Il ne s’agit que de débiter d’abord que l’éléve a été indignement enseigné, que le maître l’a totalement perdu, que l’on a eu une peine inconcevable à détruire cette mauvaise danse de campagne, et à remédier à des défauts étonnants.
Elle a encore, continua Milord, un ridicule qui est assommant, c’est d’être perpétuellement montée sur les échasses de la tragédie, de ne parler et de n’agir qu’en impératrice de théatre.
Il ne s’agit que de débiter d’abord que l’Eleve a été indignement enseigné ; que le Maître l’a totalement perdu ; que l’on a une peine inconcevable à détruire cette mauvaise Danse de Campagne & à remédier à des défauts étonnants : il faut ensuite ajouter que l’Eleve a du zele ; qu’il répond aux soins qu’on se donne ; qu’il travaille nuit & jour ; & le faire débuter un mois après.
Ainsi la Tragédie agit, marche, et s’explique. […] Ainsi le Pantomime agit, marche, et s’explique, Conduit par la nature, aidé par la musique. […] Ne faites point agir vos acteurs au hasard, Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard. […] Illam quidquid agit, quoquò vestigia vertit, Componit furtim, subsequiturque decor.
Puis les devoirs des acteurs, les amendes qu’ils auront à encourir s’ils y manquent, leurs fautes, la punition de ces fautes, le nombre des sujets, leurs emplois, leurs appointemens, sont énoncés, comme s’il s’agissait, pour chacun, d’un engagement particulier. […] Telles sont les clauses principales du vieux gouvernement de l’Opéra ; les chartes en sont conservées comme s’il s’agissait de la constitution d’un royaume. […] Elle se débarrassa à la hâte de toute sa défroque républicaine ; elle reprit sa livrée monarchique : il ne s’agissait, pour elle, que de changer l’étoffe et le galon.
Enfin, il ne s’agit pas ici de commenter les causes. […] — Il n’est pas question de manger la pomme, monsieur, c’est d’un jeu qu’il s’agit : nous vous prions, au nom de la société, de tenir de la main gauche cette fourchette, les dents et par conséquent la pomme en l’air ; de l’autre main prenez ce couteau fraîchement émoulé, assenez un coup sur le fruit, enlevez un morceau sans que le tout perde équilibre et tombe, et passez à votre voisin. […] Son Arthur fait des feuilletons, et la Lorette se livre à la botanique et à la chimie appliquées aux besoins usuels, en d’autres termes elle épluche les légumes du ménage et a la gérance du pot-au-feu ; soudain elle se rappelle avoir vu dans les contes pas mal de rois épouser des bergères, elle sait que l’antique usage était d’envoyer le portrait d’une jeune fille à un front couronné et que ce front perdait immédiatement la tête ; la Lorette dont s’agit jeta les yeux sur sa majesté le roi d’Angleterre, c’est-à-dire sur monsieur le mari de sa majesté la reine d’Angleterre (nous tenons même en matière de contes, à rester dans la vérité du langage constitutionnel) ; une nécromancienne lui a prédit qu’elle aurait les plus hautes destinées ; la Lorette traduit cet arrêt de la sibylle par ces phrases : Je dois convertir mon argenterie et mes meubles en délicieux chapeaux et en robes exquises, quitter les fiacres parisiens pour le paquebot anglais, prendre place dans une loge au théâtre le plus près possible du mari de la reine, et là, attendre qu’il tombe à la renverse frappé par l’éclat de mes yeux.
Mais la jeune fille, qui sans doute l’avait jugé incapable d’un attachement durable, avait rompu à temps un engagement périlleux, et, comme pour lui montrer combien elle avait sagement agi, Gentz se lança dans des orgies retentissantes. […] Elle me survivra de longues, de longues années et j’agirais en criminel, si j’entravais son avenir. […] C’est d’elle qu’il s’agit, lorsque Chateaubriand, parlant des derniers moments de Gentz, dit : « Nous l’avons vu mourir doucement au son d’une voix qui lui fit oublier celle du temps20. » *** S’il est assez facile de déterminer la nature de la passion de Gentz et de tracer la courbe qu’a suivie son développement, le problème est plus ardu lorsque l’on cherche à se rendre compte de ce qui s’est passé dans le cœur de Fanny.
Il n’est qu’un ressort de plus dans la main du poète pour faire agir la passion, et pour lui faire créer des moyens plus forts d’étonner, d’ébranler, de séduire, de troubler le spectateur.