Il a réalisé là une « partition de danse » qui compte. Constatons sans aigreur que dans cette œuvre de longue haleine, très abondante, se trouvent des choses anodines, sans grande originalité ; certains ensembles, des danses de satyres qui font rêver avec mélancolie, au premier acte du Narcisse de Fokine, un pas d’Éthiopiennes d’un exotisme pauvret ; constatons encore une certaine indécision dans le choix d’un style défini, l’usage trop prudent des ressources de la danse classique dans les « ballabili » ; ceci posé, admirons sans restrictions les trouvailles heureuses, la bonne et honnête besogne accomplie par le maître de ballet. […] On reproche couramment à la danse classique d’être une danse des jambes.
Les savants, qui cherchent des étymologies partout, ont prétendu que le cancan dérivait de la danse des nègres. […] Il arrivera à être la danse nationale. […] En effet, c’est avant tout une danse libre. […] Lorsque je danse, je suis prise d’une sorte d’accès de folie qui me fait tout oublier. […] Je voudrais, quand je danse, que le tonnerre tombât, que les maisons s’écroulassent !
La poésie, la peinture, et la danse, ne sont, Monsieur, ou ne doivent être qu’une copie fidèlle de la belle nature. […] Effrayés des difficultés de cette entreprise, mes prédécesseurs y ont renoncé, n’ont même fait aucune tentative, et ont laissé subsister un divorce qui paroissoit devoir être éternel, entre la danse purement dite et la pantomime. […] Si nos ballets sont foibles, monotones, languissans, s’ils sont dénués d’intentions, d’expression et de caractère, c’est moins, je le répète, la faute de l’art, que celle de l’artiste : ignore-t-il que la danse unie à la pantomime est un art d’imitation ? […] Un maître de ballets, sans intelligence et sans goût, traitera ce morceau de danse machinalement, et le privera de son effet, parce qu’il n’en sentira pas l’esprit. […] Convenez donc avec moi, Monsieur, que la symétrie doit toujours être bannie de la danse en action.
Je vois le peuple dansant se récrier à cette proposition ; je l’entends qui me traite d’insensé : mettre des tragédies et des comédies en danse, quelle follie ! […] N’aurons nous pas les mêmes avantages, lorsque nous mettrons en danse les drames les plus estimés de notre théatre ? […] Je crois, Monsieur, qu’un maître de ballets qui ne sait point parfaitement la danse, ne peut composer que médiocrement. J’entends par danse, le sérieux ; il est la base fondamentale du ballet. […] La dégradation des tailles ne doit pas être observée moins scrupuleusement dans les instants où la danse fait partie de la décoration.
Je vois le Peuple dansant, se récrier à cette proposition ; je l’entends qui me traite d’insensé : mettre des Tragédies & des Comédies en Danse ? […] N’aurons-nous pas les mêmes avantages, lorsque nous mettrons en Danse les Drames les plus estimés de notre Théatre ? […] Je crois, Monsieur, qu’un Maître de Ballets qui ne sait point parfaitement la Danse, ne peut composer que médiocrement. J’entends par Danse le sérieux ; il est la base fondamentale du Ballet. […] La dégradation des tailles ne doit pas être observée moins scrupuleusement dans les instants où la Danse fait partie de la décoration.
Celui qui pendant sa danse ferait mouvoir le corps par secousses, qui hausserait ses épaules par le contrecoup des jambes, qui plierait ou lâcherait les reins, pour faciliter l’exécution des temps, et qui, par les grimaces de sa figure, nous démontrerait toute la peine que lui coûte son travail, serait un objet absolument ridicule ; le nom de grotesque lui siérait mieux que celui de danseur41. […] L’art chez eux a suppléé à la nature, parce qu’ils ont eu le bonheur de rencontrer d’excellents maîtres, qui leur ont démontré que lorsqu’on abandonne les reins, il est impossible de se soutenir dans une ligne droite et perpendiculaire ; que l’on se dessine de mauvais goût, que la vacillation et l’instabilité de cette partie s’opposent à l’aplomb et à la fermeté ; qu’ils impriment un défaut désagréable dans la ceinture ; que l’affaissement du corps ôte aux parties inférieures la liberté dont elles ont besoin pour se mouvoir avec aisance ; que le corps dans cette situation est comme indéterminé dans sa position ; qu’il entraîne souvent les jambes ; qu’il perd à chaque instant le centre de gravité, et qu’il ne retrouve enfin son équilibre qu’après des efforts et des contorsions, qui ne peuvent s’associer aux mouvements gracieux de la danse. » [NdE J. […] 414 ; voir Lettres sur la danse, XII, éd. de 1760, p. 345-346.] […] Les statuaires, les peintres, les antiquaires donnent à cette partie supérieure du corps le nom de Torse ; mais nous sommes obligés ici de nous servir des termes usités le plus généralement dans nos écoles de danse.
Mais son mouvement de danse en lui-même est saccadé, les linéaments déchiquetés, les raccourcis souvent sans beauté ; le dos, très long, se casse et ondule. […] À ses côtés, Svoboda mime et danse avec une belle prestance décorative, un Actéon-bellâtre emperruqué, demi-dieu « talon rouge. » C’est Jasmine qui, ordonne et entraîne le bataillon des nymphes chasseresses ; gracile figurine rococo qui semble dessinée par Boquet pour les Menus Plaisirs — mais agitée par un frisson nouveau, par une fièvre moderne. […] Léo Staats, qui ordonna ces danses en est en même temps le protagoniste. Il danse le vent, traverse la scène par d’amples et pathétiques jetés qui font ployer les tiges flexibles des filles-fleurs, et, triomphant, emporte à bras tendus la Nuée.
Me voilà à quinze cents kilomètres du Foyer de la Danse, au bord d’une mer crépusculaire couleur de pêche, face à un promontoire violet, le tout figurant assez bien une idylle marine de Maurice Denis. […] Le fait est que, dans une œuvre de danse, la conception plastique et mécanique devrait précéder et déterminer les formes de l’accompagnement musical. […] La rythmique, discipline auxiliaire de l’enseignement de la danse, voudrait en vain suppléer à ce langage par quelques idiomes empruntés au faux hellénisme de Duncan, par la blancheur plâtreuse des tuniques à l’antique. […] Et qui sait si, en multipliant ces recherches d’unité, en amplifiant leurs procédés techniques, en codifiant leur expérience, les rythmiciens n’aboutiront point un jour, dans une vingtaine d’années, à la danse classique.