Premiere Figure du demi Coupé Comme on ne peut faire aucuns pas pliez sans un mouvement du genoüil, & qu’ordinairement les pas composez de plusieurs pas, se commencent par un demi-coupé, soit du droit ou du gauche il n’importe, puisqu’il se fait d’un pied comme de l’autre ; mais je suppose que ce soit du droit, il faut avoir le gauche devant à la quatriéme position & le corps posé dessus, ainsi qu’il est représenté par cette premiere Figure qui a le corps posé en avant dessus, le droit prêt à partir, puisqu’il n’a que la pointe qui pose à terre. […] Troisieme Figure du demi Coupé Ainsi pour commencer ce demi-coupé vous apportez le pied droit contre le gauche à la premiere position, & vous pliez également les deux genoux, ayant toujours le corps posé sur le pied gauche, de même qu’il est representé par cette deuxiéme Figure, qui a les deux pieds l’un près de l’autre, mais le corps posé sur le gauche 1. le droit en l’air 2. sans qu’il pose à terre, les deux genoux sont pliez également & tournez en dehors la ceinture non pliée, & la tête fort en arriere. […] Mais en vous élevant il faut étendre le genoüil, & de suite approcher la jambe gauche 4. auprès, comme vous le voyez, & sur tout que les deux jambes soient bien étenduës, lorsque vous êtes élevé sur la pointe du pied, & de suite vous laissez poser le talon à terre, ce qui termine la fin de ce pas, & vous met dans la facilité d’en faire autant de l’autre pied, en observant les mêmes regles ; ce que l’on doit continuer d’en faire plusieurs de suite, sans se relâcher de bien plier sous soy, & de se relever sur la pointe en étendant les genoux à chacun de ces demi-coupez, qui est un des pas le plus essentiel pour bien danser ; car il vous donne la facilité d’étendre les genoux, & vous communique de la force au cou-de-pied : Ainsi c’est de ce premier pas que dépend de bien danser, puisque ce n’est que de sçavoir bien plier & élever qui fait le bon danseur.
[2] On doit ployer les genoux dans toutes ces positions, sans jamais lever les talons de terre. […] [5] Les petits battements se font de la même manière, excepté qu’au lieu de lever la jambe à la seconde en l’air, il faut que le dégagement soit petit et que la pointe ne quitte point terre. […] La hanche et le genou forment et disposent ces mouvements ; la hanche conduit la cuisse pour s’écarter ou pour s’approcher ; et le genou par sa flexion forme le battement en croisant le bas de la jambe soit devant, soit derrière l’autre jambe qui est posée à terre. Supposez donc que vous soyez sur le pied gauche, la jambe droite à la seconde et la pointe appuyée à terre, il faut la croiser devant la gauche, en pliant le genou, et l’étendre en l’ouvrant à côté ; plier du même temps le genou en croisant derrière, puis l’étendre à côté, et continuer à faire plusieurs de ces battements de suite. […] Supposons la jambe gauche à terre et la droite à la seconde ; faites décrire à celle-ci un demi-cercle en arrière, qui se termine à la première position ; il faut que de là il continue et achève le rond, en finissant à l’endroit d’où il est parti ; c’est ce que nous appelions rond de jambes.
Sy c’est quelqu’vn qui n’aye iamais apris à danser sera fort bon de le faire apuyer des mains contre vne table, pour luy donner plus de facilité à aprendre les mouuemens qui sont necessaires, tant du genoüil, & de la hanche, que du pied, & l’ayant fait placer comme il est requis d’estre pour commencer vne courante, faut luy faire porter la iambe en auant & en arriere, tantost en droicte ligne, & quelque fois dessus & dessous la iambe qui sera à terre, pour luy apprendre les liaisons, le tout sans mettre à terre que pour se soulager ou pour changer de iambe, afin de faire de mesme de l’autre, dont tous les mouuemens procedent de la hanche, la pointe tant du pied qui sera en l’air que de celuy qui sera à terre fort ouuertes, & par ce que cela luy acquerra insensiblement la facilité de bien passer la capriolle, & l’entrechart, s’il a le corps disposé à la danse par haut, il luy faut souuent faire exercer ceste leçon : Apres laquelle afin de luy acquerir auec moins de peine le port de la iambe, qu’on luy face sans le desplacer plier esgalement les deux genoux pour prendre le temps du pas de courante, mais parce que toutes les cadances se doiuent marquer en l’air : Venant à s’esleuer faut prendre garde que le pied qui se trouuera derriere demeure en l’air, & ne passe le talon de celuy de deuant, & que celuy de deuant ne leue qu’apres celuy de derriere, & le faire tomber tousiours sur la pointe du pied, & quand on l’aura ainsi exercé sur l’vne & sur l’autre iambe, qu’on luy face former le pas entier, & vn pas chassé sans appuy, tant en auant qu’en arriere & de costé, sur lesquels on l’asseurera auant que luy faire entreprendre ce qui suit. […] Il faut au partir de la reuerence, commencer du pied droict & faire trois pas, auec quelque negligence sans trainer à terre, & s’esleuant sur la pointe des pieds, les genoux tendus, tourner vn peu l’espaule en dedans, du costé du pied qui auance, puis remettant le corps à son naturel, faire vn chasse-coulant deuant soy, & selon la grandeur du lieu, faire cognoistre à l’Escolier qu’il n’importe d’auancer apres le chasse, quelques pas non pairs, comme trois ou cinq sans chasser. […] Le deuxiesme pas se doit glisser en roidissant la iambe, iusqu’à ce que le talon paruienne quasi à la pointe du premier pas, pour faire le troisiesme, faut desgager le pied gauche & le porter esgal à l’autre, esloigné de demy pied seulement, & là dessus en s’esleuant sur la pointe des pieds, assembler doucement (sans plier les genoux) le talon droict au gauche, puis escarter à costé le gauche d’vn demy pied ou enuiron, & glisser le pied droict derriere en croix sur la pointe, à fin de couler doucement le gauche à costé, en luy faisant prendre vn tour vers le talon de l’autre, pour le porter esgal & esloigné comme le premier, & finir du pied droict par vn pas glissé, qui sera assis à la pointe du gauche tout plat à terre, semblable au second, l’autre demeurant sur la pointe pour recommencer les mesmes pas, & ainsi continuer le bransle, auquel faut obseruer qu’il ne faut compter que huict pas, pour donner plus de facilité à vn Escolier, les trois premiers desquels se doiuent porter tous plats à terre, les autres sur le mouuement du pied, excepté le dernier, comme il a esté dit, & prendre garde que l’Escolier porte le corps quant & quant l’action du premier pas, & qu’en le posant à terre, le pied droict soit aussi tost sur la pointe, pour le faire suiure doucement, la iambe fort tenduë. […] Povr bien & facilement monstrer la Gaillarde, il faut premierement faire couper le dernier pas du pied droict, à fin de commencer du mesme pied, apres auoir vn peu plié les genoüils, faut en se leuant sauter sur la pointe du pied gauche, les iambes fort tenduës, & incontinent porter (en tournant demy tour seulement) le pied droict à costé sur le talon, à fin de l’assoir tout à l’instant plat à terre, & non sur la pointe du pied, comme quelques vns font pratiquer, quoy que l’action en soit ridicule, puis faire couler le gauche sur le mouuement d’iceluy, iusqu’à ce qu’il paruienne au talon de l’autre pour chasser, mais faut obseruer qu’en ce chassé le pied droict qui se trouue deuant doit leuer aussi tost que le gauche, & en mesme temps qu’il sera en l’air, il faut en s’esleuant hors terre changer de pied, releuant le gauche, duquel par apres sera coupé en le portant deuant, pour desgager doucement le droict qui se trouue derriere, le tout sans plier que pour se reprendre, à fin de recommencer de l’autre pied les mesmes pas iusqu’au bout de la salle, où estant, il faudra faire sur le premier pas vn tour entier pour reprendre le mesme chemin, à fin de reuenir finir par vne reuerence où on aura commencé : i’obmets à dessein à dire par le menu les pas & les actions auec lesquelles il faut finir, d’autant que le Maistre les supple era lors que l’Escolier sera capable de danser en compagnie, n’estimant pas qu’il y en aye qui ignorent, que si l’Escolier va par haut il doit finir par vne ou plusieurs caprioles, sinon par quelque temps, pour prendre en cadance l’action de la reuerence, dont sera parlé cy apres. […] Ainsi en y a-il d’autres qui sympatisent si fort auec la terre, qu’ils ne la peuuent iamais abandonner que de bien peu : C’est pourquoy il est fort à propos qu’ils se rangent auec ceux lesquels, bien qu’ils ne manquent point de disposition, neanmoins pour auoir trop mauuaise grace à la danse par haut, sont pour leur honneur contraints d’aller terre à terre : Car en effect vn homme ne se doit iamais mesler de caprioler, principalement en lieu de reputation, s’il n’excelle, ou s’il ne veut seruir de ioüet à la compagnie, comme font aucuns, qui ne pouuant representer le port & la descence de nostre noblesse, cherchent à se recommander par des sauts & autres mouuemens battelleresques : tellement que ie conseille telles personnes à se tenir pour le faict de la Gaillarde aux cinq pas susdits, lesquels faicts de bonne grace, valent mieux qu’vn tas de passages qu’on sçauroit faire, qui sentent par trop son baladin.
Rome seule dès lors devint l’objet des regards de la Terre. […] Il suit, se précipite, se perd avec elle dans les entrailles de la Terre.
Alors le centre de la terre s’entrouvre vomissant des flammes. […] Il est enchainé par elles, dans son affreux désespoir il est englouti avec tous les monstres ; et un tremblement de terre couvre le lieu d’un monceau de ruines.
Mais à fin qu’il n’y ait rien à dire aux actions de celles qui danseront ce Bransle, il faut que le corps & la teste y soient tenus droicts & fermes, en sorte que tous les mouuemens procedent de la hanche & des pieds, sans hausser en tout les espaules ny plier les genoüils, du moins que tres peu, à fin que les actions n’en soient forcees, les pointes des pieds ouuertes, & que les trois premiers pas soient assis plats à terre, & tout le reste sur le mouuement des pieds, excepté le dernier, comme i’ay desia dict, tenant tousiours la veuë esgale de sa hauteur, l’action de laquelle ne doit tourner qu’auec le corps, sans aucun mouuement de la teste. […] Apres auoir assemble le premier pas du pied droict en glissant, & escarter vn peu le gauche à costé tournant deuant celuy qu’on meine, faire deux pas lentement en arriere, s’esleuant sur le mouuement du pied qui sera à terre, puis en pliant vn peu les genoüils, releuer le pied droict qui se trouue deuant, & couler cinq menus pas en reculant sur la pointe des pieds, apres lesquels ayant quitté la main de celuy qu’on meine, faire vne reuerence en se tournant deuant la compagnie, & vne autre deuant celuy qu’on aura mené. […] Quand elle aura faict la reuerence comme i’ay enseigné aux bransles, se resouuenant de tenir les pointes des pieds ouuertes, il luy faudra faire porter negligemment trois pas sans chasser, ny s’esleuer hors terre, mais pliant vn peu les genoüils se releuer sur la pointe du pied qui se trouuera à terre, faisant retirer auec la mesme douceur tant soit peu l’espaule du costé du pied qui aduance, & apres auoir fait chasser le troisiesme faire vn pas porté & vn pas chassé sur l’vn, puis sur l’autre pied, iusqu’à la fin, sur tous lesquels pas, faut faire plier esgalement les genoüils, à fin que le corps bien droit suiue l’action des pieds, & prendre garde que le pied qui chasse soit porté esgal au costé du chassé, & s’esleuant hors terre sur le pas porté, faut couler doucement le chassé tombant tousiours sur la pointe des pieds, il y faut pourtant obseruer vne mesure vn peu viste sans bransler la teste, aduancer le ventre, ny plier de la ceinture, & en pliant les genoüils tenir le corps droit d’vne façon esgale, sans pancher de costé ny d’autre ; au surplus ces mesmes pas seront fort aduantageux pour celles qui manquent de disposition, ne peuuent s’esleuer hors terre. […] Puis commencer par vn pas couppé qui se fait du pied droict, apres lequel pliant vn peu les genoüils faut faire escarter vn pas du pied droit en tournant fort le corps en dedans, apres lequel s’esleuant sur la pointe des pieds faire que le pied gauche chasse quasi du talon le droit en l’air, qu’il faudra poser à l’instant à terre en releuant le gauche, auec lequel il faut à mesme temps coupper vn pas comme on fait pour prendre la cadence, & ainsi continüer sur l’autre pied sans sauter ou s’esleuer hors terre des deux pieds à la fois, mais couler doucement tous les pas sur le seul mouuement des pieds, & ne plier les genoüils qu’vn peu qu’au commencement de tous les cinq pas, & pource que toutes les fois que durant vne gaillarde on commence les cinq pas du pied gauche, on est obligé de tourner le corps en dehors, faut que ce ne soit qu’à moitié vers les extremitez, c’est à dire qu’il faut faire tourner beaucoup en dedans & bien peu en dehors tenant les extremitez du lieu, & à fin que la Dame n’incommode celuy auec lequel elle danse, ayant fait vn tour de salle sur les susdits pas, elle doit s’arrester au bout d’ambas, attendant qu’il ait acheué pour faire vne reuerence en presence de la compagnie, & finir d’vne autre deuant celuy qui dansera auec elle.
Le mouvement du genoüil est different de celui-ci, parce qu’il n’est dans sa perfection qu’autant que la jambe est étenduë & la pointe basse, ce qui se voit dans les demi-coupez, le genoüil se plie & la pointe se leve un peu, mais lorsque vous passez le pied & que vous vous élevez, c’est le cou-de-pied qui perfectionne ce pas ; ainsi le mouvement du genoüil est inseparable du cou-de-pied : celui de la hanche est très-different, son mouvement n’est pas si apparent en ce qu’il est plus caché, néanmoins c’est elle qui conduit & dispose des autres mouvemens, puisque les genoux ni les pieds ne se peuvent tourner si les hanches ne sont tournées d’abord, ce qui est incontestable, puisqu’elle est superieure aux autres jointures ; il se fait des pas où il n’y a que la hanche qui agit comme dans les battemens terre à terre, les entrechats & les cabrioles qui sont des pas de Ballets, ou lorsqu’ils se font en l’air, il n’y a que les hanches qui agitent les jambes, parce que pour les faire dans leur perfection elles doivent être étenduës : ainsi le cou-du-pied ni les genoux ne se meuvent pas ; mais comme je n’ai entrepris que de donner l’instruction de faire les differens pas des danses de ville, c’est ce qui m’engage de ne me pas étendre sur ces pas qui sont d’une plus grande execution.