Selon cette parole de la vérité même, combien y a-t-il de gens dont la vie n’est qu’un adultère continuel ! […] Les lèvres de la prostituée sont comme le rayon d’où coule le miel, et son gosier est plus doux que l’huile ; mais la fin en est amère comme l’absinthe, et perçante comme l’épée à deux tranchans : ses pieds descendent dans la mort, ses pas s’enfoncent jusqu’aux enfers ; ils ne vont point par le sentier de la vie ; ses démarches sont vagabondes et impénétrables : maintenant donc, mon fils, écoutez-moi, et ne vous détournez point des paroles de ma bouche : éloignez d’elle votre voie, et n’approchez point de la porte de sa maison. […] Les plus grandes précautions sont particulièrement nécessaires à la conservation de la chasteté ; la modestie la plus exacte dans les regards, les paroles et les manières, en est le plus fort rempart. […] » Les saintes Ecritures nous fournissent une seconde preuve contre les danses dans ces paroles du prophète Isaïe : (c. 3, vv. 16 et 17.)
Et quel rapport y a-t-il entre ces prières qui ont dû être faites de part et d’autre, et les danses, les excès de bouche, les paroles et les chansons libres, dont la plupart des noces sont aujourd’hui souillées et déshonorées ? […] Qu’on n’entende parmi vous ni paroles déshonnêtes, ni folie, ni bouffonnerie, ce qui ne convient pas à votre état ; et on n’entend dans vos noces que des discours bouffons et déshonnêtes… Le diable peut-il manquer de se trouver où l’on tient de pareils discours ? […] Ç’a toujours été la coutume de venir à l’église, afin que là leurs mariages fussent sanctifiés par la parole de Dieu et l’oraison, que leurs promesses fussent comme déposées entre les mains de Dieu, que de sa bouche ils prissent les assurances de ses bénédictions. […] En un mot, les noces ne sont point un théâtre de folie et de turpitude, mais une solennité sainte d’une chose sacrée, pour mener la vertu, la modestie, la chasteté, l’honneur, Dieu même avec toutes ses grâces dans la maison des époux. » Que répondront au jour du jugement à Dieu, tant de chrétiens qui connoissent si peu la sainteté du mariage, et qui, y entrant sans aucune vue de servir Dieu et sans le moindre sentiment de piété, célèbrent leurs noces d’une manière toute païenne, lorsque Jésus-Christ leur opposera ce qu’en ont écrit les docteurs protestans dont je viens de rapporter les paroles, et qu’il leur reprochera que dans le sein même de l’Eglise, ils ont moins sainement pensé des choses de la Religion et de la sainteté de nos sacremens, que des hommes qui avoient le malheur d’en être séparés par l’hérésie, et qui ne regardoient point la célébration du mariage comme un vrai sacrement ?
Et combien tout chrétien doit-il être touché de cette parole de Jésus-Christ : (Matth. 10, v. 26.)
« Les Fidèles, dit-il, doivent consacrer au Seigneur les dimanches et les fêtes, et assister au service divin : c’est pourquoi il est défendu pendant ces jours de faire des actes de justice, de tenir des foires, des marchés et des danses, etc. » M. de Héricourt cite sur cela le troisième concile de Tolède, dont j’ai rapporté plus haut les paroles, ensuite l’article 23 de l’ordonnance d’Orléans de 1560, sous Charles IX, qui porte : « Défendons à tous juges de permettre qu’aux jours de dimanches et de fêtes annuelles et solennelles, aucunes foires et marchés soient tenus, ni danses publiques faites ; et leur enjoignons de punir ceux qui y contreviendront. » Enfin, il rapporte une déclaration de Louis XIV, du 16 décembre 1698 où il est dit : « Ordonnons que les articles 23, 24, 25 de l’Ordonnance d’Orléans et le 28. […] N’est-ce pas manquer de foi, que de ne vouloir pas s’en rapporter à sa parole, et de ne penser qu’à se réjouir en ce monde, sans se mettre en peine de ce qu’on deviendra dans l’autre pour l’éternité ?
Il ne m’avait jamais donné que d’excellents conseils, mais ses yeux avaient l’air de contredire ses paroles. […] Cette proposition qui correspondait si bien à mon désir m’avait ôté la parole.
Oui, s’il est prouvé que les gestes suffisent pour faire entendre ce qui se passe dans notre âme, la parole est inutile dans les drames ; & il est clair qu’on doit l’en bannir un jour, puisqu’on commence même à n’y mettre que de petites phrases, qu’on prend pour un dialogue vif & coupé. […] Avant d’introduire la parole dans les Drames, on aura commencé par les gestes tout simplement. […] Il est fâcheux que les Pièces de ce Théâtre ne soient pas toutes sans paroles, & que le Public ne sente pas assez le mérite des Drames où l’Acteur n’a rien à dire. […] « Je crois bien que vous m’en saurez bon gré ; quant à ces personnes dont je vous parle, je suis bien fâché de ne pouvoir les satisfaire ; mais je leur répondrai, & vous appuierez mon avis, sans doute, que pour bien exceller dans l’Art Pantomimique, il faut mettre la chose pour le mot, & rien de plus ; que des gestes de situation profondément sentis, valent cent fois mieux que des gestes faits par l’esprit, pour refroidir l’ame ; qu’enfin il faut préférer le geste qui fait vivre un ouvrage, à celui qui sait briller l’Acteur » : soit dit en passant, ceci peut encore servir de règle pour les Théâtres, où la parole est en usage ; car je ne prétends pas moins qu’à la gloire d’éclairer mon siècle .... […] Les Spectateurs émus, agités, en concluent que le grand Timoléon, par un effort plus qu’héroïque, étouffe dans son âme les sentimens de la nature, n’écoute que l’amour de la Patrie, & se décide à faire poignarder son frère : les paroles sont inutiles pour exprimer tant de choses sublimes.
Quiconque aime mieux se priver des sacremens que de céder à ce qu’un confesseur éclairé et sévère lui prescrit, s’excommunie lui-même ; et on peut justement lui appliquer cette parole du prophète Osée : Votre perte, ô Israël !