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55. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IX [X] » pp. 97-106

Tous les musiciens qui ont du goût, savent que l’expression leur impose souvent la nécessité de s’écarter de la valeur des notes, par conséquent du rithme. […] Quel est le lecteur qui prononceroit avec la même expression ; ah Dieu ! […] Le récitatif des premiers opéra Français mis en musique par Cambert et par Lully étoit egalement dénué d’harmonie ; il étoit langoureux, sans expression, et en voulant l’orner par de longues cadences, on ajoutoit à son ridicule ; la basse continue en fermoit l’unique accompagnement, et par cette monotonie, on peut aussi comparer ce récitatif à la déclamation des anciens accompagnée d’une seule flûte.

56. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — IV » p. 136

Il y faudrait le goût le plus sobre et l’expression la plus concise : le moins de paroles qu’il se pût, et du sens le plus essentiel ou le plus fécond en résonances, en échos pensants.

57. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 16 octobre. Moa Mandu »

Eh bien, cet obstacle matériel, cette résistance du tissu communique aux pas de la danseuse une expression d’accablement douloureux.

58. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre quinzième et dernière. » pp. 216-240

faut-il être danseur pour s’appercevoir du peu d’esprit qui règne dans un pas-de-deux, des contresens qui se font habituellement dans les ballets, du peu d’expression des exécutans, et de la médiocrité des talens des compositeurs ? […] Combien de comédiens faux, et de parodistes détestables qui ont abandonné les accens de la nature, qui ont renoncé à eux-mêmes, à leur voix, à leur marche, à leurs gestes et à leur physionomie, pour emprunter des organes, un jeu, une prononciation, une démarche, une expression et des traits qui les défigurent, de manière qu’ils n’offrent que la charge ridicule des originaux qu’ils ont voulu copier ! […]   Questionnez les artistes ; demandez leur pourquoi ils ne s’appliquent point à être originaux, et a donner à leur art une forme plus simple, une expression plus vraie, un air plus naturel ; ils vous répondront pour justifier leur indolence et leur paresse, qu’ils craignent de se donner un ridicule, qu’il y a du danger à innover, à créer ; que le public est accoûtumé à telle manière, et que s’en écarter, ce seroit lui déplaire. […] est-il possible de confesser que l’on n’a point d’expression ? […] Il avoit mis enfin l’action en musique ; chaque trait étoit une expression qui prêtoit des forces et de l’énergie aux mouvemens de la danse, et qui en animoit tous les tableaux.

59. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — DERNIERE LETTRE. » pp. 435-484

Faut-il être Danseur pour s’appercevoir du peu d’esprit qui regne dans un pas de deux, des contre-sens qui se font habituellement dans les Ballets, du peu d’expression des Exécutants, & de la médiocrité du génie & des talents des Compositeurs ? […] Combien de Comédiens faux & de Parodistes détestables qui ont abandonné les accents de la nature, qui ont renoncé à eux-mêmes, à leur voix, à leur marche, à leurs gestes & à leur physionomie pour emprunter des organes, un jeu, une prononciation, une démarche, une expression & des traits qui les défigurent, de maniere qu’ils n’offrent que la charge ridicule des originaux qu’ils ont voulu copier ? […] Questionnez les Artistes ; demandez leur pourquoi ils ne s’appliquent point à être originaux & à donner à leur Art une forme plus simple, une expression plus vraie, un air plus naturel ? […] Est-il possible de confesser que l’on n’a point d’expression, ce seroit convenir que l’on n’a point d’ame ? […] Il avoit mis enfin l’action en Musique ; chaque trait étoit une expression qui prêtoit des forces & de l’énergie aux mouvements de la Danse & qui en animoit tout les Tableaux.

60. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VIII. De la Danse des Anciens considérée comme exercice. »

Il fallait la plus grande adresse, et beaucoup de force pour rendre d’une manière agréable et précise, les expressions vives, fortes, et légères, dont elle était composée.

61. (1936) Philosophie de la danse

Philosophie de la danse Avant que Mme Argentina vous saisisse, vous capture dans la sphère de vie lucide et passionnée que son art va former ; avant qu’elle montre et démontre ce que peut devenir un art d’origine populaire, création de la sensibilité d’une race ardente, quand l’intelligence s’en empare, la pénètre et en fait un moyen souverain d’expression et d’invention, il faut vous résigner à entendre quelques propositions que va, devant vous, risquer sur la Danse un homme qui ne danse pas. […] Saint Augustin confesse qu’il s’est demandé un jour ce que c’est que le Temps ; et il avoue qu’il le savait fort bien quand il ne pensait pas à s’interroger ; mais qu’il se perdait dans les carrefours de son esprit dès qu’il s’appliquait à ce nom, s’y arrêtait et l’isolait de quelque emploi immédiat et de quelque expression particulière. […] Permettez-moi cette expression terriblement hardie : je n’en trouve pas d’autre. […] Il applique ses pourquoi et ses comment ; ses instruments ordinaires d’élucidation, qui sont les moyens de son art à lui ; et il essaye de substituer, comme vous venez de vous en apercevoir, à l’expression immédiate et expédiente des choses, des formules plus ou moins bizarres qui lui permettent de rattacher ce gracieux fait : la Danse, à l’ensemble de ce qu’il sait, ou croit savoir. […] Et donc, — permettez-moi quelque expression hardie, — ne pourrait-on la considérer, et je vous l’ai déjà fait pressentir, comme une manière de vie intérieure, en donnant à présent, à ce terme de psychologie, un sens nouveau où la physiologie domine ?

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