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4. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIII. » pp. 122-133

Je n’ignore pas que quelques jeunes gens remplis de zèle et d’activité, mais novices encore dans l’art des grandes compositions s’attachent à marcher sur les traces des grands-maîtres : je ne connois point leurs productions, et je me garderai bien de prononcer sur le mérite d’un ballet ou d’un tableau d’après un programe ; ces sortes de descriptions sont souvent mensongères. […] Pour réussir complettemeut dans la composition des grands ballets, il est nécessaire que le maître pèse les possibilités et les impossibilités, qu’il calcule les moyens et les obstacles ; d’après cet examen, il n’exigera plus de son art les secours qu’il ne peut lui accorder et ses compositions deviendront sages et régulières. […] Je me bornerai à citer deux exemples d’après les principes de composition que j’ai établis. […] Comme aucune simétrie n’existe dans ces beaux lieux, le maître de ballets n’en doit présenter aucune dans sa composition. […] Au reste, la combinaison qu’exige cette composition demande beaucoup de recherches et de tems, et ce n’est point en deux répétitions, ainsi qu’il est d’usage à l’opéra, que l’on peut faire les Champs Elisées de Castor et Pollux.

5. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre III. De la Danse théâtrale des Romains »

Toutes les compositions du second furent vives, gaies, et légères. […] Leur exécution exigeait, sans doute, toutes ces dispositions du corps, dans le degré le plus éminent ; mais leurs compositions supposaient des combinaisons infinies qui n’appartenaient qu’à l’esprit. […] Dans un Héros d’ailleurs, dans ses actions, dans le cours de sa vie, il y a des traits, des événements, des écarts qui sont propres au théâtre, et qu’il faut savoir séparer de ceux qui peut-être plus éclatants dans l’Histoire, refroidiraient cependant la composition théâtrale. […] Tous les trésors de la mémoire, de l’esprit et de l’Art, suffisaient à peine à la multitude des compositions nouvelles qu’exigeait d’eux le goût éclairé des Romains. […] Je vais traduire ici une partie de ce qu’il a écrit sur ce genre de composition si fort estimé de son temps, et si peu connu du nôtre.

6. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IX. Du Ballet Moderne »

En formant un Spectacle public, on n’eut pour ressources que quelques Maîtres à danser dont toute la science consistait à montrer les Danses nécessaires dans les Bals de cérémonie, ou un nombre fort borné de pas de caractère, qui entraient dans la composition des grands Ballets. […] Ainsi, après sa mort, on fit des Opéras coupés comme les siens [Voir Coupe] ; mais qui n’étaient animés ni des grâces de son style, ni des charmes du sentiment qui était sa partie sublime, ni de ces traits brillants de Spectacle qu’il répandait en esprit inventeur dans ses belles compositions. […] C’est un tableau d’une composition vaste, tels que ceux de Raphaël et de Michel-Ange. […] Peut-être quelques Fêtes épisodiques qui m’ont frappé dans Quinault l’ont-elles fournie à la Motte ; mais que ma conjecture soit vraie ou fausse, ce Spectacle n’en est pas moins une composition originale qui aurait dû combler de gloire le Poète qui l’a imaginée. […] Il est galant, tendre, original, dans les compositions qu’il n’a imaginées que d’après lui.

7. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Avertissement. » pp. 33-34

Un programme offrant d’une manière plus rapprochée la totalité de l’ouvrage, on saisit mieux le plus on moins d’accord des parties, le plus ou moins d’effet des situations, et la vue de tout l’ensemble, en satisfaisant l’imagination, la dispose et l’échauffe pour la composition. […] Ces programmes n’ont été dabord faits que pour moi, et pour arrêter l’esquisse de mes compositions, comme les peintres qui font toujours des esquisses des grands tableaux, qu’ils projettent ; et l’on a vu quelquefois les esquisses avoir un très grand mérite, par cela seul qu’ils indiquoient avec chaleur les caractères des figures et la beauté de la composition.

8. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre VI. Des Mascarades »

La seconde espèce était une composition régulière. […] Cette espèce de composition Théâtrale retint tous les vices des autres, et n’était susceptible d’aucun de leurs agréments.

9. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre III. Des différentes espèces de Ballets »

Appelé ensuite à Venise, pour y être Maître de Musique de l’Église de Saint-Marc, il y fit connaître ces belles compositions. […] La division ordinaire de toutes ces compositions était en cinq Actes. […] Il n’est point de genre de Danse, de sorte d’Instrument, de caractère de Symphonie qu’on n’ait eu l’adresse de faire entrer dans cette grande composition.

10. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Seconde lettre. Sur le même sujet. » pp. 14-18

En supposant, comme vous l’avancez, que les ouvrages Italiens se succèdent et s’effacent tour à tour, c’est rendre hommage à la fertilité des compositeurs de cette nation, à la fécondité de leur imagination et à la richesse inépuisable de leurs compositions. […] Quant aux poëtes Italiens existans, je les abandonne au mépris que la pauvreté de leurs compositions inspire, ils ont souvent la hardiesse de mutiler les belles poésies de Metastase ; ils mêlent l’argile à l’or pur, et ternissent les pierres précieuses, qui brillent avec tant d’éclat dans les riches productions de ce poëte : mais leur impudence ne peut s’étendre sur ces chefs-d’œuvre ni à Turin, ni à Rome, ni à Milan, ni enfin sur les grands théâtres des cours étrangères, où Metastase jouit de toute la plénitude de sa gloire. […] Rameau créa un nouveau genre ; son génie triompha des vieilles rubriques ; ses riches compositions étoient alors d’une exécution difficile : en effet le Trio des parques de l’opéra, d’Hypolite et d’Aricie ne put être exécuté qu’après six semaines de répétitions : cependant-il étoit confié aux seconds chanteurs de l’opéra, en 1773 Rameau donna son opéra des Indes galantes, ouvrage rempli tout à la fois de science, de goût et d imagination ; le tremblement de terre fait pour le second acte de cet ouvrage , ne put jamais être exécuté par l’orchestre de l’opéra ; cependant des musiciens habiles et de bonne volonté jouèrent ce morceau à la seconde lecture avec infiniment d’ensemble et de précision ; et l’effet qu’il produisit, entraina les auditeurs au sentiment de l’admiration.

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