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78. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 6 novembre. Classicisme et exotisme. Une étoile parnassienne : Mlle Schwarz. — Djemil. — Un maître français. — Reprise de « Roméo ». »

Elle est aussi moins précieuse que Nyota, cette Nyota qui danse Perrot et Cappart. […] Elle a interprété de plus des danses javanaises, japonaises, chinoises, etc. ; pourquoi ces transpositions conventionnelles ? […] Quant aux trois dernières danses, quelle différence patente ! […] Et elle n’a pas exécuté la Danse d’Anitra. […] Quinault organise le groupe de danse en hauteur.

79. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre XI. Des danses Baladoires, des Brandons, etc. »

Des danses Baladoires, des Brandons, etc. […] Telle fut la conduite violente, mais nécessaire, que l’Église tint, en apercevant les inconvénients, les désordres, les crimes qui s’étaient glissés dans la Danse sacrée des Chrétiens. […] Les Danses Baladoires qui prirent la place des Danses sacrées n’étaient plus qu’un assemblage monstrueux de piété, de débauche et de superstition. Le Pape Zacharie fit un Décret en 744 pour les défendre : dans les suites, les Évêques, les Rois, les Empereurs, s’unirent tous à lui pour les proscrire ; et la Danse sacrée, quelque innocente qu’elle eût été dans son institution primitive, fut jugée dès lors assez dangereuse, pour engager la sagesse du Clergé à ne la plus mêler aux autres cérémonies de l’Église32. La Danse des brandons et celle de la Saint-Jean échappèrent néanmoins à la proscription ; et on renouvela celle du premier jour de Mai, qui était qu’un reste de celles que l’idolâtrie avoir établies.

80. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre IX. Circonstances qui contribuent à rendre les Danses plus dangereuses et plus criminelles. » pp. 102-114

Circonstances qui contribuent à rendre les Danses plus dangereuses et plus criminelles. […] Et comme ce qu’il dit sur les spectacles est également applicable aux danses, je crois devoir rapporter ses propres paroles en substituant les danses aux spectacles. […] … Ceux qui fréquentent les danses songent-ils seulement qu’il y a des vêpres ? […] Une seconde circonstance qui rend les danses plus dangereuses et plus criminelles, c’est lorsqu’elles se font la nuit ; et c’est ainsi que se font celles qu’on appelle bals. […] Une troisième circonstance qui rend les danses plus criminelles, c’est lorsqu’elles sont accompagnées de déguisement, comme il est encore très-ordinaire aux bals.

81. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 1er janvier 1923. Carte de visite. »

Nous souhaitons d’abord qu’on revienne à l’usage si heureusement inauguré des soirées entièrement consacrées à la danse qui n’est pas qu’un « vain ornement » du spectacle lyrique. […] Pour que toutes ces aspirations aboutissent, nous souhaitons à l’Opéra de pouvoir compléter les cadres actuels de la troupe de danse qui, aujourd’hui n’est pas dûment outillée pour les grandes entreprises ; qu’en maintenant le classement par emplois et le concours annuel, on renonce au système égalitaire du« tour de liste ». […] Tout cela nous ramène vers l’école de danse qui est l’avenir. […] Dès lors, l’école de danse fournirait à tous les théâtres subventionnés un personnel soigneusement éduqué et tenu de continuer un travail régulier sous le contrôle effectif de l’Académie Nationale. […] Ricaux de poursuivre avec la même intelligence courageuse son dessein de récréer la danse masculine à l’Opéra.

82. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 décembre. Quinault, Rowe. »

Robert Quinault vient d’exécuter à l’Olympia une série de danses, résumé quintessencié de sa technique et de ses idées ; il a massé sur une durée de dix-huit minutes trois poèmes de danse, trois variantes de sa conception. […] Au milieu de ce triptyque de danse s’épanouit le pas de deux classique : adage, variations, coda. […] Ici l’on danse. […] De tels hommes sont faits pour rendre à la danse classique, art français, sa suprématie de jadis. […] La danse classique n’est pas une momie.

83. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXV. Des contre-tems du Menuet, & la maniere de les faire. » pp. 104-109

Les contre-tems se font à la place d’un pas de Menuet ; mais depuis quelque tems on ne les pratique guere dans le Menuet ordinaire : depuis que les Passe-pieds & les Menuets figurez sont venus à la mode, il est vrai que ces danses ont beaucoup d’agrément, par la varieté de leurs figures, & les differens pas dont elles sont remplies, & comme les contre-tems en font en partie la construction, je vais décrire la maniere de les faire selon les regles de l’Art. […] A l’égard des Dames, c’est la même maniere : à l’exeception qu’elles ne doivent pas tant marquer le saut, tant par bien-séance que parce qu’il seroit trop outré pour elles ; & même lorsque vous dansez un Passe-pied ou Menuet figuré avec une Demoiselle, il faut adoucir vos contre-tems, pour se conformer à sa maniere temperée, & pour ménager cet accord entre vous deux, qui fait en partie la beauté de la danse. De plus, c’est que les contre-tems sautez ne conviennent qu’à de jeunes personnes, ou des personnes de moyenne taille : & pour ceux qui sont d’une taille avantageuse, il les faut faire en tems de Courante & demi-jetté, comme je l’ai déja marqué dans la maniere de donner les mains : parce qu’il ne convient point à de grandes personnes de sauter, & de se tourmenter dans les danses figurées, où ce n’est que des mouvemens doux & gracieux, qui ne dérangent pas le corps de ce bon air qui est si fort estimé & usité par notre Nation : ce qui n’est pas de même de plusieurs contre-danses que l’on a introduit en France depuis quelque temps, & qui ne sont pas du goût de tous ceux qui aiment la belle danse. Il est vrai, qu’il y en a plusieurs qui n’ont aucuns desseins, ni aucuns goûts, puisque c’est toûjours les mêmes figures, sans aucuns pas assurez, toute la plus grande perfection de ces contre-danses, est de se bien tourmenter le corps, de se tirer en tournant, de taper des pieds comme des Sabotiers, & de faire plusieurs attitudes qui ne sont point dans la bien-séance : on me dira que cela divertit une compagnie ; parce que plusieurs personnes dansent à la fois, il n’est pas impossible de faire des danses où plusieurs personnes peuvent danser ensemble, mais avec des pas & des regles gracieuses & moderées à l’imitation des danses Allemandes, que j’ai veu danser en Allemagne ; quoiqu’elles changent de mouvement, il s’y garde une certaine regle qui ne cause point de confusion, surtout parmi les personnes de distinction, ainsi on peut composer des danses qui soient dansées à plusieurs personnes, & qui peuvent avoir different mouvement, comme d’air à deux tems legers & de Menuet, mais je souhaiterois que Messieurs les Maîtres qui composeroient ces danses les missent en Choregraphie, afin que l’on puisse les danser regulierement.

84. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 novembre. Échos du temps passé. Éloge de Rameau. »

Car la danse est l’essence même du génie de Rameau. « Ses airs de danses dureront éternellement », admet Diderot, un ennemi. Et « l’on danse partout dans les opéras de Rameau, même autour des tombeaux, » comme insinuait perfidement Voltaire. […] D’ailleurs, d’innombrables entrées de danse sont distribuées dans tous les actes. […] Au troisième acte enfin, une danse dite « rythmique » nous donne l’avant-goût de l’enfer. […] D’ordinaire, le chant et la danse apparaissent représentés par deux races différentes et hostiles.

85. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — VI, lumière et danse » pp. 60-71

Aujourd’hui, danse signifie : mouvements des bras et des jambes. […] La musique lente réclame une danse lente, de même qu’une musique rapide oblige à une danse rapide. Généralement, la musique doit suivre la danse. […] C’est la vraie danse. […] Qu’est-ce que la danse ?

86. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VII. » pp. 110-128

& l’on danse ; ce sont là les drames ingénieux dont on nous repaît ; c’est ce qu’on nomme des Ballets d’invention, de la Danse Pantomime ; mais laissons-en ramper paisiblement les Auteurs ; les ailes sont des ornements étrangers & des instruments inutiles pour quiconque ne peut devoir son éclat à lui-même, & se voit forcé comme les vers luisants à l’emprunter des ténebres & de l’obscurité. […] Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on donne le titre de Ballet à des Danses figurées que l’on ne devroit appeller que du nom de divertissement ; on prodigua jadis ce titre à toutes les fêtes éclatantes qui se donnerent dans les différentes Cours de l’Europe. […] Sous le regne de Louis XIV, les récits, les dialogues & les monologues ne servoient-ils pas également d’interpretes à la Danse ? […] La Musique, quoiqu’encore au berceau, commençoit à s’exprimer avec noblesse ; cependant la Danse étoit sans vie, sans caractere & sans action. […] En rapprochant toutes mes idées ; en réunissant ce que les Anciens ont dit des Ballets ; en ouvrant les yeux sur mon Art ; en examinant ses difficultés ; en considérant ce qu’il fut jadis, ce qu’il est aujourd’hui & ce qu’il peut être si l’esprit vient à son aide, je ne puis m’aveugler au point de convenir que la Danse sans action, sans regle, sans esprit & sans intérêt, forme un Ballet ou un Poëme en Danse.

87. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Conclusion] »

Me permettra-t-on, non pas d’analyser la théorie de la danse figurée, mais simplement d’exposer ici quelques idées qui donneront peut-être lieu à des observations utiles ? La danse est un amusement qui est peut-être aussi ancien que le monde, et que l’on a consacré avec autant de soin que s’il entrait dans la classe des besoins essentiels. […] La danse entrait dans le culte du paganisme ; les Chrétiens même, par une indécence qui ne pouvait qu’avilir la majesté du christianisme, ont essayé de l’associer aux cérémonies de la religion. […] Ils ont créé une danse toute nouvelle, majestueuse, forte et pathétique ; en un mot, les ballets, sous l’ascendant de leur génie, sont devenus une peinture vivante des passions, des mœurs, des cérémonies et des costumes de tous les peuples. […] Un homme qui veut s’appliquer sérieusement à la danse doit posséder la fable, l’histoire et les poèmes de l’Antiquité.

88. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XV. » pp. 83-88

Sa retraite de l’opéra porta un coup fatal à la belle danse : privée de ce beau modèle, on l’a vue s’égarer dans les confins de l’extravagance. […] Mais l’étude de la belle danse conduit à tous les genres ; elle en est la clef : cette étude est à l’art ce que le rudiment et la grammaire sont à la pureté du langage. […] Le svelte de ses contours, les charmes de sa figure, la perfection et la noblesse de sa danse, lui méritèrent de justes applaudissemens ; je dois ajouter qu’elle fût le modèle le plus parfait de la danse sérieuse. […] Ses talens pour la danse et la composition, joints à sa bonne conduite, lui méritèrent les bien faits de la cour et l’estime des grands. […] Il est malheureux pour les progrès d’un art dont il seroit devenu le modèle, que des douleurs vagues et sans cesse renaissantes, l’aient forcé d’abandonner la danse.

89. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre XII. Ceux qui ont quelque autorité doivent, autant qu’ils le peuvent, s’opposer aux Danses, et empêcher d’y aller ceux et celles qui dépendent d’eux. » pp. 132-147

Or, nous avons vu de combien de péchés les danses sont la source, et par conséquent de combien d’ames elles causent la perte. […] Est-ce ainsi qu’ont parlé des danses les saints qui nous ont précédés ? […] D’abord, c’est une obligation indispensable pour les pères et mères d’empêcher, autant qu’ils le peuvent, leurs enfans d’aller aux danses. […] « La danse, y est-il dit, (page 56 et 67.) […] Une dame un peu jalouse de sa réputation, ne seroit pas contente qu’on lui fît un mérite d’exceller dans le chant et dans la danse. » Sur quoi M. 

90. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre V. Préjugés contre la Danse en Action »

Préjugés contre la Danse en Action La Danse noble, la belle Danse se perd, disait-on à la Cour, et à la Ville, lors même que nous avions, au Théâtre de l’Opéra, les meilleurs Danseurs qui y eussent paru depuis son établissement. […] Jusqu’à quel point avaient-ils porté l’art de la Danse ? […] Mais comment admettre au Théâtre144, comment croire agréable, comment supposer possible un genre de Danse, que les grands Maîtres n’ont point pratiquée, qu’ils ont peut-être dédaignée, et qui sans doute leur a paru, au moins, un obstacle au développement des grâces, à la précision des mouvements, à la perfection des figures ? Voilà les forts arguments ou plutôt les grands préjugés contre la Danse en action.

91. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Première partie] »

Les Pantomimes appelèrent cette nouvelle manière de danser la « Danse Italique ». […] [8] La Danse n’a pas de Récits. […] Lucien, en nous donnant des préceptes sur la Danse Pantomime, n’a pas dit un seul mot des unités ; et nous n’avons pas d’autre Maître. […] [9] Au surplus nous ne pouvons pas entreprendre de corriger les Pièces que nous traitons en Danse Pantomime. […] Mais on peut assurer hardiment qu’en général nous n’avons connu, pour ainsi dire, que le simple Alphabet de la Danse.

92. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 décembre. La querelle des Anciens et des Modernes. Le procès de Miss Duncan. — Les têtes de l’hydre. — Chopin chez la Goulue. — Mon courrier. »

Elle a été l’aiguilleur qui lança la danse dans une voie sans issue et la fit dérailler. […] Lève-toi, Lazare, et danse ! […] Cependant Isadora aura été utile à la danse. […] Car, dans les danses entravées, l’homme et la femme ne se regardent jamais. […] Vous prétendez avoir trop vu la danse classique.

93. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Le chant, dans ces compositions modernes, occupe une partie de la place qu’occupait la danse dans les anciennes : pour être parfaites, il faut que la danse et le chant y soient liés ensemble, et partagent toute l’action. […] Que le chant et la danse concourent également à la former, à la développer, à la dénouer : 3°. […] On donne aussi ce nom à la danse même qu’on exécute. […] Chaque danse qu’un danseur ou une danseuse exécute, s’appelle aussi entrée. […] Le mélange sage de tous les deux, forme la danse agréable et brillante.

94. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre X. Des Actions principales en Danse »

Des Actions principales en Danse Notre Tragédie et notre Comédie ont une étendue et une durée qui sont soutenues par les charmes du discours, par la finesse des détails, par la variété des saillies de l’esprit. […] Telles doivent être, mais avec plus de précision encore, les Tragédies et les Comédies en Danse : je dis, avec plus de précision, parce que le geste est plus précis que le discours. […] Une bonne Pièce de Théâtre en Danse doit être un Extrait serré d’une excellente Pièce Dramatique écrite. La Danse, comme la Peinture, ne retrace à nos yeux que les situations ; et toute situation véritablement théâtrale n’est autre chose qu’un tableau vivant. […] Ce ne sont que des tableaux successifs qu’on a à peindre, et qu’il faut animer de toute l’expression, qui peut résulter des mouvements passionnés de la Danse.

95. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre II. De la Danse théâtrale des Grecs »

Les Grecs qui avaient la vue déliée et l’oreille fine, entendirent l’Oracle, et en conséquence, ils regardèrent toujours la Danse, comme une imitation par les gestes, des actions et des passions des hommes. […] Bientôt à la place de cette Danse allégorique, que les Athéniens avaient portée d’abord sur leur théâtre, et qui représentait le mouvement des Astres [Voir Danse astronomique], on substitua une action Nationale. […] Ce Héros avait composé cette Danse lui-même, après sa victoire ; et il l’avait exécutée avec la jeunesse de Délos50. […] [Voir Danse de la Grue] De nouveaux sujets sans nombre51 succédèrent à ces premiers. […] On la nomma la Danse de la Grue, parce que les Danseurs en formant leurs évolutions se suivaient à la file, comme les Grues, lorsqu’elles volent en troupe.

96. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XVI. Du Cérémonial que l’on observe au grand Bal du Roy. » pp. 49-54

Sçavoir, Monseigneur & Madame la Dauphine, Monsieur & Madame ; ainsi des autres Princes & Seigneurs ; tous les Seigneurs sont d’un côté à la gauche, & les Dames à la droite : & dans ce même ordre on se fait la reverence l’un devant l’autre, ensuite Sa Majesté & sa Dame mene le branle, qui étoit la danse par où les Bals de la Cour se commençoient, tous les Seigneurs & Dames suivent leurs Majestez, chacun de leur côté, & à la fin du couplet, le Roy & la Reine se mettoient à la queuë, & celui & celle qui étoient derriere leurs Majestez menent le branle à leur tour ; ensuite se vont placer derriere le Roy & la Reine, & successivement des autres de deux en deux, jusqu’à ce que leurs Majestez soient revenus les premiers : après quoy ils dansent la Gavotte, qui se danse dans le même ordre du branle, qui est de se remettre à la queuë jusqu’à ce qu’ils soient revenus devant, & les branles finis on se fait de pareilles reverences en se quittant, que celles que l’on a fait avant de danser. Ensuite ce sont les danses à deux, autrefois c’étoit la courante qui se dansoit aprés les branles, & même Louis Quatorze d’heureuse mémoire la dansoit mieux que personne de sa Cour, ce que je dirai dans la suite ; mais à présent c’est le menuet qui se danse après les branles. C’est pourquoi après que le Roy a dansé le premier menuet, il va se placer, & tout le monde pour lors s’asseoit, d’autant que lorsque Sa Majesté danse tout le monde est debout ; après quoy le Prince qui doit danser lorsque Sa Majesté est placée, il lui fait une très-profonde reverence, ensuite il vient à l’endroit où est la Reine, ou premiere Princesse, & font ensemble les reverences que l’on fait avant de danser, & de suite ils dansent le menuet, & aprés le menuet on fait de pareilles reverences que celles que l’on a fait devant. […] Mais si Sa Majesté souhaite que l’on danse quelqu’autre danse, c’est un des premiers Gentilhommes de la Chambre qui le dit, ce qui n’empêche pas que l’on n’observe toujours les pareilles reverences.

97. (1908) L’École de danse de Grünewald « L’école de danse du Grünewald » pp. 261-268

Les Américains ont même inventé une danse libre et vivante, qui détrônera un jour ou l’autre le morne ballet, à moins que l’Allemagne ne prenne les devants… Car, à part sa propreté et ses nouvelles maisons, il est une chose que j’envie à Berlin pour Paris : c’est l’École de danse du Grünewald. […] Elle danse sur du Schumann… Et je me figurais des sortes de tableaux vivants, ces poses plastiques si horripilantes à voir. […] A la fois bayadère et tanagréenne, tour à tour vierge pudique et bacchante excitée, que danse-t-elle ? […] ce sont les danses des statues grecques que nous voyons sur toutes les scènes de l’Europe ! […] — Il ne faut pas que la danse meure, répète-t-elle avec une énergie attendrie.

98. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VII. De la Danse sacrée des Juifs »

Ces instruments, ces chœurs de Musique rassemblés et arrangés avec tant de promptitude, supposent une habitude du Chant et de la Danse, fort antérieure au moment de l’exécution. Les Juifs instituèrent dans les suites, plusieurs Fêtes solennelles : la Danse en fit toujours une partie principale. […] Lorsque la Nation sainte célébrait quelque événement heureux où le bras de Dieu s’était manifesté d’une manière éclatante, les Lévites exécutaient des Danses solennelles, qui étaient toujours composées par le Sacerdoce. […] Car, je ne crois pas qu’on puisse douter de la multitude des Danses et des Chants en usage chez le peuple Juif 17. […] Cette partie était toujours occupée par le Chant et la Danse, qu’on y exécutait avec la plus grande pompe dans toutes les solennités.

99. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre IV. Des Bals »

On quitta la table, pour se livrer entièrement à la Danse. […] On y dansait froidement des Danses graves. […] Pendant tout le temps qu’il y fut on ne dansa que des Danses graves et sérieuses, où la bonne grâce et la noblesse de la danse parurent dans tout son lustre. » À cette gravité si l’on ajoute les embarras du cérémonial, la froide répétition des mêmes Danses, les règles rigides établies pour le maintien de l’ordre de ces sortes d’Assemblées, le silence, la contrainte, l’inaction de tout ce qui ne danse pas ; on trouvera que le Bal de cérémonie, est de tous les moyens de se réjouir, celui qui est le plus propre à ennuyer. […] Bonnet Hist. de la danse. […] Bonnet lui avait dédié son Histoire de la Danse, de laquelle ceci est pris.

100. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 novembre. Le débat de la musique et du silence. »

Les Vendredis de Danse à la Comédie des Champs-Élysées viennent de présenter au public deux spectacles nettement antithétiques : les danses dans le silence de Mlle Yvonne Sérac et un essai de traduction intégrale de la musique par la danse tenté par Mme Odic-Kinzel et ses élèves. […] J’ignore donc les arguments palpables dont l’expérience a pu appuyer la thèse de Mlle Sérac ; et je ne m’en rapporte point à autrui quant aux choses de la danse. […] Je crains fort que la tendance à extérioriser la musique par la danse ne soit en elle-même abusive. […] Tout ce qu’il vous arrive d’observer de résultats heureux dans les nombreuses hérésies chorégraphiques qui affligent le théâtre, comporte un acheminement inconscient vers la danse classique. […] Et cependant Mlle Vronska est un premier sujet qui ferait honneur à n’importe quelle Académie de danse nationale, royale ou soviétique.

101. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre X. En convenant que les Danses doivent ordinairement être évitées, ne peut-on pas les permettre du moins aux jours de noces, où elles sont d’usage partout ? » pp. 115-125

Et quel rapport y a-t-il entre ces prières qui ont dû être faites de part et d’autre, et les danses, les excès de bouche, les paroles et les chansons libres, dont la plupart des noces sont aujourd’hui souillées et déshonorées ? […] Quelle nécessité y a-t-il qu’il y ait des danses à vos noces ? Les danses ne conviennent qu’aux mystères et aux cérémonies des païens : In mysteriis Græcorum sunt saltationes. […] C’est dans le chapitre 19, où, parlant des circonstances qui contribuent à rendre les danses plus mauvaises, ils s’expriment ainsi sur la troisième : Ce qui rend les danses encore plus abominables devant Dieu, est de les avoir introduites aux noces et solennités du mariage. […] Or, telles sont les danses, et Dieu n’aura jamais pour agréable que l’on abuse des remèdes qu’il a ordonnés.

102. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre premier. Instructions générales aux élèves » pp. 19-39

Tous ceux qui enseignent la danse ne sont pas sortis d’une bonne école, et très peu encore se sont distingués dans l’exécution de leur art. Un simple théoricien ne suffit pas pour l’exacte démonstration des principes de la danse. […] L’art de la danse est très exigeant : malgré les dons de la nature, qui lui sont nécessaires, on ne peut réussir complètement sans les raisons que j’ai données. […] À la fin d’un raisonnement académique sur la danse que j’eus avec M.  […] Le nom de cette Muse qui préside à la danse est composé de deux mots grecs, dont le premier (terpein) signifie réjouir, et l’autre (choros) chœur, danse.

103. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 16 octobre. Moa Mandu »

Et comme elle est là pour danser, elle danse : Gluck, Chopin, comme cela se fait depuis Isadora, et cette suite de Peer Gynt qui, à force d’avoir été piétinée par les plantes nues d’innombrables danseuses, est devenue une loque musicale. […] Et elle achève la plupart de ses danses en se jetant à terre. C’est que trouver l’attitude suprême, statuaire à laquelle aboutit toute danse, réaliser cette transition du mouvement à l’immobilité vibrante, c’est là une chose très ardue, mais qu’on ne doit point éluder. […] Mais elle ne nous fit voir aucune de ces danses de terroir, de ces farouches « pyrrhiques » des montagnards serbes, danses dont on suppose volontiers l’existence sans en avoir la certitude.

104. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 16 janvier. Une soirée à l’hôtel Charpentier. »

Lulli, Rameau, Gluck, trois époques de la musique de danse française ont fourni la matière de trois « entrées ». Exécutées en souliers à talons, composées de ces temps sur la demi-pointe qui font le charme de la danse de cour, ces entrées plurent infiniment. […] Pierre Marguerite, ce furent les « danses en crinoline » accompagnées par le piston de M.  […] Mme Trouhanowa fit valoir dans sa danse russe accompagnée par les refrains populaires de Mme Litvine, sa grande allure et sa monumentale beauté slave ; Mlle Svirskaya, costumée en bayadère de Besnard, tournoya dans son ample jupe rouge, plissée et qui s’ouvre en parasol, se drapa dans son châle constellé et fit résonner les clochettes attachées à ses chevilles nues ; le caractère occidental de la musique dont elle s’inspira nous déconcerta quelque peu. Enfin, une minuscule danseuse qui porte un nom familier aux fervents de la danse, Mlle Solange Schwarz, « de l’Opéra », interpréta avec la plus grande correction Le Cygne de Saint-Saëns.

105. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 15 mai. Peut-on reconstituer une danse antique. »

Peut-on reconstituer une danse antique. […] Mais peut-on en somme reconstituer un mouvement de danse ? […] Il mit les dessins des potiers ioniens en présence d’analyses photographiques prises sur les temps essentiels de la danse dite classique. […] Mlle Nyota « reconstitue » une danse guerrière d’après tels monuments. […] La diction de sa danse est pauvre, sa technique défectueuse, très limitée.

106. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VII. le diable boiteux  » pp. 220-261

C’est un corps plein de désirs qui danse, au lieu d’une âme avec des passions. […] Ce disciple de Gœthe reniait, en matière de danse, la doctrine du grand maître classique. […] Paquita, plus heureuse qu’au foyer de l’Opéra, danse un pas rustique aux applaudissements de la foule. […] Elle avait immatérialisé la danse. […] Au lieu de cette danse de Mlle Taglioni, danse chaste, danse élégante, si sévère au milieu de ses voluptueux enlacements qu’elle rappelle le decentes choros d’Horace, quelques appétits blasés posaient en principe qu’avant tout la danse doit être matérielle et humaine, comme si Miranda, Ariel et Eloa ne dansaient pas !

107. (1927) Paul Valéry philosophe de la danse

La danse y est-elle substance ou prétexte ? […] Le dessinateur s’est laissé leurrer par une conception factice de la danse antique. […] L’écriture des « chemins » fut jadis la phase initiale de la danse de théâtre. […] De tous les arts, la danse se révèle le plus matériel mais aussi le plus abstrait. […] Telle est aussi la secrète vertu de la danse.

108. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Preface. » pp. 5-10

Il est vray, ce n’est pas mon mestier que la danse, ny certes ma resolution de mourir en l’exerçant, mais en vn temps & en vn pays où ie me trouue engagé de mettre en pratique ce que poussé de mon inclination i’auois autre fois appris pour mon contentement particulier, & par maniere d’exercice, c’est ma gloire de m’en pouuoir aquitter sciemment, & contenter ensemble ceux qui m’imitent, & cest essay me seruira de garand que la vanité ne me donne point ces paroles, car quiconque entrera en quelque experience de son vtilité, il n’y rencontrera que des actions, ou la bien seance se remarquera tousiours, comme en son element plus necessaire. […] C’est à vous Messieurs qui y auez de l’interest, de donner desormais vn meilleur ordre à la duree de vostre reputation que le tacite consentement, qu’il semble que vous donnez aux abus (par vostre souffrance) va portant dans le mesme tombeau ou la negligence de nos deuanciers a mis l’origine des Danses, dont la recherche seroit inutile : car nostre malheur est tel que nous n’en auons quasi rien de certain. Ce que i’en ay peu apprendre se voit chez Scaliger, qui asseure y auoir autre fois eu quatre sortes de Danses, vne fort graue appellée Emelie, vne gaye dicte Cordax, vne autre qui mesloit à la gayeté quelque graue contenance & se nommoit Siccenix, la derniere s’appelloit Perrichie ou danse armee ainsi dicte d’vn certain Pirrhus qui en fut l’inuenteur, & ces danses ont depuis esté comparees aux modernes par Arena Prouençal, sçauoir l’Emelie, aux Pauanes & Bassedanses tant reguliere qu’irreguliere, le Cordax, aux Gaillardes, Tordions & Voltes, le Siccenix aux Bransles, la Perrichie aux Bouffons & Matassins, & c’est ceste cy que les Saliens instituez par Numa dansoient au nombre de douze aux festes Sacrees de Bellonne. Il faut au surplus remarquer que de tout temps en chasque contree ou Prouince on a eu vne danse affectee, comme les Anglois les mesures & contredanses, les Escossois les Bransles d’Escosse, les Alemans l’Alemande, les Normans les Bransles de village, les Bretons le Triory ou Passepied, les Bransles de Poitou viennent des Poiteuins, & la Volte de Prouence, des Italiens la Gaillarde ou Romanesque, des Espagnols la Sarabande & Pauane, des Mores les Morisques, à Paris & plusieurs autres lieux de la France, nous auons la diuersité des Bransles & Courantes tant à figures que simples auec partie des susdites danses. Quant aux Canaries elles y sont aussi fort en vsage, mais leur origine est incertaine, les vns disent qu’aux Isles de ce nom là ceste danse est ordinaire, mais i’ayme mieux ceste opinion, que comme plusieurs de nos airs de Courante ont este tirez de quelques Balets, les Canaries viennent aussi d’vn Balet où les Danseurs representoient les Roys & Reynes de Mauritanie desguisez en Sauuages couuerts de plumages de diuerses couleurs.

109. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XIV. » pp. 77-82

La danse de l’opéra n’offroit alors que des tableaux monotones ; les ballets étoient froids, mal dessinés ; on n’y voyoit aucune variété. Cette danse que l’on nommoit noble, étoit dénuée d’expression et de sentiment. […] Je fus enchanté de sa danse. […] Sa danse voluptueuse étoit écrite avec autant de finesse que de légèreté : ce n’étoit point par bonds et par gambades qu’elle alloit au cœur. […] Mais il était uniforme ; il ne varioit pas sa danse ; et il étoit toujours Dupré.

110. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre XII. De la Danse sacrée des Turcs »

De la Danse sacrée des Turcs Les pratiques des Hébreux, les superstitions des Païens, les Institutions pures de la Religion chrétienne, sont les sources dans lesquelles Mahomet puisa les rêveries de la sienne. Aussi, la Danse sacrée fit-elle partie de son Plan. […] Pour honorer ce Chef d’Ordre d’une manière qui rappelle son institution, les Dervis Turcs ont imaginé la Danse du Moulinet, à laquelle ils s’exercent avec un zèle et une application infatigables. Cette Danse s’exécute au son des flûtes, en tournant avec la plus grande rapidité.

111. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « Préface de l’auteur »

J’ai réuni dans ce volume, qui a pour objet la danse, les chroniques et comptes rendus de spectacles publiés par moi depuis une année et parus pour la majeure partie, sauf indication contraire, dans le quotidien Comœdia. Ces pages ne constituent donc point un livre conçu et construit selon un plan préétabli ; c’est plutôt une espèce de journal de danse dont j’ai conservé la disposition chronologique et la libre ordonnance. […] Ce recueil traite, d’ailleurs, classe ou mentionne la plupart des faits, des idées et des personnalités représentatives de la danse théâtrale contemporaine. […] Et il se rendra compte que cette campagne que je continue n’a pour méthode que la recherche de la vérité et pour objet idéal une renaissance de la danse.

112. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 6 janvier. Quelques danses sur des airs populaires espagnols. »

Quelques danses sur des airs populaires espagnols. […] Je sors de son spectacle et déjà les particularités de ses diverses danses se confondent un peu dans ma mémoire. […] Une danse orientale nous fit admirer, malgré la discrétion des voiles, un nu d’une élégance parfaite ; ventre de la forme la plus pure, dos admirable qui se creuse aux reins et juste assez de gorge « pour remplir les deux mains d’un honnête homme » comme il se disait au xviiie  siècle. […] Les « vendredis de danse » ont pris ce pli dangereux de nous offrir, pour nous désennuyer pendant que la danseuse change de costume, le tour du chant.

113. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre III. Des Danses des Anciens dans les Fêtes des Particuliers »

Des Danses des Anciens dans les Fêtes des Particuliers Nous n’aurions qu’une idée bien imparfaite des Mœurs des Anciens, si nous en jugions par les nôtres. […] On préparait alors des Festins, on exécutait des Concerts, on imaginait des Danses. […] Dans le temps que la bonne chère et le vin excitaient et flattaient le goût des Convives, la Musique et la Danse occupaient agréablement leurs autres sens. […] Les amusements étrangers, qu’ils appelèrent à leur secours contre l’ennui de leurs festins, n’excluaient point cependant les Danses de Famille. […] Socrate lui-même tenait à honneur d’y exécuter les Danses qu’il avait apprises de la belle Aspasie, et Caton le plus sévère des Romains à l’âge de plus de soixante ans, crut devoir se faire recorder ses Danses, afin de paraître moins gauche dans un Bal de Rome.

114. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Danses de Mlle Svirskaya. »

Danses de Mlle Svirskaya. […] Elle n’est pas de ces rares privilégiées dont l’inspiration se traduit impérieusement en images motrices et dont le démon — au sens socratique — de la danse conduit les pas. Ainsi Mlle Svirskaya taille son répertoire dans une matière sonore, raffinée et aiguë ; elle choisit comme prétexte à ses danses certains de ces brefs épisodes écrits par les Six et accentués avec une vivacité sautillante, elle invoque l’ironie et le lyrisme de Prokofieff, le rythme syncopé et fantaisiste du step interprété par un Stravinsky. […] Les épaules un peu carrées, un peu hautes, le torse svelte au thorax bombé, aux côtés comprimés, aux hanches étroites, les jambes longues aux linéaments fluides, font songer à une statue égyptienne de la haute époque ou encore à ces admirables jeunes femmes américaines, qui viennent sur nos tréteaux exécuter leurs folles danses acrobatiques.

115. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 17 avril. « En bateau ». — Le préjugé du rythme. »

L’Opéra vient d’offrir au public plusieurs soirées composées intégralement de danses, comme cela s’était fait de tout temps à Moscou ou à Petrograd. D’ailleurs le renouveau du spectacle de danse français se produit sous l’influence évidente des ballets russes. […] Cependant l’autocratie du rythme musical, du rythme Messie, usurpe les fonctions de la danse proprement dite. […] La danse n’est pas faite pour interpréter inutilement, pour reproduire servilement la structure rythmique d’un morceau de musique. […] Et en entreprenant décidément la « défense et l’illustration » de la danse classique je ne me crois pas faire le champion d’une cause perdue.

116. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIII. » pp. 181-196

Ce genre d’écriture particulier à notre art, et que les anciens ont peut-être ignoré, pouvoit être nécessaire dans les premiers momens où la danse a été asservie à des principes. […] Moyennant cet arrangement on parvenoit à épeler la danse, pourvû que l’on eût la précaution de ne jamais changer la position du livre et de le tenir toujours dans le même sens. […] La danse étoit simple et peu composée, la manière de l’écrire étoit par conséquent facile, et l’on apprenoit à la lire fort aisément. […] L’éléve se présente, on l’applaudit avant qu’il danse. […] Mais revenons à l’académie de danse.

117. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIII. » pp. 362-395

Ce genre d’écriture particulier à notre Art, & que les anciens ont peut-être ignoré pouvoit être nécessaire dans les premiers moments où la Danse a été asservie à des principes. […] Ils me répondront, s’ils sont sinceres, que cet Art n’a pu les élever au-dessus de ce qu’ils étoient, mais qu’ils ont en revanche tout ce qui a été fait de beau en matiere de Danse depuis cinquante ans. […] Mais revenons à l’Académie de Danse. […] Plus la Danse s’embellira, plus les caracteres se multiplieront, & plus cette science sera inintelligible. […] Il écrivoit au-dessous de chaque note de l’air les mouvements & les pas de Danses qui lui paroissoient convenables.

118. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre XI. Des Usages de quelques Peuples, et de certaines Lois de Lacédémone. »

Lycurgue ordonna par une Loi que les jeunes Spartiates fussent exercés dès l’âge de sept ans aux Danses qu’il composa sur le ton Phrygien. […] La Memphitique fut le modèle de toutes ces Danses guerrières, qui n’étaient au fond qu’un cours réglé des différentes évolutions militaires connues. […] Lycurgue d’ailleurs, comme l’abeille qui compose son miel du suc de diverses fleurs, prit encore des Arcadiens, qui passaient pour des Peuples très sages, parce qu’ils savaient être heureux, une partie des usages qu’il établit à Lacédémone ; et dans toute l’Arcadie, la jeunesse s’occupait constamment de la Danse, jusqu’à trente ans. […] On les exerçait en même temps à la Danse sur les modes de Philoxène et de Timothée, et tous les ans pendant la fête des Orgies, ils exécutaient sur des théâtres publics, des Ballets composés avec autant d’Art que de magnificence. […] En occupant à la Danse un grand Peuple qu’il souhaitait de rendre heureux, en appliquant cet exercice aux vues différentes qu’il avait pour la gloire de Sparte, il en conduisit tous les habitants au but qu’il était proposé par des routes aussi agréables que sûres ; parce qu’il sut opposer en Philosophe, les continuelles émotions de l’Art, aux mouvements perpétuels de la Nature.

119. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XII. » pp. 115-121

Il doit savoir la danse, l’avoir exercé long-tems, connoître le mélange incalculable des temps ; ce sont eux qui établissent cette variété immense qui brille dans l’exécution. Le maître de ballets ignore-t-il la danse, ou ne la connoit-il qu’imparfaitement ? […] Il faut que le maître de ballets sache que la danse ne possède que sept pas fondamentaux ; ce petit nombre l’étonnera sans doute, mais sa surprise cessera lorsqu’il saura que la musique n’a que sept notes, et la peinture sept couleurs ; mais le mélange de ces notes et de ces couleurs offre pour la peinture une variété immense de teintes et de demi-teintes dégradées ; pour la musique une variété incalculable de combinaisons harmoniques et mélodieuses : de même les sept pas de la danse, forment à l’aide d’un heureux mélange une foule de temps, de demi-temps et d’enchaînements de pas et de mouvemens. […] Ces contrastes de positions et d’oppositions font le charme de la danse et mettent le sceau de la perfection à l’exécution méchanique. […] Je termine, Monsieur, et après vous avoir entretenu du métier ; je vous parlerai de l’art, c’est à dire de l’expression et de cette pantomime animée qui est l’esprit et l’âme de la danse.

120. (1921) Une dernière étape des « Ballets russes ». La Belle au Bois Dormant pp. 227-231

Et comment devons-nous chiffrer le résultat par lui obtenu dans le bilan de la danse moderne que ce cahier est appelé à dresser ? […] Tchaïkovski composant toutes les pages de sa partition selon les mouvements indiqués par le maître de ballet, s’adaptant aux formes symétriques propres à la danse classique, calquant le rythme sur les accents et les intervalles du mouvement du corps humain, réalisa un texte musical qui secondait merveilleusement les danses de Petipa. Si, comme je suis tenté de le supposer, la musique de danse est un art applique, l’œuvre de Tchaïkovski en remplit toutes les fonctions essentielles. […] Aussi toutes ces cérémonies et danses de cour s’accordent-elles parfaitement avec les éléments classiques de l’œuvre : danses d’ensemble des fées, variations de la princesse Aurore, des masques italiens, la célèbre valse villageoise avec guirlandes et corbeilles, le « pas de la vision » et des nymphes, épisode de « ballet blanc » venant se mêler à l’action fastueusement colorée. […] Mais, comme je l’ai dit tout de suite, c’est à Paris que sera jouée la partie suprême dont dépend l’avenir de la danse classique.

121. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VIII. » pp. 65-96

La danse cependant encouragée, applaudie et protégée s’est dégagée depuis quelque tems des entraves que la musique vouloit lui donner. […] Le maître de ballets n’est instruit de rien : on le charge d’une partition ; il compose les danses sur la musique qui lui est présentée ; il distribue les pas particuliers, et l’habillement donne ensuite un nom et un caractère à la danse. […] La danse de nos jours est neuve ; il est absolument nécessaire que la musique le soit aussi. […] lui seroit-il possible d’imaginer tous les jours de nouveaux plans, et de mettre la danse en action à la fin de tous les actes de l’opéra ? […] La danse à ce spectacle à trop de caractères idéaux, trop de personnes chimériques et trop d’êtres de fantaisie à rendre, pour qu’elle puisse les représenter tous avec des traits et des couleurs différentes : moins de féerie, moins de merveilleux, plus de vérité, plus de naturel, et la danse paroîtra dans un plus beau jour.

122. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Apologie de la danse. » pp. 11-24

Apologie de la danse. […] Homere leur dira en ma faueur que les assemblées & les festins font vn corps qui ne peut estre animé que de la danse. […] Ils verront en Xenophon qu’on honnora de danses & mascarades à l’arriuee des Capitaines de Cyrus : & en Macrobe que les enfans des Senateurs de Rome au sortir des escoles aloient apprendre à danser. […] C’est au iugement d’arbitres non preocupez de faueur que ie m’adresse, qui aduouëront ie m’asseure que tant s’en faut que la danse aye en soy rien de blamable, qu’au contraire la bien-seance luy est vn accidant inseparable. […] De façon qu’en l’ordre des choses se trouuent deux degrez (la Philosophie & la Danse) qui peuuent monter vn homme à sa perfection.

123. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XLI. Des ouvertures de Jambes. » pp. 187-189

L’Ouverture de jambe, est une action, que la jambe fait pour montrer l’agilité qu’il faut avoir en conservant le corps dans son équilibre, pendant qu’on se tient sur l’autre, & aussi pour faire voir que l’on sçait la mouvoir avec grace & liberté, sans que le corps se dérange ; ce qui est encore une des perfections de la danse, de sçavoir agiter les jambes en faisant differens pas, & conserver le haut du corps dans une situation agréable : de plus ce tems se faisant très-lentement, lorsque l’on fait un autre pas qui se fait avec vitesse, cela fait une varieté qui donne à connoître le bon goût que l’on a pour la danse, en gardant beaucoup de gravité dans les pas lents & de legereté dans les vîtes. […] Demonstration de l’ouverture de jambe Ainsi, si vous devez faire l’ouverture de jambe du pied gauche, il faut avoir le corps posé sur le droit à la quatriéme position, pour que la jambe qui est derriere se leve de sa position, & marche lentement en passant près de la droite, & se croisant devant en forme de demi cercle qui se finit à côté ; & cette jambe reste en l’air pour faire tel pas que votre danse le demande ; mais afin de vous en donner la démonstration dans toutes ses circonstances, je dis que lorsque la jambe gauche vient pour se croiser devant qu’elle s’étende en s’aprochant, & lorsqu’elle se croise, son genou se plie, & qu’il s’étend en terminant le demi cercle : ainsi qu’il est exprimé par cette Figure où sont écrits ces mots, demi cercle que la jambe fait. J’ai déja dit dans plusieurs endroits que lorsque l’on fait un pas d’un pied, on doit s’exercer à faire d’une jambe, ce que l’on fait de l’autre, ce qui fait & rend le Danseur parfait, & lui donne la facilité d’aprendre plus vîte, & de plus c’est que par cet exercice égal, le corps se porte avec liberté sans paroître gêné dans tous les divers mouvemens que la danse demande, sur-tout avec cette grace, & justesse que cet Art seul est capable de procurer.

124. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — IX »

Les formes rigides du ballet doivent disparaître : elles font injure au poème de la danse. Déjà la danse quitte le bond à deux ou à trois temps, pour des figures plus complexes et plus rares. La marche en cadence est plus riche, cent fois, en toute sorte de rythmes que les rythmes marqués de nos danses. La lenteur pâmée, les langueurs frémissantes et les secousses brusques des danses nouvelles sont des essais à pénétrer dans ce monde séduisant de l’arabesque sonore et des rythmes inconnus.

125. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 27 mai. Les Ballets russes »

Avec ingénuité, — un peu pensive, — elle trace les hiéroglyphes de la danse. […] Non, puisque la danse classique n’exprime point ce qui pourrait être dit ; elle réalise l’indicible. […] Il paraît qu’il a pratiqué la danse acrobatique ; c’est bien possible. […] Il y a encore Vilzac ; on lui fait exécuter des ruades dans une danse russe grotesque. […] Mais il me faut quitter ce beau domaine si longtemps négligé de la danse masculine ; peut-être, un jour, reprendrai-je le sujet avec plus d’ampleur.

126. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre I. Naissance du Théâtre »

La Danse était déjà un Art régulier parmi eux, dans le temps même que toutes les belles inventions des hommes étaient encore confondues dans le chaos de la barbarie. […] La Danse qu’on employait partout, ne manquait qu’au théâtre ; et elle y fut bientôt portée avec le caractère d’imitation qu’elle avait toujours eu, auquel on ajouta celui, de représentation qui était propre au local, où on venait de l’introduire. […] Les vers qu’ils chantaient avaient un rapport prochain avec la Tragédie, et les figures qu’ils formaient par leur Danse, retraçaient la marche et le cours des Astres, l’ordre et l’harmonie de leurs mouvements. […] Observons cependant, que la Danse du théâtre, dès sa naissance, fut la peinture d’une action. […] La Danse a conservé le caractère de son établissement chez les Grecs et chez les Romains.

127. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 10 décembre « Le Festin de l’araignée ». »

La partition de danse adhère-t-elle au texte musical, augmente-t-elle la portée de l’œuvre ? […] Roussel a été méconnue ou bien pauvrement traduite par la danse, que mainte autre n’a pas été utilisée du tout. […] Routiniers parisiens, que trop d’insouciance paralyse, méfiez-vous des Siki de la danse ! […] Organisez la danse en hauteur par des enlèvements inédits. […] Mlle Monna Païva danse l’Éphémère.

128. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 12 février. Pylade chez Roscius. »

bien, si ceux de la comédie laissent tomber ces nouveaux venus déconcertants, ceux de la danse n’ont qu’à les ramasser. […] Les mouvements de danse de Tsérételli-Marasquin ont une justesse, une désinvolture et surtout une ampleur, un parcours qui nous reposent de la paralysie partielle des comédiens ordinaires ! […] Étoiles de la danse, saluez Mme Alice Coonen, la reine aux cothurnes d’or qui font rentrer la cheville de la jambe libre en une si adorable courbe. […] Certes, la danse classique reste l’expression la plus haute du génie chorégraphique d’Occident. […] Ils la dansent comme le jeune Sophocle dansa les Perses, d’Eschyle ; comme l’officiant danse devant l’autel le Mystère du Saint-Sacrement.

129. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre IV. De quelques Danses des Grecs »

Cette Danse qu’on avait nommée la Danse de l’Hymen , est une de celles qui, au rapport d’Homère, étaient gravées avec tant d’art sur le bouclier d’Achille. […] Un saint zèle dicte les Chants, et anime la Danse. […] Les Danses particulières de l’Hymen, qu’on exécutait dans les mariages, étaient à peu près les mêmes que celles qui terminaient cette Fête solennelle. […] Les Grecs la connaissaient, étaient dignes de la sentir et ils la portèrent aussi loin qu’aucun Peuple délicat de la terre ; mais ils ne furent pas longtemps sans la confondre avec la licence dans les Danses qu’ils nommèrent lascives. […] [Voir Danses lascives] Je tire le rideau sur ces objets indécents.

130. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 juin. Les deux Sacres. »

Les jeunes hommes et les vierges exécutent des danses mystiques. Or on n’avait jamais vu rien de pareil à ces danses. […] Dans ce cercle magique, la victime jusqu’alors immobile, blême sous son bandeau blanc, exécute sa danse macabre. […] Sous la poussée féroce du rythme, elle s’agite et se crispe dans une danse extatique et saccadée. […] Puis, elle danse.

131. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

La Danse cependant encouragée, applaudie & protégée s’est défait depuis quelque temps des entraves que la Musique vouloit lui donner. […] Rameau ; c’est aux traits & aux conversations spirituelles qui régnent dans ses airs, que la Danse doit tous ses progrès. […] Le Maître de Ballets n’est instruit de rien ; on le charge d’une partition, il compose des Danses sur la Musique qui lui est présentée ; il distribue les pas particuliers, & l’habillement donne ensuite un nom & un caractere à la Danse. […] La Danse de nos jours est neuve, il est absolument nécessaire que sa Musique le soit à son tour. […] La variété & la vérité dans le costume y sont aussi rares que dans la Musique, dans les Ballets & dans la Danse simple.

132. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 26 juin. Lettre à Mlle ***, de l’Opéra. »

Je demande à la danse la sensation esthétique seule, la plus haute satisfaction spirituelle. […] Mais dans ces vaines danses d’expression, dans ces vagues pantomimes mesurées, vous n’avez pas toujours su amoindrir et dissimuler votre valeur réelle. […] Vous auriez pu, comme Achille, faire trois fois le tour des murs d’Ilion à la poursuite d’Hector — car vous dansez vingt danses sans être essoufflée le moins du monde. […] La critique « d’avant-garde » a-t-elle assez déblatéré contre le costume de danse traditionnel au nom du naturel, du pittoresque, de je ne sais plus quoi d’aussi étranger à l’art. […] Et voilà qu’en même temps la danse classique, patrimoine français, sort de l’ombre et s’épanouit dans la nouvelle lumière.

133. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre V. Premier emploi de la Danse »

Premier emploi de la Danse Le Chant et la Danse une fois connus, il était dans la nature qu’on les fît d’abord servir à la démonstration d’un sentiment qu’elle a profondément gravé dans le cœur de tous les hommes. […] Aussi la Danse sacrée est-elle la plus ancienne, et la source dans laquelle on a puisé dans les suites toutes les autres.

134. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 26 janvier : Ballet de la Naissance de Vénus — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 7 février 1665 »

Loret, lettre du 7 février 1665 Comme durant le Carnaval, (Soit que l’on fasse bien, ou mal) Plusieurs vivent d’une manière Qui n’est pas toujours coutumière, Il est très certain que Paris, Séjour des plaisirs et des ris, Est rempli de réjouissances, De Cadeaux, de Bals et de Danses, D’admirables Collations, Contenant des profusions De bons vins et de limonades ; Bref, de diverses Mascarades : Mais (à parler ingénument) Le plus grand Divertissement, Tant de la Cour, que de la Ville, Et qui, seul, en vaut plus que mille, C’est le Ballet vraiment Royal, Que l’on danse au Palais Royal, Où visiblement on remarque L’adresse de notre Monarque, Et de Monseigneur d’Orléans, Le Maître et Patron de léans. […] Outre leurs beautés et leur Danse, Leurs qualités et leur naissance Inspirent, au premier aspect, Moitié flamme, et moitié respect : On voit entre elles des Comtesses, Des Marquises et des Duchesses, Et des Princesses, mêmement, Qui sont un rare assortiment Au susdit Ballet ; Et pour celles Qui ne sont encor que Pucelles, Ces Objets mignons et brillants, Divinités de cent Galants, Que par elles l’Amour régente Sont de belles Tables d’attente Pour augmenter le nombre, un jour, Des hautes Dames de la Cour : J’ai vu trente Ballets en France, Mais en ceux de plus d’importance, (Que je meure si je vous mens) Je n’ai point vu d’habillements Plus riches, superbes et lestes, Que leurs jupes, robes, ou vestes, Et leurs escarpins, mêmement, Où l’on voyait main ornement ; Tout éclatait de broderies, D’argent, d’or, et de pierreries, Qui revêtant de si beaux corps, Ajoutaient trésors sur trésors ; Et leurs fronts, plus que de coutumes, Ombragés de bouquets de plume, Mêlés d’infinis diamants, Paraissaient encor plus charmants. […] Outre la majesté du Roi, Qui danse des mieux, croyez-moi, Et Monsieur son unique Frère, À qui le juste Ciel confère Toutes les belles qualités Qu’on souhaite aux Principautés, Un Prince du beau Sang de France43 Paraît aussi dans cette Danse, Et plusieurs Ducs, Comtes, Marquis, Tous Seigneurs de mérite exquis, Audit Ballet se laissant joindre Par des Gens de qualité moindre, Mais, pour bien danser, les meilleurs Tant du Royaume, que d’ailleurs : Mais, surtout, certaine Pucelle44 Fait dire à ceux qui parlent d’elle, Qu’on n’en voit point dessous les Cieux Qui danse et cabriole mieux.

135. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « De la danse »

De la danse Dans la danse en général il y a deux sortes de pas, qui sont le pas complet et le pas incomplet, plusieurs desquels, plus ou moins précipités, forment le pas complet qui doit s’exécuter dans l’intervalle de deux mesures entières de la musique. […] Le plié, c’est fléchir les genoux, comme le démontre la planche deuxième  ; le glissé, soit qu’il s’exécute en avant, en arrière, à droite ou à gauche, est l’action de changer le pied d’une position à l’autre sans abandonner terre, ce qui s’exécute ordinairement avec le plié ; le marché et le tendu sont de porter les pieds dans les différentes positions, la pointe du pied basse, le jarret et le cou-de-pied tendus ; le sauté, c’est s’élever par un mouvement rapide, soit sur une jambe, soit sur l’autre ou sur les deux ensemble : on verra, dans la description suivante, des différents genres de danses, l’application et l’emploi des pas ci-dessus désignés.

136. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre X. Vues des Philosophes : objet des Législateurs relativement à la Danse. »

Vues des Philosophes : objet des Législateurs relativement à la Danse. […] C’est ainsi que les Sages des premiers temps, aperçurent dans la Danse un exercice avantageux pour le corps, un délassement honnête pour l’esprit, et un préservatif efficace contre les maladies de l’âme. […] Les figures, les pas, les mouvements de la Danse amusent également et le Danseur qui les exécute, et le Spectateur qui suit des yeux le tableau vivant dont il est frappé. […] Ce sens, si l’on en croit Platon, produit l’harmonie de tous les mouvements de l’âme et du corps que la Danse sert à entretenir. « Lorsque (dit il poétiquement), la raison répète à la mémoire les concerts que cette harmonie a formés, toutes les puissances de l’âme se réveillent ; et il se forme une Danse juste et mesurée entre tous ces divers mouvements. » On dirait que ce philosophe ne nous considère que comme des espèces de clavecins bien accordés, sur lesquels des mains exercées touchent les airs différents, qu’un caprice heureux leur suggère.

137. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XV. » pp. 150-159

Le dernier n’offroit qu’une fête, où la danse seule brilloit de tout son éclat. […] Vingt-quatre figurans et huit coryphées forment un corps de danse non seulement suffisant aux théatres les plus spatieux, mais encore aux dessins presque toujours symétriques des divertissemeus attachés à l’opéra, et aux ballets en action. […] La danse de ceux qui composent le corps de ballet n’a presque point d’analogie avec celle du premier danseur. […] Depuis 45 ans la danse est riche en temps et en pas ; mais elle a été économe et n’a point prodigué sa richesse dans l’exécution méchaniqne du corps de ballet : elle a senti que ce seroit employer ses moyens en pure perte. […] Pour terminer ma lettre, j’avancerai que la danse actuelle n’offre que des temps sautillés, des pas hachés et un trépignement acceléré, qui deshonore ce bel art et lui ote sa parure.

138. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre second. Étude des jambes » pp. 40-51

[2] Un danseur qui n’est pas en dehors dans toutes ces parties, et qui est serré des hanches, n’est pas beaucoup estimé, et l’exécution de sa danse perd de son prix. […] Attachez-vous surtout à gagner de l’aplomb, et soyez inébranlable dans l’exécution générale de votre danse. […] En partant de ce principe, il n’est pas douteux que fléchissant les genoux plus bas qu’il ne faut, relativement à l’air sur lequel on danse, la mesure alors traîne, languit et se perd. […] 415 ; voir Lettres sur la danse, XII, éd. de 1760, p. 347-349.] […] 409 ; voir Lettres sur la danse, XII, éd. de 1760, p. 298-304.]

139. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre IX. Objection : Si l’on défend les Danses, on abandonnera l’usage des sacremens. » pp. 206-207

Objection : Si l’on défend les Danses, on abandonnera l’usage des sacremens. Si les confesseurs, dit-on, sont aussi fermes contre les danses, qu’on dit dans ce traité qu’ils doivent l’être, et s’ils refusent l’absolution aux personnes qui ne veulent pas y renoncer, il arrivera que plusieurs de ces personnes abandonneront les sacremens. N’est-ce pas là un inconvénient qui doit porter les confesseurs à user de condescendance à l’égard de ceux et de celles qui sont tellement attachés à la danse ? […] Il est évident que des chrétiens qui sont tellement attachés aux danses, qu’ils aiment mieux renoncer aux sacremens que de renoncer à un si dangereux divertissement, sont pour cela seul tout-à-fait indignes d’en approcher ; et que, s’ils en approchent dans cette disposition, ils ne peuvent s’en approcher que par routine, par bienséance, et à leur condamnation.

140. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Avant-propos. » pp. -

La gloire de mon art, mon âge, et d’assez nombreux et brillans succès, me permettent de dire que j’ai fait dans la danse une révolution aussi frappante et aussi durable que celle que Gluck a operée depuis dans la musique. […]   Mes lettres n’étoient pourtant que le frontispice du monument que je me proposois d’élever à la danse en action, et que les Grecs avoient nommée pantomime. […] C’est alors que la danse en action triomphe. […]   D’après ces réflexions on saisira les rapports sous les quels j’envisageai la danse, dès l’instant que je m’en occupai, et combien mes premières idées sur cet art étoient déjà loin de celles qu’on en avoit alors ; mais semblable à l’homme qui gravit le sommet des montagnes, et qui voit l’horison s’étendre et se développer devant lui ; à mesure que j’avançois dans la carrière que je venois de m’ouvrir, je la vis s’agrandir, pour ainsi dire, à chaque pas : je sentis que la danse en action pouvoit s’associer tous les arts imitateurs et le devenir elle-même. […] Je couchois sur le papier les idées qui naissoient de mes études ; elles fûrent l’objet d’une correspondance dans la quelle je passai en revüe les différens arts qui ont des rapports avec la danse en action.

141. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VIII. Preuve de la perfection réelle de la Danse ancienne. »

Preuve de la perfection réelle de la Danse ancienne. […] Qu’ils apprennent donc, qu’au Théâtre d’Athènes, la Danse des Euménides eut un caractère si expressif, qu’elle porta l’effroi dans l’âme de tous les Spectateurs. […] Ce trait Historique nous est rapporté par les mêmes Auteurs qui nous apprennent que Sophocle fut un génie, que rien ne résistait à l’éloquence de Démosthène, que Thémistocle était un héros, que Socrate fut le plus sage de tous les hommes ; et c’était au temps de ces Grecs fameux, sur ces âmes privilégiées, à la vue de ces témoins irréprochables, que la Danse produisait de si grands effets. […] Il aime la Danse. […] Qu’on ne soit point tenté de rétorquer cet argument, contre ce que je dirai de notre Danse du dernier siècle.

142. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IX. Du Ballet Moderne »

[Voir Ballet] La Danse n’y fut qu’en sous-ordre. […] Dès lors la Danse reprit parmi nous sur tous nos théâtres, à l’exception de celui de l’Opéra, la place qu’elle avait occupée sur les Théâtres des Grecs. […] Les Spectacles de Danse avaient été formés jusqu’alors par les personnes qualifiées de la Cour. […] En formant un Spectacle public, on n’eut pour ressources que quelques Maîtres à danser dont toute la science consistait à montrer les Danses nécessaires dans les Bals de cérémonie, ou un nombre fort borné de pas de caractère, qui entraient dans la composition des grands Ballets. […] Le Spectacle trouvé par la Motte est un composé de plusieurs Actes différents qui représentent chacun une action mêlée de divertissements, de Chant et de Danse.

143. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre XII. Règles générales à observer dans les actions de Danse »

Règles générales à observer dans les actions de Danse Toute Représentation théâtrale doit avoir trois parties essentielles. […] La Danse théâtrale, dès lors qu’elle est une représentation, doit donc être formée de ces trois parties qui seules la constituent. […] Il en est ainsi de toute représentation en Danse. […] Outre les lois du Théâtre qui deviennent communes à la Danse, dès qu’elle y est portée, elle y est assujettie encore à des règles particulières qui dérivent des principes primitifs de l’Art. La Danse doit peindre par les gestes.

144. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre XVII. Des differentes manieres de faire les bras avec toutes sortes de Chassez. » pp. 264-267

Après vous avoir donné les moïens les plus aisez pour faire tous les chassez qui se font dans les danses de Ville ; il est necessaire aussi que je vous explique la maniere d’y faire les bras de plusieurs façons. Je vais donc commencer par ceux qui se pratiquent dans la Mariée, parce qu’outre qu’elle est connuë de tout le monde ; c’est qu’elle est à juste titre une des belles danses que l’on ait jamais dansé. Ces chassez s’y trouvent au commencement du troisiéme couplet, où ils sont précedez d’un coupé : ainsi dans ce coupé vous pliez les deux bras, & vous les étendez au premier mouvement du chassé ; mais au second mouvement qui se releve sur le pied contraire à la jambe, qui a chassé le même bras du côté de la jambe, qui se leve, il se plie, parce qu’ordinairement à la suite de ce pas, c’est un pas en tournant, & comme j’ai dit ci-devant dans le Chapitre des Piroüettez, que c’est le bras qui donne au corps la facilité de se tourner du côté qu’il s’étend ; c’est pour cela que l’on fait cette opposition : car si c’étoit comme à l’Allemande où il s’en fait plusieurs de suite, il n’y faudroit pas d’opposition ; il est vrai, que l’on ne fait pas de bras dans les chassez de cette danse, à cause qu’elle est parfaitement caracterisée. […] J’ai dit aussi qu’il y avoit d’autres chassez, mais comme je n’en ai point trouvé de cette sorte dans aucune danse de Ville, je ne parlerai pas de la maniere d’y faire les bras.

145. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre III. Des Positions, & de leur origine. » pp. 9-10

Ce qui s’appelle Position n’est qu’une juste proportion que l’on a trouvé d’éloigner ou d’approcher les pieds dans une distance mesurée, où le corps soit dans son équilibre ou à plomb sans se trouver gêné, soit que l’on marche, soit que l’on danse, ou lorsque l’on est arrêté. […] J’ai sçu de lui que suivant les regles de son tems on comptoit cinq pas dans la danse, desquels dérivent les autres pas, qui se pratiquent dans la danse ; & comme il avoit beaucoup de goût pour le Dessein, (ce qui est très-necessaire pour un Compositeur de Ballet aussi-bien que la Musique,) ce rare génie trouva que rien n’étoit plus important pour maintenir le corps dans une attitude gracieuse, & les pas dans une grandeur mesurée, que d’introduire ces cinq Positions ; aussi on doit les regarder comme des regles indispensables que l’on doit suivre.

146. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Des manières de civilités. » pp. 138-159

Au moment de l’exécution de la danse, si l’on doit des égards à quelqu’un, on lui cédera le pas pour figurer le premier, et lorsqu’on dansera, l’on aura soin d’observer strictement les règles de la danse. […] La danse étant un amusement pratiqué en société, doit par conséquent être accompagnée des manières civiles. […] Nous ne terminerons point un ouvrage sur la danse sans répondre à la critique grossière de ceux pour qui un tel sujet a toujours trop d’importance, parce qu’ils jugent toujours du goût et des habitudes des autres d’après les leurs, pour qui la danse n’a aucun attrait et qui ne voient en elle qu’un plaisir brutal, frivole ou dangereux. […] Je n’ai pas bonne opinion d’un jeune homme qui n’aime pas la danse, disait un homme de beaucoup d’esprit. […] Un critique disait un jour qu’on apprenait à danser d’un maître de danse, et que pour cela on ne saluait pas comme un maître de danse : il n’en fallut pas davantage pour prouver que ce critique ignorait les usages des grands ; car un maître de danse, placé comme artisan dans la classe du vulgaire, a moins besoin de savoir saluer que les élèves à qui il l’enseigne, si ce n’est pour se présenter chez eux.

147. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre premier. les années d’apprentissage  » pp. 1-36

Les deux théâtres accordaient à la danse une place considérable. […] Sa danse fut de l’Haydn transposé en gestes, en mouvements et en attitudes. […] Aussi la danse française était-elle appelée la danse noble. […] Elle avait le spectacle d’une danse frémissante de vie et palpitante d’action. […] Il n’y avait point d’école prussienne de danse, et cela n’étonne guère.

148. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

Cette façon de comprendre la danse eut pour corollaire une réforme radicale du costume. […] Taglioni exigeait dans la danse une naïveté presque mystique et religieuse. […] Malgré la médiocrité de la partition, ce fut une soirée triomphale qui fait date dans l’histoire de la danse. […] Psyché de la danse ! […] … « Toi, ange, déesse de la danse !

149. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre X. » pp. 130-144

Les anciens étoient nos maîtres à cet égard, ils connoissoient mieux que nous l’art du geste ; et c’est dans cette partie seule de la danse, qu’ils l’emportoient sur les modernes. […] Il faut conclure d’après cela que les préceptes stériles de l’école doivent disparoitre dans la danse en action, pour faire place au sentiment de la nature. […] Concluons que l’action de la danse est trop restreinte ; que l’agrément et l’esprit ne peuvent se communiquer également à tous les êtres ; que le goût et les graces ne se donnent point. […] Tant que l’on sacrifiera le goût aux difficultés, que l’on ne raisonnera pas, que l’on fera consister la danse en tours de force, en voltige, l’on fera un métier vil d’un art agréable : la danse, loin de faire des progrès, dégénérera, et rentrera dans l’obscurité, et j’ose dire dans le mépris ou elle étoit il n’y a pas un siècle. […] ils ont perdu, puisque je leur prouverai que les positions de ces deux statues, chefs-d’œuvre de l’antiquité, ne sont pas des positions adoptées dans les principes de la danse.

150. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VI. Définition, et Division de la Danse sacrée »

Définition, et Division de la Danse sacrée La Danse sacrée est celle que le Peuple Juif pratiquait dans les fêtes solennelles établies par la Loi, ou dans les occasions de réjouissances publiques, pour rendre grâces à Dieu, l’honorer, et publier ses louanges. On a encore donné ce nom à toutes les Danses que les Égyptiens, les Grecs et les Romains instituèrent à l’honneur de leurs faux Dieux, à celles qu’on pratiquait dans la primitive Église, et à toutes les autres, en un mot, qui, dans les différentes Religions du monde, ont fait partie du culte reçu.

151. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — I » p. 134

I Toute danse appelle l’amour. Tout ballet laisse un regret : l’âme un instant ravie n’est pas satisfaite : elle retombe ou le spectacle l’a prise, d’où la musique l’a relevée, l’invitant à la suivre, mais ou la danse ne lui a pas permis de se fixer. […] Ainsi, après l’avoir saisie humblement par la main, après s’être suspendue à ses bras, la danse trahit la musique.

152. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 23 janvier 1667 »

À propos de Réjouissances, De Cadeaux, de Momons, de Danses, CLOTON aussi ne fait pas mal, De son côté, le CARNAVALL, Et l’on danse en toutes Contrées Son grand BALLET, d’autant d’ENTRÉES Qu’il est de Mortels et d’Emplois, Sans excepter Papes ni Rois, De cette Loi dure et griève. L’ABBÉ de SAINTE GENEVIÈVE, Naguère s’acquitta des Pas Qu’on fait au Branle du Trépas ; Le GRAND PRIEUR de FRANCE encore, Que pour ses Vertus l’on honore Dans le TEMPLE et partout Ici, A fait la même chose aussi ; Et MACHAUT, qui dans l’INTENDANCE, En servant l’État d’importance, A fait raccourcir tant de Gens, Vient de faire à quatre-vingt ans Pareille Danse que les autres.

153. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre IV. le ballet a l’opéra vers 1830  » pp. 129-155

L’habitude de couper un opéra par des danses avait été érigée en principe. […] De Gustave III, qui fit naufrage, le dernier acte seulement, tout en danses, surnagea. […] C’est de la danse de carrefour et de bohême ! […] A plus forte raison aucune n’était-elle capable de galvaniser le genre mourant de la danse académique. […] La jeune garde, pas plus que la vieille, ne renfermait un sujet supérieur, capable de régénérer la danse.

154. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre IX. Opposition singulière des Mœurs des Grecs avec les nôtres »

Il avait l’attention d’exercer la Reine par des Danses nobles qu’il composait exprès pour elle. […] Il joignait à ce premier trait d’adresse, la facilité extrême de composer sur le champ des Danses nouvelles qu’il exécutait lui-même : chacune d’elles était une image vive et ingénieuse des traits estimables, des actions héroïques, des vertus éclatantes, des femmes illustres, dont on conservait en Grèce la mémoire. […] Si la Danse autrefois fut pendant quelque temps la sauvegarde de la sagesse des femmes, ne devrait-on pas dire aujourd’hui ? […] Il prétend qu’il s’agit dans le passage d’Athénée, des Chants modestes et des Danses philosophiques, qu’on nommait ainsi, parce que tout y était réglé, et qu’elles étaient des Allégories ingénieuses.

155. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Du menuet »

Du menuet On a abandonné depuis longtemps le menuet, et il n’est plus d’usage dans les danses de société, cependant il renferme tous les principes de l’art ; et il est facile de démontrer qu’on ne peut parvenir à danser, je ne dis pas bien, mais même médiocrement sans s’y être appliqué : cette danse développe les membres, leur donne des contours gracieux, du moelleux et de la justesse dans les mouvements, de l’aplomb et du soutien dans l’équilibre du corps ; et si la plupart des danseurs ont des attitudes forcées, des mouvements durs et un équilibre mal assuré, c’est qu’ils ignorent ou qu’ils n’ont pas assez pratiqué ces premiers principes ; aussi voit-on la plupart des danseurs modernes se placer comme des mannequins et se mouvoir comme des automates ; j’invite donc les amateurs à ne point le négliger ; il est très-important de s’appliquer à le bien apprendre, d’autant plus qu’il est à l’art de la danse ce qu’est l’a, b, c, à l’égard des mots et des discours.

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