Robinet, lettre du 8 septembre 1668 Nos COMIQUES ITALIENS, Toujours de risibles Chrétiens, Et féconds en Pièces nouvelles, Qui sont magnifiques et belles, En ont une sur le Tapis (C’est sur la Scène que je dis), Qui ne doit rien à ses Aînées, Qu’en leur temps j’ai si bien prônées, Soit pour les changements divers, Pour les Ballets, pour les Concerts, Les Jardins les Architectures, Les Perspectives, les Peintures Et les risibles Incidents, Qui, sans fin, font montrer les Dents Et rire à gorge déployée ; Car toute la Troupe enjouée Y fait des MIRABILIA, Hors la charmante OLARIA, Qui n’a nul rôle en cette Pièce, Féconde Source de Liesse, Et dont le Titre, en quatre mots, Est : LES REMÈDES À TOUS MAUX, Dont j’espère, en quelque autre Épître, Faire un plus digne et grand Chapitre.
Loret, lettre du 2 août 166436 Sur le soir, une Comédie Très abondante en mélodie, Sujet parfaitement joli, Où les Sieurs Molière et Lully, Deux rares Hommes, ce me semble, Ont joint leurs beaux talents ensemble ; Lully payant d’accords divers, L’autre d’intrigues et de Vers : Cette Pièce (dis-je) galante, Qui me parut toute charmante, Et de laquelle, à mon avis, Les Spectateurs furent ravis, Fut jouée avec excellence Devant cette noble Éminence. Ces deux Filles qui par leurs voix Ont charmé la Cour tant de fois, Savoir Mademoiselle Hilaire, Qui ne saurait chanter sans plaire, Et La Barre, qui pleinement Dompte les coeurs à tout moment, Par le rare et double avantage De son chant et de son visage, Jouèrent si bien leur rôlet Dans la Pièce et dans le Ballet, Remplis d’agréables mélanges, Que, certainement, leurs voix d’Anges Furent dans ces contentements Un des plus doux ravissements.
Robinet, lettre du 15 septembre 1668 Les Grands Comiques d’Italie, Fléaux de la Mélancolie, Sont de plus en plus joviaux Dans leur REMÈDES à TOUS MAUX,104 Pièce des plus facétieuses, Aussi bien que des plus pompeuses, Où SINTHIO, d’icelle Auteur, Paraît très agréable Acteur, Ainsi que l’obligeant OCTAVE, Toujours et si leste et si brave ; Où l’admirable AURÉLIA, Femme habile, si Femme y a, Et qu’estimait la REINE-MÈRE, Comme une grande Actrice opère, De même qu’ISABELLE aussi, Et nullement cossi cossi ; Où l’alerte DIAMANTINE Tout-à-fait joliment badine ; Où SCARAMOUCHE et le DOCTEUR Font rire de belle hauteur ; Où TRIVELIN, sans que j’emballe, Dedans son Rôle se signale ; Où le jovial ARLEQUIN Est un très plaisant Marocain ; Où, bref, sans qu’aucun d’eux j’oublie, Leur nouvel Acteur d’Arcadie, Joue autant bien qu’il peut jouer, Et ce n’est pas trop le louer. […] C’est le nom de la Pièce.
Loret, lettre du 21 août 1660 Au Collège des Jésuites, Religieux pleins de mérites, Et qui, surtout, sont triomphants À bien enseigner les Enfants, Jeudi, leurs Écoliers jouèrent, Ou, pour mieux dire, ils récitèrent Un beau Sujet Latin, en Vers, Tout rempli d’incidents divers, Et, par-ci, par-là, de tendresse, Que cette agréable Jeunesse Excellemment représenta, Et dignement s’en acquitta : Sujet bien plus saint que profane, Que le savant Père Dozane De Falaise, au Pays Normand, A fait d’un style tout charmant, Pièce sans faute et sans macule, Pièce, enfin, que l’on intitule Clementia Christiana, Et dont, certainement, on a Fort loué la sage conduite En l’honneur de ce Jésuite.
Cette Pièce si singulière, Est de la façon de Molière, Dont l’esprit doublement docteur, Est aussi bien Auteur, qu’Acteur, Et que l’on tient par excellence, De son temps, le Plaute, ou Térence. La Pièce dont je parle ici, Laquelle a si bien réussi, Est un sujet noble et splendide, Et c’est la Princesse d’Élide.
La Pièce était entrecoupée De mainte joviale Entrée De Ballet, d’un habile Auteur52 Qui représente et qui compose Egalement bien Vers et Prose. Pendant ces divertissements, Si doux, si gais et si galants, On ouït de l’aimable HILAIRE La voix mélancolique et claire, Qui flattait l’oreille et le cœur Du plus délicat Auditeur ; Les instruments et la musique, Dont le Maître scientifique53 Compose des airs ravissants, Répondait à ses doux accents, De VIGARANI les Machines, Paraissaient des pièces divines, Et cet excellent Ingénieur Eut de la gloire et du bonheur D’avoir suivi, par son adresse, Avec tant de délicatesse, Les ordres et le beau dessein De notre puissant SOUVERAIN.
[5] C’est le fameux Pylade qui inventa de danser ainsi des Pièces entières. […] Les notionsabrégées que j’en donne pour le présent suffisent pour me justifier d’avoir entrepris de mettre une Pièce entière en Danse Pantomime. […] Cette Pièce a réussi sur tous les Théâtres quoiqu’elle ne soit pas dans les règles. […] [9] Au surplus nous ne pouvons pas entreprendre de corriger les Pièces que nous traitons en Danse Pantomime.