Subligny, dixième semaine, lettre du 18 janvier 1666 Le ROI ces jours passés vit les grandes Machines Des Comédiens du Marais, Qui furent à son gré superbes et divines Dans ses Vols, ses Rochers, ses Eaux et ses Palais.
Là, par le mouvement des Eaux Qui en divers Tuyaux, On entendit une belle Orgue Qui fait à toute autres la morgue.
Cher Albrecht, avec ta facilité à te laisser aller à toutes les bonnes occasions chorégraphiques, ton sort futur nous alarme, et nous craignons pour toi une fluxion de poitrine ou un bain glacé dans l’eau du lac. […] nul pas humain n’est parvenu jusqu’ici, et ce n’est pas de ce côté que descendent les hordes de daims et de cerfs pour se désaltérer à l’eau de l’étang. […] À l’eau, Hilarion ! […] L’eau clapote, bouillonne ; deux ou trois cercles s’éteignent en s’élargissant à la surface huileuse du marécage, bonsoir, Hilarion ; justice est faite ! […] Cette danse éblouissante, vertigineuse dure déjà depuis longtemps ; Albrecht pâlit, sa respiration devient courte, il va tomber dans l’eau perfide !
Or, les beaux Concerts dans la Grotte, Afin que tout d’ordre je cotte, Les Bals et somptueux Festins Pour les Compères Intestins, Les Branles à l’Escarpolette, Où dans l’air on fait gambillette, La Promenade dans les Bois, Qui reverdissent en ce mois, Et la Françoise Comédie,94 Qu’accompagnait la Mélodie, Ont été les Plaisirs charmants Et les plaisants Ébatements De cette Cour brillante et leste, Dans cet Éden presque céleste, Où l’Air, le Ciel, la Terre et l’Eau, Lorsqu’on y fait royal Cadeau, Montrent, pour le rendre agréable, Tout ce qu’ils ont de plus aimable.
Robinet, lettre du 13 septembre 1670 […] Puis, on passe dedans un Bois, Où (le Jour étant aux abois) On devait, de la Comédie, Avec Concert, et Mélodie, Avoir le Divertissement, Dessus un Théâtre charmant, Coûtant grand nombre de Pistoles, Ornés de Lustres, Girandoles, Festons de feuillage, et de Fleurs, Des plus éclatantes Couleurs De Vases d’or, de Porcelaines, Et, bref, d’argentines Fontaines, Dont l’eau tombaient, sans aucun bruit, Dans un Bassin, exprès, construit, Où, tout au moins, rempli de mousse, Qui rendait sa chute si douce, Que l’oreille elle chatouillait, De l’air dont elle gazouillait, Sans qu’elle interrompit l’ouïe, Dans le cours de la Comédie.
Flore doit remplir la deuxième, Les Nymphes des eaux, la troisième.
D’abord, comme en un Lieu champêtre, On voit, dans un Lointain, paraître, Un Port, où la Mer fait flo-flo, Comme à Dieppe, ou Saint Malo, Avec de longues Kyrielles, De Navires & de Nacelles, De l’un, & de l’autre côté, Et même, une vaste Cité, Flore, que le Printemps r’amène, Se découvre dessus la Scène, En des Atours fort gracieux, Avec ses Nymphes, & les Dieux Tant des Eaux, que des Jardinages, Qui, pour Valets de Pied, & Pages, Ont des Dryades, des Sylvains, Des Fleuves d’Eau douce, & Marins, Et le reste de leur Séquelle, Magnifique, & non telle quelle.