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28. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la musique moderne »

La Provence et le Languedoc n’ont point dégénéré de leur premier talent : on voit toujours régner dans ces provinces un air de gaieté qui les porte au chant et à la danse : un provençal menace son ennemi d’une chanson, comme un Italien menacerait le sien d’un coup de stylet ; chacun a ses armes. […] Les Italiens, dont la langue est bien plus douce que la nôtre, prodiguent à la vérité les vitesses dans les roulades ; mais quand la voix a quelques syllabes à articuler, ils ont grand soin de la faire marcher plus posément, et de manière à rendre les mots aisés à prononcer et à entendre. […] Ainsi disputer sur cet article, et prétendre par exemple que le chant Italien n’est point dans la nature, parce que plusieurs traits de ce chant paraissent étrangers à l’oreille, c’est comme si l’on disait que la langue Italienne n’est point dans la nature, ou qu’un Italien a tort de parler sa langue. […] Colin de Blamont ; et en 1729, la cantate qui a pour titre la Prise de Lerida et plusieurs ariettes Italiennes y attirèrent beaucoup de monde. […] L’opéra italien avait donné l’idée de l’opéra français : Lully qui était Florentin, était musicien comme l’étaient de son temps les célèbres compositeurs de delà les monts, et il ne pouvait pas l’être davantage.

29. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 24 janvier 1671 »

La première est de plusieurs Gens Qui sont contristez, & dolents De vois Psiché dans la Disgrâce : Et qui, dansants de bonne grâce, Ou chantants fort plaintivement, En Italien, mêmement, Expriment leur Deuil, à merveille, Et ravissent l’œil, & l’oreille.

30. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

Les anciens, attentifs à tout ce qui pouvait former le corps, le rendre agile ou robuste, et donner des grâces à ses mouvements, avaient uni ces deux exercices ; en sorte que le mot ballet est venu de celui de balle : on en a fait bal, ballet, ballade, et baladin ; le ballar et ballo des Italiens, et le bailar des Espagnols, comme les Latins en avaient fait ceux de ballare, et de ballator, etc. […] Le ballet passa des Grecs chez les Romains, et il y servit aux mêmes usages ; les Italiens et tous les peuples de l’Europe en embellirent successivement leurs théâtres, et on l’employa enfin pour célébrer dans les cours les plus galantes et les plus magnifiques, les mariages des rois, les naissances des princes, et tous les événements heureux qui intéressaient la gloire et le repos des nations. […] On ne verra sans doute jamais notre opéra passer chez les autres nations : mais il est vraisemblable qu’un jour, sans changer de musique (ce qui est impossible) on changera toute la constitution de l’opéra Italien, et qu’il prendra la forme nouvelle et piquante du ballet Français. […] Les Italiens paraissent penser que la musique n’est faite que pour peindre tout ce qui est de plus noble ou de plus bas dans la nature.

31. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

De 1844 à 1847, Fanny revint fidèlement tous les ans à Vienne au moment de la saison italienne, c’est-à-dire aux environs de Pâques. […] Le patriotisme italien s’y marie d’une manière inattendue avec l’enthousiasme esthétique. […] Les Italiens s’étaient donné le mot d’ordre pour renoncer à l’usage du tabac et tarir de la sorte une importante source de revenus du fisc autrichien. […] Les purs maudirent une époque où l’opéra et la danse, disaient-ils, avaient fait oublier à beaucoup d’Italiens l’austère devoir et le combat viril pour la liberté. […] En 1851 l’impresario de la Scala, Merelli, engagea Fanny Elssler à Vienne pour la saison italienne.

32. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVI. » pp. 160-172

Le poème de cet opéra étoit écrit en Italien. […] Deux poëtes Italiens, au service de deux souverains, vinrent me complimenter ; le coeur ému, et les yeux encore baignés de larmes ; ils me dirent : vous êtes aujourd’hui le Sehakespéar de votre art, vous êtes cruel, et pour sécher nos pleurs, vous auriez du terminer votre ballet par une jolie contredanse.

33. (1834) L’Opéra. Paris ou Le Livre des Cent-et-un. tome XV « L’Opéra. » pp. 366-428

Ce fut Baltazar Perruzzi qui renouvela les anciennes décorations de théâtre, lorsqu’en 1516 le cardinal Bernard de Bibienne fit représenter devant le pape Léon X la comédie intitulée : la Calandra, qui est une des premières pièces italiennes en musique qui aient paru sur les théâtres. […] A cette époque, le cardinal Mazarin fit représenter, au Petit-Bourbon, devant le roi et la reine-mère, une pièce italienne intitulée : la Festa teatrale della Finta Pazza ; elle fut jouée par des acteurs italiens. […] On fit dresser un théâtre dans le jeu de paume de la rue Mazarine, et au mois de mars 1671, vingt-six ans après le premier opéra italien représenté devant la cour, on joua devant le public le premier opéra français, Pomone, paroles de Perrin, musique de Cambert et ballet de Beauchamp. […] On ne chantait qu’à l’Opéra Italien et à Feydeau, quand mademoiselle Cinti, transfuge des Bouffes, parut à l’Opéra ; elle était dépaysée et dans le plus complet isolement. […] C’est à dessein que nous nous sommes servi de cette expression nationale, ne voulant et ne prétendant faire aucun parallèle entre les chanteurs des différentes nations et l’excellence des chanteurs italiens, que nous n’hésitons pas à placer au premier rang.

34. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Table des matières » pp. 419-423

. — Apprentissage en Italie : l’école italienne. — Fanny danseuse classique. — Saisons à Vienne et à Berlin. — Opinions de Rahel Varnhagen et de Wolfgang Menzel. — Saison à Londres  1 CHAPITRE II la dernière passion du chevalier frédéric de gentz Le caractère de Gentz. — Sa vie à Berlin. — Ses amours à Vienne. — Son activité politique. — Sa prodigalité. — Portrait physique. — Première rencontre avec Fanny Elssler. — Confidences à Prokesch von Osten et à la comtesse Fuchs. — Les lettres de Gentz à Fanny. — La révolution de 1830 ; Gentz chez le prince de Metternich. — Départ de Fanny pour Berlin. — Lettres de Gentz à Rahel Varnhagen. — Fanny chez Rahel. — Lettres de Rahel à Gentz. — Retour de Fanny à Vienne. — Lecture de Henri Heine. — Mélancolie de Gentz. — Sa mort. — Nature des sentiments de Fanny pour lui. — Légende des amours de Fanny et du duc de Reichstadt ; les Mohicans de Paris ; l’Aiglon.

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