/ 402
15. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 27 février 1667 »

Robinet, lettre du 27 février 1667 Notre COUR éclatante et gaie, Ayant à SAINT GERMAIN en LAYE Encor vu, Samedi dernier, Avec un plaisir singulier, Le Grand BALLET de ces NEUF BELLES Qu’on nomme les Doctes Pucelles, En partit, Dimanche matin, Sans oublier son beau DAUPHIN, Pour aller faire dans VERSAILLES DU CARNAVAL les FUNÉRAILLES, Avec tant de solennité Qu’il se peut dire, en vérité, Que l’on n’en vit jamais de telles, Ni si pompeuses, ni si belles, Et, bref, où l’on fût plus joyeux.

16. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 21 février : Mascarade de Bergers et de Bergères — Lettres en vers à Madame de Loret — Loret, lettre du 14 février 1665 »

Monsieur, avec sa belle Suite, Par les Grâce mêmes, conduite Et Madame, pareillement, Du Bal, le second Ornement, Vinrent en Bergers et Bergères, Revêtus d’étoffes légères, Et d’habits assez peu dorés, Mais si superbement parés De rubans de toutes manières, De houlettes, de panetières, Que, certes, le beau Céladon, Qui, de charmer, avait le don ; Que, certes, l’amoureux Sylvandre, Pour qui Diane eut le coeur tendre, Que Dorinde, Astrée et Philis, Aux teints de roses et de lys, Stelle, Hylas, Tersandre et Madonte, Dont tant de choses l’on raconte, Dans le plus fort de leur beauté, Assurément n’eussent été Auprès de ces rares Personnes, Que des chiffons et des chiffonnes. Outre tant d’appas précieux Que j’y vis de mes propres yeux, Cinquante autres rares Parties De Masques des mieux assorties, Nobles Vénitiens, Danois, Turcs, Espagnols et Polonais, Et, quasi, de toutes Contrées Firent-là, leurs belles entrées. Mais, entre autres, il y survint Douze aveugles des Quinze-vingt, Ou, du moins, qui le semblaient être ; Mais l’éclat qu’on voyait paraître, En leurs cordons, en leur chapeaux, En leurs diamants nets et beaux, En leurs robes de fine soie, Qui coûtaient bien de la monnaie, Firent juger, avec raison, Qu’ils étaient de bonne Maison, Et que c’était une Séquelle Qui méritait qu’on parlât d’elle.

17. (1845) Notice sur La Sylphide pp. 3-23

James, esprit moins grossier, rêve tout haut d’une belle vision qui l’obsède ; il voit en songe une forme aérienne, une tête au doux sourire, au doux regard. — Ce beau rêve, c’est l’image amoureuse, c’est la fée des campagnes florissantes, c’est le démon de la cabane. […] qu’es-tu devenue, la belle image flottante de mes rêves d’amour ? […] Ce jour, en effet, est un grand jour : James et la belle Effie seront mariés tout à l’heure. […] que la fête recommence de plus belle ! […] Depuis tantôt quinze belles années de succès et de triomphes, ce beau petit récit que mademoiselle Taglioni racontait si bien, nous était une fête toujours nouvelle, la fête des yeux plus que des sens, la fête heureuse et riante, qui ne laisse après elle ni un regret ni un désir.

18. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 janvier 1663 »

Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté. Je ne parlerai point du reste De ce Ballet pompeux et leste ; On en a fait un Imprimé, Où tout est si bien exprimé, Qu’aux Curieux il peut suffire, Et qu’on doit acheter et lire : Mais je désire, en ce moment, Dire deux mots, tant seulement, De cinq admirables Personnes, De cinq adorables Mignonnes, Qui dans cet illustre Ballet Jouèrent si bien leur Rollet De Bergères et d’Amazones, Que je crois que sous les cinq Zones, Et partout où luit le Soleil, Il ne se voit rien de pareil Madame en était la première, Qui paraissait toute lumière, Tant par ses habits précieux Que par l’éclat de ses beaux yeux ; On ne pouvait, sans allégresse, Voir danser icelle Princesse, Et rien n’égalait les appas De sa grâce et de ses beaux pas : C’est ce qu’on ne lui peut débattre ; Voici les noms des autres quatre. La Pucelle de Saint-Simon, Fille d’un Duc, de grand renom, Et d’une Mère fort charmante, Fille, dont la beauté naissante, Se rend digne, de jour en jour, D’admiration et d’amour, Fille, enfin, le rare modèle D’une âme si noble et si belle, Qu’on peut nommer l’âme et le corps, Deux incomparables trésors. […] L’agréable de la Vallière, Qui d’une excellente manière, Et d’un air plus divin qu’humain, Dansa la Houlette à la main, Puis après, changeant de cadence, En Amazone, avec la lance, Ayant le port et la fierté D’une Belle de qualité.

19. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 3 octobre 1671 »

Robinet, lettre du 3 octobre 1671 Souffrez, Grande Altesse Royale, Qu’au Recueil dont je vous régale, Aujourd’hui, jour de Samedi, Je marque d’abord, que Mardi, Vous fûtes, avec belle Suite, Et maintes Personnes d’Elite, Au grand Spectacle de Psiché, Dont tout le Monde est alléché, (La chose est très-constante, et sure) Dans l’agréable Mignature, Où la digne Troupe du Roy, Le donne en si brillant arroi, Et, même, avecque des merveilles Pour les Yeux, et pour les Oreilles, Qu’ailleurs, on n’y découvrait point. […] L’autre est cet étonnant Sauteur, Qui, d’une si belle hauteur, Se culebute, et pirouette, Sans toucher de pied, main, ou tête, La Terre, en aucune façon, Et qui marche, encore, tout de bon, Sur les mains, de la même sorte, Qu’un autre, sur ses pieds, se porte : Dequoi chacun tout étonné, Croit qu’il s’est, au Diable donné. Mais, le jour de vôtre Présence Qui plût, beaucoup, à l’Assistance, On voyait là, depuis deux fois, Ce que noter, sur tout, je dois, Une Merveille sans seconde, Laquelle charme tout le Monde, Une Actrice de quatorze ans, Qui, récitant des Vers, trois cents, Et cinquante, encore, que je pense, Jouait un Rôle d’importance, Et des plus forts, certainement, Avec tout l’air, tout l’agrément, Le jugement, la suffisance, La douceur, la belle prestance, Et, bref, les agitations, Et toutes les inflexions De voix, et de corps, nécessaires, Dedans les Théâtraux Mystères. L’Actrice dont je parle ainsi, Est la petite du Croisi, D’esprit, et de grâce pourvue, Et, de vous, assez bien connue ; Qui, dans deux jours avait appris Ce beau Rôle qu’elle avait pris De la grande Actrice choisie, Beauval, qui, d’un beau feu, saisie, Sait jouer, admirablement, Sur tout, un Rôle véhément.

20. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 25 février 1662 »

Loret, lettre du 25 février 1662 Le Grand Ballet d’Hercule Amant, Si magnifique et si charmant, Fut Lundi, pour la fois dernière, Dansé de la belle manière : Je ne l’avais point encor vu D’un si brillant éclat pourvu ; Et du Dieu Mars la seule Entrée, Digne, certes, d’être admirée, Avec ses nobles Combattants, Surprit fort tous les Assistants. […] Illec, quatre antiques Monarques, Dès longtemps le jouet des Parques, Et doués de rares vertus, Cyrus, Philipus, Augustus, Et Hannibal, au grand courage, Jadis, Citoyen de Carthage, Sur de hautes chaises montés, Etaient en triomphe portés : Ce qui formait si beau spectacle, Que j’en pensai crier, miracle : Et cette Entrée, en vérité, Par sa splendeur et majesté, Multitude, éclat, harmonie, Ravit toute la Compagnie. […] Les seules Danses des Planètes Pourraient remplir douze Gazettes Si l’on les voulait débiter : Mars, Apollon et Jupiter, La Lune, Vénus et Mercure, Dieux de différente nature, Jouèrent chacun leur Rollet En cet admirable Ballet, Avec tant de magnficences, Eux, et toutes leurs Influences Que leur seule déduction, (C’est-à-dire description) Est digne qu’une belle Plume Les consacrât dans un Volume. Mais le passetemps le plus doux, Selon l’opinion de tous, Furent quinze Etoiles dansantes ; Quinze Fillettes ravissantes, Dont, certes, les jeunes appâts, La gaie humeur et les beaux pas, Les grâces et les gentillesses, Pourraient charmer Dieux et Déesses. […] Que la belle et chère Toussy Remplira les cœurs de souci !

21. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 23 février 1669 »

Laissant toute Nouvelle à part, Soit bien, soit mal, à tout hasard, Par ce beau Ballet je débute, Sans qu’en un mot je me rebute Par la grandeur de mon Sujet, Le digne et glorieux Objet De la MUSE de BENSERADE, Lequel jamais ne se dégrade Dedans un Champ d’Honneur si beau, Quoi qu’il en dise en son Rondeau, Mais y fait voir nouvelle grâce, Ainsi qu’un Maître du Parnasse, Où quand il forge es Vers neufs, L’Illustre pont dessus ses Œufs. […] MADAME, qui, par son Teint frais Et par tous ses jeunes Attraits, Ressemble plus à la Déesse, Sans la bienheureuse Grossesse, Aurait été là, trait pour trait, Son incomparable Portrait ; Mais, au défaut de son Altesse, De SULLY la belle Duchesse Tient illec son illustre Rang, Par un honneur tout à fait grand, Et forme la seconde Entrée, Ayant pour sa Troupe admirée La Jeunesse, avec la Beauté, L’Abondance et Félicité, Que représentent quatre Belles,107 Que l’on peut bien prendre pour Elles, Et chacune séparément Pour toutes quatre mêmement. […] 108 Celle qui suit, est du Printemps, Que désigne un Duc de vingt ans,109 Lequel, par une heureuse Chance, Est le Mari de l’ABONDANCE ; Et ce Printemps, si verdoyant, Si beau, si sage, et si ruant, Mène deux Amours à sa suite,110 Qui sont d’un excellent mérite Et même d’un royal estoc, Aimant fort le belliqueux choc. […] 115 Enfin l’on aperçoit un Temple, D’une structure sans exemple, Qui se bâtit en un moment, Ainsi que par enchantement ; Et, là, les Quatre Parts du Monde, Dans une humilité profonde, Rendent ensemble leurs respects À ce divin Recueil d’Attraits, Cette belle et royale ALTESSE À qui mes Missives j’adresse. […] Voilà, pour les Provinciaux, Ce que nos petits Vermissaux, Par épitome, peuvent dire De ce Ballet de notre SIRE, Et que l’on a trois fois dansé, Cela s’entend, en la Présence De la belle REINE de FRANCE Et de son DAUPHIN, si charmant, Qu’on ne peut voir conjointement Que, pour le certain, il ne semble Voir Vénus et l’Amour ensemble.

/ 402