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10. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Ce n’est pas qu’elle s’attache particulièrement aux humbles, aux pauvres d’esprit. […] Mais elle est profondément religieuse, avec un esprit d’examen très aigu et un souci perpétuel de la destinée humaine. […] Un jour vous retrouverez cette apparition dans la réalité de la vie, éteinte et cachée sous ces voiles plus épais dont s’enveloppent les mortels, et vous vous apercevrez que c’est une personne pleine d’esprit et de cœur, une âme un peu mystique, philosophique, religieuse, très haute, très riante et très noble.

11. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 22 janvier. Prose morose. »

Car il ne faut même pas de ruban pour danser, pour libérer, pour exalter l’esprit chorégraphique, le génie du mouvement organisé, l’imagination plastique, l’ivresse motrice. […] La nudité même devient vertu suprême quand elle fait resplendir l’esprit. […] L’esprit élémentaire de la danse, sa vertu spécifique le captivent.

12. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Communément on entend par enthousiasme, une espèce de fureur qui s’empare de l’esprit et qui le maîtrise, qui enflamme l’imagination, l’élève, et la rend féconde. […] Je crois d’abord que ce mouvement qui élève l’esprit et qui échauffe l’imagination, n’est rien moins qu’une fureur. […] Les grands poètes, les bons peintres, les musiciens excellents qu’on a cru et qui se sont crus eux-mêmes des gens inspirés, ont été aussi loin sans tant de métaphysique : on refroidit l’esprit, on affaiblit le génie par ces recherches incertaines ou au moins inutiles des causes ; contentons-nous des effets. […] Ne craignons point d’affaiblir l’esprit, ou de refroidir le génie en les éclairant. […] La multitude en est frappée, il est vrai, sans les apprécier, les demi connaisseurs les discutent sans les sentir : on s’en occupe moins longtemps aujourd’hui que d’une parodie sans esprit, dont on n’a pas honte de rire : qu’importe, en seront-ils moins un jour l’école et l’admiration de tous les esprits et de tous les âges?

13. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VII. » pp. 110-128

Si le Ballet est le frere aîné des autres Arts, ce n’est qu’autant qu’il en réunira les perfections ; mais on ne sauroit lui déférer ce titre glorieux dans l’état pitoyable où il se trouve, & convenez avec moi, Monsieur, que ce frere aîné fait pour plaire, est un sujet déplorable, sans goût, sans esprit, sans imagination, & qui mérite à tous égards l’indifférence & le mépris de ses sœurs. […] Le Ballet est donc le frere du Poëme ; il ne peut souffrir la contrainte des regles étroites du Drame ; ces entraves que le génie s’impose, qui retrecissent l’esprit, qui resserrent l’imagination, anéantiroient totalement la composition du Ballet, & le priveroient de cette variété qui en est le charme. […] En rapprochant toutes mes idées ; en réunissant ce que les Anciens ont dit des Ballets ; en ouvrant les yeux sur mon Art ; en examinant ses difficultés ; en considérant ce qu’il fut jadis, ce qu’il est aujourd’hui & ce qu’il peut être si l’esprit vient à son aide, je ne puis m’aveugler au point de convenir que la Danse sans action, sans regle, sans esprit & sans intérêt, forme un Ballet ou un Poëme en Danse. […] Tout cela n’est que de la matiere, c’est de l’or pur, si vous voulez, mais dont la valeur sera toujours bornée, si l’esprit ne le met pas en œuvre & ne lui prête mille formes nouvelles. […] Les connoisseurs la regardent avec les mêmes yeux que Pigmalion lorsqu’il contemploit son Ouvrage ; ils font les mêmes vœux que lui, & ils desirent ardemment que le sentiment l’anime, que le génie l’éclaire, & que l’esprit lui enseigne à s’exprimer.

14. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIX. » pp. 201-212

Je sais que le philosophe de Ferney a le bon esprit de se débarrasser un instant de son génie. […] Il avoit du goût, de l’esprit et des connoissances ; il aimoit les arts, et fréquentoit souvent ceux qui en faisoient l’ornement. […] La conversation étoit vive, animée, et d’autant plus intéressante, que l’esprit, le goût et le génie en faisoient les frais. […] Presque personne ne discutoit, et ne racontoit avec autant de facilité, et d’esprit ; il joignoit à l’art de raconter celui de peindre les personnages, et deles ? […] Après vous avoir entretenu, Monsieur, des talens de Garrick, de ses connoissances et de son esprit, je voudrois bien vous dire quelque chose de son caractère.

15. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre X. De la Danse sacrée des Chrétiens »

Elle se présenta naturellement à l’esprit des premiers Chrétiens, comme un moyen d’animer leurs Fêtes, d’embellir leurs cérémonies, de rendre leur Culte plus imposant. […] C’est dans cet esprit, que les Interprètes sacrés nous disent que les Apôtres, les Martyrs, les Docteurs, et tous les Chrétiens qui ont défendu la Foi contre les ennemis de l’Église, sont, dans la célébrité de ses solennités, ces troupes de Soldats vainqueurs, qui, dans le Cantique des Cantiques, dansent après le combat25. […] Comme la dissolution et la débauche se glissèrent dans cette Fête établie, pour réunir par des liens de paix et les Païens et les Juifs qui avaient embrassé le Christianisme ; la dissipation et la licence corrompirent de même les Danses des Chrétiens, qui n’avaient été instituées que pour les maintenir dans un esprit de recueillement, de joie pure, et de piété. […] Cette joie simple et naïve, supposait des mœurs douces et sans fard, que nous avons troquées contre un peu d’esprit, et beaucoup de corruption.

16. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Première lettre. A monsieur le duc d’Autremont, château d’Autremont. » pp. 79-81

Il a été adopté par une vieille fille qui, n’ayant point de fortune à lui laisser, a eu le grand sens de lui faire donner une bonne éducation dont il a eu l’esprit de profiter, et maintenant il aide sa mère adoptive à vivre dans une certaine aisance. […] Et maintenant, comme votre repos d’esprit me paraît plus important que les réparations de votre demeure, laissez-moi vous dire ce que je pense de l’espèce d’association à laquelle vous m’avez prescrit de travailler. […] Juste Odoard ne s’y ennuiera pas, parce qu’il sera occupé et qu’il aime le travail avec passion ; mais il gardera, de la contention d’esprit de ses laborieuses journées, une certaine animation, bonne ou mauvaise, qui cadrera peut-être fort mal avec le calme de vos habitudes de recueillement. […] Comme je le prévenais d’avoir à ne blesser en rien vos idées politiques et religieuses, il ne m’a point dit : « Ces idées, je les respecte. » Il m’a dit : « Les idées des autres, cela ne me regarde pas. » J’ai été frappé du ton bref et du regard froid, et dès lors toutes les appréhensions que je viens de vous soumettre ont surgi rapidement dans mon esprit.

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