/ 119
36. (1845) Notice sur Ondine pp. 3-22

— « Dans la Bohème allemande, dit la légende, un paysan qui se plaisait volontiers à surveiller les actions des jeunes filles, avait remarqué que la plupart des paysannes du canton rendaient au lac voisin des visites assez fréquentes, et qu’elles en revenaient parées de nœuds de rubans de couleurs éclatantes et diverses. […] Perrot a disposé pour la scène avec beaucoup d’habileté le volume de Lamotte-Fouqué, et présenté Ondine aux spectateurs anglais sous les plus poétiques couleurs. […] La vérité historique devient, sous son pinceau, diaphane et transparente ; elle prend les couleurs et les grâces capricieuses de la chimère. […] Coleridge, Tieck et Goethe admiraient cette goutte des eaux de la Baltique, perle magique qui, sous un autre soleil, en dehors de ce monde spécial, perdait sa couleur et sa beauté.

37. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

Le gris de lin était le sujet du premier ; c’était la couleur de Madame Chrétienne de France, duchesse de Savoie, à laquelle la fête était donnée. Au lever de la toile l’Amour déchire son bandeau ; il appelle la lumière, et l’engage par ses chants à se répandre sur les astres, le ciel, l’air, la terre, et l’eau, afin qu’en leur donnant par la variété des couleurs mille beautés différentes, il puisse choisir la plus agréable. Junon entend les vœux de l’Amour, et les remplit ; Iris vole par ses ordres dans les airs, elle y étale l’éclat des plus vives couleurs. L’Amour frappé de ce brillant spectacle, après l’avoir considéré, se décide pour le gris de lin, comme la couleur la plus douce et la plus parfaite ; il veut qu’à l’avenir il soit le symbole de l’amour sans fin. […] Sur un grand nuage porté par les vents, on vit l’Apparence vêtue d’un habit de couleurs changeantes, et parsemé de glaces de miroir, avec des ailes, et une queue de paon ; elle paraissait comme dans une espèce de nid d’où sortirent en foule les Mensonges pernicieux, les Fraudes, les Tromperies, les Mensonges agréables, les Flatteries, les Intrigues, les Mensonges bouffons, les Plaisanteries, les jolis petits Contes.

38. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre XII » pp. 167-185

La chevelure de Vénus, la patronne des lorettes, était de cette couleur tant vantée. […] Chez toutes les femmes - de quelle couleur qu’elle soit — entre l’allure qu’il faut prendre pour la conquérir et celle qu’il faut avoir pour la garder, la différence est immense.

39. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Les ressources, ou le tableau du monde, pantomime.  » pp. 15-16

Ils en tirent des robes de toutes couleurs, & sur-tout beaucoup de noires. […] Le Sultan inexorable la lui refuse constamment ; mais il trouve le moyen d’en excroquer une de plusieurs couleurs.

40. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

La musique surtout m’a été du plus grand secours ; je lui dictois par les gestes, et elle écrivoit ; je lui dessinois les passions, et elle y placoit les couleurs ; elle ajoutoit de la force et de l’énergie aux sentiniens, et aux affections, que je lui traçois ; elle fortifioit l’éxpréssion des passions qui s’imprimoient sur mes traits, et que mes regards embrasés de leur feu, rendoient encore plus vifs et plus animés. La musique abandonnant les richesses, et les éclats vigoureux de l’harmonie, lorsque mes tableaux changeoient de caractère, lorsqu’ils n’éxprimoient que le bonheur, la tendresse, et la félicité de deux amants heureux couronnés par l’amour et l’hymen : la musique alors emploiyoit les couleurs tendres et aimables de la mélodie ; ce chant simple, et touchant qui ne frappe l’oreille que pour aller au coeur s’associoit intimement à l’action de la pantomime.

41. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre II. Division de la Danse Théâtrale »

Cette joie se varie, prend des nuances différentes, des couleurs, des tons divers suivant la nature des événements, le caractère des Nations, la qualité, l’éducation, les mœurs des Peuples.

42. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Paralele. DE. LA PEINTURE. ET DE. LA POESIE. » pp. 213-269

Le coloris regarde l’incidence des lumieres, l’artifice du clair obscur, les couleurs locales, la simpatie & l’antipatie des couleurs en particulier, l’accord & l’union qu’elles doivent avoir entre elles, leur perspective aërienne, & l’effet du tout ensemble dans les grandes décorations des spectacles ; toutes ces conoissances dépendent de la Phisique la plus fine & la plus abstraite. […] C’est dans cet esprit-là qu’un Peinture habile m’a dit que quand il tenoit à la main sa palete chargée de couleurs, qu’il la regardoit comme le simbole du cahos, puisqu’ayant devant lui une toile préparée & son pinceau pour exprimer les effets de son imagination, il pouvoit donner une connoissance parfaite de la création du monde aux peuples les plus sauvages : c’est M. de Largiliere. […] Car on tire des couleurs une harmonie par les yeux, comme on tire des sons par les oreilles. […] Je sçai bien que l’on peut attribuer à la parole des expressions que la Peinture ne peut suppléer qu’imparfaitement ; mais je sçai bien aussi que la Poésie est fort éloignée d’exprimer avec autant de vérité & d’éxactitude que la Peinture : tout ce qui tombe sous le sens de l’ouie, quelque soin qu’elle prenne de nous représenter la phisionomie, les traits, & la couleur d’un visage, ses portraits laissent toujours de l’obscurité & de l’incertitude dans l’esprit ; ils n’approcheront jamais de ceux que la Peinture nous expose. […] Diodore, dans ses Antiquitez, attribue l’invention du pinceau à Apollodore Athénien, & dit que les premiers Peintres qui ont enseigné l’art de la Peinture, sont Adrien natif de Corinthe, & Téléphane Sicyonien, sans néanmoins qu’il eussent encore l’usage des couleurs, dont l’invention en est dûe à Cléophante de Corinthe.

43. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Les trois morceaux de cette symphonie, étant de la même couleur, ne présentent aucune opposition, aucun contraste, et ce Brouhaha musical ne peignant rien à la pensée, blesse également l’oreille et le goût. […] Ici, c’est l’éxposition d’un grand tableau allégorigue qui pêche également par l’ordonnance, la couleur, et la disposition mal entendüe des figures ; c’est un logogriphe en peinture que l’esprit ne peut ni concevoir ni deviner. […] il faut avoir en ses mains les couleurs fraiches et brillantes du goût, et l’activité d’une imagination brûlante, qui sans s’arrêter aux parties de détail, embrasse d’un clin d’oeil la masse éclatante de ce vaste et imposant tableau.

/ 119