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70. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XVII, quelques philosophes » pp. 188-

— Vous donnent-ils quelque chose ? […] Ils nous donnent de vieux habits, de la nourriture et de l’argent quand ils peuvent. […] Un jour, je leur donnai des billets pour un grand concert. […] — Il me conduit à la fontaine quand il a soif et je lui donne sa part. […] — On me les donne, de-ci de-là.

71. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIV. » pp. 134-149

Mon dessein n’est cependant ni d’entreprendre une dissertation anatomique, ni de me donner un air de démonstrateur qui me siéroit mal ; je me bornerai à décrire les articulations qui coopèrent le plus aux mouvemens du danseur. […] Pour donner des leçons utiles, il faut savoir connoitre son élève, chaque écolier demande des principes différens : ce qui convient à l’un ne convient point à l’autre ; ce qui redresse celui-ci estropie celui-la. […] Donnons quelques exemples capables de développer l’emploi de ces différentes articulations relativement aux mouvemens qui constituent le méchaisme de l’art. […] Ce n’est que par des rondeurs que l’on peut diminuer l’étendue des bras et leur donner de la grace ; ce n’est que par les effacemens du corps qu’on trouve l’art de les faire paroître plus courts. […] Ce que j’ai dit est plus que suffisant pour le but que je me propose, et cette portion de connoissance, quelque petite qu’elle soit, ne laissera pas de servir utilement au danseur, et de le guider dans les leçons qu’il donnera à ses élèves.

72. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Méthode ou Principes élémentaires sur L’art de la danse pour la ville. » pp. 11-92

Si le genre de danse est conforme aux vrais principes, il donne au corps des avantages que la nature seule ne donne point, et qui nous distinguent des danseurs ordinaires. […] Exécutez ces battemens des deux jambes ; cet exercice donne du dehors, de la fermeté, et habitue les coudes-pieds à se tendre, à se replier, et donne conséquemment le jeu des ressorts. […] Ce tems, comme exercice, donne de l’élévation, habitue à plier et tendre avec vivacité. […] Ce tems, comme exercice, donne de l’aplomb et habitue les jambes à se développer. […] Il faut soutenir les bras un peu arrondis, pour leur donner plus de grâces ; ne leur donner aucun mouvement, et dans cet état se tenir éloignés l’un de l’autre autant que le permet l’étendue des bras, pour éviter de se rendre incommode l’un à l’autre.

73. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre V. De l’usage de la Danse grave & sérieuse, convenable aux Bals de cérémonie. » pp. 112-145

Pline, Liv. 7, dit seulement que les Curétiens furent les inventeurs du bal de la guerre, & qu’il fut perfectionné par Pyrrhus qui inventa la danse Moresque, ou le Passepied : Aquilon ne sçauroit donner d’autre application qu’à la Pyrrhique. […] C’est un usage en France, qu’à toutes les occasions des réjouissances publiques, l’Hôtel de Ville de Paris donne une fête qui consiste en festins, en bals, & en grands feux d’artifice, dont la dépense est très-considérable. […] J’ai vu en 1664 la fête qu’on leur donna à l’Hôtel de Ville en pareille occasion, où les festins, les bals & les feux de joie répondoient à la magnificence du régne de Louis XIV. […] Enfin je ne puis donner au Lecteur une plus noble idée d’un bal de cérémonie, que de celui que j’ai vû à Versailles, au mariage de Monsieur le Duc de Bourgogne, dont l’ordre & la magnificence peuvent servir de modele à toutes les Cours de l’Europe. […] Le Passepied est encore une danse des plus anciennes, puisque Pline nous assure qu’elle tire son origine de la Pyrique, & que cette danse est fort convenable à la jeunesse pour dénouer le corps, & lui donner la bonne grace quand il se présente dans une assemblée.

74. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XII. » pp. 115-121

Le geste, comme je l’entends, est un second organe que la nature à donné à l’homme ; mais il ne se fait entendre que lorsque l’ame lui ordonne de pailer. […] Vest ris le père avoit obtenu de la cour de France la permission de passer trois mois de chaque année à celle du Duc de Wurtemberg ; on trouvoif chez ce Prince ami des arts, des talens et de le magnificence, la danse la plus belle, la plus nombreuse et la mieux exercée : Les rares talens de Vestris quant à la partie mécanique mirent le sceau à la perfection qu’on y remarquoit ; ce beau danseur ne s’étoit point exercé à l’art pantomime, inconnu alors à l’opéra ; étonné de ma manière de faire et de la nouveauté de mon genre, il sentit qu’il avoit en lui les moyens propres à peindre et à exprimer les passions ; je lui fis jouer successivement les rôles de Renaud dans le ballet d’Armide ; d’Admete dans celui d’Alceste ; de Jason dans Médée ; de Danaüs dans les Danaïdes ; de Pluton dans Proserpine ; d’Hercule dans le ballet de ce nom, d’orphée etc. ; il joua ces différens rôles avec une perfection rare, et encouragé par les succuès qu’il avoit obtenu dans ce nouveau genre, il donna à l’opéra mon ballet de Médée et Jason ; cette scène tragique fut reçue avec enthousiasme et ce fut pour la première fois que la danse en action fit répandre des larmes aux spectateurs. Vestris en quittant Stuttgard se rendit à Vienne et y donna Médée ; il fut ensuite à Varsovie et y donna encore Médée, et en propageant mon genre et mes productions, il étendit sa réputation et reçut partout les plus brillantes récompenses. […] Cette harmonie intime de mouvemens de toute la machine ne peut être le résultat des principes de l’école ; l’élève est, si j’ose m’exprimer ainsi, un bloc que les principes dégrossissent ; ils l’ébauchent, mais le goût seul, je le répète, finit et donne à la figure les contours et la grace qu’elle doit avoir pour être vraiment belle.

75. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Gardel a donné au public cinq ballets en action et une charmante plaisanterie. […] Gardel, Il a donné depuis son admission à la place de maître des ballets de l’opéra, Télémaque, Psiché et Paris. […] Ils auroient du se contenter de blâmer le mauvais choix du compositeur, lui reprocher la trop grande extension qu’il avoit donnée à des sujets pauvres, foibles, froids et languissans, lui prouver que les épisodes dont il les a farcis, n’ont pu les réchauffer, et que les efforts multipliés de la danse n’ont pu suspendre ni éloigner leur chûte. […] Le tems qu’ils donnent à l’étude de leur art et à l’imitation de la nature, ne leur permet pas d’approfondir la langue des Homère et des Virgile. […] Vous me demanderez, Madame, ce qui m’empêche de vous donner l’analyse des ballets de M.

76. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre X. De la maniere d’ôter son chapeau, & de le remettre. » pp. 24-28

Premiere temps pour oster le Chapeau [Légende intérieure] plie du coude Après avoir donné la démonstration des Positions, & parlé des Reverences en general, pour suivre l’ordre que je dois observer, & que l’on ne fait pas de reverence sans ôter le chapeau avant de la commencer. […] Voila la maniere qui m’a paru la plus séante pour le porter avec grace : on doit le poser d’abord sur le front un peu au-dessus des sourcils, & en appuyant la main moderément contre le retroussi, elle ne le fait enfoncer par derriere qu’autant qu’il le faut, devant être plus bas devant de deux ou trois lignes que derriere ; le bouton doit être du côté gauche, de même que le bec ou la pointe au-dessus de l’œil gauche, ce qui dégage le visage : car de le porter tout-à fait en arriere, cela donne un air niais & imbécile : le trop enfoncer par devant donne un air sournois, ou colere, ou rêveur, au lieu que la maniere de le porter tel que je vous l’ai representé, vous fait paroître bien sensé, modeste & temperé.

77. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Avant-propos » pp. 5-17

Le corps s’est alors agité, les bras se sont ouverts ou resserrés, les pieds ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvements, tout le corps enfin a répondu par des positions, des sauts et des attitudes, aux sons dont les oreilles étaient frappées ; et c’est ainsi que le chant, qui était l’Expression d’un sentiment, en a fait développer une seconde qui existait chez l’homme, à laquelle on a donné le nom de Danse ou de Ballet. […] Peut-être que l’étude réfléchie que j’ai faite sur cet art, que je professe, l’application, les soins que j’ai mis pour tâcher de rendre mon ouvrage utile et intéressant, ne seront pas tout à fait vains ; du moins si mes faibles espérances sont détruites, j’aurai toujours la satisfaction d’avoir été le premier à donner les documents de l’art du danseur, en attendant qu’un autre, plus éclairé, marchant sur mes traces, atteigne, par des moyens plus efficaces, le but que j’aurai placé dans cette carrière. […] [5] J’ose donc espérer que les instructions, les leçons que je vais donner, provenant des écoles des plus grands maîtres, qui ont fait faire à la danse moderne des progrès immenses, et qui l’ont tant embellie, pourront d’autant plus faciliter les élèves dans leurs études, que j’ai, à l’aide d’un travail assidu, fait d’après les vrais principes, par ma propre expérience, et par l’observation des plus excellents modèles que j’ai eu sous les yeux, appliqué à mes leçons de nouveaux moyens d’enseignement, et des démonstrations rigoureusement exactes. […] Lorsqu’ils seront parvenus à s’assujettir à ce travail, que j’oserai dire mathématique, à cause de sa rigueur, ils seront sûrs de se bien placer, et ils donneront des preuves qu’ils sortent d’une bonne école, dans laquelle ils ont acquis un goût pur7. […] Langage que je crois même indispensable dans nos leçons, en traçant sur l’ardoise ces figures par des lignes droites, comme dans l’exemple donné ici : cent élèves à la fois, ayant les yeux fixés sur ce modèle, concevront de suite, ensemble, et très facilement, leurs positions, leurs attitudes, sans que le maître soit obligé de s’époumoner par des discours longs à chacun d’eux.

78. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VI. les débuts de fanny elssler à paris  » pp. 188-219

L’arrivée de Fanny Elssler lui parut opportune pour donner une fois de plus libre cours à sa colère. […] L’ordre est donné de faire commencer l’ouverture. L’homme chargé de donner le signal le fait en frappant trois fois du pied gauche. […] A un signal donné, tout cela a été précipité sur la scène. […] Ce ballet lui donnait un rôle trop court pour qu’elle pût y développer toute sa maîtrise.

79. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Description méthodique des figures de contredanse qui se dansent généralement ; suiviede variétés et de plusieurs autres contredanses nouvelles. » pp. 109-128

Chaque cavalier et sa dame, aussitôt après avoir balancé, se donnent les deux mains, et font un tour sur place en partant à la droite l’un de l’autre jusqu’à chacun leur place, où ils se quittent les mains, le tout en quatre mesures. […] Deux dames de vis-à-vis changent de place et se donnent, en passant, la main droite en main droite, ensuite la main gauche en main gauche à chacun des deux cavaliers qui sont restés à leur place. […] Le même cavalier et celui de vis-à-vis avec les deux dames qui sont placées à ses côtés s’avancent, se donnent les mains pour faire un demi-tour de rond jusqu’à la place opposée à chacun la leur et où ils se séparent, chaque cavalier ayant alors sa dame placé à côté de lui, en quatre mesures. […] Ensuite les dames, sans se quitter la main gauche, donnent chacune la main droite à leur cavalier et balancent tous en même tems, et en quatre mesures. […] Un cavalier et sa dame se donnent la main droite en main droite, le cavalier en même tems donne la main gauche en main gauche à la dame qui figure à sa gauche, et les deux dames se donnent l’autre main derrière le cavalier et à la taille, et vont tous trois deux fois en avant et en arrière durant huit mesures.

80. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre I. Discours sur les Bras & sur l’utilité de les sçavoir conduire avec grace. » pp. 195-196

Et de plus chacun sçait que Monsieur de Beauchamp a été un des premiers qui les a mis au jour ; & qu’il en donnoit les regles, & c’est-là ce qui a fait naître le desir à tant de personnes de l’un & de l’autre sexe de s’y exercer, pour y augmenter tous les agrémens qu’ils ont aujourd’hui, & qu’ils n’auroient pas si tous ces excellens sujets n’y eussent donné leurs soins & leurs attentions. Pour moi, je dirai seulement que je regarde les bras qui accompagnent bien le corps en dansant comme la bordure fait à un Tableau : car si elle n’est faite de façon qu’elle puisse convenir au Tableau, quelque beau qu’il soit, il n’est pas si parent : ainsi quelque bien qu’un Danseur fasse les pas, s’il n’a point les bras doux & gracieux, sa danse ne paroîtra pas animée, & par consequent fera le même effet que le Tableau hors de sa bordure : quelque-uns m’allegueront que c’est un don particulier, je l’avoüe ; mais néanmoins j’espere que je ne laisserai pas de donner des moyens pour les acquerir par une ample & distincte démonstration que j’en ferai dans cette Partie, & qui ne doit pas moins contribuer à l’avancement de la jeunesse, qu’au soulagement des Maîtres ce qui est tout ce que je me suis proposé dans mon Livre.

81. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Question d’un homme de lettres sur la musique. » pp. 4-7

En Italie et dans les grandes villes, un opéra se joue pendant trois mois, après les quels il court risque de ne jamais reparaître, à moins que l’entrepreneur ne sachant que donner, ne soit obligé de rechercher dans les opéras connus. […] Je n’en veux donner d’autre preuve que les poëmes de leurs opéras, en exceptant le seul Métastase. […] Tous ces faits comparés donnent les grands moyens de décider la question que je propose.

82. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Plan. du ballet d’alexandre. » pp. 219-222

Des ordres sont donnés à Ephestion pour que ces illustres captives soient traitées avec les plus grands égards et servies avec magnificence. […] La cérémonie achevée, le Prince vétu à la Persanne, distribue des coupes d’or à ses principaux Officiers, leur fait de riches présens, et leur donne en mariage les prisonnières de distinction qui accompagnoient la famille de Darius. […] Ce ballet a été donné à Stuttgard avec toute la pompe et la magnificence dont il est susceptible.

83. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre II » pp. 16-26

J’aurais tout donné pour une pendule ; ce désir était devenu si violent, que j’en rêvais. […] Il ne m’avait jamais donné que d’excellents conseils, mais ses yeux avaient l’air de contredire ses paroles. […] J’aurais donné beaucoup pour qu’elle sonnât tout de suite. — Je la retournai pour en examiner le mécanisme, enfin elle sonna : sa sonnerie était claire et argentée. […] — Voulez-vous que je vous la donne, reprit-il doucement, ou plutôt que je vous la vende ?

84. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Septième lettre. Juste Odoard à Mlle de Nesmes. » pp. 446-448

Tu m’aimes pourtant, toi ; il n’y a que cela qui me donne un peu d’aplomb dans la vie. […] Flaminien, comme l’appelle Champorel quand il lui parle, a, comme je te l’ai dit, vingt-six ans, mais on lui en donnerait bien trente. […] — Avant tout, monsieur le duc, il faudrait me dire quelle importance vous voulez donner à la construction nouvelle. — J’en veux donner autant que possible, je suis habitué aux grands appartements.

85. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « Observations sur la construction d’une salle d’opéra. » pp. 3-32

J’exigerois encore comme une chose absolument indispensable que l’on donnât aux parties latérales de la droite et de la gauche du théâtre six toises au moins de largeur à prendre depuis le premier chassis qui suit le Proscénium jusqu’au maître mur ; cet espace nécessaire à la manœuvre perpétuelle des ouvriers, à l’entrée des acteurs, des corps de danse, des chœurs, et des comparses, donneroit beaucoup de facilité à toutes les brandies de service, et il en naîtroit un ensemble, une précision, une variété dans les effets et un silence qui n’ont jamais existé à l’opéra. […]   L’augmentation que j’ai donnée à la largeur et à la profondeur du théâtre faciliteroit le moyen d’y établir deux hangards ou magasins fermés par de grandes arcades : Ces deux emplacemens seroient pratiqués de droite et de gauche sur les parties latérales du théâtre et les arcades se fermeroient à volonté. […] Je lui dis : les loges de huit places seront réduites à quatre ; dans les grandes représentations on n’aura d’autre peine à se donner que de baisser un panneau. […] Je ne leur donne point mes pensées comme les règles de leur art. […] Ce ne sera pas la première fois qu’une idée mal rendue aura donné le jour à des idées plus grandes et mieux développées ; la foiblesse et le besoin furent les premiers principes des arts et des sciences.

86. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — LETTRE XII. » pp. 157-180

Le tems lui a-t-il donné des forces ? […] L’attitude contraire donne de l’aisance et du brillant ; elle répand des graces dans les pas, dans les positions et dans les attitudes. […] Insensiblement il donne du jeu, du ressort, et de la souplesse, au lieu que la boite ne sollicite qu’à des mouvemens qui se ressentent plutôt de la contrainte que de la liberté qui doit les faire naître. En gênant les doigts de quiconque joue d’un instrument, parviendra-t-on à lui donner un jeu vif et une cadence brillante ? […] L’étude de la musique peut, comme je vous l’ai déja dit, remédier à ce défaut, et donner à l’organe moins d’insensibilité et plus de justesse.

87. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XII. » pp. 315-361

Le temps lui-a-t-il donné des forces ? […] L’attitude contraire donne de l’aisance & du brillant, elle répand des graces dans les pas, dans les développements, dans les positions & dans les attitudes. […] Insensiblement il donne du jeu, du ressort & de la souplesse, au lieu que la boîte ne sollicite qu’à des mouvements qui se ressentent plutôt de la contrainte que de la liberté qui doit les faire naître. En gênant les doigts de quiconque joue d’un instrument, parviendra-t-on à lui donner un jeu vif & une cadence brillante ? […] L’étude de la Musique peut, comme je vous l’ai déjà dit, remédier à ce défaut, & donner à l’organe moins d’insensibilité & plus de justesse.

88. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Poste-face, Post-scriptum , ou. Réflexions sur l’incertitude des jugemens en matière de Littérature. » pp. 38-48

Comment peut-il entrer dans une tête passablement organisée que son seul jugement réunît tous ceux qu’on pourrait donner sur le même objet ? […] Je vais pourtant essayer de résoudre une partie de la question, puisqu’il m’est impossible d’en donner une solution entière & précise. […] Si ces raisons avaient quelque chose de satisfaisant, on en conclurait peut-être que le suffrage d’un petit nombre suffit, au moins au Théâtre, puisque je donne à entendre que c’est ordinairement lui qui fait le succès des Ouvrages qu’on y représente ; mais avant qu’on se décide tout-à-fait, j’observerai que je donne aussi à entendre qu’il saut que l’émotion particulière devienne générale, pour faire autorité : je prierai de remarquer encore que je dis plus haut qu’il n’y a point de vrai beau, s’il ne plaît à tout le monde ; de même que l’électricité agit sur une chaîne non-interrompue. […] Les Journalistes sont encore dans l’erreur, puisqu’ils donnent leurs avis comme des loix, & veulent apprendre au Public ce qu’il doit estimer ou dédaigner. […] Après avoir vu détruire par l’événement mes plus chères espérances, je n’ai pu me résoudre à perdre à jamais les charmantes productions de mon esprit, & je me suis dit qu’il fallait les donner au Public sans y rien changer.

89. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VII. » pp. 56-64

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on donne le titre de ballet à des danses figurées que l’on ne devroit appeler que du nom de divertissement ; on prodigua jadis ce titre à toutes les fêtes éclatantes, qui se donnèrent dans les différentes cours de l’Europe. […] je considère toutes les productions de ce genre dans les différentes cours de l’Europe, comme des ombres incomplettes de ce qu’elles sont aujourd’hui, et de ce qu’elles pourront être un jour, j’imagine que c’est à tort que l’on a donné ce nom à des spectacles somptueux, à des fêtes éclatantes qui réunissoient tout à la fois la magnificence des décorations, le merveilleux des machines, la richesse des vêtemens, la pompe du costume, les charmes de la poésie, de la musique et de la déclamation, le séduisant des voix, le brillant de l’artifice et de l’illumination, l’agrément de la danse, et des divertissemens, l’amusement des sauts périlleux et des tours de force : toutes ces parties détachées forment autant de spectacles différens ; ces mêmes parties réunies en composent un, digne des plus grands Rois. […] Dégagé des préjugés de mon état et de tout enthousiasme, je considère ce spectacle compliqué comme celui de la variété et de la magnificence, ou comme la réunion intime des arts aimables ; ils y tiennent tous un rang égal ; ils ont dans les programmes les mêmes prétentions ; je ne conçois pas néanmoins comment la danse peut donner un titre à ces divertissemens puisqu’elle n’y est point en action, qu’elle n’y dit rien, et qu’elle n’a nulle transcendance sur les autres arts, qui concourent unanimement et de concert aux charmes à l’élégance et au merveilleux de ces représentations. […] Sa matière, est le sujet que l’on veut représenter, sa forme, est le tour ingénieux qu’on lui donne, et sa figure se prend des differentes parties qui le composent : la forme constitue donc les parties de qualité, et l’étendue, celles de quantité. […] La main habile d’un artiste peut attacher un prix inestimable aux choses les plus viles, et, d’un trait hardi, donner à l’argile la moins précieuse le sceau de l’immortalité.

90. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre VI. Des Mascarades »

On joignait à cette Danse quelques Récits qui en donnaient les explications nécessaires. […] Tel est le Carnaval mauvais Opéra formé des entrées de la Mascarade du même nom, composée par Benserade en 1668 que Lully augmenta de récits en 1675 et qui réussit à son théâtre, parce que tout ce qu’il donnait alors au public était reçu avec enthousiasme.

91. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre III. Des mouvemens de la Danse par rapport aux actions humaines, suivant les préceptes des Egyptiens & des Grecs. » pp. 59-69

Les Anciens qui ont jugé que la représentation des Balets étoit une maniere d’instruction pour la régle des mœurs, en imitant par les mouvemens de la Danse toutes les actions humaines, ont donné des préceptes pour les caractériser par la différence des mouvemens que les passions nous inspirent. […] Il faut qu’il paroisse de la contrainte dans un amour naissant, de la hardiesse dans ses progrès, & beaucoup de transport dans ses succès : enfin il faut lui donner toutes les couleurs que les Naturalistes ont remarquées ; que tout parle en lui ; que ses yeux, ses gestes, ses pas, sa mine, ses mouvemens fassent connoître ce qu’il est & ce qu’il sent. […] C’est ce que le sieur Beauchamps a sort bien observé dans la composition des Balets qu’il nous a donnez depuis l’établissement de l’Opéra en France, & que le sieur Pecourt son éleve a continué avec succès depuis sa mort. Le sieur Blondy nous a donné aussi des Balets pour danser aux Tragédies des Jésuites, qui ont été fort estimez. […] On peut encore dans une même Entrée exprimer des mouvemens différens, pourvû qu’ils ayent quelque rapport : les uns peuvent donner des coups de sabre ou des coups de massue, & les autres les parer avec des boucliers ; un Magicien peut invoquer des ombres, des fantômes, & faire des cercles avec sa baguette enchantée, tandis que ces ombres ou les démons feront diverses postures ; des amours peuvent forger des dards, & d’autres s’amuser à percer des cœurs, &c.

92. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre quatrième. Étude des bras » pp. 57-63

[2] Si la nature ne vous a point favorisé, en vous donnant de beaux bras arrondis et bien faits, vous ne sauriez alors trop vous livrer à l’étude, pour la forcer de suppléer à ses dons : mais par un exercice réfléchi vous pourrez parvenir à donner de l’élégance, de la grâce à des bras maigres, et vous ferez même disparaître leur longueur, en sachant les arrondir avec art45. […] (a) Il nous semble que l’explication de l’Opposition, donnée par Noverre, dont nous nous faisons ici une juste autorité, ne présente pas toute la clarté que ce sujet exige. […] C’est ce que nous dit Noverre dans l’exemple qu’il apporte de la marche de l’homme ; ainsi quand il ajoute que l’Opposition est, lorsque l’homme, ou le danseur, a le pied droit devant, c’est-à-dire qu’il le porte en avant, il veut indiquer que le bras gauche doit, pour balancer la déclinaison de la ligne du centre de gravité, se porter en même temps en avant ; ce qui donne de plus au danseur infiniment de grâce, parce qu’il doit toujours éviter l’uniformité des lignes, comme la peinture le recommande à ses élèves. […] Le coude, comme le poignet, a son mouvement de haut en bas, et de bas en haut, avec cette différence, que lorsque vous pliez les coudes, les poignets les accompagnent ; ce qui empêche que les bras ne soient roides, et ce qui leur donne beaucoup de grâce.

93. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Traduction des passages italiens parsemés dans cet ouvrage » pp. 115-118

Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs, et aux élèves, dont le plus grand nombre, sans doute, ne connaît pas la langue italienne de leur donner le sens, ou la traduction littérale des citations que nous avons faites de divers morceaux, extraits d’auteurs italiens ; mais pour ne pas embarrasser notre discours et nos notes nous avons trouvé plus convenable de reporter à la fin ces traductions, que les lecteurs consulteront à leur loisir. […] — Disposez les attitudes de vos personnages et donnez à leurs membres un mouvement tel que cet accord fasse voir ce qui se passe dans leur âme. […] C’est pour cela qu’Ovide donne aux bras d’une danseuse l’épithète de Nombreux, au lieu d’Harmonieux. […] — Ne mettez jamais la tête droite sur les épaules, mais un peu tournée de côté à droite ou à gauche, soit que vous fassiez regarder votre figure en haut, ou en bas, ou devant elle, parce qu’il importe que vous donniez à vos têtes un mouvement qui annonce de la vivacité naturelle, et qu’elles ne paraissent pas endormies.

94. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre IV. Sur le même sujet. » pp. 24-29

L’Oratorio d’Hayden, intitulé la création du monde fut donné sur le théâtre de l’opéra ; cet ouvrage rempli de science et de goût, de beautés musicales et imitatives, étonna par l’abondance et la richesse des plus savantes combinaisons ; mais il ne fut bien apprecié que par les connoisseurs, et malheureusement ils sont en petits nombre. […] Les artistes qui composent le brillant orchestre de l’opéra, ainsi que les hommes à talens qui s’étoient réunis à eux pour donner à l’exécution de cet ouvrage toute la perfection qu’il méritoit, en apprécièrent les beautés ; et dans l’enthousiasme de leur admiration ils écrivirent à l’auteur. […] Ces annonces prématurées et mensongères, ne contribuèrent pas peu à dégouter le public ; les louanges outrées que cet ex-directeur ne cessoit de donner à l’ouvrage d’Hayden, portoient le caractère du charlatanisme. […] Cet opéra fut donné dernièrement à Paris, sous le titre pompeux des Mystères d’Isis.

95. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VI. Causes de la Décadence de l’Art »

Les Patriciens donnèrent un asile dans leurs Palais, les simples Citoyens dans leurs maisons, aux Danseurs qu’ils craignaient de perdre. […] Les Courtisans de Caligula, de Néron, etc. au contraire, en descendant de leur rang jusqu’à s’associer aux Danseurs de leur temps, s’avilirent eux-mêmes, sans donner de l’émulation aux Artistes. […] Ce n’était plus par conséquent que le caprice qui y donnait des lois, la fantaisie qui y appréciait les talents, la cabale qui y décidait les succès.

96. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre II. Origine des Ballets »

Le Cardinal Camerlingue Riari [Riario], neveu du Pape Sixte IV avait tenté d’inspirer à ce Souverain Pontife du goût pour ces beaux établissements, mais Sixte reçut avec assez de froideur quelques Spectacles ingénieux que Riari lui avait donnés sur un Théâtre mobile dans le Château Saint-Ange. […] Un grand Spectacle qu’il venait de donner au Peuple de Rome, où il n’avait épargné ni soins, ni dépense, et qui avait encore manqué l’effet qu’il s’en était promis, avait achevé de le décourager. […] C’est cette représentation Dramatique, peu régulière, mais remplie cependant de galanterie, d’imagination et de variété, qui a donné dans la suite l’idée des Carrousels, des Opéras, et des grands Ballets à machines.

97. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Les Amours de Vénus, ou les Filets de Vulcain. Petit ballet en action. » pp. 169-175

Vénus donne une fête à Mars. […] L’Amour toujours malin engage les Nymphes à le suivre ; il veut qu’elles soient embrasées de ses feux, il les conduit dans des bosquets délicieux, et il leur donne d’intéressantes leçons. […] Le Petit Dieu veut se venger de la plus jeune d’entre elles ; il lui donne un baiser ; celle-ci d’accord avec ses compagnes se saisit de l’enfant ailé ; elles l’enchaînent à un arbre avec des fleurs.

98. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre V. Sur le même sujet. » pp. 30-34

Je vous ai promis, Monsieur, de donner, s’il est possible, un corps à mes idées, et de remonter aux causes premières qui ont enchaîné les peuples de l’Allemagne à l’étude constante et habituelle de la musique. […] Des hommes intelligens, peut-être un pâtre, dont la cornemuse faisoit les délices de sa contrée, auront donné l’idée d’employer les instrumens. […] Personne n’ignore à quel dégré de prospérité le commerce de l’Inde a élevé l’Angleterre ; et l’on a vu depuis deux siècles l’essor prodigieux qu’il a donné à cette nation.

99. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXIII. Des agrémens que l’on peut faire dans le Menuet, & l’attention qu’il faut avoir pour le figurer également. » pp. 92-98

Quoique le Menuet le plus uni selon le goût de beaucoup de personnes, soit le mieux dansé : cependant, j’y ai vû faire quelques agrémens, qui lui donnent plus d’enjoüement, & plus de grace, & comme je vois qu’ils sont fort en usage, c’est ce qui m’engage de vous donner l’intelligence de les faire, afin que l’on puisse les mettre en pratique, soit en donnant la main, ou dans d’autres endroits. […] Après avoir examiné tous les temperamens & l’intelligence necessaire pour bien figurer, il me reste encore deux parties essentielles qui sont l’oreille, & les bras, pour cette premiere, si l’on n’a pas cette facile disposition ; qui fait entendre d’abord cette cadance ; c’est alors qu’il faut s’appliquer à battre cette mesure, lorsque vos Maîtres vous donnent vos leçons, & même vous en faire instruire, afin que vous puissiez entendre & comprendre cette cadance, qui fait l’ame de la danse, & qui bien souvent ne dépend que du peu d’application.

100. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « Errata du tome III » pp. -

53. 9. en ont donné, lisés : en ont donné.

101. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre XVII. Des differentes manieres de faire les bras avec toutes sortes de Chassez. » pp. 264-267

Après vous avoir donné les moïens les plus aisez pour faire tous les chassez qui se font dans les danses de Ville ; il est necessaire aussi que je vous explique la maniere d’y faire les bras de plusieurs façons. […] Ces chassez s’y trouvent au commencement du troisiéme couplet, où ils sont précedez d’un coupé : ainsi dans ce coupé vous pliez les deux bras, & vous les étendez au premier mouvement du chassé ; mais au second mouvement qui se releve sur le pied contraire à la jambe, qui a chassé le même bras du côté de la jambe, qui se leve, il se plie, parce qu’ordinairement à la suite de ce pas, c’est un pas en tournant, & comme j’ai dit ci-devant dans le Chapitre des Piroüettez, que c’est le bras qui donne au corps la facilité de se tourner du côté qu’il s’étend ; c’est pour cela que l’on fait cette opposition : car si c’étoit comme à l’Allemande où il s’en fait plusieurs de suite, il n’y faudroit pas d’opposition ; il est vrai, que l’on ne fait pas de bras dans les chassez de cette danse, à cause qu’elle est parfaitement caracterisée.

102. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Les masques des Vents sont ceux qui ressemblent le mieux aux Originaux que les Peintres nous ont donné, & si l’on a besoin d’un masque au Théatre, c’est sans doute de celui-là. […] Quel est le Peuple de la terre à qui elle a donné une exacte ressemblance ? […] En effet, quel conseil peut-on donner à un masque ? […] Permettez-moi donc de donner la préférence aux Physionomies vives & animées. […] Le Théatre d’ailleurs est avantageux à l’Acteur ; les lumieres donnent ordinairement de la valeur aux traits, & les physionomies qui sont spirituelles gagnent toujours à être vues sur la Scene.

103. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse ancienne »

La fureur divine dont ils paraissaient saisis, leur fit donner le nom de corybantes. […] On donnait ce nom à toutes les danses anciennes qu’on exécutait avec des armes, et dont les figures peignaient quelques évolutions militaires. […] Les danses lascives des Grecs donnèrent aux Romains l’idée de celle-ci, et ils surpassèrent de beaucoup leurs modèles. […] (Hist. anc.) c’est le nom que les Grecs donnaient à ceux qui révélaient les mystères des Orgies de Bacchus, qui ne devaient point être connus du peuple. […] Un des suivants de Bacchus, dans sa conquête des Indes, l’inventa et lui donna son nom ; elle était grave et sérieuse.

104. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre III. Objet de cet Ouvrage. »

Cette foule d’hommes oisifs qu’on ne saurait désigner que par les places d’habitude qu’ils occupent à nos spectacles, cet essaim de femmes à prétentions qui cherchent sans cesse le plaisir, et que le plaisir fuit toujours ; cette jeunesse légère, qui juge de tout, et qui ne connaît encore rien ; ces gens aimables du Monde, qui prononcent toujours sans avoir vu, et qui en effet rencontrent mieux quelquefois que s’ils s’étaient donnés la peine de voir, font tous partie de la multitude, qui prend le ton, sans s’en douter, des Artistes, des Amateurs, et de la bonne Compagnie12. Ainsi un Traité qui corrigerait les abus, et qui aiderait les progrès de l’Art, leur deviendrait par contrecoup infiniment utile, sans même qu’il fût besoin qu’ils se donnassent la peine de le lire.

105. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvii » pp. 96-101

Il seroit à désirer que la Demoiselle Colomb fut constamment placée dans ce genre qui lui sied à merveille ; mais il semble qu’on a trop généralisé ses talens, et par cette raison, elle sort très souvent du cadre qui lui est propre et qu’elle rempliroit avec d’autant plus de distinction, qu’elle a un mérite réel, et que la nature lui a donné tous les moyens adaptés à un genre qui demande de la gaieté, des graces naïves, de l’esprit, du brillant, de la gentillesse et de la vigueur. […] Clotilde a de grands moyens de développemens ; elle peut parcourir le théâtre avec l’élégance que lui donna son physique et avec les grâces que lui prêtent son sexe et ses talens. […] Il seroit à désirer que la Demoiselle Colomb fut constamment placée dans ce genre qui lui sied à merveille ; mais il semble qu’on a trop généralisé ses talens, et par cette raison, elle sort très souvent du cadre qui lui est propre et qu’elle rempliroit avec d’autant plus de distinction, qu’elle a un mérite réel, et que la nature lui a donné tous les moyens adaptés à un genre qui demande de la gaieté, des grâces naïves, de l’esprit, du brillant, de la gentillesse et de la vigueur. Il est pénible pour moi, Madame, de me trouver dans l’impossibilité de vous parler d’une foule de danseuses dont la majeure partie mériteroit un éloge séparé, et dont l’autre annonce de grandes dispositions ; mais pour donner à chacune d’elles la portion d’encens qu’elle mérite, il faudroit que je les visse souvent pour les bien apprécier.

106. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

Les masques des Vents sont ceux qui ressemblent le mieux aux originaux que les peintres nous ont donnés ; et si l’on a besoin d’un masque au théatre, c’est sans doute de celui-lâ. […] quel est le peuple de la terre à qui elle a donné une exacte ressemblance ? […] En effet, quel conseil peut-on donner à un masque ? […] Permettez moi donc de donner la préférence aux physionomies vives et animées. […] Et tout homme, s’il en existe un qui ne puisse donner aucun caractère à son visage, doit quitter le théatre pour jamais.

107. (1921) Salvatore Viganò pp. 167-190

Son oncle Boccherini lui donna sans doute sinon des leçons, du moins des conseils. […] Tant pis si la première représentation annoncée pour le printemps ne peut se donner qu’à l’automne. […] Les critiques milanais blâmèrent fort Viganò d’avoir donné ce spectacle immoral d’un ami entraînant au mal son ami. […] Tout le monde l’admire, mais une femme la jalouse et prie son amant de lui donner de tels joyaux. […] Le vol, la violence, le despotisme se donnent libre cours.

108. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Le peuple avait appelé ce dernier enthousiasme, fureur prophétique ; et les pédants de l’antiquité (autre partie du peuple peut-être encore plus bornée que la première) donnèrent à leur tour à la verve des poètes, dont il n’est pas donné aux esprits froids de pénétrer la cause, le nom superbe de fureur poétique. […] L’enthousiasme est donc ce mouvement impétueux, dont l’essor donne la vie à tous les chefs d’œuvre des Arts, et ce mouvement est toujours produit par une opération de la raison aussi prompte que sublime. […] Quand on aura découvert que la raison est le premier moteur des opérations de leur âme, et non l’imagination, qu’on en a cru chargée jusqu’à présent, pense-t-on qu’on donnera du génie ou du talent à ceux à qui la nature aura refusé un don si rare ? […] Il n’est point d’enthousiasme sans génie, c’est le nom qu’on a donné à la raison au moment qu’elle le produit ; ni sans talents, autre nom qu’on a donné à l’aptitude naturelle de l’âme à recevoir l’enthousiasme et à le rendre. […] La charlatanerie trompe les sots, entraîne la multitude, éblouit les grands ; mais elle ne donne que des jouissances de peu de durée.

109. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIII. » pp. 362-395

Quel lustre a-t-elle donné à leurs talents ? […] Je me fais un honneur & un devoir de leur donner ici le tribut d’éloges que je leur dois ; quiconque a contribué long-temps aux plaisirs d’un Public aussi éclairé que celui de Paris, est & sera toujours cher à celui qui aime & qui chérit les Arts ; or quelle source inépuisable de principes ? […] Les productions ingénieuses que la Danse enfante si souvent à Paris & dont ils auroient pu donner au moins quelques exemples, auroient été consacrées dans des planches différentes de ces tables chorégraphiques qui, comme je l’ai dit, n’apprennent rien, ou n’apprennent que très-peu de chose. […] La perfection même que l’on a voulu donner aux signes qui désignent les pas & les mouvements n’a servi qu’à les embrouiller & à les rendre indéchiffrable. […] Thoinet Arbeau, Chanoine de Langres s’est distingué le premier par un Traité qu’il donna en 1588, & qu’il a intitulé Orchesographie.

110. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XIII, mes danses et les enfants » pp. 134-145

Mes danses, du fait de l’aspect immatériel que leur communiquent la lumière et les couleurs mélangées, devaient donc frapper plus particulièrement les jeunes esprits et leur donner à penser que l’être, qui évoluait là, devant eux, parmi des nuées et des fulgurations, appartenait à ce monde irréel qui les avait subjugués. […] Elle m’a dit seulement de vous prendre dans mes bras et de vous donner un baiser, un bon baiser pour elle. […] Je lui donnai une robe faite sur le modèle des miennes et, bientôt, l’enfant créa des danses nouvelles. […] La mignonne eut un tel succès, auprès des rares intimes qui l’avaient vue, que Nevada des rares intimes qui l’avaient vue, que Nevada fut obligée de donner quelques séances, dans son somptueux appartement de l’avenue Wagram, pour que ses amis pussent applaudir la charmante enfant. […] J’avais si bien réussi à me donner l’air d’un garçon que la petite fille ne pouvait pas croire que je n’en fusse pas réellement un ; et, lorsqu’elle me fut présentée, elle demanda : — Mais pourquoi Jack met-il des robes de fille ?

111. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Les ressources, ou le tableau du monde, pantomime.  » pp. 15-16

Le Magicien sait signe au Sultan de se relever, & lui sait entendre qu’il vient lui donner du secours. […] Paillasse, monté sur son échasse, fait beaucoup de lazzis ; mais, comme pour l’avoir, il a donné tout son argent, il fait entendre qu’il meurt de faim. […] Un laquais, un porteur d’eau, un décroteur se présentent ensuite : au moyen de quelqu’argent qu’ils donnent, on leur permet de se métamorphoser. […] Ils vuident leurs poches, se dégraissent de tout ce qui leur donnait un embonpoint prodigieux, & paraissent diminués de moitié. […] Le Magicien est enlevé dans un globe de lumière, & fait connaître qu’il est un puissant Génie, par tout l’éclat qui l’environne : mais il fait entendre en même temps, qu’il n’a paru céder au Magicien, que pour donner plus d’éclat à son triomphe, & plus d’expérience au Sultan.

112. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

Sa fille, déjà célèbre, était allée donner quelques représentations à Londres. […] Une attitude favorite de Mlle Taglioni donnait cette sensation d’une fuite dans l’espace immense. […] On voulait donner un pendant au rôle mimé de Fenella de la Muette de Portici. […] Magde survient et lui donne l’écharpe qui enchaînera pour toujours, dit-elle, la fugitive créature. […] Cette donnée s’adaptait entièrement à la nature du talent de Marie Taglioni.

113. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre III. Des différentes espèces de Ballets »

Leur variété, leur harmonie, leur son particulier paraissait ainsi changer la Scène, et donner à chacun des Danseurs la physionomie du Personnage qu’il devait représenter. […] Pour les rendre vraisemblables et pour donner un charme nouveau à leur représentation, l’art devait venir au secours de la nature ; et on trouva, dans les forces mouvantes, dans la Peinture, dans la Menuiserie, dans la Sculpture, etc., tous les moyens d’étonner, d’exciter la curiosité, et de séduire. […] Le jour des lumières est un premier pas vers l’imitation, qui commence à faire naître l’illusion Théâtrale ; et quelles ressources ne peut-il pas fournir à l’art, pour donner de la force, de l’expression, de la vérité, à la décoration, et au surplus de l’ensemble83?

114. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre III. Sur le même sujet. » pp. 19-23

N’ai-je pas moi-même été le premier à donner des exemples de cette variété, en parcourant tous les genres d’imitation ? […] Ce nouvel Orphée, couvert de gloire et comblé d’éloges, voulut donner Cythère assiégée. […] Après la mise d’Armide, et le nouveau triomphe que Gluck obtint dans cet opéra, qui n’est point une tragédie, ce célèbre compositeur fut sollicité par le Baron de Thoudy, auteur des paroles d’Echo et Narcisse, d’en faire la musique ; il céda aux instances des amis de l’auteur : cette nouvelle circule dans tout Paris, ou ceux qui aiment le mieux la musique répandirent le dégoût dans les sociétés, en annonçant que cette nouvelle production seroit médiocre ; tous ces propos retentirent même dans les cafés, avant que Gluck eût mis la main à la plume pour écrire la première scène de ce nouvel ouvrage ; il rioit de la prédiction de tous ces petits prophètes : il donna son opéra ; mais l’esprit de parti triompha du charme, de la beauté et de la grace qui règnoient dans cette production ; elle n’eût qu’un foible succès.

115. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXI, choses d’amérique » pp. 232-249

Les renseignements qu’il nous fournit, nous donnèrent à penser que ce devait être la fameuse Baxter street, la rue des revendeurs juifs. […] X…, et on lui donna une table. […] Des dames ôtaient leurs bracelets, d’autres leurs bagues, d’autres leurs broches, pour me les donner, malgré mes constantes protestations. […] On me les a donnés. […] Je donnai l’objet à ma femme de chambre qui le mit dans mon sac de voyage, et nous passâmes la visite de la douane.

116. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Elle indique aux connoisseurs le travail pénible de l’artiste, et les soins accumulés, qu’il s’est donnés pour la créer. […] Mais il arrive souvent que l’imbécillité leur donne des ailes inverses qui les entraînent dans la fange aulieu de les élever à la perfection. […] Il donna une plus grande extension à ces positions, et en créa de nouvelles. […] On s’apperçut enfin que les cinq fausses positions, ainsi que les pas tortillés ne valoient rien ; on y renonça et depuis cette époque on a donné dans l’entortillage et les tourbillons. […] On ne peut en donner que des ésquisses très imparfaites par la parole et l’écriture ; on ne peut, peindre le mouvement.

117. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

Il consulta la mode, étudia les goûts efféminés du jour et donna dans le couleur de rose : on cria au miracle ; l’engouement devint, général ; et Boucher, en dégradant son talent, fut également caressé par l’ignorance et la fortune. […] Les peintres qui se vouent au décore intérieur, donnent dans un travers et une extravagance d’autant plus dangeureuse qu’elle annonce le radotage de l’artiste. […] Quelques beaux tableaux assurent l’immortalité à celui qui leur a donné le jour. […] En dérobant tout ce qu’on aime à voir, et tout ce qu’il ne faut pas montrer ; elles rallumeront des désirs éteints par l’habitude de posséder sans peine ; elles alimenteront l’espérance, et donneront tout à faire à l’imagination. […] Ils immortaliseront la beauté simple et touchante d’un essaim de femmes charmantes, elles embelliront la capitale par leurs grâces, et donneront le ton à toutes les femmes de l’Europe.

118. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XX. De la maniere de faire les demi-coupez. » pp. 71-75

Après avoir donné l’éclaircissement des trois mouvemens, je vais décrire la maniere de s’en servir à propos. […] Mais en vous élevant il faut étendre le genoüil, & de suite approcher la jambe gauche 4. auprès, comme vous le voyez, & sur tout que les deux jambes soient bien étenduës, lorsque vous êtes élevé sur la pointe du pied, & de suite vous laissez poser le talon à terre, ce qui termine la fin de ce pas, & vous met dans la facilité d’en faire autant de l’autre pied, en observant les mêmes regles ; ce que l’on doit continuer d’en faire plusieurs de suite, sans se relâcher de bien plier sous soy, & de se relever sur la pointe en étendant les genoux à chacun de ces demi-coupez, qui est un des pas le plus essentiel pour bien danser ; car il vous donne la facilité d’étendre les genoux, & vous communique de la force au cou-de-pied : Ainsi c’est de ce premier pas que dépend de bien danser, puisque ce n’est que de sçavoir bien plier & élever qui fait le bon danseur.

119. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XLII. Des Battemens de differentes façons. » pp. 190-193

Les Battemens sont encore des mouvemens en l’air que l’on fait d’une jambe pendant que le corps est posé sur l’autre, & qui rendent la danse très-brillante, sur-tout lorsqu’ils font faits avec liberté, & comme ont en fait de plusieurs manieres, & qu’ils sont mêlez dans quelques danses de Ville, je vais donner la maniere de les faire avec facilité. […] Il se rencontre quelquefois des battemens simples qui se mêlent dans d’autres pas : par exemple, vous faites un coupé en avant du pied gauche, & la jambe droite qui est derriere vient faire un battement, en frapant la jambe gauche, & en se reportant du même tems en arriere à la quatriéme position ; mais ce battement se fait les jambes tenduës, parce qu’aux demi-coupez que vous faites en avant, l’on doit être élevé sur la pointe & les jambes étenduës, & c’est dans ce même tems que vous faites ce battement, & la jambe droite se portant en arriere, le talon gauche se pose à terre ; ce qui donne la liberté au pied droit de se porter à la quatriéme position : ainsi que je l’ai déja dit dans le Chapitre des Coupez.

120. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur les fêtes modernes »

La reine qui voulait donner une haute idée de son administration, donna le bal deux fois le jour, festins sur festins, fête sur fête. […] Turgot une occasion d’en donner une de ce genre ; on croit devoir la décrire avec quelque détail. […] Ce serait ici le lieu de parler de la fête de Chantilly, donnée dans le même temps ; et de celle donnée à Saint-Cloud par S.A.S. […] Ce fut elle, en effet, qui donna à S.  […] Ce nom leur a été donné du lieu où elles furent inventées pendant le cours des fêtes que l’électeur de Bavière donna à Suresnes [1713].

121. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre III. Fêtes de Louis XIV relatives à la Danse, depuis l’année 1643 jusqu’en l’année 1672 »

Soit que l’esprit se fût développé par la continuité des Spectacles publics, qui sont toujours l’École la plus instructive de la multitude, fait qu’à force de donner des Fêtes à la Cour, l’imagination s’y fut peu à peu échauffée, fait enfin que le Cardinal Mazarin, malgré les tracasseries qu’il eut à soutenir et à détruire, y eut porté ce sentiment vif des choses aimables qui est si naturel à sa Nation ; il est certain que les spectacles, les amusements, les plaisirs pendant son ministère, n’eurent plus ni la grossièreté, ni l’enflure qui furent le caractère de toutes les Fêtes d’éclat du Règne précédent. […] Il l’abandonna alors pour toujours, frappé de ces beaux vers du Britannicus de Racine : Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, À venir prodiguer sa voix sur un théâtre, etc. […] Il n’en fallut pas davantage pour lui donner à la Cour une considération, qu’il méritait sans doute d’ailleurs, et qui aurait dû être indifférente à Benserade, si elle ne s’était pas établie sur les débris de la sienne. […] Hommes privilégiés par la nature, aimez-vous mutuellement ; estimez-vous, encouragez-vous : donnez le ton au Public qui ne demande pas mieux que de le prendre.

122. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IV. » pp. 25-31

La sécurité de la plupart des maîtres, le peu de soins, qu’ils se donnent pour aller plus loin, me feroient soupçonner qu’ils imaginent qu’il n’est rien au delà de ce qu’ils savent, et qu’ils touchent aux bornes de l’art. […] En vain espérera-t-on de lui donner une forme nouvelle, tant que l’on sera esclave des vieilles méthodes et des anciennes rubriques de l’opéra. […] En habituant notre âme à les sentir, la difficulté de les exprimer s’évanouira ; alors la physionomie recevra toutes ses impressions de l’agitation du cœur ; elle se caractérisera de mille manières différentes ; elle donnera de l’énergie aux mouvemens extérieurs, et peindra avec des traits de feu, le désordre des sens, et le tumulte qui règnera au dedans de nous-mêmes. […] Livrez vous à un métier, où les mouvemens de l’âme soient inutiles, où le génie n’a rien à faire, et ou il ne faut que des bras et des mains. »   Ces avis donnés et suivis, Monsieur, délivreroient la scène d’une quantité innombrable de mauvais danseurs, de mauvais maîtres de ballets, et enrichiroient les forges et les boutiques des artisans d’un très grand nombre d’ouvriers plus utiles aux besoins de la société, qu’ils ne l’étoient à ses amusemens et à ses plaisirs.

123. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre V. Établissement de l’Opéra Français »

En retenant les chœurs des Grecs, les Italiens les ont laissés avec encore moins de mouvement que ne leur en avaient donné leurs modèles. […] On leur donne pour l’ordinaire un morceau syllabique à la fin de l’Opéra ; on leur fait faire des marches, on les place dans le fond de quelques-uns des tableaux, pour parer le Théâtre. […] Les Dieux, les premiers Héros dont la Fable nous donne des idées si poétiques et si élevées, l’Olympe, les Enfers, l’Empire des Mers, les Métamorphoses miraculeuses, l’Amour, la Vengeance, la Haine, toutes les passions personnifiées, les Éléments en mouvement, la Nature entière animée fournissaient dès lors au génie du Poète et du Musicien mille tableaux variés, et la matière inépuisable du plus brillant Spectacle. […] En liant à l’action principale la Danse qu’il connaissait bien mieux qu’elle n’a été encore connue, il se ménageait un nouveau genre d’action théâtrale, qui pouvait donner un feu plus vif à l’ensemble de sa composition, des Fêtes aussi aimables que galantes, et des tableaux variés à l’infini, des usages, des mœurs, des Fêtes des Anciens. […] Il fallait ne point empiéter sur un établissement aussi imposant, et donner cependant à celui qu’il se proposait, le caractère d’imitation que doit avoir toute composition dramatique.

124. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VIII. » pp. 65-96

La danse cependant encouragée, applaudie et protégée s’est dégagée depuis quelque tems des entraves que la musique vouloit lui donner. […] Sans être musicien, un poéte ne peut-il pas sentir si tel trait de musique rend sa pensée ; si tel autre n’affoiblit pas l’expression ; si celui-ci prête de la force à la passion et donne des grâces et de l’énergie au sentiment ? […] On lui donne une partie de répetition ; il l’ouvre et il lit : Prologue : passepied pour les jeux et les plaisirs ; gavotte pour les ris, et rigaudon pour les songes agréables. […] Pourrons-nous donner le titre de monologues à ces sortes d’entrées dépourvües d’intérêt et d’expression ? […] Je serois fort embarrassé, par exemple, de donner de l’intention à la danse d’une Comête, à celle des signes du Zodiaque, des heures, etc.

125. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

La Danse cependant encouragée, applaudie & protégée s’est défait depuis quelque temps des entraves que la Musique vouloit lui donner. […] Sans être Musicien, un Poëte ne peut-il pas sentir si tel trait de Musique rend sa pensée, si tel autre n’affoiblit pas l’expression ; si celui-ci prête de la force à la passion, & donne des graces & de l’énergie au sentiment ? […] On lui donne une partie de répétition, il l’ouvre, & il lit ; Prologue, Passepied pour les Jeux & les Plaisirs ; Gavotte pour les Ris, & Rigaudon pour les Songes agréables. […] Pourrons-nous donner le titre de monologue à ces sortes d’entrées dépourvues d’intérêt & d’expression ? […] C’est moins pour se donner le ton de réformatrice des modes, que parce qu’elle mérite le titre de grande Actrice, qu’elle a quitté les paniers.

126. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre premier. De la Danse en général, suivant l’opinion des Anciens. » pp. 1-32

C’est un art auquel les Grecs ont donné le nom de Chorographie propre à exprimer les actions & les passions humaines, par des pas composez, par des sauts cadencez, & par tous les mouvemens du corps, soutenus de bonne grace, & conforme à la cadence des instrumens. […] Platon nous apprend même, en traçant l’idée d’une République parfaite, qu’il falloit qu’on donnât ses premiers soins à régler le corps, avant que de former l’esprit par l’étude des Sciences ; qu’on apprit la Musique pour régler la voix, & la Danse pour donner à toutes ses actions un air noble, dégagé, & une grace qu’on ne peut acquérir sans cet exercice. Il ajoute que la jeunesse étant ordinairement emportée, parce qu’elle a le sang chaud & des esprits de feu, il est bon de lui donner de l’inclination pour la Danse, & de régler par la justesse de l’harmonie les saillies qu’il seroit mal-aisé de retenir sans les preceptes de ces deux arts. […] Il y avoit une autre danse attribuée à Venus, où il paroît qu’elle disoit, Avancez le pied, mes enfans, & trépignez à qui mieux mieux ; comme si Venus eût voulu donner à la jeunesse des preceptes de ce bel Art. […] Socrate, le plus sage de son tems, au jugement des Dieux mêmes, n’a pas seulement loué la Danse, comme une chose qui sert beaucoup à donner la bonne grace, mais il voulut encore l’apprendre dans sa vieillesse, d’Aspasie célébre Danseuse & très-versée dans les sciences ; tant il admiroit cet exercice, quoiqu’elle ne fût pas de son tems dans la perfection où elle est parvenue après : il souhaittoit l’avoir appris dès son enfance ; il enjoignoit aux peres de donner cette instruction à leurs enfans, comme un des premiers élémens de la vie civile.

127. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre IV. Origine de la Danse, définition qui en a été faite par les Philosophes. »

Quoiqu’ils soient tous naturels à l’homme, on a cependant trouvé des moyens, pour donner aux mouvements du corps les agréments dont ils étaient susceptibles. La Nature a fourni les positions : l’expérience a donné les règles.

128. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Épître dédicatoire à Madame **** »

Si je voulais donner à mon sujet une importance trop étrangère au but infiniment plus restreint que je me suis prescrit, il me serait aisé, Madame, de vous retracer le point étonnant de perfection où la danse a rapidement été portée de nos jours. […] Que d’autres relèvent avec empressement ces dons aimables que la nature, en souriant, a versé sur votre personne, moi je ne parlerai que des vertus respectables dont vous vous êtes plu à les embellir, et qui n’admirerait pas cette surveillance attentive, cette sollicitude si tendre, et ces soins continuels que vous ne cessez de prêter à l’éducation des enfants que le ciel vous a donnés.

129. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXVI. Discours sur la Courante en general. » pp. 110-114

Mais ce qui prouve encore plus l’attachement & la prédilection que Sa Majesté avoit pour la danse ; c’est que malgré les penibles travaux qui occupoient continuellement ce grand Conquerant, il n’a pas laissé de s’en dérober quelques heures pendant plus de vingt à vingt-deux ans, que Monsieur de Beauchamp a eu l’honneur de le conduire dans ce noble exercice : enfin cette danse dont je viens de parler, du propre aveu des plus habiles Maîtres ; a toûjours esté regardée comme une danse très-necessaire à sçavoir pour bien danser ; c’est ce qui m’engage d’en faire une legere description tous ses mouvemens sont si essentiels, qu’il vous donnent une facilité pour bien danser les autres danses, ce qui se va prouver par la maniere dont elle se dansoit. […] Quant aux danses qui sont en usage aujourd’hui, & dont les figures & les pas sont si fort diversifiez, qu’elles meritent que l’on y donne quelque application, c’est ce qui m’engage de fournir les moyens les plus faciles, pour faire tous ces differens pas chacun à leur particulier : afin que les Maîtres puissent avoir le plaisir, que par ces moyens aisez, cette jeunesse se trouve plus en état de profiter de leurs leçons.

130. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 3 octobre 1671 »

Robinet, lettre du 3 octobre 1671 Souffrez, Grande Altesse Royale, Qu’au Recueil dont je vous régale, Aujourd’hui, jour de Samedi, Je marque d’abord, que Mardi, Vous fûtes, avec belle Suite, Et maintes Personnes d’Elite, Au grand Spectacle de Psiché, Dont tout le Monde est alléché, (La chose est très-constante, et sure) Dans l’agréable Mignature, Où la digne Troupe du Roy, Le donne en si brillant arroi, Et, même, avecque des merveilles Pour les Yeux, et pour les Oreilles, Qu’ailleurs, on n’y découvrait point. […] L’autre est cet étonnant Sauteur, Qui, d’une si belle hauteur, Se culebute, et pirouette, Sans toucher de pied, main, ou tête, La Terre, en aucune façon, Et qui marche, encore, tout de bon, Sur les mains, de la même sorte, Qu’un autre, sur ses pieds, se porte : Dequoi chacun tout étonné, Croit qu’il s’est, au Diable donné.

131. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IX. Du Ballet Moderne »

Le défaut de sujets fut sans doute le motif qui engagea Quinault à défigurer le grand Ballet, et peut-être est-il la seule excuse qu’on puisse donner d’une partie des vices principaux qui ont énervé l’exécution primitive de l’Opéra Français. […] Les Grecs, les Romains n’eurent aucun Spectacle qui puisse en avoir donné l’idée. […] Cet ouvrage fut fait à la hâte pour remplir le Théâtre qu’on venait d’ôter à Cambert pour le donner à Lully.

132. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 novembre. Échos du temps passé. Éloge de Rameau. »

Je crois qu’il faut lui donner raison et nous consoler de voir Planètes et Spartiates faire des pointes et porter le chausson à semelle flexible au lieu du soulier à talon. […] Naguère, les tonnelets, espèces de paniers raccourcis, donnaient aux danseurs une allure singulièrement féminine qui exaspérait Noverre. […] Au troisième acte enfin, une danse dite « rythmique » nous donne l’avant-goût de l’enfer.

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