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55. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre IV » pp. 44-59

. — Ce qu’est un homme à leurs yeux. — Un mot d’une fille pauvre. — Le corset et la liberté. — Sommes-nous réellement heureuses ?  […] L’indépendance a toujours été le premier besoin de l’homme, comme de la femme, du reste. […] L’homme est à leurs yeux un geôlier bienfaisant qui leur ouvre les portes de la prison. […] Leurs petites roueries sont plus fortes que les grandes diplomaties des hommes spéciaux. […] Comme les femmes remboursent les hommes.

56. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre VII » pp. 90-105

. — Trois hommes comme il faut. — L’air morgue de Markouski. — Son orgueil. — La retraite des invités. — Les goûts de Markouski contre ceux de Gustave Claudin. — Causerie intime. — Rigolo, terme espagnol. — Les fêtes à l’eau de Cologne. — Le soleil. — Transformation des Russes en gardes du commerce. — Pourquoi Markouski ne cause plus avec ses invités à partir de quatre heures. — Moi. — Mes succès dans les bals. — Mon envie d’entrer au théâtre. — Henri Delaage. —  Arthur Delavigne. — Folichons et Folichonnettes. — Les Délassements-Comiques. […] VI Il n’est pas d’homme à Paris dont on se moque plus que de Markouski. […] Et il se dirigea vers son contrôle, où trois hommes modestement vêtus demandaient, le chapeau à la main, ce qu’il fallait payer pour entrer. […] XI Les trois inconnus que le professeur s’obstinait à appeler « ses trois hommes distingués » passèrent toute la nuit à boire et à danser. […] Seuls, les trois hommes distingués ne firent pas mine de partir.

57. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XII, la collection de m. groult » pp. 124-133

L’un était un homme du monde, fin, délicat, spirituel, galant et possédant le rare et souple talent de parler de tout, sans jamais se compromettre : M. […] Groult était un homme qui avait fait une énorme fortune dans les pâtes alimentaires, ce qui ne me laissa point béante d’admiration. […] Groult, me dit Rachel Boyer avec exaltation, a rassemblé les plus beaux trésors d’art qu’un homme ait jamais possédés. C’était très intéressant, sans doute, mais je songeais, à part moi, qu’une telle manie ne devait guère laisser de loisir à un homme, pourtant si riche, de faire du bien autour de lui. […] Il connaissait toutes les circonstances qui avaient entouré la gestation de ses chefs-d’œuvre ; il en parlait comme un homme de cœur et comme un critique d’art.

58. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE II. » pp. 15-29

Le Maître de Ballets, à son exemple, doit faire recommencer une Scene en action, jusqu’à ce qu’enfin ceux qui l’exécutent, aient rencontré cet instant de naturel inné chez tous les hommes ; instant précieux qui se montre toujours avec autant de force que de vérité, lorsqu’il est produit par le sentiment. […] en mon particulier j’en aurois été foiblement étonné, si je n’avois connu le mérite du Compositeur ; cela m’a presque persuadé que les grands hommes ne font jamais de petites fautes, & qu’il y a plus d’indulgence dans la capitale, que par-tout ailleurs. […] Lorsque toutes ces parties ne sont pas mises en œuvre par l’esprit, lorsque le génie ne dirige pas tous ces mouvements, & que le sentiment & l’expression ne leur prêtent pas des forces capables de m’émouvoir & de m’intéresser ; j’applaudis alors à l’adresse, j’admire l’homme machine, je rends justice à sa force, à son agilité ; mais il ne me fait éprouver aucune agitation ; il ne m’attendrit pas, & ne me cause pas plus de sensation que l’arrangement des mots suivants : fait.. pas.. le.. la.. honte.. non.. crime.. […] Cependant ces mots arrangés par le grand homme composent ce beau Vers du Comte d’Essex : Le crime fait la honte & non pas l’échafaud. […] Qu’un homme de génie arrange les lettres, forme & lie les mots, elle cessera d’être muette, elle parlera avec autant de force que d’énergie, & les Ballets alors partageront avec les meilleures Pieces du théatre la gloire de toucher, d’attendrir, de faire couler des larmes ; & d’amuser, de séduire & de plaire dans les genres moins sérieux.

59. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre VII. Des Bals publics »

On ne s’en est écarté que lorsque l’Hôtel de Ville a été gouverné par quelqu’un de ces hommes rares dont ses fastes l’honorent. […] Ce Magistrat que la postérité, pour l’honneur de notre siècle, mettra de niveau avec les hommes les plus célèbres du siècle de Louis XIV107, sut bien changer une cour irrégulière, en une salle de Bal la plus magnifique qu’on eut vue encore en Europe, et un édifice gothique, en un Palais des Fées. Tout prospère, tout s’embellit, tout devient admirable sous la main vivifiante d’un homme de génie.

60. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VI. Sur le même sujet. » pp. 35-39

Des hommes opulens et amis des arts firent un prospectus, dans le quel ils proposoient aux musiciens appointés et à ceux qui ne l’étoient pas, de sacrifier annuellement une petite partie de leurs appointemens ou de leur gain, pour former successivement un grand capital ; et pour l’augmenter insensiblement, on leur accordoit deux ou trois représentations par année à leur profit. […] Un amphithéatre très-élevé, placé dans le chœur de ce pompeux édifice où repose la cendre des grands hommes de cette nation, est construit de manière à recevoir 400 musiciens et chanteurs. […] On n’a point attendu sa mort pour rendre hommage à sa mémoire, L’estime et la reconnoissance publique ont voulu que ce grand compositeur jouit de son triomphe, Ces Oratorios sont coupés par les symphonies enchanteresses d’Hayden et par des Concertos exécutés par les hommes les plus célèbres.

61. (1921) Salvatore Viganò pp. 167-190

Lemot… Tout homme qui a un succès immense dans sa nation est remarquable aux yeux du philosophe. […] Voilà le talent de ce grand homme. […] Ils en descendaient sur un air mélodieux et poursuivaient les hommes. […] Cet homme de génie ne sait pas composer sur le papier. […] Les hommes vêtus de fourrures pour se préserver du froid deviennent durs et égoïstes.

62. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre III. l’opéra de paris sous la direction véron  » pp. 97-128

Cet homme avait toutes les qualités et tous les défauts nécessaires pour faire de l’Académie royale de Musique une excellente maison de rapport. […] Véron est depuis ce temps un homme riche. […] La critique littéraire et dramatique était entre les mains d’hommes qui savaient juger et écrire. […] Cet homme était la terreur des coulisses. […] Les hommes sont plats et lâches ; les femmes s’offrent.

63. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre III. Objet de cet Ouvrage. »

Cette foule d’hommes oisifs qu’on ne saurait désigner que par les places d’habitude qu’ils occupent à nos spectacles, cet essaim de femmes à prétentions qui cherchent sans cesse le plaisir, et que le plaisir fuit toujours ; cette jeunesse légère, qui juge de tout, et qui ne connaît encore rien ; ces gens aimables du Monde, qui prononcent toujours sans avoir vu, et qui en effet rencontrent mieux quelquefois que s’ils s’étaient donnés la peine de voir, font tous partie de la multitude, qui prend le ton, sans s’en douter, des Artistes, des Amateurs, et de la bonne Compagnie12. […] Il y a une espèce d’hommes pour qui seuls, tous les Traités les plus Philosophiques seront toujours insuffisants.

64. (1936) Philosophie de la danse

Mais l’homme ? […] Il est beaucoup plus simple de construire un univers que d’expliquer comment un homme tient sur ses pieds. […] Un homme pratique est un homme qui a l’instinct de cette économie de temps et de moyens, et qui l’obtient d’autant plus aisément que son but est plus net et mieux localisé : un objet extérieur. […] Mais c’est un fait aisé à observer que tous les mouvements automatiques qui correspondent à un état de l’être, et non à un but figuré et localisé, prennent un régime périodique ; l’homme qui marche prend un régime de cette espèce ; le distrait qui balance son pied ou qui tambourine sur les vitres ; l’homme en profonde réflexion qui se caresse le menton, etc. […] Je suis celui qui n’oppose jamais, qui ne sait pas opposer, l’intelligence à la sensibilité, la conscience réfléchie à ses données immédiates, et je salue Argentina en homme qui est exactement content d’elle comme il voudrait bien être content de soi.

65. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IX. » pp. 88-96

L’acteur qui le représentoit prit son nom, et à l’aide de son masque, sa ressemblance ; ce fut dans la comédie des nuées, écrite par Aristophane, que l’homme le plus instruit et le plus sage de la Grèce se vit impunément jouer sur le théatre. […] Cependant toutes ces farces monstrueuses étoient applaudies avec transport par des hommes d’un rare mérite, et en présence des pères de la sculpture et de la peinture ; arts portés à la perfection sous le gouvernement de Périclès et sous le règne d’Auguste. […] Cyprien s’exprime ainsi : « Le pantomime est un monstre, qui n’est ni homme ni femme, dont toutes les manières sont plus lascives que celles d’aucune Courtisanne, et dont l’art consiste à prononcer avec des gestes : cependant, continue-t-il, toute la ville se met en mouvement pour lui voir réprésenter les iniquité, et les infamies de l’antiquité fabuleuse. » En écrivant à Donat sur les horreurs de l’amphithéatre, il dit en parlant des pantomimes « qu’on dégrade les mâles de leur sexe, pour les rendre plus propre à faire un métier déshonnête ; et que le maître qui a su faire ressembler davantage un homme à une femme, est celui qui passe pour avoir fait le meilleur disciple ; sa réussite fait sa fortune. » D’après cette assertion, il est à présumer que les hommes, qui éxercoient la profession du théatre, étoient esclaves.

66. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VI. » pp. 40-55

Ce seroit avilir les hommes que de le penser, et dépriser le goût et l’esprit de notre siècle que de le croire. […] Dailleurs l’action d’un crocheteur jaloux sera moins pittoresque que celle d’un homme dont les sentimens seront élevés. […] L’homme grossier et rustique ne peut fournir au peintre qu’un seul instant ; celui qui suit sa vengeance est toujours celui d’une joie basse et triviale. L’homme bien né lui en présente au contraire une multitude ; il exprime sa passion et son trouble en cent manières différentes, et l’exprime toujours avec autant de feu que de noblesse. […] La distribution des habits étoit telle, que l’homme cessoit de paroitre dès l’instant, qu’il cessoit de se mouvoir ; cependant ce ballet fût rendu avec toute la précision possible.

67. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VI. » pp. 78-109

Ce seroit avilir les hommes que de le penser, & dépriser le goût & l’esprit de notre siecle que de le croire. […] D’ailleurs l’action d’un crocheteur jaloux, sera moins pittoresque que celle d’un homme dont les sentiments seront élevés. […] L’homme grossier & rustique ne peut fournir au Peintre qu’un seul instant ; celui qui suit sa vengeance, est toujours celui d’une joie basse & triviale. L’homme bien né lui en présente au contraire une multitude ; il exprime sa passion & son trouble de cent manieres différentes, & l’exprime toujours avec autant de feu que de noblesse. […] La distribution des habits étoit telle que l’homme cessoit de paroître dès l’instant qu’il cessoit de se mouvoir ; cependant ce Ballet fut rendu avec toute la précision possible.

68. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre IX. De la Danse sacrée des Grecs et des Romains »

Les Brigands qui avaient suivi Romulus, troupe féroce, rassemblée au hasard, prête à chaque instant à se diviser et à se détruire, ne connaissaient encore aucun de ces liens sacrés, qui rendent agréables, utiles, et solides, les sociétés des hommes. […] Que ne peut pas la force de l’imagination sur les hommes d’un sang vif ?

69. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VI. Des Ballets Moraux »

Le grand art des Souverains est de savoir choisir ; la honte ou la gloire d’un règne dépendent presque toujours d’un homme oublié, ou d’un homme mis à sa place.

70. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 septembre. Je fais l’école buissonnière. »

Les sympathies et les curiosités des hommes de lettres ne vont que trop à lui ; même j’en pâlis. […] Chaque musicien s’identifie, pour ainsi dire, à son instrument ; chaque instrument révèle un tempérament individuel : c’est lui qui semble entraîner l’homme. […] L’homme, grand, beau assoupli par l’exercice classique, très maître d’une force musculaire peu commune, au souffle remarquablement réglé. […] Et quand l’homme fait le moulinet avec le corps de la danseuse, c’est un accès de jalousie furieuse qui est censé déterminer ce jeu de scène exhilarant.

71. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XII. » pp. 115-121

Le geste noble simple et naturel est l’ornement du discours ; il prêté de la dignité aux pensées, de l’énergie aux phrases ; il fortifie et augmente le charme de 1’ éloquence ; il est à l’homme qui parle, ce que sont les accompagnemens à l’homme qui chante. […] Le geste, comme je l’entends, est un second organe que la nature à donné à l’homme ; mais il ne se fait entendre que lorsque l’ame lui ordonne de pailer. […] Dauberval, mon élève, homme rempli de goût se déclara l’apôtre zélé de ma doctrine et n’en fut point le martyr ; il composa pour l’opéra de Silvie un pas de deux plein d’action et d’intérêt ; ce morceau isolé offrit, l’image d’une scène dialoguée, dictée par la passion, et exprimée par tous les sentiinens que l’amour peut inspirer.

72. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Les hommes les plus instruits dans leur art doivent se ménager un stimulant capable de les élever et de déployer en eux les plus vastes conceptions ; l’artiste, perpétuellement isolé, se laisse bercer par l’amour-propre et par les louanges outrées de quelques esprits complaisans ; louanges dont l’effet nécessaire est de briser les ailes du génie. […] C’est dans ces délicieux climats et sous un ciel heureux que le génie et le goût placèrent le berceau des arts imitateurs ; c’est là qu’ils étalérent les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture ; c’est-là que les jeunes artistes, enflammés à la vue de tant de merveilles, les étudient et les copient ; le génie de ces hommes illustres embrâse le leur ; ils trouvent dans les uns le brillant et l’entente harmonieuse des couleurs ; dans les autres, la pureté et l’élégance du dessin : Celui-ci se distingue par la grace de ses figures et le moëlleux de leurs contours ; celui-là étonne par la richesse et la belle ordonnance de sa composition et par la distribution heureuse de ses personnages. […] J’ai cependant admiré dans ces divertissemens quelques pas d’hommes exécutés avec autant de justesse que d’ensemble et de précision, et dont la composition savante annonçoit que M. […] Peut-on rigoureusement exiger qu’un maître des ballets soit un puriste et un homme de lettres ?

73. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VII. De la Danse sacrée des Juifs »

De la Danse sacrée des Juifs Après le passage de la Mer Rouge, Moïse et sa Sœur rassemblèrent deux grands Chœurs de Musique, l’un composé d’hommes, et l’autre de femmes. […] Je pense, dit un des plus célèbres, qu’on doit entendre dans tous les Psaumes, par les chœurs, dont ils font mention, une troupe d’hommes dansants au son de divers instruments de Musique.

74. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre III. De la Danse théâtrale des Romains »

Pylade né en Cilicie, et Batyle [Bathylle] d’Alexandrie, les deux hommes en ce genre les plus surprenants, vinrent y développer leurs talents sous l’Empire d’Auguste. […] Les gestes de cet homme leur feront entendre mes volontés. […] Il faut avoir beaucoup étudié les hommes, pour oser entreprendre de les peindre.

75. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre VIII » pp. 106-119

Homme charmant, bien élevé, ses manières sont élégantes et polies. […] Oscar, le régisseur général, un brave homme de l’ancienne école, n’en revient pas encore. […] Elle chantera le rondeau obligé sur les grands hommes, s’y fera applaudir par la claque, qui ne comprendra pas et se retirera mystérieusement sans dire mot. […] — Ça me posera, disait-elle, j’ai besoin qu’on parle de moi, et puis toutes les jolies femmes doivent avoir dans leurs vie à se reprocher au moins la mort d’un homme.

76. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VI. Objection : Il faut se récréer quelquefois. » pp. 179-187

Mais si notre goût corrompu ne peut s’accommoder des choses si simples, et qu’il faille réveiller les hommes gâtés par quelques objets d’un mouvement plus extraordinaire, en laissant à d’autres la discussion du particulier qui n’est point de ce sujet, je ne craindrai point de prononcer, qu’en tous cas il faudroit trouver des relâchemens plus modestes et des divertissemens moins emportés. » Le prélat rapporte à ce sujet l’exemple du peuple juif. […] « Pour déraciner, dit ce grand homme, tout à la fois le goût de la comédie, il faudroit inspirer celui du saint Evangile et celui de la prière. Attachons-nous donc, comme saint Paul, à considérer Jésus, l’auteur et le consommateur de notre foi ; (Hébr. c. 12, v. 2.) ce Jésus qui, ayant voulu prendre toutes nos foiblesses à cause de sa ressemblance, à la réserve du péché, a bien pris nos larmes, nos tristesses, nos douleurs, et jusqu’à nos frayeurs ; mais il n’a pas pris nos joies, ni nos ris, et n’a pas voulu que ses lèvres, où la grâce étoit répandue, (Ps. 44, v. 3.) fussent dilatées une seule fois par un mouvement qui lui paroissoit indigne d’un Dieu fait homme. […] Vous avez les paroles de la vie éternelle  ; mais encore ceux même qui étoient venus pour se saisir de sa personne, répondoient aux pharisiens qui leur en avoient donné l’ordre : Jamais homme n’a parlé comme cet homme.

77. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Poste-face, Post-scriptum , ou. Réflexions sur l’incertitude des jugemens en matière de Littérature. » pp. 38-48

La Phèdre de Pradon l’emporta quelque temps sur celle de Racine ; & l’Athalie de ce grand Homme ne fut pas toujours regardée comme un chef-d’œuvre. […] Ne peut-il pas arriver, me répliquera-t-on, que tel homme qui s’arroge le droit de prononcer définitivement, réunisse toutes les connaissances répandues parmi l’espèce humaine, ou possède ce tact fin, cette délicatesse de goût, qui devient l’interprète du goût universel, dont il est comme émané ; car qu’est-ce que la saine critique, si ce n’est le sentiment intime de ce qui peut généralement nous plaîre ; sentiment acquis par l’étude ou par l’heureuse conformation des organes ? Je répondrai en peu de mots à cette grave objection, qu’il est impossible qu’un seul homme réunisse toutes les connaissances humaines, dont l’ensemble forme une véritable clarté ; & que quand il les posséderait même toutes, les préjugés, la faiblesse de sa nature, offusqueraient toujours son jugement, de manière à rendre aux yeux du Sage ses décisions incertaines. […] L’homme le plus savant, le plus raisonnable propose ses idées, & ne se glorifie de leur justesse, que lorsqu’il est certain qu’on les approuve. […] S’il est prouvé que le sentiment d’un seul est moins que rien, & même celui de plusieurs hommes assemblés, pourquoi tant de gens s’ingérent-ils donc de dire hautement le leur, & de le regarder comme infaillible ?

78. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IV. » pp. 27-36

Sans doute des productions des hommes de génie devoient assurer aux beaux arts une existence immortelle. Mais en partant de l’epoque, où ils furent bannis de la Grèce, jusqu’à celle, où ils parurent à Rome, il est a présumer que ces productions furent oubliées ; que la nature avare se réposa long-tems, sans donner de successeurs à cette foule de grands hommes que la Grèce avoit produits. […] Les arts sensibles, et reconnoissants effacèrent le souvenir de tous ses crimes ; le vainqueur d’Actium, le tyran de Rome et le fléau des Romains dût la gloire de son règne à l’acceuil, et à la protection qu’il accorda aux arts, et par un heureux échange les hommes de génie firent oublier ses cruautés : sans eux la mémoire d’Auguste eût été confondüe avec celle des Tarquin, des Catilina et des Sylla ; mais telle est la puissance des arts, tel est l’empire du Génie, qu’ils consacrèrent le nom d’Auguste dans les fastes de l’immortalité, qu’ils le rendirent cher à sa patrie, qu’il avoit désolée, et qu’enfin son nom est devenu le titre le plus illustre, que l’on puisse donner aux Princes, éclairés, et bienfaisants. […] Les grands hommes finissent, je le repète encore ; mais la mort, en exerçant son empire, ne peut détruire leurs chefs-d’oeuvre. […] Le génie des arts est indestructible ; cette émanation devine, qui donne à l’homme une si grande prééminence sur les êtres de son espèce est immortelle, et j’oserai dire que ce feu sacré est à l’esprit ce que l’âme est au corps.

79. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Les Danseuses de nos jours ont, proportion gardée, plus d’exécution que les hommes ; elles font tout ce qu’il est possible de faire. […] Aussi mettent-elles plus d’ame, plus d’expression & plus d’intérêt dans leur exécution que les hommes. […] La noblesse de sa taille, le caractere aimable de sa figure, la tendresse de son expression, ne l’auroient pas servi dans des rôles où il n’est pas nécessaire de ressembler à un homme de condition. […] J’ai vu clairement des hommes dans la Lune. […] Je n’ai point encor vu d’hommes, comme je crois ; Mais j’ai vu des clochers tout comme je vous vois.

80. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] «  Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. » pp. 49-60

La maitresse parle souvent plus mal que la soubrette ; le valet a le langage d’un homme de Cour ; & le Marquis, dépeint par le Poète comme un agréable répandu dans les meilleures Sociétés, s’énonce quelquefois aussi mal que s’il venait de sortir du Collége. […] &c. mais comme il faut établir une règle générale, à cause des abus qui se glisseraient, si l’on se relâchait en quelque chose, je pense qu’il vaudrait mieux se priver du plaisir d’entendre réciter les vers de ces grands Hommes, afin de remédier plus sûrement à la mal-adresse des Acteurs, & au privilège qu’ont les Dramatiques modernes d’ennuyer le Public. […] Tout Rome, rempli d’admiration, partagea son estime entre ces deux grands hommes ; deux partis divisèrent la ville, & faillirent même à s’égorger pour défendre la gloire de celui dont ils étaient les partisans. […] Trois ou quatre gestes, faits pourtant par un homme du peuple, confondirent, dit-on, un habile Philosophe, qui ne douta point qu’il n’eût disputé avec un Savant du premier mérite. […] Qu’on essaie à mettre mon systême en usage, & je me flatte qu’on avouera que la connaissance du geste est la science la plus sublime dans laquelle l’homme puisse exceller.

81. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 24 mai. « Pétrouchka » et « Lâcheté » ou l’histoire vue par le ballet. »

La poupée, le pantin artificiel, mécanique, automatique a évincé l’homme ; elle prime l’acteur désemparé. […] Devant cette veulerie, cette passivité mauvaise des poupées sans figure, devant ce dandinement cynique des pantins, cette danse macabre de l’indifférence, l’action mimée s’étiole, les hommes vivants se dérobent.

82. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — X. m. et mme camille flammarion  » pp. 108-

Comme il y avait beaucoup d’autres personnes, je ne remarquai pas tout d’abord, que les deux hommes ne se parlaient pas. […] Il le fit surmonter d’un observatoire, et, à sa mort, légua cette merveilleuse propriété à un homme qu’il n’avait jamais vu : cet homme était Camille Flammarion. […] Il était tout de même si perplexe, si effrayé de voir manquer mon dîner, faute de chaises, qu’il se décida à compter la somme, mais s’aperçut alors qu’il n’avait plus assez d’argent, et les hommes de l’agence de location s’en retournèrent avec leurs meubles.

83. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Préface. » pp. -

Le Public n’attend pas d’un homme comme moi, qui a passé tout le tems de sa vie à étudier & à enseigner la Danse une longue dissertation sur l’origine & l’ancienneté de cet Art : je laisse ce soin aux Sçavans. […] Je crois bien que la joye des Festins, que la vivacité des Fêtes lui ont donné la naissance ; mais il en est de même de la Danse que de la Comédie, les hommes ont cherché à tirer de l’utilité de ce que le seul plaisir leur avoit fait inventer. Si la Danse ne devoit servir qu’à paroître sur les Theatres, elle ne feroit l’occupation que de peu de personnes ; mais on peut dire qu’elle merite les soins presque de tous les hommes, quand même ils n’en devroient faire usage que dans les premiers tems de leur jeunesse destinez à cet exercice. […] Le Regne de Louis le Grand sera toûjours regardé avec justice, comme le Regne des hommes les plus illustres.

84. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Chaque homme porte avec lui la mesure de ses plaisirs, et le trop plein de cette mesure, se change bientôt en dégoût. L’ennui naît de la satiété, car l’homme est facilement transporté vers les extrêmes, le plaisir, et la peine. […] L’homme mercenaire en fait d’art imitateur suit servilement son sujet. […] L’etude de l’homme et de ses facultés physiques dirigera ses préceptes ; ils ne seront plus arbitraires ; il n’exigera de son éléve que ce que la nature lui permettra de faire. […] Il est à présumer que toutes ces sottises étoient de convention puisqu’on ne s’en fachoit pas ; on se contentait de rire, et de dire : il est plaisant, et bourru, mais il est liane, et bon homme ; dailleurs il entend son affaire à merveille, et a un talent qui n’est qu’a lui.

85. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre II. Des Fêtes du même genre dans les autres Cours de l’Europe »

Des Fêtes du même genre dans les autres Cours de l’Europe L’Italie était déjà florissante ; les Cours de Savoie et de Florence avaient montré dans mille occasions leur magnificence et leur galanterie ; Naples et Venise jouissaient des Théâtres publics de Musique et de Danse ; l’Espagne était en possession de la Comédie ; la Tragédie, que Pierre Corneille n’avait trouvée en France qu’à son berceau, s’élevait rapidement dans ses mains jusqu’au sublime ; notre Cour cependant, au milieu de ses triomphes et sous le ministère d’un homme vraiment grand, dont une économie bourgeoise ne borna jamais les dépenses, demeurait plongée dans la barbarie du mauvais goût. […] Il ne fallait que s’y servir des hommes, que le génie et l’art mettaient en état d’imaginer et de conduire ces Fêtes continuelles, qu’on avait véritablement envie de rendre éclatantes. […] Entre plusieurs personnages médiocres qui entouraient le Cardinal de Richelieu, il s’était pris de quelque amitié pour Durand, homme maintenant tout à fait inconnu, et que je n’arrache aujourd’hui à son obscurité, que pour faire connaître combien les préférences ou les dédains des gens en place, qui donnent toujours le ton de leur temps, influent peu cependant sur l’avenir des Artistes.

86. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 octobre. Le danseur et le préjugé au travesti. »

L’époque romantique, qui inaugura la suprématie de la virtuose sur l’ensemble, réduisit l’homme à des fonctions purement auxiliaires. […] La danse théâtrale qui constitue le ballet ne saurait — opine-t-il — se passer de la participation des hommes et n’admet pas les femmes travesties. […] Ricaux est un homme de talent.

87. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XIV. » pp. 77-82

La danse plus riche en hommes nous offroit le Grand Dupré ; je dis grand, parce qu’il l’étoit de taille, et qu’un autre Dupré étoit bien plus petit que lui sous tous les rapports. […]   Au reste la danse alors offroit bien plus de talens en hommes qu’en femmes. […] Le beau sexe l’emporte ; il triomphe, il lutte de force, de vigueur et de talent avec les hommes ; et les femmes mettent dans la balance du jugement un poids considérable en leur faveur.

88. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre ii. sur le même sujet. » pp. 116-121

J’ai dit ailleurs que les arts sont frères ; qu’ils composent une même famille, qu’une chaîne imperceptible les lie l’un à l’autre ; que le but de leurs travaux est un, l’imitation de la belle nature ; qu’ils y arrivent par des principes différens et par des routes diverses ; mais l’amour-propre, la jalousie et toutes les petites passions qui dégradent les hommes, et qui avilissent les artistes, contribuent nécessairement à leur désunion, et s’opposent toujours à leurs progrès. J’ajouterai, cependant, que si les artistes n’ont pas brillé dans toutes nos fêtes, avec l’éclat et la splendeur que leurs talens leur assuroient, la faute en est aux petits intriguans qui captent, à force de bassesses, la confiance et la protection des hommes en place. […] Je dis se donnait, car, assurément la fête n’étoit point pour le peuple, qui méritoit, au moins, les égards dûs au maître du logis ; mais qu’on paroissoit n’avoir invité ce jour-là, que pour l’insulter et le rudoyer, au point que, de l’extrémité où il se trouvoit relégué, il ne pouvoit pas même distinguer les grands hommes, auteurs, acteurs, et devenus seuls spectateurs de cette sublime création.

89. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 3 août : Ballet du Temps accompagnant la tragédie de collège Gusmans — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 8 août 1666 »

Robinet, lettre du 8 août 1666 Au COLLÈGE des JÉSUITES, Pères Savants, bons Casuites, Bref, Artisans des beaux Esprits, MARDI, l’on délivra les Prix Fondés par le Roi notre SIRE, Qui des LETTRES chérit l’Empire, Pour animer les STUDIEUX, Qui se font grands Hommes chez Eux, Une TRAGÉDIE excellente, Dont la Scène était fort brillante, Et même le BALLET du TEMPS, Des plus moraux et plus galants, Cette Action accompagnèrent Et tous les Spectateurs charmèrent.

90. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Paralele. DE. LA PEINTURE. ET DE. LA POESIE. » pp. 213-269

Mais comme les hommes ne s’accordent pas toujours sur les choses mêmes les mieux établies, je trouve aujourd’hui des personnes d’érudition qui témoignent de la répugnance à placer la Peinture à côté de la Poésie. […] La Peinture & la Poësie tendent à même fin, qui est l’imitation : il semble, dit un sçavant Auteur, que non contentes d’imiter ce qui est sur la terre, elles ayent été jusque dans le Ciel observer la majesté des Dieux, pour en faire part aux hommes, comme elles peignent les hommes pour en faire des demi-Dieux : c’est ce qu’on a dit des ouvrages du Guide & de Lalbane, sur l’idée de la Beauté. […] Il s’est même trouvé d’excellens Peintres & de très-habiles Sculpteurs, qui pénétrez du mérite de leur art, consacrerent aux Dieux leurs ouvrages, croyant que les hommes en étoient indignes. […] La principale fin du Poëte est d’imiter les mœurs & les actions des hommes. […] On m’oppose de plus la faculté de raisonner ; & l’on dit que ce précieux appanage de l’homme, qui se rencontre dans la Poésie avec tous ses ornemens, ne se trouve pas dans la Peinture.

91. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IX. De la Musiqué Elémentaire attribuée aux Esprits Aëriens & aux Oracles de l’Antiquité. » pp. 195-211

Suétone rapporte dans la vie de Jules-César, qu’étant sur les bords du fleuve Rubicon, incertain s’il le passeroit ou non, attendu que ce passage étoit contraire aux ordres du Sénat, un prodige ou phantôme ressemblant à un homme, fort haut & beau par excellence, s’apparut à lui jouant d’un chalumeau fait de canne ; plusieurs Bergers y accoururent, & des soldats abandonnerent leurs postes pour l’ouir, entre autres les trompettes, à qui ce phantôme en arracha une, & se jetta dans la riviere qu’il passa à la nage, en sonnant l’allarme d’une grande force avec cette trompette ; il parut pendant quelque tems sur l’autre bord de la riviere : alors César dit à son armée, allons où les prodiges des Dieux nous appellent ; cette résolution, dit Suétone, lui procura l’Empire. […] L’on voit aussi dans les Annales de Nuremberg, qu’un certain jour qui est marqué, il passa dans cette grande Ville une espece de phantôme ou de grand homme, d’une figure prodigieuse, qui jouant du flageolet, parcourut toutes les rues, & tous les enfans qui l’entendirent, se mirent à le suivre comme par enchantement ; il en assembla jusqu’à 800 des deux séxes, & les conduisit hors de la Ville : ils se perdirent ensuite si absolument, que quelques diligences que purent faire les parens de ces enfans, l’on n’a jamais sçû ce qu’ils étoient devenus ; mais l’on a depuis trouvé au milieu de la Hongrie une Ville assez belle, dont les habitans ont le langage & toutes les manieres des Bourgeois de Nuremberg, mais fort différentes de celles des autres Hongrois ; ce qui fait présumer qu’ils proviennent de cet enlévement. […] Ces sortes d’habitans, dit Lucrece tome 2., se plaisent à augmenter ces merveilles, par la maniere dont ils les récitent ; & ils sont toujours écoutez favorablement, par l’avidité qu’ont les hommes de sçavoir tout ce qui leur est nouveau, soit vrai ou fabuleux, quoique généralement contraire aux opinions des Physiciens, qui n’admettent que ce qui est naturellement possible & conforme au bon sens ; c’est aussi le sentiment des Philosophes modernes. […] C’est aussi ce que Cléopatre ni les Romains n’ont jamais pû éxécuter : ce qui fait voir qu’il n’appartient pas aux hommes de vouloir réformer la nature sans la participation de son Créateur. […] On trouve encore que Cicéron qui vivoit l’an 706 de Rome, a fait un Traité de la nature des Dieux, & qu’il dit avec Plutarque & d’autres fameux Auteurs, que les Oracles avoient cessé bien du tems avant eux ; ils ont crû que leur fin venoit de ce que les Démons & les Esprits élémentaires ne sont pas immortels, & que leur tems a pû être limité par le Créateur de l’Univers : mais qu’il en peut renaître aussi comme des hommes, suivant l’opinion des Cabalistes : j’oserai dire en passant que j’ai lieu de le croire plus qu’un autre.

92. (1921) Quelques lettres inédites de célébrités chorégraphiques pp. 222-226

Je ne compare sûrement point mon faible talent à ceux des hommes célèbres que je viens de citer, mais seulement ma position qui serait la même. […] Si ces maîtres de Ballets, bons ou mauvais, ont le droit d’établir leurs productions sur le théâtre de l’Opéra de Paris, quel est l’homme à talent qui voudra rester attaché à ce théâtre pour n’avoir que les travaux désagréables de la place, et pour être le très humble serviteur du premier venu ? […] Cependant il est plus essentiel qu’on semble le penser que la place dont il s’agit soit tenue par un homme d’un talent avoué, car la médiocrité compromettrait bien souvent le succès de maints opéras qui coûtent de 50 à 80 000 l. […] ceux qui sont sans place, et ceux qui intriguent : il faut donc que le maître des Ballets au premier Théâtre du Monde, qui par son travail n’a pas une heure de repos dans toute une année, et qui pour ce même travail a besoin de la plus grande tranquillité, soit à la merci de l’homme sans place ou de l’intrigant ? […] Je demande à vous, Citoyen Conseiller d’État, je demande au Gouvernement, ce que tous mes confrères ont dans tous les pays étrangers, c’est-à-dire à être nommé Maître des Ballets en chef et sans partage des Théâtres du Gouvernement français, ou si je n’en suis pas jugé digne, je demande une retraite honorable, et telle que peut la mériter un homme qui a servi trente ans son pays de toutes les manières qui peuvent avoir rapport à l’art qu’il exerce et par tous les sacrifices qui ont été à son pouvoir.

93. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 26 février 1661 »

Hesselin en est Conducteur, Hesselin, Homme de remarque, Et qui des plaisirs du Monarque, Qu’il sert avec un cœur ardent, Est l’unique Surintendant : Et le renommé Sieur Baptiste, Qu’on dit n’être plus grand juriste, A, sur tout plein de tons divers, Composé presque tous les airs : Toutefois, je me persuade, Sans que d’honneur, je le dégrade, Que Beauchamp, Danseur sans égal, Et Dolivet, le jovial, En leur méthode, inimitables, Estimés tels des plus capables, Bref, Gens qui ne sont pas communs, En ont, aussi, fait quelques-uns. Mais trêve de Ballets, de Danses, Et d’autres telles circonstances, Dont je ne dirai bien, ni mal, Jusques en l’autre Carnaval, Où Taloi, cet Homme si rogue, N’aura peut-être, plus de vogue.

94. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 14 octobre : Le Bourgeois Gentilhomme — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 20 décembre 1670 »

Robinet, lettre du 20 décembre 1670 […] Enfin, leurs Confidents, aussi, Dont à côté, les Noms voici141 Y font très bien leur Personnage, Et dans un brillant Equipage, Ainsi que tous, pareillement, Dont l’on ne doute nullement, Font dans le Bourgeois gentilhomme, Où La Grange, en fort galant Homme, Fait le Rôle qui lui sied mieux, Savoir celui d’un Amoureux.

95. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Discours préliminaire. » pp. -

La cupidité est le grand ressort qui remue et fait agir la plupart des hommes. […] Il y a donc un autre adversaire ; mais c’est l’homme qui se fait à lui-même cet adversaire : car s’il étoit par sa nature son adversaire, il ne se trouveroit pas avec lui dans le chemin, et il s’y trouve afin que vous vous accordiez avec lui. […] Il n’a point disposé ces douze apôtres à suivre plusieurs milliers d’hommes ; mais il a plutôt préparé plusieurs milliers d’hommes à se soumettre à ces douze apôtres… Celui qui, manquant de bonnes preuves pour défendre le sentiment dans lequel il est, a recours pour sa défense à la multitude, avoue qu’il est vaincu…. […] Saint Augustin, réfléchissant sur l’amour que les hommes ont naturellement pour la vérité, puisqu’ils n’aiment point à être trompés, demande (Confess. […] Il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs ; et fermant l’oreille à la vérité, ils l’ouvriront à des fables.

96. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre IV. État actuel de la Danse Théâtrale en France »

Je crois voir un homme qui ayant dans sa main la clef du Temple des Muses, consume ses jours et toute son adresse à la tourner et à la retourner sans cesse dans la serrure, sans oser jamais toucher au ressort.

97. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XI, une visite chez rodin » pp. 118-123

Il faut voir l’homme, le cadre et l’œuvre, dans leur grand ensemble, pour en comprendre l’envergure et la profondeur. […] En ce qui me regarde, personnellement, je puis dire que Rodin est, avec le maître Anatole France, un des hommes qui, en France, m’ont le plus impressionnée. […] « Je suis bien au-dessous de ce que je devrais dire de cette grande figure ; ma parole est peu préparée pour cela, mais mon cœur d’artiste lui est reconnaissant. » Moins certes que je ne le suis moi-même à l’homme qui a écrit ces lignes.

98. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la musique moderne »

Inventer des chants nouveaux, n’appartient qu’à l’homme de génie ; trouver de beaux chants, appartient à l’homme de goût. […] C’est par les différents sons de la voix que les hommes ont dû exprimer d’abord leurs différentes sensations. […] Cette espèce de langage, qui est de tous les pays, est aussi entendu par tous les hommes, parce qu’il est celui de la nature. […] Les sons étaient dans l’homme : il entendit chanter ; il fut frappé par des bruits ; toutes ses sensations et son instinct le portèrent à l’imitation. […] On sait que Quinault était un homme modeste et tranquille, que Lully n’avait pas honte de laisser croire à la cour et au public, fort au-dessous de lui.

99. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre VIII. Témoignages des Païens même contre les Danses. » pp. 99-101

Entre ces femmes, Salluste nomme en particulier Sempronia, qui étoit une femme distinguée par sa naissance et par sa beauté, qui savoit très-bien le grec et le latin ; mais Salluste ajoute en même temps, qu’elle savoit mieux chanter et danser qu’une honnête femme ne devoit le savoir : Litteris græcis et latinis docta, psallere, saltare elegantiùs quàm necesse est probæ  : aussi remarque-t-il aussitôt après, « qu’elle étoit dominée par l’impureté ; qu’elle alloit plus souvent chercher les hommes, que les hommes ne la cherchoient ; et que ce qui pouvoit servir à contenter ses passions, lui étoit plus cher que son honneur et sa pudeur ».

100. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre V. Établissement de l’Opéra Français »

Les Grecs ont imaginé une représentation vivante des différentes passions des hommes : ce trait de génie est sublime. […] une des bonnes tragédies de cet homme extraordinaire suppose plus d’étendue de génie que tout le Théâtre des Grecs ensemble. […] Le moyen qu’il ne prévit pas qu’il se trouverait tôt ou tard des hommes rigides qui refuseraient de se prêter aux suppositions de la Fable, des Philosophes sévères dont la raison serait rebutée des prestiges de la Magie, des esprits forts pour qui la plus belle machine ne serait qu’un jeu d’enfants. […] Écouterait-on la critique d’un homme de mauvais goût qui déclamerait contre une composition de cette espèce, parce que nous savons tous que la Fable n’est qu’une des folies de l’esprit des premiers temps ? […] Le merveilleux qui résulte du système poétique remplissait son objet, parce qu’il réunit avec la vraisemblance suffisante au Théâtre, la Poésie, la Peinture, la Musique, la Danse, la Mécanique, et que de tous ces arts combinés il pouvait résulter un ensemble ravissant, qui arrachât l’homme à lui-même, pour le transporter pendant le cours d’une représentation animée, dans des régions enchantées.

101. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 7 août : Ballet de la Vérité, accompagnant la tragédie de collège Thésée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 août 1663 »

Plus de six mille Hommes, que Femmes, Dont étaient plusieurs belles Dames Dignes de respect et d’amour, Et maints grands Seigneurs de la Cour, Seigneurs de très rare mérite, Furent voir la Pièce susdite Avec un concours merveilleux, Même, jusqu’à des Cordons Bleus.

102. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VII. Objection : On a toujours dansé. » pp. 188-201

« Comme les hommes, dit saint Augustin, (liv. 3 de la doctrine chrétienne, c. 10, n.° 15.) […] « Que ni le temps, ni la dignité des personnes, ni les priviléges des pays ne peuvent prescrire contre la loi de Dieu ; car c’est quelqu’une de ces trois choses qui donne ordinairement lieu à la coutume qui, ne subsistant d’abord que par l’ignorance ou la simplicité des hommes, se fortifie ensuite par l’usage, et s’élève contre la vérité. […] Ne devons-nous pas à Dieu la même fidélité que ce saint homme ? […] s’écrie ce saint homme, vouloir honorer Jésus-Christ par des spectacles (ou par des danses) lorsque nous avons reçu de lui quelque bienfait, après une victoire, et lorsqu’il a donné un heureux succès à quelqu’une de nos entreprises ! Par une telle conduite, faisons-nous autre chose qu’imiter la conduite d’un homme qui accableroit d’injures son bienfaiteur, qui l’outrageroit dans le temps même qu’il lui marqueroit plus d’amitié ; et qui, pendant qu’il l’embrasse, lui plongeroit un poignard dans le sein ?

103. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIII. » pp. 362-395

La Peinture n’auroit certainement pas produit tant d’hommes illustres dans tous les genres qu’elle embrasse, sans cette émulation qui regne dans son Académie. […] Peut-on se persuader qu’il n’y ait point de gloire à un habile homme d’en faire un plus habile que lui ? […] Jeliote,8 s’il eût formé un homme qui l’égalât ? […] Je suppose en effet que l’Académie eût associé à ses travaux deux grands hommes, Mr.  […] & quel moyen plus sûr pour elle & pour les Danseurs qu’elle croiroit devoir célébrer, de voler à l’immortalité que celui d’emprunter les ailes de deux grands hommes faits pour graver à jamais au temple de Mémoire & leurs noms & celui des personnages qu’ils voudront illustrer ?

104. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre I. Naissance du Théâtre »

La Danse était déjà un Art régulier parmi eux, dans le temps même que toutes les belles inventions des hommes étaient encore confondues dans le chaos de la barbarie. […] Comme la représentation, et par conséquent l’imitation fut leur objet principal, il était naturel, que ces hommes extraordinaires, que la tradition avait agrandis dans leur mémoire, se présentassent les premiers à leur esprit, comme les sujets les plus propres à faire le fond des tableaux animés, qu’ils se proposaient de peindre.

105. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

Dailleurs, la différence de l’homme et de ces êtres engendrés de la fiction du cerveau des poètes, n’est-elle pas nécessaire, et les habitants des éléments ne doivent-ils pas différer en quelque chose de l’humanité ? […] Les danseuses de nos jours, ont, proportion gardée, plus d’exécution que les hommes ; elles font tout ce qu’il est possible de faire. […] Aussi mettent-elles plus d’ame, plus d’expression et plus d’intérêt dans leur exécution que les hommes. […] Et tout homme, s’il en existe un qui ne puisse donner aucun caractère à son visage, doit quitter le théatre pour jamais. […] ……………… j’ai vu clairement des hommes dans la lune …………………………………………………………………………………… Je n’ai point encore vu d’hommes comme je crois ; Mais j’ai vû des Clochers tout comme je vous vois.

106. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 7 au 12 mai : Les Plaisirs de l’Isle enchantée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 2 août 1664 »

Loret, lettre du 2 août 166436 Sur le soir, une Comédie Très abondante en mélodie, Sujet parfaitement joli, Où les Sieurs Molière et Lully, Deux rares Hommes, ce me semble, Ont joint leurs beaux talents ensemble ; Lully payant d’accords divers, L’autre d’intrigues et de Vers : Cette Pièce (dis-je) galante, Qui me parut toute charmante, Et de laquelle, à mon avis, Les Spectateurs furent ravis, Fut jouée avec excellence Devant cette noble Éminence.

107. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 8 février 1670 »

Robinet, lettre du 8 février 1670 Comme voici le Carnaval, Un Divertissement Royal À présent, notre Cour occupe, Dont, sans que rien me préoccupe, Je puis dire, après l’Imprimé Demi-prosé, demi-rimé, Qu'en a dressé ce Chantre illustre Bensérade, Homme du Balustre, Qu'il passe tout ce qu’on a vu, De plus grand, de mieux entendu, De plus galant, plus magnifique, De plus mignon, plus héroïque, Pour divertir, en ce temps-ci, Où l’on met à part, tout souci, La Cour du plus grand Roi du Monde.

108. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’interprétation du chanteur »

La voix d’ailleurs est un instrument musical dont tous les hommes peuvent se servir sans le secours de maîtres, de principes ou de règles. […] Lorsque le chant est devenu un art, l’expérience a décomposé les voix différentes de l’homme, pour en établir la qualité et en apprécier la valeur. […] Les voix d’homme sont tailles ou hautes-contre, ou basses-tailles ou basses-contre. […] Nous n’admettons donc en France dans la composition de notre musique vocale, que six sortes de voix, deux dans les femmes, et quatre dans les hommes. […] Cette espèce de voix est la plus ordinaire à l’homme ; on s’en sert peu cependant pour nos théâtres et pour notre musique latine.

109. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre XII. Ceux qui ont quelque autorité doivent, autant qu’ils le peuvent, s’opposer aux Danses, et empêcher d’y aller ceux et celles qui dépendent d’eux. » pp. 132-147

C’est comme si le saint apôtre disoit : Je ne puis voir Dieu offensé, et quelqu’un de mes frères se perdre en marchant dans la voie du péché, sans que mon zèle s’enflamme, et sans que je ressente dans mon ame une douleur aussi cuisante que celle que ressent dans son corps un homme qu’on brûle à petit feu. […] pour l’engager à ne pas borner l’usage de son autorité au bien temporel des peuples, mais à l’étendre encore à leur bien spirituel : « Si toute la prudence par laquelle vous tâchez de maintenir les choses dans l’ordre, et de faire du bien aux hommes, si toute la force qui vous fait soutenir, sans vous étonner, tout ce que la malice des hommes peut entreprendre contre vous ; si toute la tempérance qui vous fait résister au torrent de la corruption, si toute la justice qui reluit dans l’intégrité de vos jugemens, qui vous fait rendre à chacun ce qui lui appartient ; si tout cela, dis-je, ne tend qu’à garantir ceux à qui vous prétendez faire du bien, de ce qui pourroit menacer leurs corps et leur vie, à assurer leur repos contre les entreprises des méchans, à faire que leurs enfans croissent comme de jeunes plantes, que leurs filles soient parées comme un temple magnifique, que leurs celliers regorgent l’un dans l’autre, que leurs brebis soient fécondes, que leurs bœufs soient gras, que nulle ruine ne défigure leurs héritages, qu’on n’entende point de clameurs publiques, qu’il n’y ait parmi eux ni querelle ni procès ; vos vertus ne sont pas plus de véritables vertus, que le bonheur de ceux pour qui vous travaillerez ne sera un véritable bonheur. Je ne crains point de vous le dire (et cette modeste retenue que vous louez en moi dans votre lettre, avec des termes si pleins de bonté, ne m’en doit point empêcher) ; je vous dis donc encore une fois, que si, dans les fonctions de votre charge où vous paroissez orné de ces vertus, vous n’avez pour but que de garantir les hommes de tout ce qui pourroit les faire souffrir selon la chair, sans vous mettre en peine à quoi ils rapportent ce repos que vous tâchez de leur procurer, c’est-à-dire, pour m’expliquer plus clairement, comment ils rendent au vrai Dieu le culte qui lui est dû, (car ce n’est que pour avoir plus de moyens de le lui rendre, qu’une vie tranquille est désirable, et c’est tout le fruit qu’on en peut tirer ; toutes vos peines ne serviront de rien pour la vie où se trouve la véritable félicité. Vous trouverez peut-être que je parle trop hardiment, et que j’oublie cette retenue et cette modestie que j’ai coutume de garder dans les lettres où il s’agit d’intercéder pour les criminels ; mais cette modestie même, qui n’est autre chose qu’une certaine crainte de blesser et de déplaire, doit céder ici à une crainte bien plus forte ; car je craindrois et de déplaire à Dieu, et de manquer à l’amitié que vous avez voulu qui fût entre vous et moi, si j’étois plus réservé à vous donner de sa vis salutaires. » Qu’il seroit à souhaiter que toutes les personnes en places et en autorité donnassent, comme Macédonius, leur estime et leur confiance à des hommes capables de leur donner les avis dont ils ont besoin, pour se bien acquitter des emplois difficiles et périlleux attachés aux grandes places, et assez dépouillés de tout intérêt propre et de toute considération humaine, pour dire à ceux qui les honorent de leur confiance, toutes les vérités qui peuvent leur être utiles ! Qu’il seroit aussi à désirer que ceux qui sont revêtus du ministère ecclésiastique, ne cherchassent, comme saint Augustin, que le bien des ames, plutôt que leurs propres intérêts, et à plaire aux hommes ; et que, sans avoir égard à la condition des personnes, ils enseignassent toujours, à l’exemple de leur divin Maître, la voie de Dieu dans la vérité !

110. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VIII. De la Danse sacrée des Égyptiens »

Comme les Prêtres d’Osiris avaient pris originairement des Prêtres du vrai Dieu, une partie de leurs cérémonies ; le Peuple juif, à son tour, entraîné par le penchant à l’imitation si puissant dans l’homme, se rappela, dans le désert, le culte du Peuple qu’il venait de quitter, et il l’imita. Ainsi les hommes qui se sont toujours regardés comme des Êtres fort supérieurs, n’ont cependant été depuis la création, que les singes les uns des autres.

111. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1660 — Juillet : Ballets des comédiens espagnols à Paris — La Muse historique de Loret — Loret, lettre du 24 juillet 1660 »

Ils chantent, ils dansent Ballets, Tantôt graves, tantôt follets ; Leurs femmes ne sont pas fort belles, Mais paraissent spirituelles, Leurs sarabandes et leurs pas Ont de la grâce et des appâts, Comme nouveau ils divertissent, Et de leurs castagnettes ravissent : Enfin, je puisse être cocu, Si je leur plaignis mon écu ; Et je crois que tout honnête Homme Leur doit porter pareille somme Pour subvenir à leur besoin, Puisqu’il sont venus, de si loin, Avecque Comédie et danse, Donner du plaisir à la France.

112. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Première partie] »

Il n’y a même aucun de nous, qui s’imagine qu’il soit nécessaire de faire un Cours de Sciences pour devenir un excellent Danseur ; et s’il s’en trouve quelqu’un, dans le grand nombre, qui parvienne à connaître les devoirs qui lui ont été imposés par des hommes célèbres, qui acquière même imparfaitement quelques unes des connaissances qu’on lui représente comme indispensables pour exceller dans cet Art, il le doit à son envie de s’instruire, et non pas à son éducation, ou à ses Maîtres. […] 8Mais si l’autorité de Lucien et de tant d’autres hommes illustres fait quelque impression sur notre esprit, il faut que nous convenions de bonne foi, que ce que nous avons appelé Danse, jusqu’à la révolution qui y est arrivée, il n’y a pas plus de vingt ans, n’est autre chose que la connaissance de ses éléments. […] Il serait absurde d’honorer du titre de Savant un homme qui peindrait élégamment des lettres, qui ferait de beaux traits de plume, sans qu’il fût en état d’entendre ce qu’on lui donnerait à copier, ni d’écrire par lui-même des choses dignes d’être lues. Cet homme, borné à l’adresse de la main, n’aurait d’autre mérite que celui d’un griffonnage laborieux et compassé. […] Ces Ecrivains (d’ailleurs d’un mérite distingué) ont allégué encore en citant Suétone, que Caligula grand amateur de la Saltation avait sauté un Cantique, ou l’air d’un Cantique, vêtu d’une longue robe qui lui descendait jusqu’aux talons : sur quoi l’Abbé Du Bos avance que rien ne convenant moins qu’un habillement long à un homme qui danse à notre manière, il est évident que la Saltation était différente de notre Danse.

113. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IV. » pp. 25-31

Je ne parle point de cette partie du public, qui en est l’ame et le ressort, de ces hommes sensés qui, dégagés des prejugés de l’habitude, gémissent de la dépravation du goût, qui écoutent avec tranquillité, qui regardent avec attention, qui pèsent avant de juger, et qui n’applaudissent jamais que lorsque les objets les remuent, les affectent et les transportent : ces battemens de mains prodigués au hazard ou sans ménagement, perdent souvent les jeunes gens qui se livrent au théatre. […] Il ne faut à la danse qu’un beau modèle, un homme de génie, et les ballets changeront de caractère. […] « Et vous, jeunes gens, qui voulez faire des ballets, et qui croyez que, pour y réussir, il ne s’agit que d’avoir figuré deux ans sous un homme de talent, commencez par en avoir.

114. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VI. Causes de la Décadence de l’Art »

Que peut-on espérer d’un homme à talents que ses premiers succès ont mis à la mode, qui vit dans le sein des familles les plus considérables comme l’enfant de la maison, qui n’a plus rien à faire pour captiver les suffrages, qui possède par de-là ce qu’il pouvait prétendre ? […] Il n’y a point de genre, qui pour être porté à la perfection dont il est susceptible, et pour s’y maintenir, n’exige toute l’attention, toute l’application, tous les efforts dont l’homme est capable.

115. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VIII. Objections : Plusieurs directeurs permettent la Danse. » pp. 202-205

Après un tel exemple, est-il permis de se rassurer sur la multitude des confesseurs qui trompent les ames, ou par ignorance ; ou par une lâche complaisance ; pendant qu’un très-petit nombre plus occupés du soin de plaire à Dieu et de sauver ceux dont ils sont chargés, que de plaire aux hommes, enseignent , à l’exemple de leur divin Maître, la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à la condition des personnes  ? […] En effet, quand le roi Josaphat lui demanda s’il n’y avoit pas quelque prophète du Seigneur par lequel ils pussent consulter le Seigneur, Achab lui répondit qu’il y en avoit un, par qui ils pouvoient consulter le Seigneur ; mais qu’il haïssoit cet homme-là, parce qu’il ne lui prophétisoit jamais rien de bon, et qu’il ne lui annonçoit que du mal

116. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Discours préliminaire, préface, avis au lecteur, ou tout ce qu'on voudra . » pp. -

Des raisons plus pressantes, des embarras plus fâcheux, doivent les engager à renoncer à la carrière pénible & brillante d’hommes de Lettres, à cette montagne stérile, où croissent à peine quelques lauriers, & sur laquelle un Dieu misérable éblouït une troupe d’infortunés, qu’il repaît de vent & de fumée. […] L’Europe apprendra qu’elle a un grand homme de plus à admirer : mon esprit sublime fort enfin de l’obscurité, il va paraître avec éclat.

117. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Réponse de Voltaire » pp. 8-9

Vous êtes un Promelhée ; il faut que vous formiez les hommes, et que vous les animiez.

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