et des gémissemens des gens de bien… La véritable charité ne doit point se lasser de parler sans cesse contre les vices enracinés, et les mauvaises coutumes, que je viens de toucher. […] Je sais bien qu’il y a des gens qui courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les tempéramens les plus froids s’y réchauffent. […] Les vieilles gens qui pourroient aller au bal sans intéresser leur conscience, seroient ridicules d’y aller ; et les jeunes gens auxquels la bienséance le permettroit, ne le pourroient pas sans s’exposer à de trop grands périls.
Ces braves gens-là sont capables de tous les bons procédés, mais ils n’aiment réellement personne. […] Aussi, en songeant à ce brave garçon qui est duc et millionnaire, qui fait bâtir des châteaux dont je vais être le maçon, et qui, j’en suis sûr, a bien recommandé à ses gens de me traiter avec tous les égards que les personnes de bonne compagnie doivent à leurs inférieurs, j’ai ri comme un fou de mon infériorité ! […] J’ai gagné la cour par où j’étais arrivé ; j’ai trouvé les gens debout et la grille ouverte.
De là, l’opposition que tant de gens ont aux vérités qui condamnent le mal auquel ils sont attachés, et les efforts qu’ils font pour trouver des prétextes de ne pas se rendre à ces vérités. De là, en particulier, toutes les fausses maximes que bien des gens avancent et soutiennent en faveur des danses, tout ce qu’ils opposent aux autorités et aux raisons par lesquelles ceux que la vérité éclaire et instruit en montrent le danger et le mal.
Obstacles au Progrès de la Danse Les gens à talents forment, dans les Arts, des espèces de Républiques différentes entre elles par des usages particuliers, et toutes ressemblantes par un fanatisme d’indépendance, que des caprices successifs entretiennent, et que la raison n’est guères capable de refroidir.
Lorsque j’eus un mois et demi, un soir une masse de gens s’arrêtèrent devant chez nous.
Ces gens, disent-ils, sont trop sévères ; ils mettent le ciel à trop haut prix : ils sont plus capables de rebuter que d’attirer à Dieu.
Pour POLYMNE, dont l’ÉLOQUENCE Reconnaît la pleine Puissance Et la DIALECTIQUE aussi, Son Divertissement ici Est d’ORATEURS et PHILOSOPHES De fort différentes ÉTOFFES, Et ridiculement tournés Par Gens moins qu’Eux illuminés.