/ 149
56. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVI. » pp. 160-172

Dans l’instant de l’horrible massacre des fils d’Egyptus que les Danaïdes leurs nouvelles épouses immolent par obéissance aux volontés barbares de Danaiis leur père, cette action se passe dans la première nuit de leur union et au milieu des ténèbres ; si lorsque le tyran inquiet et farouche paroit devancé par des esclaves portant des torches allumées pour le conduire au lieu du massacre il entend les cris plaintifs et les accens douloureux des mourans, (articulés par un choeur caché) ; si comblé d’allégresse, il fait ouvrir les rideaux qui dérobent au public cette action sanguinaire ; s’il frappe du poignard dont il est armé celles de ses victimes dangereusement blessées et qui implorent vainement sa clémence ; quel effet prodigieux un pareil tableau ne doit-il pas produire ! […] Le goût du Souverain est un coup électrique qui frappe tous les objets qui l’environnent.

57. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Psyché et l’Amour. Ballet héroï-pantomime. » pp. 121-134

On sait que Psyché étoit d’une beauté rare ; que Vénus en devint si jalouse, qu’elle employa tout son pouvoir pour la persécuter, que l’Amour frappé des charmes de Psyché, conçut pour elle la passion la plus vive, et qu’il se détermina à l’épouser ; que la curiosité de cette jeune Princesse pour connaître son vainqueur, qui ne la voyoit que la nuit, excita pendant quelque tems la colère de ce dieu, et qu’il l’abandonna quelques instans ; on n’ignore pas, dis-je, que Venus profita de ce moment, pour s’abandonner à sa vengeance, et qu’elle livra la malheureuse Psyché aux fureurs des divinités infernales ; qu’indépendamment des tourmens que les furies lui firent éprouver dans ce séjour de douleur, elle y perdit encore ses charmes et sa beauté ; que l’Amour toujours tendre et toujours épris se fraya une route dans les enfers, qu’il y enleva Psyché prête à perdre la vie, qu’il la transporta dans le palais de Vénus, qu’il reconcilia enfin cette divinité avec Psyché, qui recouvra sa fraîcheur et ses charmes : et que l’Amour l’épousa. […] Ces images séduisantes frappent son imagination ; elles ouvrent son cœur à la tendresse.

58. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre II » pp. 16-26

V C’était un samedi, je travaillais auprès de ma fenêtre, la pendule m’agitait de plus en plus ; soudain on frappa à ma porte.

59. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Première lettre. A monsieur le duc d’Autremont, château d’Autremont. » pp. 79-81

Comme je le prévenais d’avoir à ne blesser en rien vos idées politiques et religieuses, il ne m’a point dit : « Ces idées, je les respecte. » Il m’a dit : « Les idées des autres, cela ne me regarde pas. » J’ai été frappé du ton bref et du regard froid, et dès lors toutes les appréhensions que je viens de vous soumettre ont surgi rapidement dans mon esprit.

60. (1927) Paul Valéry philosophe de la danse

Mais hâtons-nous de frapper les trois coups pour ce spectacle dans un fauteuil ! […] … La matière frappée et battue, et heurtée, en cadence, la terre bien frappée… les paumes des mains, les talons, bien frappant et battant le temps, forgeant joie et folie ; et toutes choses en délire bien rythmé régnent. » Le furieux piétinement des temps de pointe ne dure que quelques instants, entraînement pour la « suprême tentative ».

61. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIV. » pp. 197-215

Leur adresse à les parer étant égale, ils jettent loin deux ces inutiles instrumens de leur vengeance et de leur rage ; et s’élançant avec impétuosité les uns sur es autres, ils luttent avec un acharnement qui tient du délire et du désespoir ; ils se saisissent, se terrassent, s’enlevent de terre, se serrent, s’étouffent, se pressent et se frappent ; et le combat n’offre pas un seul instant qui ne soit un tableau. […] J’avois encore imaginé des silences dans la musique et ces silences produisoient l’effet le plus flatteur : L’oreille du spectateur cessant tout à coup d’être frappée par l’harmonie, son œil embrassoit avec plus d’attention tous les détails des tableaux, la position et le dessin des groupes, l’expression des têtes, et les différentes parties de l’ensemble ; rien n’échappoit à ses regards. […] Zaïde est prête à se rendre lorsque Zaïre reparoit avec fierté ; sa présence rappelle sa rivale à toute sa fureur ; celle-ci s’élance avec précipitation sur elle pour lui porter le coup qu’elle se destinoit ; Zaïre l’esquive adroitement ; elle se saisit de ce même poignard, et lève le bras pour en frapper Zaïde.

62. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIV. » pp. 396-434

Leur adresse à les parer étant égale, ils jettent loin d’eux ces inutiles instruments de leur vengeance & de leur rage, & s’élançant avec impétuosité les uns sur les autres, ils luttent avec un acharnement qui tient du délire & du désespoir ; ils se saisissent, se terrassent, s’enlevent de terre, se serrent, s’étouffent, se pressent & se frappent, & ce combat n’offre pas un seul instant qui ne soit un tableau. […] J’avois encore imaginé des silences dans la Musique, & ces silences produisoient l’effet le plus flatteur ; l’oreille du Spectateur cessant tout d’un coup d’être frappée par l’harmonie, son œil embrassoit avec plus d’attention tous les détails des tableaux, la position & le dessein des grouppes, l’expression des têtes & les différentes parties de l’ensemble ; rien n’échappoit à ses regards ; cette suspension dans la Musique & dans les mouvements du corps répand un calme & un beau jour ; elle fait sortir avec plus de feu les morceaux qui la suivent ; ce sont des ombres qui ménagées avec Art & distribuées avec goût, donnent un nouveau prix & une valeur réelle à toutes les parties de la composition ; mais le talent consiste à les employer avec économie. […] Zaïde est prête à se rendre lorsque Zaïre reparoît avec fierté ; sa présence rappelle sa rivale à toute sa fureur ; celle-ci s’élance avec précipitation sur elle pour lui porter le coup qu’elle se destinoit ; Zaïre l’esquive adroitement, elle se saisit de ce même poignard, & leve le bras pour en frapper Zaïde.

/ 149