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3. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — XI » p. 141

La raison géométrique n’a plus rien à faire ici. […] L’amour, tel que l’homme l’a conçu, le cœur, la charité, la musique, l’art enfin ne sont point de la raison ni du bon sens.

4. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre III. Objections tirées des Docteurs de l’Eglise. » pp. 167-174

Qu’on fasse attention aux raisons pour lesquelles les saints pères les ont si fortement condamnées, on verra que la principale qu’ils ont alléguée est, qu’elles sont une école d’impureté, à cause du mélange de jeunes personnes de différent sexe, et à cause de tout ce qui s’y dit, qui s’y fait, et qui s’y voit d’immodeste. Or, cette raison ne regarde-t-elle pas les danses qui se font maintenant, comme celles qui se faisoient autrefois et du temps des saints docteurs ? […] C’est être trop sourd à la vérité, de ne pas sentir que leur raison porte plus loin. […] On trouvera dans les saints pères toutes ces raisons et beaucoup d’autres. […] Cette raison n’est-elle pas suffisante pour engager à retrancher absolument une source si abondante de péchés ?

5. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — X » p. 139

La science et la raison commune triomphent à peu de frais : elles sont les servantes du Seigneur, qui sont devenues ses maîtresses ; et elles comptent bien hériter du domaine, quand il sera mort du cœur. […] La science a raison dans son ordre, comme le sens commun dans le train de la vie quotidienne.

6. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XI. » pp. 290-314

Il est rare, Monsieur, pour ne pas dire impossible de trouver des hommes exactement bien faits ; & par cette raison, il est très-commun de rencontrer une foule de Danseurs construits désagréablement, & dans lesquels on n’apperçoit que trop souvent des défauts de conformation que toutes les ressources de l’Art ont peine à réparer. […] Celui qui sera ainsi construit renoncera aux entrechats, aux cabrioles, & à tous temps durs & compliqués, avec d’autant plus de raison qu’il sera infailliblement foible, car ses hanches étant étroites, ou pour parler le langage des anatomistes, les os du Bassin étant en lui moins évasés, ils fournissent moins de jeu aux muscles qui s’y attachent & dont dépendent en partie les mouvements du tronc, mouvements & inflexions beaucoup plus aisés, lorsque ces mêmes os ont beaucoup plus de largeur, parce qu’alors les muscles aboutissent ou partent d’un point plus éloigné du centre de gravité. […] J’ai dit que les Danseurs jarretés doivent conserver une petite flexion dans l’exécution ; ceux-ci par la raison contraire doivent être exactement tendus, & croiser leurs temps bien plus étroitement, afin que la réunion des parties puisse diminuer le jour ou l’intervalle qui les sépare naturellement. […] Je crois en découvrir la véritable raison lorsque je considere la forme longue & plate de leurs pieds. […] D’ailleurs, Monsieur, une jolie physionomie, de beaux yeux, une taille élégante & des bras voluptueux, sont des écueils inévitables contre lesquels la critique va se briser, & où le cœur & la raison font souvent naufrage.

7. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre III. Obstacles au Progrès de la Danse »

Obstacles au Progrès de la Danse Les gens à talents forment, dans les Arts, des espèces de Républiques différentes entre elles par des usages particuliers, et toutes ressemblantes par un fanatisme d’indépendance, que des caprices successifs entretiennent, et que la raison n’est guères capable de refroidir. […] Toute action théâtrale est antipathique aux Danseurs modernes142, par la seule raison que les actions de Danse n’ont pas été pratiquées par les grands Danseurs, ou crus tels, dont ils remplissent au Théâtre les emplois. […] La Danse cependant, par l’abus dont je parle, deviendra, dans cet endroit, une partie oisive, et par cette seule raison défectueuse.

8. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XI. » pp. 145-156

Il est rare, Monsieur, pour ne pas dire impossible, de trouver des hommes exactement bienfaits ; et par cette raison, il est très commun de rencontrer une foule de danseurs construits dèsagréablement, et dans les quels on n’apperçoit que trop souvent des défauts de conformation que toutes les ressources de l’art ont peine à déguiser, seroit-ce par une fatalité attachée à la nature humaine, que nous nous éloignons toujours de ce qui nous convient, et que nous nous proposons si communément de courrir une carrière dans la quelle nous ne pouvons ni marcher ni nous soutenir ? […] Celui qui sera ainsi construit renoncera aux entrechats, aux cabrioles et à tous tems durs et compliqués, avec d’autant plus de raison qu’il sera infailliblement foible ; car ses hanches étant étroites, ou, pour parler le langage des anatomistes, les os du bassin étant en lui moins évasés, ils fournissent moins de jeu aux muscles qui s’y attachent, et dont dépendent en partie les mouvemens du tronc ; mouvemens et inflexions beaucoup plus aisés, lorsque ces mêmes os ont beaucoup plus de largeur, parce qu’alors les muscles aboutissent ou partent d’un point plus éloigné du centre de gravité. […] J’ai dit, que les danseurs jarretés doivent conserver une petite flexion dans l’éxécution ; ceux-ci par la raison contraire, doivent être exactement tendus, et croiser leurs temps bien plus étroitement afin que la réunion des parties puisse diminuer le jour ou l’intervalle qui les sépare naturellement. Ils sont nerveux, vifs et brillants dans les choses qui tiennent plus de la force que de l’adresse ; nerveux et légers, attendu la direction de leurs faiseaux musculeux, et vû la consistance et la résistance de leurs ligamens articulaires ; vifs, parce qu’ils croisent plus du bas que du haut, et qu’ayant par cette raison peu de chemin à faire, pour battre les tems, ils les passent avec plus de vitesse ; brillants, parce que le jour perce entre les parties qui se croisent, et se décroisent. […] Je crois en découvrir la véritable raison, lorsque je considère la forme longue et plate de leurs pieds.

9. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre VI. Témoignage d’Auteurs et de Ministres protestans contre les Danses. » pp. 72-93

Ces ministres emploient tout ce traité à montrer par un grand nombre d’autorités des saintes Ecritures et des Pères, et par les plus fortes raisons, que les danses doivent absolument être interdites aux chrétiens ; et ils le finissent en répondant à plusieurs des raisons qu’on allégue pour les justifier. […] Pour procéder avec ordre dans ce traité, et ôter tout lieu d’échapper à la force des autorités et des raisons que ces auteurs allèguent, ils commencent par donner l’idée des danses contre lesquelles ils écrivent. […] Leur première raison pour les condamner, « c’est qu’elles ont toujours été les effets, les suites et les dépendances de très-grands vices, comme d’intempérance, d’impudicité. […] Voilà la mesure de nos pas que la parole de Dieu nous recommande, non pas de garder mesure à rendre l’homme vain en une danse, et cependant en toutes ses actions marcher en étourdi, et en ses conseils, faits et paroles, ne garder ni mesure ni raison. » chapitre V. […] Les choses saintes se doivent traiter par des moyens saints et légitimes ; et celui qui veut faire une bonne œuvre, la doit commencer sur de meilleurs fondemens. » Tout le traité est terminé par une conclusion énergique et pressante, dont voici quelques traits : « Et c’est pour toutes ces raisons que nous exhortons nos églises à chasser et reléguer ces mauvaises coutumes aux enfers, dont elles sont venues, aux solennités des idoles, à une cour d’Hérode, enfin, aux lieux de débauches ; car, dans un si grand nombre de raisons de les juger toutes indignes de notre profession, il n’y en a pas une seule qui nous doive engager à les supporter comme choses indifférentes, et sous prétexte d’aucun profit public ou particulier.

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