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6. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VII. De la Danse sacrée des Juifs »

Ces instruments, ces chœurs de Musique rassemblés et arrangés avec tant de promptitude, supposent une habitude du Chant et de la Danse, fort antérieure au moment de l’exécution. […] Car, je ne crois pas qu’on puisse douter de la multitude des Danses et des Chants en usage chez le peuple Juif 17. […] Cette partie était toujours occupée par le Chant et la Danse, qu’on y exécutait avec la plus grande pompe dans toutes les solennités.

7. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

A l’Opéra même le chant prit le dessus. […] Le prologue et chacune des entrées forment des actions séparées avec un ou deux divertissements mêlés de chants, et de danses. La tragédie lyrique doit avoir des divertissements de danse et de chant, que le fonds de l’action amène. Le ballet doit être un divertissement de chant et de danse, qui amène une action, et qui lui sert de fondement, et cette action doit être galante, intéressante, badine, ou noble suivant la nature des sujets. […] Le chant si naturel à l’homme, en se développant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différents sons dont ce chant était composé : le corps alors s’est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les pieds ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvements divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlements, des attitudes aux sons dont l’oreille était affectée : ainsi le chant qui était l’expression d’un sentiment (Voyez Chant) a fait développer une seconde expression qui était dans l’homme qu’on a nommée danse.

8. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Avant-propos »

Il prétend que leur Chant n’était point un Chant, et que leur Danse n’était point une Danse. […] Cet Académicien convient d’abord que jusqu’à lui, on avait cru tout bonnement que les Anciens chantaient et dansaient sur leurs théâtres de la manière à peu près que l’on chante et danse sur le nôtre ; mais comme les chants et les danses de son temps ne lui paraissaient avoir qu’un rapport très éloigné avec les prodiges que le Chant et la Danse ont opérés autrefois à Rome et dans Athènes ; que d’ailleurs il était intimement persuadé, que les hommes ne pouvaient avoir chanté ni dansé mieux qu’ils dansaient et chantaient à notre Opéra, il en a conclu, 1°. Que les sons qu’il entendait, et les pas qu’il voyait faire étaient la perfection possible du Chant et de la Danse. 2°. […] Il appela le Chant des Anciens Récitation et leur danse Saltation. […] Premièrement les parties mécaniques de la Musique, du Chant et de la Danse des Grecs et des Romains étaient évidemment pour le fond, pour les principes, et à plusieurs égards, pour la forme les mêmes que les nôtres.

9. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 3 novembre : Les Amours de Diane et d’Endimion — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 14 novembre 1671 »

Le Prélude propre au Sujet, Par un grand bruit de Cors, se fait, Après lequel, Pan, Dieu Sauvage, Sort du milieu d’un vert Bocage, Avec des Faunes, et Sylvains, Qui sont plus légers que des Dains : Et chantant un Air de liesse, Les avertit que la Déesse Paraît, déjà, dedans les Bois, Pour mettre une Bête aux abois, Et les exorte d’importance, À joindre leurs Chants, et leur Danse Pour lui plaire, et la divertir, Ce qu’ils font des mieux, sans mentir ? […] Or, pour la mieux embarrasser, L’Amour, en son Art, un grand Maître, Fait, encor, le Berger paraître, Qui, derechef, lui plaît si fort, Que, malgré tout son vain effort, Elle s’en déclare vaincue : Et voilà la Pièce conclue, Hors que les Faunes, avec Pan, Lequel se carre comme un Paon, Les Cupidons, avec leur Sire, Et les Bergers, pour vous tout dire, Viennent, par leurs Chants, et leur Pas, De ce Couple rempli d’Appas, Célébrer l’aimable Aventure : Qui, ce me semble, est la Peinture, Du Triomphe de mon Héros, Si digne d’amour, et de los, Sur la belle et rare Princesse Qui va, de sa Royale Altesse, Répondant à son Amitié, Etre l’excellente Moitié. Pour retourner à l’Opéra, Le Lecteur, s’il lui plaît, saura, Que l’Autheur est un Gentilhomme161 De Monsieur, qui Guichard se nomme, Et, toute flaterie à part, D’écrire, en Vers, et Prose, a l’Art, Voire, de manière galante, Naturelle, aisée, et brillante, Laquelle lui coûte si peu, Que tout, pour lui, n’est rien qu’un Jeu : Ayant fait cette Pastorale, Dont le détail je vous étale, En quinze jours, tant seulement, Et néanmoins, heureusement, Au reste, le Sieur de Sablière,162 D’intelligence singulière, En la Musique, a fait les Chants, Tout de même, en très-peu de temps. […] Sa Diane, chose certaine, Est une petite Syreine, Dont le Chant est beaucoup chéri, Qu’on nomme Mad’moiselle Aubry.

10. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Les trois heures et un quart de cette durée qui étaient remplies par deux heures et demie de récitatif, doivent l’être aujourd’hui par les divertissements, les chœurs, les mouvements du théâtre, les chants brillants, etc. […] On donne ce nom plus particulièrement aux danses et aux chants, qu’on introduit épisodiquement dans les actes d’opéra. […] Le chant, dans ces compositions modernes, occupe une partie de la place qu’occupait la danse dans les anciennes : pour être parfaites, il faut que la danse et le chant y soient liés ensemble, et partagent toute l’action. […] Que le chant et la danse concourent également à la former, à la développer, à la dénouer : 3°. […] Les Grecs avaient des entractes de chant et de danse dans tous leurs spectacles : il ne faut pas les en blâmer.

11. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Question d’un homme de lettres sur la musique. » pp. 4-7

En Italie, la partie du chant domine tellement sur toutes les autres, que la symphonie ou toute autre musique instrumentale y est souvent négligée, je veux dire moins estimée. En France, le chant proprement dit, la symphonie, la partie dramatique, la partie concertante, tous les genres et toutes les espèces y sont également étudiées et procurent une gloire égale à tous ceux qui y excellent. […] En Italie, quoiqu’on y aime le chant presqu’exclusivement, on n’y fait aucune attention aux paroles qu’il exprime ; les sons seuls suffisent pour le plaisir des auditeurs.

12. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre ii. sur le même sujet. » pp. 116-121

Ce beau poëme est divisé en plusieurs chants ; chacun d’eux offre des scènes variées, des sentimens, des passions et des intérêts divers. Tous ces chants présentent à l’imagination une foule de tableaux peints par le génie, et de chant en chant, on arrive au dénouement : hé bien, une fête est un poëme héroïque ; elle doit réunir le même intérêt, la même variété, et les mêmes contrastes.

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