Si je voulais donner à mon sujet une importance trop étrangère au but infiniment plus restreint que je me suis prescrit, il me serait aisé, Madame, de vous retracer le point étonnant de perfection où la danse a rapidement été portée de nos jours. […] Psyché, le jugement de Pâris, Télémaque ; c’est dans ces productions que j’oserais nommer sublimes, que la danse, rivale audacieuse de la poésie et de la musique, s’affranchissant enfin de ses gothiques entraves prend un nouvel essor, et ce n’est plus que l’expression fidèle de la nature embellie. […] J’ai voulu simplement exposer avec clarté et précision les premiers principes, et si je puis m’exprimer ainsi, le mécanisme élémentaire de la danse.
La Poésie, la Peinture & la Danse ne sont, Monsieur, ou ne doivent être qu’une copie fidelle de la belle nature : c’est par la vérité de cette imitation que les Ouvrages des Racine, des Raphaël ont passé à la postérité ; après avoir obtenu (ce qui est plus rare encore) les suffrages même de leur siecle. […] Si les Ballets en général sont foibles, monotones & languissants ; s’ils sont dénués de ce caractere d’expression qui en est l’ame, c’est moins, je le répete, la faute de l’Art que celle de l’Artiste : ignoreroit-il que la Danse est un Art d’imitation ? […] Voilà ce que j’appelle une Scene d’action, où la Danse doit parler avec feu, avec énergie ; où les figures symmétriques & compassées ne peuvent être employées sans altérer la vérité, sans choquer la vraisemblance, sans affoiblir l’action & refroidir l’intérêt. […] Un Maître de Ballets, sans intelligence & sans goût, traitera ce morceau de Danse machinalement, & le privera de son effet, parce qu’il n’en sentira pas l’esprit. […] Convenez donc avec moi, Monsieur, que la symmétrie, fille de l’Art, sera toujours bannie de la Danse en action.
Il est indubitable que la beauté des Dames a seruy de subiect aux enuieux, pour blasmer cest exercice : Car disent ils, si les perfections d’vn beau visage armé desia de mil mignardises & d’appas sont anoblies des graces de la danse, y aura il des yeux assez chastes pour soustenir l’esclat de tant de traits & d’atraits sans alarmes. […] Qvand à la Gauotte qu’on danse à la fin des bransles, les pas & les actions en sont si communes & si cogneuës de chacun qu’il seroit inutile de la descrire par le menu, d’aillieurs qu’on la danse diuersement en plusieurs lieux, comme en Normandie où on en danse trois, desquelles les airs sont non seulement differents, mais les pas & les figures. Et en Flandre, en Artois, & ailleurs, il s’en danse aussi trois toutes differentes dont les airs, les actions, les pas, & les figures n’ont rien de semblable aux susdites. […] Il faut premierement apres auoir esté conduite en presence de la compagnie, faire les deux reuerences qu’on obserue ordinairement aux Gaillardes, de mesme celle dont i’ay cy deuant parlé aux Bransles, & au partir de la derniere continuër le chemin vers le haut bout du lieu où l’on danse, par autant de desmarches que la Musique peut obliger pour prendre la cadence. […] Ie me suis contenté de traicter seulement de ces danses comme les plus vtiles, lesquelles ie n’ay point voulu enrichir d’vne plus grande diuersité de pas, quoy que ie l’eusse peu.
Les mêmes traversent du même côté en se donnant alors la main gauche qu’ils ne se quittent pas, et restent de côté au milieu de la danse, en quatre mesures. […] Un cavalier et une dame de vis-à-vis se donnent la main droite en main droite, et tournent au milieu de la danse comme à un moulinet, et en quatre mesures. […] Le cavalier et la dame se quittent la main, vont donner la main gauche en main gauche, le cavalier à sa dame et la dame à son cavalier, et font un tour sur place en partant de gauche à gauche selon le sens que présente la main, et tournent jusqu’à ce que le cavalier et la dame qui ont fait le premier tour en se donnant la main droite, se rejoignent au milieu de la danse, où ils se reprennent la main droite sans pour cela s’être quittés d’un autre côté la main gauche, ce qui met alors les deux cavaliers et les deux dames sur une seule ligne au milieu de la danse, comme dans la figure de la poule, et en quatre mesures. […] Chaque cavalier et sa dame s’étant rejoints après le tour précédent, se donnent la main gauche en main gauche, sans, pour cela, quitter la main droite de l’autre côté, et font un balancé tous en même tems ; les cavaliers sont alors placés le dos au centre de la danse, et les dames dans le sens opposé, et suivant celui qu’elles tiennent ordinairement étant à leur place. […] C’est contre les règles de la danse que beaucoup de danseurs exécutent cette figure à deux cavaliers et une dame.
[10] Je vais ajouter à la fin de ces exercices du danseur, une remarque et un conseil que je crois pouvoir être fort utiles aux jeunes élèves, qui ayant déjà mis en usage les principes de la danse, s’adonneront à la composition des pas. [11] Pour s’exercer et pour hâter les progrès dans la composition de la danse, pourquoi nos jeunes élèves ne suivraient-ils pas l’exemple de Dupré ? […] C’est un grand défaut au théâtre, et qui choque les spectateurs ; car il leur fait perdre la charmante illusion de la danse, par la manière désagréable dont on marche dans les moments de repos ou dans l’instant que l’on se présente au public, pour l’exécution du pas. La manière de bien marcher est très utile, parce que d’elle dépendent les premiers principes que la danse inspire, qui est le bon air. […] Aucun danseur ni danseuse n’a autant approché de la perfection de la danse, comme Mlle Gosselin, aussi elle dansait comme un ange (a).
— Est-ce que sa danse la fatigue beaucoup ? […] La danse blanche à elle seule dure onze minutes. […] C’est le firmament pur essaimé d’étoiles et c’est la danse du Feu. […] D’aucunes sertissent des mots ou des formes, elle créa l’âme de la danse, car jusqu’à Loïe Fuller la danse n’avait pas d’âme. […] Nos désirs fous, nos peurs de néant, elle les dit dans sa danse du feu.
Un quart de siècle n’a pu anéantir la fascination de sa « danse serpentine », cette trouvaille qui lui valut la gloire. […] Tout ce qui est danse, ou plutôt marche et course rythmée, chez les élèves de Fuller est quelconque. […] Il y avait encore des danses de Mlle Anika Yan.
Mais en vous relevant le corps se pose sur le pied gauche ; & vous quittez la main de la Demoiselle : en glissant le pied droit devant en le croisant un peu plus que la cinquiéme position ; mais en faisant ce pas le corps se porte differemment des autres pas ordinaires, parce qu’il se tourne du côté gauche, & c’est le même bras & le même pied qui se passe devant dans le même tems, & lorsque vous glissez le pied droit le genoüil gauche se plie, qui renvoye par son mouvement le corps sur le pied droit, & l’on tourne un demi tour dessus en se tournant du côté droit, ce qui vous met en présence de la Demoiselle, & de suite l’on porte le pied gauche à côté à la deuxiéme position, & vous regardez la Demoiselle pour lui adresser votre reverence, puis se plier la ceinture & s’incliner la tête, de même qu’à la premiere : & en se relevant tirer le pied droit derriere, & lorsque c’est le menuet que vous devez danser, il faut en vous relevant laisser le corps sur le pied gauche, afin de partir du pied droit pour votre pas de menuet ; mais si c’est une autre danse, en finissant de tirer le pied droit derriere, on doit y laisser poser le corps dessus afin de glisser du même tems le gauche devant, en remontant à la place que l’on a fait sa premiere reverence, & on tourne un demi tour à la gauche, ensuite on fait un autre pas du pied droit en se retournant du côté droit, ce qui vous remet en présence de la compagnie ; & là attendre que l’air de votre danse commence pour commencer votre danse. Quant à la Demoiselle, ayant le pied gauche devant à la quatriéme position, elle le porte à côté à la deuxiéme, & tout de suite elle tire le droit tout auprès à la premiere position, puis plier les deux genoux également, comme je l’ai expliqué cy-devant ; & la premiere reverence finie, il faut laisser le corps posé sur le pied droit, & glisser le gauche devant un peu plus que la cinquiéme position, pour tourner dessus un demi tour à la gauche, & porter du même tems le pied droit à côté, ce qui vous met en présence l’un de l’autre, & en se regardant tirer le pied gauche auprès du droit & plier doucement, & se relever de même, & laisser le corps poser sur le pied gauche afin de partir du droit pour votre menuet ; mais si c’est une autre danse, il faut glisser le pied droit devant en remontant un peu plus que la cinquiéme position, & en revenant à l’endroit où l’on a commencé la premiere, & se tourner un demi tour du côté droit en faisant un pas du pied gauche à la deuxiéme position, ce qui vous met en présence de la compagnie, & attendre que l’air commence pour partir.
Comme il y plusieurs chassez differens les uns des autres je commencerai par les plus faciles ou ceux qui m’ont parû les plus usitez dans les danses de Ville, telle que dans la Mariée, l’Allemande, la Babette & plusieurs autres. […] Ce pas est coulant, parce qu’en sautant vous gagnez le terrain pour faire la Figure que la danse demande, il est gai c’est lors qu’il y en a plusieurs de suite, il semble que l’on soit toûjours en l’air, néanmoins sans sauter qu’à demi. […] Ils se doivent faire de suite & très-legerement, parce qu’il en entre deux dans une mesure à deux tems legers, ces sortes de chassez sont très gais, & donnent beaucoup d’enjouëment à une danse. Il y en a encore de differentes manieres, mais comme je ne les ai point trouvé dans aucune danse de Ville, c’est ce qui m’oblige de n’en point parler.
DES PRINCIPES DE LA DANSE. […] Ceste façon de cheminer toute graue & noble, luy apportera auec vne grande facilité à la danse, vn maintien plus asseuré pour aborder, ou receuoir de bonne grace quelque compagnie, ce que luy estant impossible de soy qu’on luy face pratiquer l’instruction que i’en donne. […] Il y a encores deux ou trois autres sortes de reuerences, comme pour saluer vn Seigneur, vne Dame ; commencer vne courante, ou vne gaillarde, desquelles ie discourray en leur lieu ; Mais parce que les pas de courante sont tres-propres pour aquerir la liberté des mouuemens qui sont necessaires en la danse, & adoucir l’air à vn Cavallier, & aussi que l’exercisse d’iceux fait trouuer de la facillité aux autres danses, ie commenceray par la. […] Sans s’attacher donc aux vieilles maximes du temps, où l’on pouuoit veritablement dire, tousiours va qui danse, qui estoient autant esloignees de la perfection dont la danse se glorifie à ceste heure, comme elles estoient destituees de la gentillesse, des actions & mouuemens du corps, ioints à la mignardise des pas dont elle est enrichie, il faut qu’vn Escolier recherche curieusement les moyens qui peuuent vaincre les difficultez qui s’opposent à receuoir ses graces, & qu’il considere, que si la rose ne se peut cueillir que parmy les espines : aussi ne gagne-on cest exercice que par l’exercice mesme. […] Or comme les susdites danses sont sans doute les plus receuës : aussi apportent elles auec plus d’auantage quelque honneur du profit qu’on peut faire en leur escole, & quiconque suiura ce que i’en ay enseigné qu’il s’asseure d’en acquerir vne action toute belle, & assez de cognoissance pour ne la laisser corrompre par mauuaises habitudes, en cas que sa curiosité le portast à l’exercice des danses moins requises, desquelles il ne sera pas parlé quand à present, d’autant que le but principal où i’ay visé, n’a esté que de donner à vn Escolier la grace & la modestie, à quoy le surplus des danses sont inutiles.
Loret, lettre du 14 février 1665 Une Mascarade galante, Ou, du moins, comique et parlante, Dont le sujet vraiment follet, Ne plaît guère moins qu’un Ballet, Étant des mieux imaginée Par une Âme rare et bien née, Cependant que j’écris ceci, Dans le Palais Royal, aussi, Lieu de respect et de plaisance, Pour la dernière fois se danse. […] Un Homme de Cour que j’estime, Et qui fut, jadis, mon intime, M’avait convié de la voir, Mais je n’en ai pas le pouvoir, Car il faut, comme de coutume, Qu’il sorte aujourd’hui de ma plume, Cette Lettre, que bien des Gens De voir, après, sont diligents : Le Samedi, jour de Saturne, Dont la Planète est taciturne, N’est pour moi nullement un jour De société, ni d’amour, De jeux, de spectacles, de danses, Ni d’aucunes réjouissances, Et si j’ai beau, tous les huit jours, Composer discours sur discours, Divertir les Cours de l’Europe, Où ma Gazette en Vers galope, Et contenter, à ce qu’on dit, Les Gens d’honneur et de crédit, Fortune est envers moi si chiche, Que je n’en deviens pas plus riche ; Mes Créanciers, le plus souvent, Ne font cas, non plus que de vent, De mes excuses ordinaires, Et je ne puis sortir d’affaires : Mais, ô ma Muse, s’il vous plaît, Laissons le Monde comme il est, Contents d’un peu de renommée, Agissons à l’accoutumée, Je dirais cent fois mes besoins Qu’il n’en serait ni plus, ni moins.
Les parents sont d’accord, les jeunes filles sont parées ; il y aura fête et gala sur la montagne, et déjà les danses commencent. […] Il n’a rien vu, il ne sait rien, James n’est amoureux que d’Effie ; reprenez vos danses interrompues. Et, en effet, la danse recommence. […] »Ainsi parle le poète, ainsi danse la fille de l’air ! […] Pas une femme ne le danse et ne le dansera, comme elle le dansait.
Ce qu’on danse sont huit Entrées, Qui sont les plus considérées Du Ballet de l’Hiver dernier, Ainsi que je l’appris hier ; C’est à savoir, celle des BASQUES, Dont, comme eux, les Pas sont fantasques, Des BERGERS et des BOHÉMIENS, La plupart étranges Chrétiens, Des DÉMONS, Gens fort laids et haves, Des PAYSANS et des ESCLAVES, Des MAURES et des ESPAGNOLS, De nos Progrès pires que Fols, Et qui, dedans leur Décadence, N’ont guère le cœur à la Danse.
Il faut, dans les tableaux de la danse, des traits marqués, de grandes parties, des caractères vigoureux, des masses hardies, des oppositions et des contrastes aussi frappans qu’artistement ménagés. Il est bien singulier que l’on ait comme ignoré jusqu’à présent, que le genre le plus propre aux expressions de la danse, est le genre tragique ; il fournit de grands tableaux, des situations nobles, et des coups de théatre heureux ; dailleurs les passions étant plus fortes et plus décidées dans les héros que dans les hommes ordinaires, l’imitation en devient plus facile, et l’action du pantomime plus chaude, plus vraie, et plus intelligible. […] Mais, par un malheureux effet de l’habitude, ou de l’ignorance, il est peu de ballets raisonnés ; on danse pour danser ; on s’imagine que le tout consiste dans l’action des jambes, dans les sauts élevés, et qu’on a rempli l’idée, que les gens de goût se forment d’un ballet, lorsqu’on le charge d’exécutans qui n’éxecutent rien ; qui se mêlent, qui se heurtent, qui n’offrent que des tableaux froids et confus, dessinés sans goût, groupés sans grace, privés de toute harmonie, et de cette expression, fille du sentiment, qui seule peut embellir l’art, en lui donnant la vie. […] Cette différence du tableau au portrait devroit être également reçue dans la danse. […] Je crois décidement, Monsieur, qu’il n’est pas moins difficile à un peintre et à un maître de ballets de faire un poème ou un drame en peinture et en danse, qu’il ne l’est à un poète d’en composer un ; car, si le génie manque, on n’arrive à rien ; ce n’est point avec les jambes que l’on peut peindre ; tant que la tête des danseurs ne conduira pas leurs pieds, ils s’égareront toujours, et leur exécution sera machinale : et qu’est-ce que l’art de la danse quand il se borne à tracer quelques pas avec une froide régularité.
Il contribuera à l’agrément des formes ; il répandra de la nouveauté & de l’élégance dans les Figures, de la volupté dans les grouppes, des graces dans les positions du corps, de la précision & de la justesse dans les attitudes, & la Danse semera en quelque façon des fleurs sur les chemins que le goût lui tracera. […] Le Maître de Ballets qui ignorera la musique, phrasera mal les airs ; il n’en saisira pas l’esprit & le caractere ; il n’ajustera pas les mouvements de la Danse à ceux de la mesure avec cette précision & cette finesse d’oreille, qui sont absolument nécessaires, à moins qu’il ne soit doué de cette sensibilité d’organe, que la nature donne plus communément que l’Art, & qui est fort au-dessus de celle que l’on peut acquérir par l’application & l’exercice. Le bon choix des airs est une partie aussi essentielle à la Danse, que le choix des mots & le tour des phrases l’est à l’éloquence. […] Par le rapport intime qui se trouve entre la Musique & la Danse, il n’est pas douteux, Monsieur, qu’un Maître de Ballets retirera des avantages certains de la connoissance pratique de cet Art ; il pourra communiquer ses idées au Musicien, & s’il joint le goût au savoir, il composera ses airs lui-même, ou il fournira au Compositeur les principaux traits qui doivent caractériser son action ; ces traits étant expressifs & variés, la Danse ne pourra manquer de l’être à son tour. La Musique bien faite, doit peindre, doit parler ; la Danse en imitant ses sons, sera l’écho qui répétera tout ce qu’elle articulera.
Quel jugement on doit porter de la Danse. […] Mais ce pasteur, dites-vous, fait quelque chose de plus ; il a refusé l’absolution à quelqu’un de ses paroissiens qui avoit été à la danse, sans se mettre en peine de ses exhortations. […] François-de-Sales, et qu’ils disent après lui que la danse par elle-même est une chose indifférente. J’avoue avec ce saint évêque, que la danse en elle-même est une action indifférente ; car elle a été louée dans David. […] Saint Cyprien le dit de même expressément, et saint Chrysostôme ne fait point difficulté de dire que c’est le diable qui danse encore aujourd’hui dans les danseurs.
Une partie des habitans est rangée autour de ce même autel, tenant dans leurs mains des massues avec les quelles ils s’exercent, tandis que les autres insulaires célèbrent par une danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau prosélite. […] Vous voyez, Monsieur, que ce ballet n’est exactement qu’un essai que j’ai voulû faire pour sonder le goût du public, et pour me convaincre de la possibilité qu’il y a d’associer le genre tragique à la danse. […] de Cahusac dévoile les beautés de notre art, il propose des embellissemens nécessaires ; il ne veut rien ôter à la danse, il ne cherche au contraire qu’à tracer un chemin sûr dans le quel les danseurs ne puissent s’égarer ; on dédaigne de le suivre. […] c’est le seul qui convienne à la danse et qui puisse l’embellir. […] Il avoit mis enfin l’action en musique ; chaque trait étoit une expression qui prêtoit des forces et de l’énergie aux mouvemens de la danse, et qui en animoit tous les tableaux.
Une partie des Habitants est rangée autour de ce même Autel, tenant dans leurs mains des massues avec lesquelles ils s’exercent, tandis que les autres Insulaires célébrent par une Danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau Prosélyte. […] Vous voyez, Monsieur, que ce Ballet n’est exactement qu’un essai que j’ai voulu faire pour tâter le goût du Public & pour me convaincre de la possibilité qu’il y a d’associer le genre tragique à la Danse. […] Il y a dix mois que l’on donne ce Spectacle & qu’on le voit avec plaisir ; effet certain de la Danse en action ; elle paroît toujours nouvelle parce qu’elle parle à l’ame, & qu’elle intéresse également le cœur & les yeux. […] C’est le seul qui convienne à la Danse & qui puisse l’embellir. […] Il avoit mis enfin l’action en Musique ; chaque trait étoit une expression qui prêtoit des forces & de l’énergie aux mouvements de la Danse & qui en animoit tout les Tableaux.
Si j ajoute à toutes ces merveilles la variété des traits de la physionomie, leur mobilité à se ployer, et à se déployer pour exprimer énergiquement les sensations, et les affections de l’âme ; si je parle du langage des yeux, du feu qui en animant les regards, embrase, éclaire et vivifie tous ses traits, et les grouppes variés, que les passions y impriment ; si je joins à tant de facultés sublimes la variété des sons et des infléxions de la voix, ses modulations naturelles, la finesse de l’oreille, son tact et sa sensibilité ; enfin les gestes éloquents qui en résultent, et forment un langage universel, on trouvera dans cette richesse de moyens, les principes innés de la danse, et de la pantomime sans règle, de la musique, et de la mélodie sans étude. […] Pourroit-on se dispenser de nommer cette action franche et vive, danse naturelle, ou danse primitive ? Il faut conclure d’après ces observations puisées dans la nature de l’homme, que la danse, et la musique privées de règles et de principes, sont aussi anciennes que le monde. […] Le premier homme qui fit un air, le composa sans règle et sans mesure ; son oreille suppléa au défaut de principes ; mais par succession de tems, il donna plus de variété à ses chants ; il en marqua les phrases par des signes, qu’il imagina, ou que la délicatesse de son tact lui suggéra, ses airs devinrent moins monotones, et moins barbares ; ils fixèrent les pas et les mouvemens de la danse ; ils furent mieux ordonnés, et moins diffus : ce fut donc la musique, dans son enfance qui donna les premières regles à la danse sortant à peine du berceau. […] La poësie ne faisoit que balbutier ; la musique au berceau n’articuloit que les sons de l’enfance ; la danse se trainoit à peine ; la peinture sans dessin, privée de la variété des couleurs et en ignorant l’heureux mélange, n’offroit que de foibles ébauches ; la sculpture pétrissoit l’argile, et il ne sortoit de ses mains que d’insipides caricatures.
[Des positions] Toute la théorie de l’art de la danse ayant été établie sur cinq positions naturelles, dont on ne doit point s’écarter et qu’on doit observer avec la plus grande régularité, je vais mettre le lecteur à portée de s’en instruire parfaitement. […] Voilà donc les cinq positions naturelles de la danse et qui en font la base, qu’on doit se rendre familières, c’est-à-dire, se les graver dans la mémoire, les répétant souvent, tantôt du pied droit, tantôt du pied gauche, tous les pas dérivant de ces cinq positions, qu’il est très important de bien savoir ; on aura l’attention d’observer pour tous ces mouvements et changements de positions, ce qui a été dit ci-devant.
Rien n’est plus avantageux à ceux qui ont de l’inclination pour la danse, & de la disposition pour l’executer, que de s’attacher à bien conduire leurs bras : c’est pourquoi ils doivent lire avec beaucoup d’attention les regles que je vais leur prescrire, d’autant qu’ils comprendront plus facilement les leçons de leurs Maîtres & avanceront davantage. […] Pour moi, je dirai seulement que je regarde les bras qui accompagnent bien le corps en dansant comme la bordure fait à un Tableau : car si elle n’est faite de façon qu’elle puisse convenir au Tableau, quelque beau qu’il soit, il n’est pas si parent : ainsi quelque bien qu’un Danseur fasse les pas, s’il n’a point les bras doux & gracieux, sa danse ne paroîtra pas animée, & par consequent fera le même effet que le Tableau hors de sa bordure : quelque-uns m’allegueront que c’est un don particulier, je l’avoüe ; mais néanmoins j’espere que je ne laisserai pas de donner des moyens pour les acquerir par une ample & distincte démonstration que j’en ferai dans cette Partie, & qui ne doit pas moins contribuer à l’avancement de la jeunesse, qu’au soulagement des Maîtres ce qui est tout ce que je me suis proposé dans mon Livre.
Je dis qu’il faut le plier à propos, c’est qu’il faut que vous pliez sur la fin de la mesure pour vous lever, lorsque l’on frappe la mesure, ce qui se nomme en terme de danse cadence. […] Il se trouve dans les danses de Ville des coupez battus : par exemple, vous faites votre demi-coupé en avant du pied droit, & la gauche s’approche de la droite en frapant sur le gras de la jambe & se reporte derriere à la quatriéme position. […] D’autres qui se terminent par une ouverture de jambe, ou un tour de jambe, & la jambe reste en l’air pour faire un autre pas, qui se trouve à la suite selon que la danse que vous apprenez le requiert.
Il commença par mettre la Danse à la mode. […] Auguste, en suivant son plan de politique, avait honoré la Danse, et les Danseurs par l’établissement d’une loi, qui avait été reçue avec un applaudissement universel. […] Quelques Auteurs trompés, comme on l’a déjà dit, par le goût qu’il montra pour la Danse Italique, l’en ont cru l’Inventeur. S’ils avaient approfondi ses vues, ils auraient découvert les motifs de la protection qu’il accorda à la Danse, dans cette politique fine qui était dans son caractère.
Il fallait, peut-être, susciter à Styrax quelque rival, ce qui aurait amené un duel de danse entre chèvre-pied et talon-rouge. […] La plupart des danses réglées par M. […] J’aime un peu moins la leçon de danse — dont l’agencement est trop savant, trop symétrique — et cela malgré l’élégance fluette de Mlle Yvonne Franck, gouvernante des Nymphes. […] Charmante, la répétition de danse où quelques jeunes gens s’entraînent en cabriolant et en pirouettant.
Déjà tout est préparé pour le sacrifice ; on danse autour de l’autel, on l’orne de fleurs. […] Les Pirates se livrent sans ménagement aux excès du vin, et ils peignent leur joye par des danses caractéristiques ; pendant cette scène, les Athéniennes expriment la plus vive douleur, et les Corsaires yvres et fatigués s’endorment. […] Ce badinage offre des danses légères et une foule de grouppes dessinés par le plaisir. […] Les parens de la belle Cryséïs l’unissent à son libérateur, et, par un mouvement d’enthousiasme et d’admiration, le peuple place Cryséïs et son amant sur un pavois, les élève et les porte en triomphe : on danse autour de ce pavois, et on les conduit au temple de l’Amour.
Les aventures que le Masque servait, ou faisait naître, les caractères divers de Danse qu’il donnait occasion d’imaginer, l’amusement des préparatifs, le charme de l’exécution, les équivoques badines auxquelles l’incognito donnait lieu, firent et devaient faire le succès de cet amusement, qui tient autant à l’esprit qu’à la joie. […] La Danse simple est le fond du Bal masqué, aussi bien que des Bals de parade.
Conclusion du traité contre les danses. Je crois avoir montré par des preuves convaincantes, que les danses ne sont pas des divertissemens chrétiens, et doivent par conséquent être évitées par toutes les personnes qui font une profession sincère du christianisme.
Mon ouvrage étant didactique, je dois traiter avec soin tous les objets qui peuvent concourir aux progrès de la danse, répandre de la clarté dans la démonstration des principes, et en faciliter l’application. […] Cette connoissance est d’autant plus utile que la beauté et l’harmonie de la danse dépendent essentiellement du jeu souple et facile de ces articulations ; elles sont autant de ressorts qui déterminent les attitudes du corps, les mouvemens des jambes, les dévoloppemens des bras. Sans elles rien ne peut se faire dans l’art de la danse : la tête surtout ne peut avoir d’inflexions ni contraster agréablement, avec les positions du corps, c’est donc l’étude de cette union et de cette harmonie qui constitue la danse par excéllence. […] En supposant, comme il est nécessaire de le faire, que la danse acquière un nouveau dégré de perfection, ne seroit-il pas de nécéssité que les maîtres à l’exemple des peintres, eussent une connoissanec, sinon parfaite, du moins générale de l’anatomie ? […] Les positions de la tête, ses contrastes avec le buste et ses oppositions prêtent sans doute à la danse les plus grands agrémens.
La Nijinska tire des groupes nouveaux et drôles de la danse populaire russe, la danse « accroupie », dans les Trois lvans ; mais je considère la Shéhérazade, de Mlle Dalbaïcin, ponctuant de ses talons le rythme de Tchaikovsky un hors-d’œuvre qui ébranle l’ensemble. […] On donna encore Les Danses du Prince Igor, chef-d’œuvre intégral et qui, lui, est inépuisable, et Le Carnaval, de Schumann-Fokine, suite d’épisodes dansées, minuscules et adorables, mais laissant quelquefois un vide ; miniatures dans le cadre d’une fresque.
On joignait à cette Danse quelques Récits qui en donnaient les explications nécessaires. […] Il y en a une troisième, qu’on imagina en 1675 qui tenait aussi du grand Ballet, et qui, en allongeant la Mascarade déjà connue, ne fit autre chose que d’en changer l’objet principal en substituant maladroitement le Chant à la Danse.
La danse pure, aux rythmes simples et carrés, en est une forme sauvage et presque liée à l’instinct. Par contre, mime et danse à leur juste place, donnant le secours de la plastique et du mouvement à la musique et au poème, peuvent faire la plus belle et la plus riche des œuvres d’art.
Il me conseilla d’aller à Paris où un public d’artistes ferait à mes danses l’accueil qu’elles méritaient. […] Je voulais aller là-bas, où, me disait-on, les gens de goût aimeraient ma danse et lui feraient une place dans le domaine de l’art. […] … Tandis que je dansais à New-York, j’avais commencé à inventer des robes spéciales pour mes danses nouvelles. […] Et là, avec la mer pour toile de fond et les feux de détresse pour éclairage, j’essayai, pour la première fois, une série de nouvelles danses, chacune avec une robe spéciale. […] Dans ce cas, je ne danserais que ma première danse et ne montrerais qu’une seule robe, comme je faisais à New-York.
Ce que nous montrent les danseuses foraines du premier tableau, puis, la ballerine-poupée, c’est la déformation ironique des pas de ballet, — tandis que les danses des nourrices, des postillons ou des masques valent par l’exagération grotesque, voulue par le maître, des mouvements de danse populaires. […] Et ce ne sont pas là des danses grecques reconstituées ; c’est plutôt le procédé conventionnel du peintre-potier qu’évoquent les pas et les poses des artistes.
D’autres qui se prennent de la premiere, & vous portés le pied à côté à la deuxiéme position, en vous élevant dessus, & du même tems poser le talon à terre pour plier, & le demi-jetté qui pour lors se croise à la cinquiéme position ; ce qui termine ce pas, on donne des exemples de ce pas dans l’Aimable Vainqueur ; qui est une fort belle danse de Ville, ils y sont placez de differentes manieres & si à propos, qu’il semble que la jambe exprime les notes ; ce qui prouve cet accord ou plutôt cette imitation de la Musique avec la danse, puisque l’on doit imiter la douceur de ses sons par des pas doux & gracieux.
Je ne me suis pas entêté sur l’attitude que j’ai donné à mes Figures dans l’élevation de leurs bras ; j’ai voulu consulter ce qu’il y a de plus habile, non-seulement dans la danse ; mais même dans le dessein, & qui ont trouvé que je les avois dessinées selon les regles, pour pouvoir accompagner le corps, & se mouvoir avec facilité dans les differens pas où il faut observer le contraste, ce qui fait l’ornement de la danse.
Le 25 janvier elle fit sa première apparition à l’Opéra, au foyer de la danse. […] En quelque lieu qu’on allât, on était poursuivi par des échos de cette danse. […] Elle danse de tout son corps, depuis la pointe des cheveux jusqu’à la pointe des orteils. […] Après cinq années de séjour à Paris, elle voyait la danse se développer sous ses formes les plus grossières. […] L’article félicitait Marie Taglioni d’être devenue la reine de la danse terrestre, après avoir été la reine de la danse céleste.
D Danse (la), 5. Danses caractéristiques, 94.
Réponses aux objections qu’on fait pour affoiblir, et détruire même, s’il étoit possible, ce qui a été dit contre les Danses. […] De là en particulier toutes ces objections qu’on oppose à ce qui a été dit contre les danses, et auxquelles on revient sans cesse, comme si on ne pouvoit y répondre, ou comme si on n’y avoit jamais rien répondu de raisonnable.
Je ne douterois pas que l’on ne m’accusât d’indifference, ou bien de ne sçavoir montrer qu’aux hommes, si je ne marquois du zele & de l’attention pour l’instruction du beau Sexe, lui qui est l’ame de la danse, & qui lui donne tout le brillant qu’il a, outre que je retrancherois ce que la Nature a fait de plus gracieux ; c’est que sans la presence des Dames la danse n’est pas si animée, car ce sont elles qui font naître cette ardente & noble émulation qui paroît entre elles & nous quand nous dansons ensemble, & sur-tout avec celles qui possedent cet exercice, desquelles il y a un assez grand nombre, car rien ne me paroît plus interessant à une compagnie que de voir danser deux personnes de l’un & de l’autre sexe avec justesse, que d’applaudissement !
Quoique le Piroüetté soit de ces pas qui se fassent en place, & qu’il semble que l’on ne doit pas y faire beaucoup de façon ; néanmoins il demande autant d’application que les autres pas, & c’est en cela que je trouve l’étenduë de la danse ; puisque de ces pas mêmes qui nous paroissent les moins difficiles, naissent des graces infinies, quand on veut s’adonner à bien danser ; & c’est à quoi j’exhorte tous ceux qui voudront s’y perfectionner. […] De plus, c’est que les danses de Ville qui ne sont que gracieuses par elles-mêmes, ne demandent que des mouvemens doux & remplis de beaucoup de noblesse.
Cependant les vêtemens varieront de formes, de caractères et de couleurs, et la danse restera toujours la même. […] Cependant on ne parviendra à faire tracer à la danse des caractères variés qu’en imitant. […] La danse au contraire doit présenter à chaque instant, de nouveaux dessins, de nouveaux groupes et de nouveaux tableaux. […] Dailleurs, la danse étant l’art des mouvemens doit être débarrassée de toutes les entraves qui s’opposeraient à son exécution. […] Dans un autre moment je parlerai de la danse telle qu’elle existe aujourd’hui.
Par elle je voyais revivre les anciennes danses des tragédies. […] La danse, à vrai dire, ne l’avait pas particulièrement intéressée, mais si cela pouvait nous aider en quoi que ce fût elle serait contente de venir à notre réunion. […] Ce que je dis, je ne le sus jamais, mais je me souviens vaguement d’avoir fait quelque chose comme une dissertation sur la danse et sa valeur relativement aux autres arts et à la nature. […] cette danse comme je l’aimai ! […] Elle me dit à voix basse : — Pourquoi danse-t-elle avec un costume si insuffisant ?
Le maître de ballets qui ignorera la musique phrasera mal les airs ; il n’en saisira pas l’esprit et le caractère ; il n’ajustera pas les mouvemens de la danse à ceux de la mesure avec cette précision, et cette finesse d’oreille qui sont absolument nécessaires, à moins qu’il ne soit doué de cette sensibilité d’organe que la nature donne plus communément que l’art, et qui est fort au dessus de celle que l’on peut acquérir par l’application et l’exercice. Le bon choix des airs est une partie aussi essentielle à la danse, que le choix des mots et le tour des phrases l’est à l’éloquence. […] Par le rapport intime qui se trouve entre la musique et la danse, il n’est pas douteux, Monsieur, qu’un maître de ballets retirera des avantages certains de la connoissance-pratique de cet art ; il pourra communiquer ses idées au musicien ; et s’il joint le goût, au savoir, il composera ses airs lui-même, ou il fournira au compositeur les principaux traits qui doivent caractèriser son action : ces traits étant expressifs et variés, la danse ne pourra manquer de l’être à son tour. La musique bien faite doit peindre, doit parler : la danse, en imitant ses sons sera l’echo qui répétera tout ce qu’elle articulera.
Il faut dans les Tableaux de la Danse des traits marqués, de grandes parties, des caracteres vigoureux, des masses hardies, des oppositions & des contrastes aussi frappants qu’artistement ménagés. Il est bien singulier, que l’on ait comme ignoré jusqu’à présent que le genre le plus propre à l’expression de la Danse est le genre tragique ; il fournit de grands Tableaux, des situations nobles & des coups de théatre heureux ; d’ailleurs, les passions étant plus fortes & plus décidées dans les Héros que dans les Hommes ordinaires, l’imitation en devient plus facile, & l’action du Pantomime plus chaude, plus vraie & plus intelligible. […] Mais par un malheureux effet de l’habitude ou de l’ignorance, il est peu de Ballets raisonnés ; on danse pour danser ; on s’imagine que le tout consiste dans l’action des jambes, dans les sauts élevés, & qu’on a rempli l’idée que les gens de goût se forment d’un Ballet, lorsqu’on le charge d’exécutants qui n’exécutent rien, qui se mêlent, qui se heurtent, qui n’offrent que des Tableaux froids & confus, dessinés sans goût, grouppés sans grace, privés de toute harmonie, & de cette expression, fille du sentiment, qui seule peut embellir l’Art, en lui donnant la vie. […] Cette différence du Tableau au Portrait devroit être également reçue dans la Danse ; le Ballet, comme je le sens, & tel qu’il doit être, se nomme à juste titre Ballet ; ceux au contraire qui sont monotones & sans expression ; qui ne présentent que des copies tiedes & imparfaites de la nature, ne doivent s’appeller que des divertissements fastidieux, morts & inanimés. […] Je crois décidément, Monsieur, qu’il est aussi facile à un grand Peintre & à un célebre Maître de Ballets, de faire un Poëme ou un Drame en Peinture & en Danse, qu’il est aisé à un excellent Poëte d’en composer un ; mais si le génie manque, on n’arrive à rien ; ce n’est point avec les jambes que l’on peut peindre ; tant que la tête des Danseurs ne conduira pas leurs pieds, ils s’égareront toujours, leur exécution sera machinale, & ils se dessineront eux-mêmes froidement & de mauvais goût.
De tous ces bijoux, je rapportai aussi à Paris quelques parures destinées aux premiers sujets du chant et de la danse. […] L’une danse la grâce, l’autre la force, et toutes deux sont charmantes. […] Un des critiques qui analysèrent avec le plus de finesse ce qu’il y avait de personnel dans la danse de Fanny Elssler fut Charles Maurice. […] Elle danse, mais ce sont des pas si fins, c’est une danse si correcte, ce sont deux pieds si agiles, qu’on se demande si en effet elle danse ou si elle est immobile. […] Sa danse manquait de personnalité, mais trahissait une initiation complète à tous les secrets du métier.
Loret, lettre du 31 janvier 1665 Un Ballet, beau par excellence, Où règne la magnificence, Tout pompeux et tout éclatant, Mais que je n’ai pas vu, pourtant, Se danse trois fois la semaine, Non chez le Roi, ni chez la Reine, Mais dans ce noble et charmant lieu, Digne séjour d’un demi-Dieu, Jadis, construit par un Grand Homme, Et que Palais Royal on nomme. […] Auparavant que d’y monter, Neptune la fait escorter Par douze aimable Néréides, Divinités des flots liquides, Dont les visages attrayants Sont frais, délicats et riants, Qui font la Cour à cette Belle, Et dansent un air avec Elle, Avec des grâces et des pas, Où l’on remarque des appas Qui passent toute autre cadence ; Ensuite de laquelle Danse, Phosphore, Amant de ses attraits,39 Des Dieux, en ayant ordre exprès, Conduit cette Beauté divine Dans une superbe Machine, Digne Trône d’un si beau Corps, Qui parut fort brillant alors, Ayant avec Elle quatre Heures, Qui, comme ses inférieures, La suivent agréablement Dans les routes du Firmament, Durant que les Dieux Maritimes, De leurs voix douces et sublimes, Font un concert mélodieux Digne des Dieux, ou demi-Dieux. […] La jeune Dame de Vivonne, Excellente et sage personne, Que l’on estime infiniment, Mais qui danse assez rarement.
XII Le foyer de la danse A la rue Le Peletier. — Décoration. — Aspect. — Habitués. — Le général Bugeaud et la Révolte au Sérail — Un bataillon en jupons. — Sous le second empire. — Ces messieurs ! […] Le foyer de la danse n’y brillait ni par le luxe, ni par le confort : c’était une grande pièce attenante à l’hôtel Choiseul, assez mal éclairée, meublée d’une banquette en velours rouge usé, garnie de boiseries ouvragées à la mode du siècle dernier et décorée de glaces au cadre enfumé, écaillé, aux baguettes d’or terni. […] *** On aurait tort, du reste, de croire que ce foyer de la danse, — dont le nom seul sème d’étranges picotements le long des notaires de province et des « bons jeunes gens » de Paris, — soit un lieu où l’on « fasse des mots » comme dans une pièce de Dumas ou de Gondinet. […] Les noms de Vienne, Londres, Naples, Milan, Turin, lui sont connus et familiers, parce que l’on danse à Vienne, Londres, Naples, Milan, Turin ; parce qu’elle espère y danser elle-même le jour où elle quittera l’Opéra de Paris. […] Depuis son voyage dans les États-Unis, le pays des dollars fait partie de la géographie de la danse.
Suite du Précédent Henri IV avait été élevé dans un Pays où l’on danse en naissant. […] Aussi la Danse fut-elle un des amusements favoris d’Henri IV.
Il y a trois mouvemens depuis la ceinture jusqu’aux pieds, qui est celui de la hanche, celui du genoüil, & celui du cou-de-pied ; c’est de ces principaux mouvemens que l’on forme tous les differens pas de danse. […] Le mouvement du genoüil est different de celui-ci, parce qu’il n’est dans sa perfection qu’autant que la jambe est étenduë & la pointe basse, ce qui se voit dans les demi-coupez, le genoüil se plie & la pointe se leve un peu, mais lorsque vous passez le pied & que vous vous élevez, c’est le cou-de-pied qui perfectionne ce pas ; ainsi le mouvement du genoüil est inseparable du cou-de-pied : celui de la hanche est très-different, son mouvement n’est pas si apparent en ce qu’il est plus caché, néanmoins c’est elle qui conduit & dispose des autres mouvemens, puisque les genoux ni les pieds ne se peuvent tourner si les hanches ne sont tournées d’abord, ce qui est incontestable, puisqu’elle est superieure aux autres jointures ; il se fait des pas où il n’y a que la hanche qui agit comme dans les battemens terre à terre, les entrechats & les cabrioles qui sont des pas de Ballets, ou lorsqu’ils se font en l’air, il n’y a que les hanches qui agitent les jambes, parce que pour les faire dans leur perfection elles doivent être étenduës : ainsi le cou-du-pied ni les genoux ne se meuvent pas ; mais comme je n’ai entrepris que de donner l’instruction de faire les differens pas des danses de ville, c’est ce qui m’engage de ne me pas étendre sur ces pas qui sont d’une plus grande execution.
La premiere considération à faire lorsqu’on se destine à la Danse, dans un âge du moins où l’on est capable de réfléchir, est celle de sa construction. […] Voilà, Monsieur, où se réduit l’exécution des Danseurs qui croient que la Danse ne consiste que dans une action quelconque des bras & des jambes, & qui dédaignent de s’envisager eux-mêmes dans le moment de leur étude & de leurs exercices. Nous pouvons sans les offenser & en leur rendant la justice qui leur est due, les nommer les automates de la Danse. […] Quoi qu’il en soir, la Danse noble & terre-à-terre est la seule qui convienne à de pareils Danseurs. […] On pense assez communément qu’un homme gros & trapu doit être lourd ; ce principe est vrai quant au poids réel du corps, mais il est faux en ce qui concerne la Danse, car la légéreté ne naît que de la force des muscles.
On se prend plutôt à conjecturer l’existence d’un fonds impérissable de formes chorégraphiques, formes dont la configuration est essentielle, immanente à la danse, tandis que leur signification se modifie à l’instar des changements de sens que subissent les mots d’un langage. […] Un jour, on a vu Stéphane Mallarmé, esthéticien de l’absolu, crayonner, dans un fauteuil des mêmes Folies-Bergère, ses aperçus lumineux sur les danses dites serpentines de la Fuller. […] Elle aura lu l’Ève Future : elle paraphrase Villiers de L’Isle-Adam… De plus, elle prétend présenter, en juxtaposant avec désinvolture deux méthodes contradictoires, des danses cubistes et dadaïstes. […] Puis, elle danse.
[Épigraphe] Les bons principes de la danse sont au corps ce que la bonne lecture est à l’esprit.
Le costume et le genre de Danse étant absolument différents. […] Vers le milieu de cette fête, Didon, Enée, Jarbe et Ascagne s’y réunissent ; ce pas de quatre bien plus rempli d’intérêt et d’action que de danse, éclaire les soupçons qu’Jarbe a conçus, et, quelques précautions que puissent prendre Didon et Enée pour se contraindre, les éteincelles de leur passion n’échappent point à l’œil pénétrant du Prince Maure. […] Ses Maures et ses Gétuliens, au son des instrumens en usage chez eux, exécutent des danses caractéristiques suivant leur costume ; les Troyens au bruit des timballes et des trompettes forment des danses guerrières, qui expriment la valeur et l’intrépidité. Les femmes de la suite de Didon se livrent à des danses plus légères, et peignent tour-à-tour ce que la volupté à de plus tendre ; insensiblement cette fête devient générale. […] Enée et Didon au comble de la félicité, sortent de la grotte ; leurs danses et leurs attitudes caractérisent leur bonheur, et ne respirent que l’Amour et la volupté.
— Elle est une femme qui danse, et qui cesserait divinement d’être femme, si le bond qu’elle a fait, elle y pouvait obéir jusqu’aux nues. […] … C’est un effet de cette attention passionnée qu’il donne au spectacle de la danse. […] — Que veux-tu de plus clair sur la danse, que la danse elle-même ? […] On croirait que la danse lui sort du corps comme une flamme ! […] … Elle danse là-bas et donne aux yeux ce qu’ici tu essayes de nous dire… Elle fait voir l’instant… Ô quels joyaux elle traverse !
L’Auteur croit devoir prier le Public de ne point le confondre avec un artiste du même nom, qui, depuis quelque tems, fait annoncer de toutes parts un nouveau Cours de danse.
Il faut pour ces danses bien de la marge, car elles se marchent plus en largeur qu’en profondeur. […] D’ailleurs rien de plus difficile que l’exécution de ces danses de « promenade » et de maintien.
J’ai hésité quelque tems à joindre à cette édition de mes lettres sur la danse et sur les arts, quelques-uns des programmes de mes ballets : je ne me dissimule pas que ce ne sont pas précisément des ouvrages, et qu’ils n’apprennent rien sur l’art de la danse proprement dit.
Des Ballets Ambulatoires Ce n’est pas seulement au Théâtre, que la Danse a formé le fond d’un grand Spectacle. […] Sur des Théâtres élevés en plusieurs quartiers de la Ville, on voyait exécuter des Danses vives sur des Symphonies qui exprimaient l’allégresse publique : dans tous les détours des rues, une foule d’Instruments de toutes les espèces étaient répandus sur des échafauds. […] La Troupe de l’Amérique était la première, et entre ses danses elle en avait une plaisante de jeunes Enfants déguisés en Singes, en Guenons, et en Perroquets.
[Épigraphe] C’est en vain qu’aujourd’hui des chants mélodieux Sur la Scène appellent les Grâces, Si la danse n’amuse, et ne charme les yeux, L’ennui suit les plaisirs, et vole sur leurs traces.
La cour se va mouuent aux regles de ta danse, L’Amour du hault des Cieux tes leue des autelz, Et Venus animee, au son de ta cadence, Te prepare vn palais au rang des immortelz.
Voyez Ballet, Chœurs, Danse.
On a omis, pour ne pas multiplier les planches, les positions sur les pointes de la première, de la troisième et de la quatrième, ainsi que les ployés des autres quatre premières positions de la danse : elles sont très faciles, et l’on peut sans les figures, en concevoir et en produire l’effet. […] Tailles d’homme et de femme pour les trois genres de danse.
Et voilà que revivent, se multiplient, grouillent les personnages des estampes et des images d’Épinal, les lithos des Gavarni du terroir : les plantureuses « nounous » se pavanent provocantes ; dans un énorme tapage de bottes, les postillons barbus précipitent les pas de leur danse accroupie. […] Devant cette veulerie, cette passivité mauvaise des poupées sans figure, devant ce dandinement cynique des pantins, cette danse macabre de l’indifférence, l’action mimée s’étiole, les hommes vivants se dérobent.
Staats nous offre au deuxième un concert de danse fort complet, où l’on voit un corps de ballet nombreux évoluer avec ampleur et précision sauf quelques ruptures de l’alignement. […] Staats sacrifie un peu les adages ou plutôt se désintéresse des parties statiques de la danse ; il préfère ostensiblement le presto vivace.