La rue Basse, — devant l’entrée des artistes stationnent une vingtaine de voitures de toutes les classes, depuis le coupé de maître jusqu’au modeste sapin. […] l’artiste.
Mais le moyen aussi que l’Art parvînt au degré de perfection, où il était capable d’atteindre, dès que les Artistes n’apercevaient pas le par-delà du point médiocre où ils se bornaient ? […] Mon intention est de pénétrer l’esprit des Artistes sans avoir le dessein fastueux de m’ériger en juge de l’art.
L’usage étoit chez les anciens que celui qui avoit composé la déclamation d’une pièce de théâtre, mit son nom à côté de celui du poëte, et il se nommoit artiste de déclamation. […] En examinant la variété et la perfection des instrumens que les nations de l’Europe possèdent ; en admirant les chefs d’oeuvre de nos compositeurs ; les rares talens de ceux qui exécutent leur musique savante, le mérite rare des artistes convoitants ; je dirai, dussé-je offenser, quelque Don Quichotte de l’Antiquité, que nous sommes plus licites en instrumens que les Grecs et les Romains, et que notre musique est aussi savante et sans doute plus agréable que la leur ; nous ne la connoissons que par des mots, et pour en juger avec connoissance de cause, et établir une juste comparaison, il faudroit avoir sous les yeux leur noté et leurs partitions.
Tout souriait à la jeune artiste, le présent comme l’avenir, la soirée de la veille comme celle qui allait la suivre, quand arriva la représentation au bénéfice de Cornélie Falcon. […] Perrin, — cet administrateur dont la réputation fut si singulièrement surfaite, — à aller chercher à l’étranger des sujets d’une valeur contestable, alors qu’il avait sous la main des artistes, comme mademoiselle Beaugrand, auxquelles il n’avait qu’à donner l’occasion de s’affirmer dans des créations dignes de leur talent.
Qu’il seroit heureux qu’un pareil établissement de bienfaisance, d’humanité et de reconnoissance envers les artistes, se formât à Paris !
Les passions pourront - elles se montrer & percer le voile que l’Artiste met entre le spectateur & lui ? […] Les caracteres que je viens de vous nommer sont idéaux & purement d’imagination ; ils ont été créés & enfantés par les Poëtes ; les Peintres leur ont donné ensuite une réalité par des traits & des attributs différents qui ont varié à mesure que les Arts se sont perfectionnés, & que le flambeau du goût a éclairé les Artistes. […] Les tics, les contorsions & les grimaces prennent moins naissance de l’habitude, que des efforts violents que l’on fait pour sauter ; efforts qui contractant tous les muscles, font grimacer les traits de cent manieres différentes, & auxquels je ne peux reconnoître qu’un Forçat & non un Danseur & un Artiste. […] L’instant est le Dieu qui détermine le Public ; que l’Artiste le saisisse, il est sûr de plaire. […] La nature ne peut s’associer à l’art grossier ; ce qui l’éclipse & ce qui la dégrade doit être proscrit par l’Artiste éclairé.
M…, artiste danseur, pirouetta, cabriola ; la belle resta muette. […] Que mademoiselle Saulnier gourmande donc très fort l’artiste rembourreur, qu’elle examine elle-même l’ouvrage ; et si son intention n’est pas de pouvoir dire : J’évite d’être maigre, et je deviens bossue, je lui conseille, toutes les fois qu’elle aura sur elle la dépouille de l’animal porte-laine, de se frotter le dos contre les murs de sa loge, afin d’aplanir les parties montueuses de ses reins. […] Elle avait dans les veines du sang de danseuse et dans le cœur des élans d’artiste. […] Nous craignons que l’ambition ne perde cette artiste. […] Emma Livry débuta sous les auspices de la grande artiste, qui oubliait qu’elle était la comtesse Gilbert des Voisins et la mère d’une princesse du vrai monde, pour ne se plus souvenir que d’un art auquel elle devait une plus rare illustration que celle du rang social.
Le personnel de l’Opéra s’élevait en 1713 à cent vingt-six artistes et employés, et coûtait chaque année 67,050 livres. […] Aujourd’hui, près de six cents artistes, employés, ouvriers, sont attachés à l’Opéra.
N’avons-nous pas vu, de nos jours, des artistes de l’un et l’autre sexe, après une longue carrière, faire encore les délices de la scène ?
Pour l’artiste, l’intuition juste suffit ; s’il suggère, s’il crée une atmosphère, il fait œuvre d’art.
D’où provient-il, ce charme cruel, qui plie les artistes modernes les plus raffinés, les danseurs russes, à ces accents impératifs, qui greffe sur leur sensibilité slave l’âme pathétique et asservie de l’homme primitif ?
Il aime les choses artistiques, et il est lui-même un artiste accompli. […] Quelle artiste elle doit être pour avoir su réunir toutes ces belles choses !
La fréquentation des artistes et l’examen de leurs chefs-d’oeuvre sont des sources d’instruction que le maître de ballets ne doit point négliger ; elles épureront son goût, elles agrandiront ses compositions et déveloperont ses idées ; c’est en examinant avec l’oeil de l’entendement les productions du génie, qu’il appercevra cette chaine imperceptible qui lie tous les arts, et qu’il apprendra que leurs créations doivent emprunter les traits de la belle nature ; ce n’est qu’en l’imitant que leurs productions sont tout à la fois sages et intéressantes. […] Il est un point dans tous les arts, je dois le répéter, que les artistes ne peuvent dépasser ; s’entêtent-ils à vouloir franchir les limites sages que la nature a posées ?
Aussi cet Art y fut-il porté à un point de perfection, qui paraîtrait incroyable, si on ne savait les efforts dont les Artistes sont capables, lorsque les récompenses les encouragent, que les distinctions les animent, et que l’espoir de la gloire les enflamme.
J’entre dans cet examen, parce qu’il peut être utile à l’Art et servir de leçon aux Artistes.
Elle avait embelli le dessein du Poète, et dès lors, elle avait franchi le rang où sont placés les simples Artistes, pour s’élever jusqu’à la classe rare des talents créateurs.
En présentant au public ce traité élémentaire, je crois lui fournir des moyens d’instruction dans un art qui, sous tous les rapports et à tant d’égards, est devenu précieux à la société, et tellement essentiel à l’éducation, qu’il est comme impossible de figurer sur le théâtre du monde sans en avoir au moins quelques légères connaissances ; et n’eussé-je tracé que les vrais principes, consacrés par l’usage et pratiqués par les meilleurs artistes, je croirais avoir rendu un service aux parents et aux personnes destinées à l’éducation de la jeunesse ; elles pourront au moins, en le lisant avec attention, juger du mérite des maîtres entre les mains desquels ils mettront leurs élèves, et, je dis plus, même leur enseigner les premiers principes sans leur secours.
Je ne pourrois dis-je, comprendre, ce qui engage tel personnage à lever le bras, tel autre à avoir la main à la garde de son sabre ; il me seroit impossible de discerner le sentiment qui fait lever la tête et les bras à celui-ci, et reculer celui-la : Toutes les figures fûssent-elles dessinées dans les règles de l’art et les proportions de la nature, il me seroit malaisé de saisir l’intention de l’artiste ; je consulterois en vain toutes les physionomies, elles seroient muettes ; leurs traits monotones ne m’instruiroient pas ; leurs regards sans feu, sans passion, sans énergie, ne me diroient rien ; je ne pourrois me dispenser enfin de regarder ce tableau comme une copie fort imparfaite de la nature, puisque je ne rencontrerois pas cette variété qui l’embellit et qui la rend toujours nouvelle. […] Les passions pourront-elles se montrer et percer le voile que l’artiste met entre le spectateur et lui ? […] Les caractères que je viens de vous nommer sont idéaux, et purement d’imagination ; ils ont été crées et enfantés par les poètes ; les peintres leur ont donné ensuite une réalité par des traits et des attributs différents, qui ont varié à mesure que les arts se sont perfectionnés, et que le Flambeau du goût a éclairé les artistes. […] Les Tics, les contorsions et les grimaces prennent moins naissance de l’habitude, que des efforts violens que l’on fait pour sauter ; efforts qui contractant tous les muscles, font grimacer les traits de cent manières différentes, et aux quels je ne peux reconnoitre qu’un forçat, et non un danseur et un artiste. […] Mais si l’art se perfectionne, si les danseurs s’attachent à peindre et à imiter, il faut alors quitter la gêne, abandonner les masques et en briser les moules, la nature ne peut s’associer à l’art grossier ; ce qui l’éclipse et ce qui la dégrade doit être proscrit par l’artiste éclairé.
Le docteur-directeur Véron l’a raconté ainsi : « A la suite de l’admirable trio qui sert de dénoûment, Bertram devait se jeter seul dans une trappe anglaise pour retourner vers l’empire des morts ; Nourrit, converti par la voix de Dieu, par les prières d’Alice, devait, au contraire, rester sur la terre pour épouser enfin la princesse Isabelle ; mais cet artiste passionné, entraîné par la situation, se précipita étourdiment dans la trappe à la suite du dieu des enfers. […] Véron y consentit après avoir obtenu l’adhésion de Meyerbeer : « Je tenais, a-t-il dit, à préparer à l’excellente artiste un rôle plus digne de son talent. » Nourrit venait de lui apporter la Sylphide. […] … Ce fut – sans aucun doute – à l’instigation de ce vieillard, que la grande artiste commit une assez méchante action : Duponchel venait de succéder au docteur Véron. […] L’eau du lac avait beau être de l’azur le plus pur et le plus étincelant, l’artiste ne pouvait se résoudre à oublier le cercle de flamme de la rampe, et, au delà du môle de l’orchestre, le clapotement des ondes bruissantes du parterre. […] Quoique surnommé l’Aérien, il daignait, au besoin, se montrer dilettante et reconnaître quelque mérite aux artistes lyriques.
Cette société étoit composée des hommes les plus instruits de la cour, des savans, des gens de lettres et des artistes. […] Je les regarde avec cet enthousiasme et cette admiration que les artistes ont pour l’Appollon de Belveder, j’avouerai, ajouta-t-il, que le tems ayant imprimé quelques taches légères sur le plus beau monument de l’esprit humain, je me suis empressé de les faire disparaître, et d’enlever d’une main tremblante et respectueuse le peu de poussière qui altéroit la sublimité des plus beaux traits.
L’Art n’est pas responsable des fautes de l’Artiste.
Entre plusieurs personnages médiocres qui entouraient le Cardinal de Richelieu, il s’était pris de quelque amitié pour Durand, homme maintenant tout à fait inconnu, et que je n’arrache aujourd’hui à son obscurité, que pour faire connaître combien les préférences ou les dédains des gens en place, qui donnent toujours le ton de leur temps, influent peu cependant sur l’avenir des Artistes.
. — Ce qui manquait à ces artistes 129 CHAPITRE V marie taglioni La dynastie des Taglioni. — Philippe Taglioni. — Conception romantique du ballet. — Les deux écoles : Taglioni et Vestris. — Education technique de Marie. — Ses débuts à Vienne. — Premiers succès en Allemagne. — Débuts à Paris. — Marie Taglioni et Perrot dans Flore et Zéphire. — Le Dieu et la Bayadère. — Robert le Diable. — La Sylphide. — Révolution romantique dans le ballet. — Causes du succès extraordinaire de Marie. — Une revanche de l’idéalisme. — Les panégyristes de Marie ; Jules Janin. — Hommages des poètes ; Méry. — Succès dans toute l’Europe. — Critiques de Rahel Varnhagen. — Caractère de Marie. — Sa prodigalité. — Son mariage avec Gilbert de Voisins. — Difficultés avec la direction de l’Opéra. — Nécessité d’engager une autre danseuse 156 CHAPITRE VI les débuts de fanny elssler à paris Le voyage de Véron à Londres. — Engagement des sœurs Elssler. — Leurs appointements. — Réclame tapageuse. — Appel aux bonapartistes. — La Tempête ; les répétitions ; dépenses pour la mise en scène. — Première représentation le 15 septembre 1834. — Physionomie de la salle. — Succès de Fanny. — Opinions de la presse. — Incompétence de Jules Janin. — Encore la légende des amours du duc de Reichstadt et de Fanny Elssler. — Orgueil de Véron. — Elssléristes et taglionistes. — Reprise de la Sylphide. — Débuts de Thérèse. — Le bal de Gustave. — Les deux sœurs dans Don Juan. — Les recettes de la Tempête. — Une parodie. — La mode 188 CHAPITRE VII l e diable boiteux L’année 1835. — La Juive. — Campagne des taglionistes contre Fanny Elssler. — L’Ile des Pirates. — L’attentat de Fieschi. — Insuccès du nouveau ballet. — Duponchel succède à Véron. — Qualités de Duponchel. — Les deux sœurs Elssler à Berlin. — Retour à Paris. — Première représentation des Huguenots, le 29 février 1836. — Vogue de l’Espagne et des danses espagnoles. — Grillparzer à Paris ; son jugement sur les sœurs Elssler. — Première représentation du Diable boiteux, le 1er juin 1836. — Succès complet de Fanny. — La cachucha. — Rentrée de Marie Taglioni dans la Sylphide. — Deux principes opposés. — La Fille du Danube. — Les sœurs Elssler à Bordeaux. — Retour à Paris ; accident de voiture. — Grave maladie de Fanny… 220 CHAPITRE VIII victoires et revers Les danseuses à l’église Notre-Dame-de-Lorette. — La statuette de Fanny par Barre fils. — Popularité de la cachucha. — Rentrée de Fanny dans le Diable boiteux. — Adieux de Marie Taglioni. — Nourrit et Duprez. — Les sœurs Elssler à Vienne en août 1837. — Les feuilletons de Théophile Gautier sur Fanny. — La Chatte métamorphosée en femme. — Premier portrait de Fanny par Th.
* * * J’apprends par une feuille rarissime, qui vient de Pétrograd, que les artistes des ci-devant Théâtres Impériaux, camouflés en Théâtres Académiques, mais fidèles à leur passé, ont célébré avec éclat le centenaire de celui qui avait établi le ballet russe dans sa gloire.
Quelle orgueilleuse satisfaction pour un artiste véritable !
Gaubert, énervé ou pressé, déconcertait quelque peu les artistes.
Si l’amour-propre mal combiné d’une foule d’artistes, leur permettoit de s’analyser eux-mêmes, combien en verrions-nous qui, à l’exemple de Mlle.
Qu’on ouvre le Tasse, l’Arioste, et quantité d’auteurs du même genre ; on y puisera des sujets admirables à la lecture ; rien ne coutera sur le papier ; les idées se multiplieront, tout sera facile, et quelques mots arrangés avec art présenteront à l’imagination une foule de choses agréables, mais qui ne seront plus telles dès que l’on essayera de les rendre : et c’est alors que l’artiste connoitra l’immensité de la distance du projet à l’exécution. […] Une musique au contraire expressive, harmonieuse et variée, telle que celle sur la quelle j’ai travaillé1 depuis quelque temps, me suggère mille idées et mille traits ; elle me transporte, elle m’élève, elle m’enflamme ; et je dois aux différentes impressions qu’elle m’a fait éprouver, et qui ont passé jusque dans mon âme, l’accord, l’ensemble, le saillant, le neuf, le feu, et cette multitude de caractères frappans et singuliers que des juges impartiaux ont crû pouvoir remarquer dans mes ballets ; effets naturels de la musique sur la danse, et de la danse sur la musique lorsque les deux artistes se concilient et lorsque les deux arts se marient, se réunissent, et se prêtent mutuellement des charmes pour séduire et pour plaire. […] Je crois, Monsieur, qu’une fête Turque ou Chinoise ne plairoit point à notre nation, si on n’avoit l’art de l’embellir ; et je suis persuadé que la manière de danser de ces peuples ne seroit point en droit de séduire : Ce costume exact et cette imitation n’offriroient qu’un spectacle très plat, et peu digne d’un public, qui n’applaudit qu’autant que les artistes ont l’art d’associer la délicatesse et le goût aux différentes productions qu’on lui présente.
Qu’on ouvre le Tasse, l’Arioste & quantité d’Auteurs du même genre, on y puisera des Sujets admirables à la lecture ; rien ne coûtera sur le papier ; les idées se multiplieront ; tout sera facile & quelques mots arrangés avec Art présenteront à l’imagination une foule de choses agréables ; mais qui ne seront plus telles, dès que l’on essaiera de leur donner une forme réelle ; & c’est alors que l’Artiste connoîtra l’immensité de la distance du projet à l’exécution. […] Une Musique au contraire expressive, harmonieuse & variée, telle que celle sur laquelle j’ai travaillé9 depuis quelque temps me suggere mille idées & mille traits ; elle me transporte, elle m’éleve, elle m’enflamme, & je dois aux différentes impressions qu’elle m’a fait éprouver & qui ont passé jusques dans mon ame ; l’accord, l’ensemble, le saillant, le neuf, le feu & cette multitude de caracteres frappants & singuliers que des Juges impartiaux ont cru pouvoir remarquer dans mes Ballets ; effets naturels de la Musique sur la Danse, & de la Danse sur la Musique, lorsque les deux Artistes se concilient, & lorsque leurs Arts se marient, se réunissent & se prêtent mutuellement des charmes pour séduire & pour plaire. […] Je crois, Monsieur, qu’une Fête Turque ou Chinoise ne plaîroit point à notre Nation, si on n’avoit l’art de l’embellir, & je suis persuadé que la maniere de danser de ces Peuples ne seroit point en droit de séduire ; ce costume exact & cette imitation n’offriroient qu’un spectacle très-plat & peu digne d’un Public qui n’applaudit qu’autant que les Artistes ont l’art d’associer la délicatesse & le génie aux différentes productions qu’on lui présente.
« Je suis bien au-dessous de ce que je devrais dire de cette grande figure ; ma parole est peu préparée pour cela, mais mon cœur d’artiste lui est reconnaissant. » Moins certes que je ne le suis moi-même à l’homme qui a écrit ces lignes.
Quelques années s’écoulèrent, et je m’occupai, comme je l’ai raconté, d’une autre petite artiste japonaise, Hanako. […] Fortuny, le fils de l’illustre artiste espagnol, aura réalisé « son théâtre », nous aurons des visions délicieuses.
Cette observation sera peu du goût de nos artistes ; ils sont dans une routine contraire ; et la routine est en général la boussole des artistes modernes qui ont acquis quelque réputation dans la danse du théâtre.
Le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles : que les artistes les reservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] Il en est des arts comme des places et des artistes comme des Ingénieurs ; il ne s’agit pas d’éffleurer ; il faut approfondir ; ce n’est pas assez que de connoitre les difficultés, il faut les combattre et les vaincre.
Pour hâter les progrès de notre Art & le rapprocher de la vérité, il faut faire un sacrifice de tous les pas trop compliqués ; ce que l’on perdra du côté des jambes se retrouvera du côté des bras ; plus les pas seront simples & plus il sera facile de leur associer de l’expression & des graces : le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles ; que les Artistes les réservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au Public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] Il en est des Arts comme des Places, & des Artistes comme des Ingénieurs ; il ne s’agit pas d’effleurer, il faut approfondir ; ce n’est pas assez que de connoître les difficultés, il faut les combattre & les vaincre.
Car dès que le music-hall se laissera contaminer par des velléités littéraires et « artistes », dès que le jongleur permettra des vues étrangères à son antique métier obscurcissant sa candeur professionnelle, c’en sera fait de ce genre jusqu’ici inusable.
Cependant je tiens à saluer la rentrée de Mlle Camille Bos, étoile aux qualités éclatantes, mais artiste incomplète, et aussi à rendre hommage à ce vaillant M.
L’indulgence avec la quelle le public applaudit à de simples ébauches, devroit, ce me semble, engager l’artiste à chercher la perfection.
La plupart sont filles de petites gens : mercenaires de l’atelier, du magasin ou du bureau, artistes infimes et émérites, concierges dont la femme a fait le ménage de bon nombre de locataires — et bien autre chose avec.
Etre en dedans, c’est avoir toujours ses genoux trop près l’un de l’autre, ce qui ne permet pas à l’artiste de se développer et de faire oublier au public la torture qu’elle s’impose, malgré le sourire de rigueur. […] Pamélar Ire & Pamélar IIe Voici ce qu’on raconte sous le couvert : Un soir, un directeur voit une de ses artistes arriver, éplorée, dans son cabinet. […] Les artistes, il n’y a que cela !
Cet homme, d’un génie vaste, embrassoit toutes les parties à la fois dans ses compositions ; tout est beau, tout est grand, tout est harmonieux : chaque artiste peut, en entrant dans les vües de cet auteur, produire des chefs-d’œuvre différens. […] Cette harmonie qui auroit règné dans deux arts si intimes, auroit produit l’effet le plus séducteur et le plus admirable ; mais, par un malheureux effet de l’amour-propre, les artistes, loin de se connoître et de se consulter, s’évitent scrupuleusement. […] Que les poëtes descendent du sacré Vallon ; que les artistes chargés des différentes parties qui composent l’opéra agissent de concert et se prêtent mutuellement des secours, ce spectacle alors aura le plus grand succès. […] Quant aux décorations, Monsieur, je ne vous en parlerai point ; elles ne péchent pas par le goût à l’opéra ; elles pourroient même être belles, parce que les artistes qui sont employés dans cette partie, ont réellement du mérite ; mais la cabale et une économie mal entendue bornent le génie des peintres, et étouffent leurs talens.
Cet homme d’un génie vaste & sublime embrassoit toutes les parties à la fois ; ses compositions sont ou peuvent être aisément le triomphe des Arts ; tout est beau, tout est grand, tout est harmonieux ; chaque Artiste peut en entrant dans les vues de cet Auteur produire des chefs-d’œuvres différents. […] Cette harmonie qui auroit régné dans deux Arts si intimes, auroit produit l’effet le plus séducteur & le plus admirable ; mais par un malheureux effet de l’amour propre, les Artistes loin de se connoître & de se consulter s’évitent scrupuleusement. […] Que les Poëtes descendent du sacré Valion ; que les Artistes chargés de différentes parties qui composent l’Opéra agissent de concert, & se prêtent mutuellement des secours, ce Spectacle alors aura le plus grand succès ; les talents réunis réussiront toujours. […] Quant aux décorations, Monsieur, je ne vous en parlerai point ; elles ne péchent pas par le goût à l’Opéra, elles pourroient même être belles, parce que les Artistes qui sont employés dans cette partie ont réellement du mérite ; mais la cabale & une économie mal entendue bornent le génie des Peintres, elles étouffent leurs talents.
Artiste jusqu’au bout des ongles, il a su faufiler un peu d’art au boulevard, rien qu’avec sa mise en scène, ses costumes et ses décors.
L’indulgence avec laquelle le Public applaudit à de simples ébauches, devroit, ce me semble, engager l’Artiste à chercher la perfection.
Si toutes ces raisons paroissent trop foibles encore pour ma justification, j’y ajoute la nécessité qui m’a fait une loi de me conduire comme je l’ai fait ; personne n’étant censé connoître mieux qu’un artiste, la disette et la pénurie de son art ; je me flalte que le public éclairé me fera la grace de s’en rapporter à moi sur le peu de ressources que fournit celui de la danse. […] L’instant où Oreste lève le voile qui lui déroboit les traits de sa mère qu’il vient de poignarder involontairement ; cet instant où reculant avec horreur, il exprimeroit les regrets et le desespoir, qui peuvent déchirer une ame sensible, l’artiste ne l’eût pas manqué. […] Ce peintre, en artiste habile, ne se fut pas arrêté à peindre de petites choses, ni toutes les circonstances froides et minutieuses qui accompagnent ordinairement la vie privée ; il eut, ainsi que moi, choisi tous les instans d’éclat et tous les momens où les grandes passions auroient été en mouvement ; ce sont elles qui fournissent les couleurs et les pinceaux, et qui, en faisant parler la toile, semblent encore faire mouvoir les personnages.
C’est elle qui fournit à cet art des secours et des ressources qui lui ont manqué jusqu’à ce moment, parce que l’artiste n‘a ni envisagé le but, ni calculé l’étendue de la carrière. […] Il seroit à souhaiter pour la facilité et la beauté de l’exécution que ses mouvemens fussent aussi complets que ceux du bras, mais la nature ne l’ayant pas jugé nécessaire, et la position des danseurs, étant comme je l’ai dit, anti-naturelle, il faut donc que l’artiste lutte sans cesse contre les hanches, et il faut à son tour que cette partie violemment exercée, obéisse à l’art.
Sur les artistes de l’opéra Chanteur, Chanteuse Chanteur, euse, s.
Tout le monde, dans ce public spécial et artiste, le connaissait.
Je me trouvai bientôt, dans Paris, l’impresario d’une des plus parfaites artistes japonaises, mais, hélas !
Les danseuses classiques continuaient leur tâche ardue dans un isolement moral complet ; artistes et poètes se désintéressaient de cette grande tradition.
Si nos ballets sont foibles, monotones, languissans, s’ils sont dénués d’intentions, d’expression et de caractère, c’est moins, je le répète, la faute de l’art, que celle de l’artiste : ignore-t-il que la danse unie à la pantomime est un art d’imitation ?
Un seul exemple peut ramener à un goût sage l’artiste qui s’est égaré un instant.
Le triomphe de celui-ci, et la mort de son rival présentent à l’artiste une foule de tableaux plus piquans, plus pittoresques les uns que les autres, et dont les contrastes et le coloris doivent produire les plus vives sensations.
» Autrement pour ces demoiselles : « Combien un danseur, des son enfance, n’a-t-il pas à souffrir pour devenir un artiste !
La belle mobilité des transitions que nous admirons en de pareilles artistes est ici suspendue pour un instant, de telle façon que nous apercevons en même temps le passé, le présent et l’avenir, ce qui nous suffit pour accéder à un état céleste. […] « Ce ne fut jamais un jeu d’oisif que de soustraire un peu de grâce, un peu de clarté, un peu de durée, à la mobilité des choses de l’esprit. » [Paul Valéry] « Au sujet d’Adonis » Pour la couverture d’une récente édition de luxe destinée à magnifier l’ouvrage de Valéry, un artiste adroit a gravé une figurine de danseuse, originaire de Myrrhina et conservée au Louvre.
Comme cet artiste n’aura pas aussi une grande vigueur, il sera obligé alors, comme je l’ai déjà dit, de recourir aux moyens qu’offrent les cous-de-pied quoique son entrechat ne soit pas aussi brillant, il sera plus correct et plus gracieux.
Le jour de la lecture aux artistes, à la répétition générale et à la première représentation.
C’est ainsi que l’artiste, qui ne calcule point les moyens que son art lui offre, s’egare et se perd Les transpositions de scènes ont jetté une confusion monstrueuse dans ce plan simple et magnifique ; les vains ornemens dont le caprice l’a chargé, en ont dégradé la marche, l’ordre et la majesté.
Rameau est à l’opéra : il a saisi dans ses compositions sacrées la grande manière que cet illustre artiste a portée dans ses ouvrages dramatiques ; mais il l’a saisie en homme original ; il a vu la lumière dès qu’elle a paru ; et il a composé de façon qu’on juge sans peine qu’il était capable de se frayer de nouvelles routes dans son art, quand même M. […] La Musique au contraire ne pouvait parvenir à la perfection, que lorsque l’exécution aurait été portée à un certain point, et il fallait au génie le concours d’un très grand nombre d’artistes différents que le temps pouvait seul former. […] La vérité doit leur servir de flambeau ; elle peut seule, en éclairant les Artistes, enflammer le génie, et le guider dans des routes sûres vers la perfection. […] Les fautes d’un faible artiste ne sont point dangereuses pour l’art ; rien ne les accrédite, on les reconnaît sans peine pour des erreurs, et personne ne les imite : celles des grands maîtres sont toujours funestes à l’art même, si on n’a le courage de les développer.
Il arrête tout et les artistes attendent des heures entières que le maestro leur indique le jeu de scène à exécuter. […] Depuis que le cinématographe nous a révélé la possibilité d’actions muettes d’un effet terrifiant et non moins expressives, d’une psychologie non moins délicate que les drames récités, nous imaginons assez bien ce que pouvait être la mort de Desdémone, mimée par des artistes de génie comme la Pallerini et Molinari. […] La plupart de ces artistes, à l’exception de la Pallerini, ne donnèrent plus la mesure de leur talent dès que Viganò ne fut plus là pour les diriger.
Il n’aimait point Corneille, et il estimait Desmarets : c’est-à-dire, qu’avec les parties précieuses d’un génie supérieur pour le gouvernement qu’il possédait à un degré éminent, il lui aurait fallu encore, pour pouvoir rendre les Arts florissants, cette finesse de discernement, ce sentiment délicat du vrai, qui peuvent seuls apprécier avec une justesse prompte et sûre les talents des artistes.
Quelques lettres inédites de célébrités chorégraphiques On a beaucoup écrit sur la vie des artistes de la danse au xviiie siècle.
Il faut leur laisser leur routine accoutumée ; il faut qu’ils persistent à peindre en camayeux, qu’ils n’abandonnent point les transparents, tristes enseignes de la médiocrité ; qu’ils continuent à copier et à dégrader les productions bizarres des Boulvards et celles des artistes estimables qui suivent la route que j’ai tracée.
Je préviendrai la critique juste et éclairée des artistes, en leur annonçant que j’ai supprimé les ailes que les poëtes et les peintres donnent quelquefois à Psyché, et toujours à l’Amour ; je dirai que chaque art a sa magie et ses règles de convenance ; que les ailes de Psyché se seroient opposées aux différens effets de mes grouppes ; cette raison m’a encore déterminé à supprimer les attributs que l’on prête à l’Amour.
Ce principe posé, l’Artiste doit suggérer relativement aux bras des mouvements différents à ses éleves.