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220. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VI. Des Ballets Moraux »

Après une ouverture d’un beau caractère, on entendit un grand chœur de Chant et de Danse, qui était composé des Faux-bruits et des Soupçons qui précédent l’Apparence et le Mensonge. […] Il est aisé d’apercevoir la vaste carrière que ces représentations fournissaient à la Danse, puisqu’elle en était l’âme et le fond. […] Ils exigeaient des recherches fines pour le choix des habits, des idées vives pour l’assortiment des personnages, de l’habileté pour donner aux Danses l’expression convenable, du génie pour l’invention générale, du talent pour la composition des symphonies ; du goût, de l’ordre, de la variété dans les décorations, de l’imagination, de l’adresse dans les machines, et une dépense immense, pour mettre en mouvement une composition si compliquée.

221. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Euthyme et Eucharis. Ballet héroï-pantomime. » pp. 51-63

Il faut croire encore que ce que nous nommons danse et ballet n’est rien moins que pantomime. La danse est l’art des pas, des mouvemens gracieux et des belles positions. Le ballet, qui emprunte de la danse une partie de ses charmes, est l’art du dessin, des formes et des figures. […]   Ce que l’on entend actuellement par danse et ballet-pantomime, n’existoit pas chez les anciens. […] Ce spectacle est terminé par des danses analogues à la circonstance, sur une passacaille et une chaconne d’un nouveau genre.

222. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 janvier. Graine d’étoiles. Plante et fleur. — Grands sujets. — Inconvénients d’un beau titre. »

Nous avons à maintes reprises exposé ici même comme quoi l’enseignement dit classique de la danse constituait une discipline effectivement féconde, complète, créatrice. […] Les métaphores d’ordre botanique ne correspondent-elles pas plus directement avec les réalités de la danse que les symboles astronomiques usités ? […] Et cette danse ne peut aucunement répondre aux aptitudes diverses de toutes les concurrentes en présence. […] Dès les premières mesures de cette page articulée musicalement avec une extrême netteté et accentuée avec une énergie très pathétique, nous voguons en pleine danse. […] Car on ne badine pas avec la danse.

223. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXVIII. Des Contre-tems de côté de plusieurs sortes. » pp. 168-174

On fait aussi de ces mêmes Contre-tems en tournant, & qui se prenent de la même maniere : ainsi en faisant ce pas vous pouvez tourner un demi tour, ou trois quarts selon que la danse est composée. […] Vous devez aussi observer lorsque vous pliez & que vous sautez, de retomber presqu’à la même place, surtout dans les danses de Ville où les pas doivent estre faits dans toute leur regularité & proportion. […] J’ai déja dit que tous ces differens pas sont également pour les Dames, comme pour les Messieurs, à l’exception qu’elles ne doivent pas tant les sauter ; mais quant aux pliez il les faut toûjours bien marquer, surtout dans les commencemens en ce qu’ils rendent une danse plus agréable, au lieu que quand ils ne sont pas si fort marquez qu’à peine peut-on distinguer les pas, ils font paroître une danse seche, & qui n’a aucun agrément.

224. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre V. » pp. 37-55

On ne connoissoit pas l’art varié des figures ; elles étoient toutes paralelles, et n’offroient que des lignes droites ; la danse n’agissoit que gravement et procéssionnellement ; on appelloit tout cela danse noble, danse mesurée ; et les airs que les musiciens composoient pour-elle étoient lents et posés. Cette danse noble et cette musique traînante n’offroient que la monotonie de la tristesse. […] Tout calcul fait, Mazarin abandonna la danse, et ne tenta pas de lui enlever ses titres de noblesse et de monotonie. […] Ce Prince ayant calculé le prix de ses momens s’apperçut sans doute que ceux qu’il sacrifioit à la danse et aux répétitions des ballets appartenoient à son peuple. […] La danse n’a jamais fait de semblables prodiges ; et celle de ces tems là étoit bien moins savante et moins miraculeuse que celle d’aujourd’hui.

225. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VII. Brelan d’astres » pp. 134-175

— Quitte la danse, mon enfant, lui disait la Malibran, quitte la danse ; travaille le chant, tu as de la voix, tu auras du talent, tu me remplaceras. — Danse, Carlotta, danse, ripostait le maître de ballet, tu es trop jolie pour te faire chanteuse ; il y a déjà deux Grisi qui chantent, tu seras écrasée par la comparaison et plus tard par le souvenir. Danse, ma fille ; Taglioni ne vole plus que d’une aile, et Fanny Elssler vieillit. Carlotta avait au fond du cœur une secrète préférence pour la danse. […] Quand elle ne chante pas, quand elle ne danse pas, elle exécute un de ces mille ouvrages à l’aiguille dans lesquels elle excelle.

226. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 juin. « Les Femmes de bonne humeur ». »

Le sujet : un imbroglio italien où des grotesques de Callot bernent des masques échappés du Ridotto vénitien, où travestissements burlesques, quiproquos bouffons, déconvenues d’amoureux transis s’enchevêtrent et se dénouent — où la mort même, matée, arbore un costume de Pietro Longhi et accompagne sur son violon macabre une danse de Mme Tchernitcheva, danse mélancolique où le divin sourire de Scarlatti se mouille et s’alanguit. […] La chorégraphie mêle avec un esprit de finesse et un sens de l’à-propos qui ne se dément que rarement les procédés de la danse classique au mouvement « vulgaire », déformé et parodié, rehaussé et distribué par le rythme.

227. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 9 octobre. Madame Joergen-Jensen dans « Coppélia ». »

Mais ses mouvements de danse sont bien liés, désinvoltes, très sensibles à la mesure : ainsi j’ai beaucoup aimé ses jetés en tournant. […] Mais ne pourrions-nous pas tirer profit de la visite de la ballerine danoise en nous conformant à la maxime de Bournonville selon qui « la danse théâtrale n’admet pas le travesti ». […] Ce sont donc les meilleurs souvenirs de ce terrible Paris qu’elle pourra rapporter dans son admirable capitale où le ballet danse un français si pur, où l’on peut voir la plus belle collection de sculpture française « extra muros », et où les amazones qui galopent au bord de la Lange Linie ont un sourire de fée, naïf et hautain, qu’on ne saurait oublier.

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