Certes, le chemin est difficile, le roc est escarpé, le précipice est profond, à peine si l’épais brouillard qui nous enveloppait tout à l’heure s’est dispersé, chassé par un rayon du soleil. […] Il y faut mettre bien de la malice et de la grâce : un peu de jeunesse et de beauté n’y saurait nuire ; que le décorateur soit habile à la façon de Ciceri ou de Feuchères, que le musicien s’abandonne à ses inspirations les plus charmantes ; le musicien de la Sylphide s’appelle d’un nom terrible et difficile à prononcer : Schneitzhoffer.
La danse est en effet un art difficile, et qui ne peut pas être apprécié par tout le monde ; car nous voyons très souvent de mauvais sauteurs « plaire à un public aveuglé par des tours de force, par des gambades et par de ridicules pirouettes » ; tandis qu’un véritable danseur, qui danse en suivant toutes les règles, qui se dessine avec sentiment, avec intelligence, avec grâce, et qui donne de l’âme, de l’expression à ses mouvements, à ses pas, de la souplesse et une délicate légèreté à sa danse en général, ne produit de vives sensations que sur les gens de goût, les seuls (en trop petit nombre malheureusement) qui puissent bien sentir tout ce qu’il vaut.
Si l’on réfléchit sur ce qu’étoit l’opéra en 1760, et sur ce qu’il est aujourd’hui, il sera difficile de ne pas reconnoitre l’effet qu’on produit mes lettres.
J’ai dit que les principaux personnages d’un Ballet devoient être oubliés pour quelques instants ; j’imagine en effet qu’il est moins difficile de faire jouer des rôles transcendants à Hercule & Omphale, à Ariane & Bachus, à Ajax & Ulisse, &c. qu’à vingt-quatre personnes qui seront de leur suite.
Comme une gratification exceptionnelle — cinq francs, je crois — étaient alloués à celles de ces demoiselles du corps de ballet chargées de ce pas difficile et dangereux, les demandes étaient nombreuses et nombreux aussi les remplacements, car, à la moindre infraction, à la moindre faute, la coupable était, selon l’expression du régisseur de la danse, cassée aux patins.
Il est difficile de prouver précisément l’origine des Bals de cérémonie, qui se font à l’occasion des réjouissances publiques, ou des fêtes particulieres, si ce n’est à Bacchus pour celébrer ses conquêtes, à son retour en Egypte. […] Quatre jeunes Seigneurs de la Cour, après avoir soupé aux Bons-Enfans, s’aviserent d’aller incognito à ce bal, mais d’une maniere fort surprenante, puisqu’ils étoient tout nuds, enveloppez de manteaux d’écarlate, doublez de velours, des chapeaux garnis de grands bouquets de plumes, bien chaussez, & sans masques, parce que dans ce tems-là on ne se masquoit que pendant le cours du Carnaval ; ils avoient leurs épées cachées sous leurs bras : desorte qu’il ne fut pas difficile de les reconnoître pour ce qu’ils étoient.
— C’est difficile, à moins de s’envoler par la fenêtre..