Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs, et aux élèves, dont le plus grand nombre, sans doute, ne connaît pas la langue italienne de leur donner le sens, ou la traduction littérale des citations que nous avons faites de divers morceaux, extraits d’auteurs italiens ; mais pour ne pas embarrasser notre discours et nos notes nous avons trouvé plus convenable de reporter à la fin ces traductions, que les lecteurs consulteront à leur loisir. […] — Rythme, mot grec qui signifie Nombre. Le nombre est formé par la distinction, ou la mesure d’intervalles égaux ou différents. […] Le Rythme est ce qui distingue plus sensiblement les compositions musicales ; parce que les combinaisons diverses et infinies des différents temps que la musique emprunte du Rythme avec une grande variété, produisent les différences sensibles d’un air avec un autre, ou de tel ou tel autre motif, d’une pensée, d’un trait, du sujet, sous quelque dénomination qu’on veuille les placer, ce qui a fait dire à Virgile « Qu’il se rappellerait bien l’air s’il avait, les paroles présentes à l’ esprit. » Avec ce Nombre ou Rythme (que nous réglons par la mesure), les danseurs peuvent, sans avoir besoin de l’harmonie (c’est-à-dire du chant ou du son d’un instrument), exécuter leurs imitations.
Ici, je ne puis débiter Les Noms des Danseurs de remarque Du Ballet de notre Monarque, Le nombre en est trop étendu, Maint rang y serait confondu ; Et je pourrais, par ignorance, M’abuser sur la préséance. Mais, pour le Sexe précieux, Le cher paradis de nos yeux, Comme leur nombre est beaucoup moindre, Je veux, ici, toutes les joindre, Chaque Nom étant exprimé Selon l’ordre de l’Imprimé ; Le tout avec des Vers faciles, Et non pas des pointes subtiles : Car quand on fait des in promptus, Rarement les Vers sont pointus. […] Ces Belles, tant Femmes que Filles, Représentaient quinze Familles Toutes pleines d’honneurs divers, Des plus grandes de l’Univers, Et, certainement, leur Entrée De tant de grâces illustrée, Du grand nombre des spectateurs Fit presque autant d’admirateurs.
Cependant, ils précisent qu’un bon nombre de divertissements eurent lieu et comme le ballet était un des divertissements préférés de la cour, il n’est pas impossible que le roi fut en représentation.
Pour remplir l’objet que je me propose ici, je crois devoir choisir, parmi le grand nombre de Fêtes qui furent imaginées durant ce règne, celles qu’on donna en 1581 pour le Mariage du Duc de Joyeuse et de Marguerite de Lorraine belle-sœur du Roi. […] Les habillements du Roi et du Marié étaient semblables, tant couverts de broderies, de perles, pierreries, qu’il n’était possible de les estimer ; car tel accoutrement y avait qui coûtait dix mille écus de façon ; et toutes fois, aux dix-sept Festins qui de rang et de jour à autre, par ordonnance du Roi, furent faits depuis les Noces, par les Princes et Seigneurs parents de la Mariée et autres des plus grands de la cour, tous les Seigneurs et Dames changèrent d’accoutrements, dont la plupart étaient de toile et drap d’or et d’argent enrichis de broderies et de pierreries en grand nombre et de grand prix. […] Le Mardi 18 Octobre, le Cardinal de Bourbon fit son Festin de Noces en l’Hôtel de son Abbaye Saint-Germain des Prés, et fit faire à grands frais, sur la rivière de Seine, un grand et superbe appareil d’un grand Bac accommodé en forme de Char triomphant, dans lequel le Roi, Princes, Princesses et les Mariés devaient passer du Louvre aux Pré-aux-Clercs, en pompe moult solennelles, car ce beau Char triomphant, devait être tiré par-dessus l’eau, par d’autres bateaux déguisés en Chevaux Marins, Tritons, Dauphins, baleines et autres monstres Marins en nombre de vingt-quatre, en aucuns desquels étaient portés à couvert au ventre desdits monstres, Trompettes, Clairons, Cornets, Violons, Hautbois, et plusieurs Musiciens d’excellence, même quelques de feux artificiels, qui pendant le trajet devaient donner maints passe-temps, tant au Roi qu’à 50 000 personnes qui étaient sur le rivage ; mais le mystère ne fut pas bien joué, et ne put-on faire marcher les Animaux ainsi qu’on l’avait projeté, de façon que le Roi ayant attendu depuis quatre heures du soir jusqu’à sept aux Tuileries, le mouvement et acheminement de ces animaux, sans en apercevoir aucun effet ; dépité, dit, qu’il voyait bien que c’étaient des bêtes qui commandaient à d’autres bêtes ; et étant monté en Coche s’en alla avec les Reines et toute la suite, au Festin qui fut le plus magnifique de tous ; nommément en ce que ledit Cardinal fit représenter un Jardin artificiel garni de fleurs et de fruits, comme si c’eût été en Mai, ou en Juillet et Août. […] Le nombre des Mascarades et des Ballets qui furent dansés pendant le cours de ces cinquante ans est immense.
[Voir Fête (Beaux-Arts)] Ce Durand, Courtisan sans talents d’un très grand Ministre sans goût, avait imaginé et conduit le plus grand nombre des Fêtes de la Cour de Louis XIII. […] Elles précédaient deux grands chariots éclairés par un nombre immense de lumières, cachées avec art aux yeux du Peuple, et qui portaient toutes sur plusieurs groupes de personnages, qui y étaient placés en différentes positions. […] Ils étaient précédés et suivis d’un nombre infini d’instruments, qui jouaient sans cesse des fanfares, en se répondant les uns les autres.
Un Lettré passe sa vie, à mettre, à arranger dans sa tête un nombre immense de paroles isolées ; et les Savants de la Chine déclarent qu’il est savant.
Sans oublier les principaux personnages de la représentation, il doit penser au plus grand nombre ; fixe-t-il toute son attention sur les premiers danseurs, et les premières danseuses, l’action devient froide, la marche des scènes se ralentit, et l’exécution est sans effet. […] Il ne faut point d’inutilité au théâtre ; conséquemment on doit bannir de la scène ce qui peut y jetter du froid, et n’y introduire que le nombre exact de personnages nécessaires à l’éxecution du drame. […] L’embarras n’est donc pas de donner un caractère dominant et distinctif à Ajax et Ulisse, puisqu’ils l’ont naturellement, et qu’ils sont les héros de la scène ; la difficulté consiste à y introduire les figurans avec décence ; à leur donner des rôles plus, ou moins forts ; à les associer aux actions de nos deux héros ; à placer adroitement des femmes dans ce ballet ; à faire partager à quelqu’une d’elles la situation d’Ajax ; à faire pencher enfin le plus grand nombre en faveur d’Ulisse. […] Les tableaux exigent une action, des détails, un certain nombre de personnages, dont les caractères, les attitudes et les gestes doivent être aussi vrais et aussi naturels qu’expressifs.