Le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles : que les artistes les reservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] Ils apprennent la danse avec fureur ; leur goût se ralentit à mesure que les difficultés se font sentir et qu’elles se multiplient ; ils ne saisissent que la partie grossière de l’art ; ils sautent plus ou moins haut ; ils s’attachent à former machinalement une multitude de pas ; et, semblables à ces enfans qui disent beaucoup de mots sans idées et sans suite, ils font beaucoup de pas sans motifs, sans goût et sans graces.
Pour hâter les progrès de notre Art & le rapprocher de la vérité, il faut faire un sacrifice de tous les pas trop compliqués ; ce que l’on perdra du côté des jambes se retrouvera du côté des bras ; plus les pas seront simples & plus il sera facile de leur associer de l’expression & des graces : le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles ; que les Artistes les réservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au Public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] Ils se livrent au Théatre, moins pour s’y distinguer que pour secouer le joug de la dépendance ; moins pour se dérober à une profession plus tranquille, que pour jouir des plaisirs qu’ils croient y rencontrer à chaque instant ; ils ne voient dans ce premier moment d’enthousiasme que les roses du talent qu’ils veulent embrasser ; ils apprennent la danse avec fureur ; leur goût se ralentit à mesure que les difficultés se font sentir & qu’elles se multiplient ; ils ne saisissent que la partie grossiere de l’Art ; ils sautent plus ou moins haut ; ils s’attachent à former machinalement une multitude de pas, & semblables à ces enfants qui disent beaucoup de mots sans esprit & sans suite, ils font beaucoup de pas sans génie, sans goût & sans graces.
Le sujet qui s’y destine peut se permettre l’exécution de tous les temps, de tous les pas que l’art nous apprend.
vous voulez composer d’après l’histoire, et vous l’ignorez ; d’après les poètes, et vous ne les connoissez pas : appliquez-vous à les étudier ; que vos ballets soient des poèmes ; apprenez l’art d’en faire un beau choix.
D’après ce que je viens de vous dire, Monsieur, vous ne serez point étonné d’apprendre qu’il y a aujourd’hui une foule trop considérable de soi-disants maîtres de ballets ; ils se trainent péniblement dans les routes que leur ont tracées le petit nombre de ceux qui ont du mérite ; mais pour obtenir un nom et de justes éloges, il faut savoir créer soi-même.
Vous serez encore étonnée d’apprendre que la porte du temple des beaux-arts, ouverte à la poésie, à la musique et à la peinture, soit constamment fermée aux maîtres des ballets les plus distingués par leurs talens.
Mais il n’a qu’un mouvement ; c’est un pas aisé & que l’on apprend facilement, il suffit d’en connoître la construction pour le faire de suite : il est composé d’un demi-coupé & de deux pas marchez sur la pointe des pieds.