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2. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIII. » pp. 122-133

Un tel maître de ballets, Monsieur, doit abandonner la scène, et prendre un état qui n’exige que la routine des mouvemens méchaniques. […] Virgile en visitant ces lieux enchantés en apperçoit quelques-unes qui dansent ; voilà le maître de ballets autorisé à employer les charmes de son art. […] Comme aucune simétrie n’existe dans ces beaux lieux, le maître de ballets n’en doit présenter aucune dans sa composition. […] La musique de ce ballet doit étaler tous les charmes de l’harmonie ; des mouvemcns légers, des silences artistement ménagés donneront au maître de ballets les moyens de fixer ses tableaux. […] J’ai donné ce ballet à Vienne.

3. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VII. » pp. 56-64

on les nomme tous ballets pantomimes, quoique dans le fond ils ne disent rien. […] Cette fureur d’imiter ce qui n’est pas imitable, fait et fera la perte d’un nombre infini de danseurs, et de maîtres de ballets. […] Ses figures sont sans nombre, dit cet auteur, parce qu’il y a une infinité de choses que le ballet peut exprimer. […] Le ballet est donc le frère du poème ; il ne peut souffrir la contrainte des règles étroites du drame ; ces entraves que le génie s’impose dans les ouvrages soutenus des beautés du style, anéantiroient totalement la composition du ballet, et le priveroient de cette variété qui en est le charme. […] Dire qu’il n’y a point de ballets à l’opéra, seroit une fausseté.

4. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VII. » pp. 110-128

Augustin lui-même, en parlant des Ballets, dit qu’on étoit obligé de placer sur le bord de la Scene un homme qui expliquoit à haute voix l’action qu’on alloit peindre. […] Ces figures sont sans nombre, dit cet Auteur, parce qu’il y a une infinité de choses que le Ballet peut exprimer. […] Si je refuse le titre de Ballet à toutes ces Fêtes ; si la plupart des Danses de l’Opéra, quelques agréables qu’elles me paroissent, ne se présentent pas à mes yeux avec les traits distingués du Ballet, c’est moins la faute du célebre Maître qui les compose, que celle des Poëtes. […] Le Ballet est donc le frere du Poëme ; il ne peut souffrir la contrainte des regles étroites du Drame ; ces entraves que le génie s’impose, qui retrecissent l’esprit, qui resserrent l’imagination, anéantiroient totalement la composition du Ballet, & le priveroient de cette variété qui en est le charme. […] Dire qu’il n’y a point de Ballets à l’Opéra, seroit une fausseté.

5. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XV. » pp. 150-159

La poésie et la fable présentent au maître de ballets de magnifiques sujets presque tout dessinés. […] C’est au maître de ballets à chercher et à choisir dans la mythologie, des traits qui lui présentent ces oppositions. […] Je vais passer maintenant à la composition des corps de ballets. […] C’est donc ici que le maître des ballets a tort. […] La danse de ceux qui composent le corps de ballet n’a presque point d’analogie avec celle du premier danseur.

6. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — II »

II L’ancien ballet est un conte ou une épopée sans paroles, que les gestes figurent et que la musique accompagne avec un excès de fidélité. Le ballet semble immuable : on le dirait lié à cette forme surannée. […] Ils rendent à la mode une beauté démodée : le ballet de Nijinski ressuscite le ballet de Vestris, comme l’Europe de 1914 rappelle celle du Directoire. Quel abus du ballet en tout genre, à tutu ou sans tutu. Tant qu’il y aura du tutu dans le ballet, on n’aura pas la danse.

7. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre II. » pp. 9-16

Les ballets etant des représentations, ils doivent réunir les parties du drame. […] Tout sujet de ballet doit avoir son exposition, son nœud et son dénouement. […] Si le compositeur n’a pas l’adresse de retrancher de son sujet ce qui lui paroit froid et monotone, son ballet ne fera aucune sensation. […]   Si les licences que l’on prend journellement dans les compositions théatrales ne peuvent s’étendre au point de faire danser Mentor dans le ballet de Télémaque. […] Ne dansant point, il devient étranger au ballet ; son expression dailleurs étant dépourvue des graces que la danse prête aux gestes et aux attitudes, paroît moins animée, moins chaude et conséquemment moins intéressante.

8. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 24 février 1663 »

Loret, lettre du 24 février 1663 Ce Ballet noble et magnifique, Ce charmant Ballet harmonique, Autrement Ballet musical, Qui, durant le feu Carnaval, Étant, en merveilles, fertile, Divertit la Cour et la Ville Fut rechanté, fut redansé, Encor Jeudi, dernier passé, Et fut, tout à fait, trouvé leste, Par Monsieur le Cardinal d’Este, Car c’était pour lui, seulement, Qu’on fit ce renouvellement ; Et pour d’autres Messieurs, encore, Qu’au Louvre on aime et l’on honore, À savoir Monsieur de Créqui, Ambassadeur de France, et qui N’avait, à cause de l’absence, Vu ce Ballet de conséquence, Ni Monsieur le Duc Mazarin, Depuis peu, de retour du Rhin, Ni sa belle et chère Compagne, Ni même un Envoyé d’Espagne, Venu de Madrid en ces lieux Pour témoigner, tout de son mieux, Le deuil qu’a son Maître, dans l’âme, Pour le trépas de feue Madame. Iceux, donc, maintenant en Cour, Virent ce Ballet à leur tour : C’est peu de dire qu’ils le virent, De tout leur cœur ils l’applaudirent. […] Plusieurs Princes et Grands Seigneurs, Dignes, certes, de tous honneurs, En ce Ballet galant dansèrent, Et, des mieux, le Roi secondèrent. […] Les autres Beautés renommées, Qu’ailleurs j’ai, toutefois, nommées, C’étaient Saint-Simon, Cévigny, De mérite presque infini, La Vallière, autre Fille illustre, Digne un jour d’avoir un Balustre, Et la défunte Mortemar, Je la nomme défunte, car Depuis qu’elle n’est plus pucelle, Ce n’est plus ainsi qu’on l’appelle : Elle a toujours les mêmes traits, Autrement, les mêmes attraits, Elle est toujours jeune et brillante, Elle est, même, encore vivante : Mais cette beauté de renom, Est, du moins, morte par le nom, Qui n’est plus que pour Père et Mère, Que, de longue-main, je révère, Étant leur très humble Valet : Mais, pour revenir au Ballet, Les Voix douces et naturelles De quatre aimables Demoiselles, Les Luthistes et Violons, En leur Art, de vrais Apollons, Et, bref, toute la symphonie, Causaient une joie infinie. […] Nos Reines, pleines d’un bon sens, Mais qui des plaisirs innocents, (Comme sages et débonnaires) Ne sont nullement adversaires, Malgré l’âpre et rude saison, Quittant Chambre, Alcove et tison, Furent, non seulement, icelles, Mais Monsieur et Mesdemoiselles,27 Assez volontiers sur le lieu, Pour audit Ballet dire adieu ; Ayant illec, pour assistance, Plusieurs Personnes d’importance, Princes, Ducs, Comtes et Marquis, Et quantité d’Objets exquis, C’est-à-dire de beaux Visages Bien dignes de vœux et d’hommages, Que je lorgnais par-ci, par-là, Étant en lieu propre à cela.

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