Enfin il a, au plus haut point, ce que l’on appelle le charme, d’autant plus qu’il ne paraît pas s’en douter et que, s’il a de l’esprit, il n’en veut pas montrer.
Une musique au contraire expressive, harmonieuse et variée, telle que celle sur la quelle j’ai travaillé1 depuis quelque temps, me suggère mille idées et mille traits ; elle me transporte, elle m’élève, elle m’enflamme ; et je dois aux différentes impressions qu’elle m’a fait éprouver, et qui ont passé jusque dans mon âme, l’accord, l’ensemble, le saillant, le neuf, le feu, et cette multitude de caractères frappans et singuliers que des juges impartiaux ont crû pouvoir remarquer dans mes ballets ; effets naturels de la musique sur la danse, et de la danse sur la musique lorsque les deux artistes se concilient et lorsque les deux arts se marient, se réunissent, et se prêtent mutuellement des charmes pour séduire et pour plaire. […] Un nouveau dépit s’empare d’eux ; leurs yeux étincellent de feu ; ils les attaquent, les combattent, et en triomphent à leur tour : peu contens de cette victoire s’ils n’en remportent les trophées, ils leur enlèvent et leur arrachent les couronnes de fleurs dont ils se glorifioient ; mais par un charme de l’Amour ces couronnes se partagent en deux : cet évennement rétablit parmi eux la paix et la tranquillité ; les nouveaux vainqueurs et les nouveaux vaincus reçoivent également le prix de la victoire ; les Nymphes présentent la main à ceux qui viennent de succomber, et l’Amour unit enfin les Nymphes aux Faunes. […] Aux charmes d’une musique tendre et du murmure des eaux, succède un air fier et marqué, dansé par des muets, par des Eunuques noirs et des Eunuques blancs, qui annoncent l’arrivée du Grand-Seigneur.
Une Musique au contraire expressive, harmonieuse & variée, telle que celle sur laquelle j’ai travaillé9 depuis quelque temps me suggere mille idées & mille traits ; elle me transporte, elle m’éleve, elle m’enflamme, & je dois aux différentes impressions qu’elle m’a fait éprouver & qui ont passé jusques dans mon ame ; l’accord, l’ensemble, le saillant, le neuf, le feu & cette multitude de caracteres frappants & singuliers que des Juges impartiaux ont cru pouvoir remarquer dans mes Ballets ; effets naturels de la Musique sur la Danse, & de la Danse sur la Musique, lorsque les deux Artistes se concilient, & lorsque leurs Arts se marient, se réunissent & se prêtent mutuellement des charmes pour séduire & pour plaire. […] A peine en jouissent-ils qu’ils apperçoivent leurs ennemis occupés de leur bonheur & folâtrant avec les Nymphes ; un nouveau dépit s’empare d’eux ; leurs yeux étincellent de feu ; ils les attaquent, les combattent & en triomphent à leur tour ; peu contents de cette victoire s’ils n’en emportent des trophées, il leur enlevent & leur arrachent les couronnes de fleurs dont ils se glorifioient ; mais par un charme de l’Amour ces couronnes se partagent en deux : cet événement rétablit parmi eux la paix & la tranquillité ; les nouveaux vainqueurs & les nouveaux vaincus reçoivent également le prix de la victoire ; les Nymphes présentent la main à ceux qui viennent de succomber, & l’Amour unit enfin les Nymphes aux Faunes. […] Aux charmes d’une Musique tendre & du murmure des eaux, succede un air fier & marqué dansé par des Muets, par des Eunuques noirs & des Eunuques blancs qui annoncent l’arrivée du Grand Seigneur.
* * * L’insuffisance chorégraphique de la Péri est aussi évidente que son charme musical.
Comme son art n’emprunte ses charmes que de l’imitation, embellie d’un caractère choisi, il faut qu’il étudie les ouvrages où il peut trouver des modèles de cette imitation.
Il fallut retrancher et ajouter ; toutes les phrases musicales devenoient ou trop longues on trop courtes ; or, l’expression et le sentiment qu’Hayden avoit attaché à chaque phrase, à chaque mot, se trouvoient perdus, tous ces changemens énervèrent le style de l’auteur ; affoiblirent ses pensées ; rompirent la liaison de son harmonie, et altérèrent le charme de son coloris ; le tableau le plus précieux perd de son prix, lors même qu’il est retouché par un maître habile.
Un autre artiste, Danois, rendait avec assez de bonheur, dans une planche que reproduisaient la Vogue et le Monde dramatique, le charme propre à Fanny, l’ovale fin de son visage encadré par les bandeaux plats de ses cheveux noirs, enfin la ligne admirable de la nuque et des épaules. […] Par exemple il disait : « Elle absente, la vie parisienne de chaque soir était tout à fait impossible. » Ou encore : « Toutes les danseuses de ce monde sont égales et se valent, quand Mlle Taglioni ne danse pas. » Il classait ainsi le personnel du corps de ballet : « Là-haut Mlle Taglioni, un peu plus bas les deux Elssler, un peu plus bas les deux Noblet, après quoi l’armée tout entière de ces belles filles sans nom, mais non pas sans charmes. » Loin de se laisser énerver par les mille coups d’épingle qu’elle recevait, Fanny donna son concours avec empressement, le 8 avril 1835, au bénéfice de sa rivale. […] Le public retomba aussitôt sous le charme et les dédommagea, par ses applaudissements vigoureux, de l’attitude hésitante des Parisiens. […] L’une est une danseuse, c’est-à-dire une femme dont le charme est d’ordre physique, l’autre est la danse elle-même, c’est-à-dire un type d’art presque abstrait, une « idée » platonicienne, à peine revêtue de formes sensibles. […] De toutes les joies de ce monde, de tous les plaisirs sans fatigue et sans remords, je ne sais pas une joie plus grande, un plaisir plus vif : voir danser Mlle Taglioni, courir à sa suite, je ne dirai pas sur ses traces, car elle ne laisse point de traces ; la suivre en esprit dans les espaces imaginaires où elle s’emporte sans le vouloir ; puis enfin, quand le charme est accompli, rentrer chez soi aussi calme qu’on en est sorti, ne désirer rien de plus que cette danse qui n’est pas une danse, n’avoir que de chastes et paisibles souvenirs, un sommeil tranquille, ne rien regretter de ce qu’on a laissé là-haut, et seulement se dire : je la reverrai dans trois jours !
Sa matière musicale est traîtreusement dérobée à l’œuvre de Chopin ; elle est, d’ailleurs dépouillée de son charme secret le plus subtil par les sonorités indiscrètes de l’orchestre, par l’éclat, bien qu’amorti, de ses timbres.
C’est donc à l’aide de ces deux sens que nous éprouvons des plaisirs délicieux, si toute fois ces arts ont atteint leur unique but, l’imitation de la belle nature ; l’ont-ils manqué, le charme s’évanouit, le plaisir fuit ; la lassitude et l’ennui s’emparent de nous.
Mais les premiers seront aisement satisfaits s’ils se donnent la patience de voir surquoy ie me fonde, & pour ne les enuyer, ie ne les entretiendray point des fables de la Poësie, ie n’appelleray point à tesmoin vn Arion qui au son de sa voix & de sa lire fist iadis danser ce Dauphin qui le deliura du naufrage, ny cest Orphée qui trouuoit en toutes choses vne si grande disposition à la danse, que les inanimées mesmes se ioignoyent au bal, animées des charmes de sa lire : & ne tireray point ma consequence de l’ordre qu’on donne à la nature de ceste admirable proportion des causes, ny de ceste Symmetrie, par laquelle les Cieux, les Elemens, & tant de choses de soy contraires & disioinctes, sont par vn accord discordant, & cadence miraculeuse vnies & conseruées en cest assemblage & continuité de l’Vniuers, auquel les Stoiciens (rauis de tant de merueilles) ont donné vn corps & vne ame, l’estimant estre vn animal de nature immortelle ie lairray ceste matiere pour l’exercice de quelque Poëte, & les prieray de considerer auec moy, que les plus remarquables personnages de toute l’antiquité, ie dis & sacrez & profanes, ont honoré la danse, & de voix & de pratique. […] L’authorité desquels seconde mon entreprise que ie poursuis auec d’autant plus de resolution que ie la sçay appuyee de la conformité de nos loix, & qu’elle a pour subiect vn bien tres-necessaire aux Caualiers, & aux Dames qui veulent anoblir les charmes qu’ils ont desia de la Nature, des actions & des graces qu’elle ne leur a peu donner, lesquels loüeront, ie me vante mon affection, lors que l’experience leur aura tesmoigné les effects de la methode dont ie traicte : & que ceux qui se peuuent à bon droict donner la gloire d’auoir porté la Danse parmi les choses accomplies pratiquent auiourd’huy.
Le goût en est le distributeur, c’est lui qui donne aux graces de la valeur & qui les rend aimables : marchent-elles sans lui, elles perdent leur nom, leurs charmes & leur effet ? […] Ce n’est point là le but que les beaux Arts se proposent ; ils doivent peindre, ils doivent imiter ; une élégante simplicité convient à leurs charmes.
Sa large bouche au sourire placidement féroce, ses longs yeux cernés, sa cotonneuse crinière dégagent un charme sensuel très direct.
La belle Gabrielle employera l’éloquence de ses charmes, pour retenir son amant, elle aura recours aux larmes, à la prière, et embrassera les genoux de son vainqueur, qui, le coeur fortement ébranlé, et flottant sans cesse entre la gloire et l’amour ne fuira qu’à pas lents l’objet qui l’a séduit.
Peut-être, soustrait au charme qui l’ensorcelait, se ressaisirait-il. […] Aujourd’hui c’est le Buch der Lieder qui le charme. […] Il n’attribue son succès ni à ses charmes physiques évidemment défraîchis, ni à ses phrases enveloppantes de beau parleur. […] Par son séjour à Berlin Fanny n’a rien perdu de sa grâce, de son charme, de son innocence ; par contre, elle a beaucoup gagné en aplomb et en manières mondaines. […] C’est la seule occupation qui ait gardé quelque charme pour moi.
C’est elle qui suppliait un jour quelqu’un de se battre en duel pour ses charmes.
On peut juger du pouvoir qu’elles avoient sur l’esprit des Payens, par l’effet des danses des Bacchantes, dont Bacchus employa les charmes plutôt que la force pour subjuguer les Indiens : il établit à son retour en Egypte la Danse des Festins, qui a rapport à nos Bals de cérémonie pour les réjouissances publiques ; quoique Philostrate en attribue l’invention à Comus, comme Dieu des Festins, desquels le Bal faisoit l’accomplissement de la fête chez les Grecs Diodore l’attribue aussi à Terpsicore, la premiere Danseuse des Muses.
Mlle Camille Bos porte très noblement sa petite tête aux yeux sans sourire, au front intelligent découvert par la coiffure lisse ; son cou assez long se rattache avec aisance à des épaules un peu tombantes pareilles à celles qui faisaient l’un des charmes singuliers des soirées de Compiègne sous l’Impératrice Eugénie et que Carpeaux affectionnait.
L’antique Rome ainsi que la nouvelle, privoit ses spectacles des objets les plus intéressants et les plus dignes de plaire : si les femmes font les délices de la société, elles font encore le charme de la scène ; elles l’animent, l’embellissent, et elles y ajoutent un pincipe de vie, et un intérêt, qu’elles seules peuvent inspirer.
Quoiqu’il partage avec les meilleurs Drames, l’avantage d’intéresser, d’émouvoir & de captiver le Spectateur par le charme de l’illusion la plus parfaite, on ne la pas soupçonné de pouvoir parler à l’ame.
Si les ballets sont des tableaux vivans, s’ils doivent réunir tous les charmes de la peinture, pourquoi n’est-il pas permis à nos maîtres d’exposer sur le théatre de l’opéra, trois morceaux de ce genre, l’un tiré de l’histoire, l’autre de la fable, et le dernier de leur propre imagination ? […] Il réunissoit aux charmes de la voix, un goût et une expression admirables, il étoit aussi habile musicien qu’il étoit excellent acteur ; talent rare chez nos chanteurs François.
Si les Ballets sont des tableaux vivants ; s’ils doivent réunir tous les charmes de la Peinture, pourquoi n’est-il pas permis à nos Maîtres d’exposer sur le Théatre de l’Opéra trois morceaux de ce genre, l’un tiré de l’Histoire, l’autre de la Fable, & le dernier de leur propre imagination ? […] Il réunit aux charmes de la voix un goût & une expression admirable ; il est aussi habile Musicien qu’il étoit excellent Acteur, talent rare chez nos Chanteurs François.
Nos danseurs possèdent un goût plus épuré, leur danse est remplie de grâces et de charmes (qualités qui n’ont jamais existé chez nos anciens artistes), les plus beaux temps d’aplomb, d’équilibre, étaient ignorés ; les poses gracieuses, les belles attitudes, les séduisants arabesques, n’étaient pas en usage.
Ce petit tour, qui frise peut-être un peu l’escroquerie, est toujours pallié par une récompense pleine de charmes.
Il leva l’index de la main droite pour nous imposer un silence que personne n’avait l’intention de troubler ; puis il nous conduisit d’un tableau à l’autre, en nous indiquant ce qui faisait le charme de chaque toile.
Je pense, Monsieur, que cet art n’est resté dans l’enfance, que parce qu’on en a borné les effets à celui de ces feux d’artifice, faits simplement pour amuser les yeux ; quoiqu’il partage avec les meilleurs drames l’avantage d’intéresser, d’émouvoir et de captiver le spectateur par le charme de l’intérêt et de l’illusion, on ne l’a pas soupçonné de pouvoir parler à l’âme.
Pyrrhus, frappé d’un courage si héroïque, et encore plus de sa beauté, n’est plus maître de résister à l’impression que les charmes de Polixène ont faites sur son cœur ; le poignard lui échappe de la main, il se jette dans ses bras ; il détache ses fers, et semble lui-même implorer sa clémence.
Zélis, Sultane favorite demande un miroir ; on le lui présente ; elle s’y regarde avec complaisance ; sourit à ses attraits, essaye ses mouvemens et ses gestes : ceux-ci deviennent plus expressifs, et ceux-là plus voluptueux, cette glace fidelle, en reproduisant ses charmes, semble lui en prêter encore de nouveaux.
Je sais qu’elle avait tant de charme, tant de talent, qu’elle ne pouvait inspirer que des imitatrices.
Le Peuple se livre aux douces impressions qu’il éprouve ; & tout le monde se retire au bruit d’une musique vive, qui exprime tour-à-tour les horreurs de la guerre, & les charmes de la paix.
L’homme froid, et peu susceptible d’émotion, doit, presque toujours trouver l’expression de l’auteur exagerée et même gigantesque, tandis que le spectateur facile à être émû et même a être exalté, doit trouver le plus souvent l’expression foible et languissante : d’où je conclus que les expressions du poète se trouvent rarement à l’unisson de la sensibilité du spectateur ; à moins que l’on ne suppose que le charme de la diction ne mette tous les spectateurs au même unisson ; effet que j’ai de la peine à me persuader.
Réunissons le génie du Poëte & le génie du Peintre, puisque notre Art n’emprunte ses charmes que de l’imitation parfaite des objets.
Un Ouvrage dramatique n’est qu’une grande action, formée de mille autres, qui lui sont subordonnées, qui en sont les parties essentielles, qui doivent concourir à l’harmonie générale, et dont le concert mutuel peut seul former la beauté, l’illusion, le charme de l’ensemble.
Les yeux légèrement de travers, ce qui donnait à sa physionomie une expression parfois étrange, mais non sans charme.
L’avantage sans doute eut été certain, non seulement pour la danse, mais encore pour les autres arts qui concourent aux charmes et à la perfection de l’opéra, si le célèbre Rameau avoit pû, sans offenser les Nestor du siècle, et cette foule de gens qui ne voient rien au dessus de Lulli, mettre en musique les chefs-d’œuvre du père et du créateur de la poèsie lyrique. […] Ce contraste d’une volubilité extrême, et d’un flegme inébranlable produit sur moi le même effet, des contraires aussi choquans ne peuvent en vérité trouver place sur la scène ; ils en détruisent le charme et l’harmonie et privent les tableaux de leur ensemble. […] il détruit les idées que la scène vient d’imprimer dans mon âme ; il joue un passe-pied ; il reprend un rigaudon, ou un tambourin fort gai, lorsque je suis vivement emu et fortement attendri, par l’action sérieuse qui vient de se passer ; il suspend le charme d’un moment délicieux ; il efface de mon cœur les images qui l’intéressoient ; il étouffe et amortit le sentiment dans le quel il se plaisoit ; ce n’est pas tout encore, et vous allez voir le comble de l’inintelligence : cette action touchante n’a été qu’ebauchée ; l’acte suivant doit la terminer et me porter les derniers coups ; or, de cette musique gaie et triviale, on passe subitement à une ritournelle triste et lugubre : quel contraste choquant !
On ne peut rejetter cette proposition, sans ignorer ce que la nature peut produire lorsqu’elle est aidée et embellie des charmes de l’art ; on ne peut, dis-je, me condamner, qu’en ignorant totalement l’effet séduisant qui résulte de cet arrangement et les métamorphoses intéressantes qu’il opère sans éclipser la nature, sans la défigurer, sans affoiblir ses traits, sans la faire grimacer : un exemple étayera cette vérité ; il lui donnera la force de persuader les gens de goût, et de convaincre une foule d’ignorans incrédules dont le théatre est infecté. […] Un tel homme est fait pour aller faire le saut périlleux : Le Tramplain (1) et la Batoude doivent être son théatre, puisqu’il a sacrifié l’imitation, le génie et les charmes de son art à une routine qui l’avilit ; puisqu’au lieu de s’attacher à peindre et à sentir, il ne s’est appliqué qu’à la mécanique de son talent ; puisqu’enfin sa physionomie ne montre que la peine et la contrainte, lorsqu’elle ne devroit me tracer que l’aisance et la liberté ; un tel homme enfin n’est qu’un mal-adroit, dont l’exécution pénible est toujours désagréable. […] Si ce charme diminue, si tel enfant cesse de plaire, si ses bras paroissent moins bien dessinés, si la tête n’a plus cet agrément qui séduisoit le spectateur, c’est qu’il grandit, que ses membres en s’alongeant, perdent de leur gentillesse, et que les beautés réunies dans un petit espace, frappent davantage que lorsqu’elles sont éparses.
4 L’avantage sans doute eût été certain non seulement pour la Danse, mais encore pour les autres Arts qui concourent aux charmes & à la perfection de l’Opéra, si le célebre Rameau avoit pu, sans offenser les Nestors du siecle & cette foule de gens qui ne voient rien au-dessus de Lully, mettre en Musique les chefs-d’œuvres du Pere & du Créateur de la Poésie lyrique. […] Des contraires aussi choquants, ne peuvent en vérité trouver place sur la Scene ; ils en détruisent le charme & l’harmonie & privent les Tableaux de leur ensemble. […] elle détruit les idées que la Scene vient d’imprimer dans mon ame ; elle joue un Passepied ; elle reprend un Rigaudon ou un Tambourin fort gai, lorsque je suis vivement ému & fortement attendri par l’action sérieuse qui vient de se passer ; elle suspend le charme d’un moment délicieux ; elle efface de mon cœur les images qui l’intéressoient ; elle étouffe & amortit le sentiment dans lequel il se plaisoit ; ce n’est pas tout encore, & vous allez voir le comble de l’inintelligence ; cette action touchante n’a été qu’ébauchée ; l’Acte suivant doit la terminer & me porter les derniers coups ; or de cette Musique gaie & triviale, on passe subitement à une Ritournelle triste & lugubre : quel contraste choquant !
On ne peut rejetter cette proposition, sans ignorer ce que la nature peut produire lorsqu’elle est aidée & embellie des charmes de l’Art ; on ne peut, dis-je, me condamner, qu’en ignorant totalement l’effet séduisant qui résulte de cet arrangement & les métamorphoses intéressantes qu’il opére sans éclipser la nature, sans la défigurer, sans affoiblir ses traits, sans la faire grimacer ; un exemple étayera cette vérité, il lui donnera la force de persuader les gens de goût, & de convaincre une foule d’ignorants incrédules dont le Théatre est infecté. […] Un tel homme est fait pour aller faire le saut périlleux : le Tramplain 6 & la Batoude doivent être son Théatre puisqu’il a sacrifié l’imitation, le génie & les charmes de son Art à une routine qui l’avilit ; puisqu’au lieu de s’attacher à peindre & à sentir, il ne s’est appliqué qu’à la méchanique de son talent ; puisqu’enfin sa physionomie ne montre que la peine & la douleur, lorsqu’elle ne devroit me tracer que les passions & les affections de son ame : un tel homme enfin n’est qu’un mal-adroit dont l’exécution pénible est toujours désagréable. […] Si ce charme diminue, si tel enfant cesse de plaire, si ses bras paroissent moins bien dessinés, si sa tête n’a plus cet agrément qui séduisoit le Spectateur, c’est qu’il grandit, que ses membres en s’allongeant perdent de leur gentillesse, & que les beautés réunies dans un petit espace frappent davantage que lorsqu’elles sont éparses.
L’Héberlé représentait Terpsychore, — l’Héberlé, une magnifique et plantureuse créature dont les charmes faisaient honneur aux pâturages d’outre-Rhin. […] « Taglioni, assure Méry, avait dans l’esprit le charme de ses pieds divins : elle dansait en causant. » Ce fut aussi le temps des petites tyrannies et des grandes ingratitudes. […] Si ce n’était qu’un tour de force, nous n’en parlerions pas ; mais cet élan si périlleux forme un groupe plein de grâce et de charme ; on dirait plutôt une plume de colombe soutenue par l’air qu’un corps humain qui se lance d’un plancher !
Dans des coins dérobés à la vue par des toiles peintes en nuages, on avait rangé une foule de joueurs d’instruments ; on jouissait ainsi de l’effet, sans en apercevoir la cause, et l’harmonie alors a les charmes de l’enchantement. […] Comme on doit à leur industrie les commodités, les plaisirs, les charmes de la vie, plus ils seront éclairés, plus leurs opérations, répandront d’agréables délassements sur la terre ; plus les nations où ils seront favorisés auront des connaissances, et plus le goût fera naître dans leur âme des sentiments délicieux de plaisir. […] M. et ils représentèrent un ballet très court et fort ingénieux, dont le charme des plaisirs champêtres était le sujet. […] La Reine ignorait tout ce qui devait l’amuser pendant cette agréable soirée ; la cour n’était pas mieux instruite : hors le festin chez mademoiselle de Clermont, qui avait été annoncé sans mystère, tout le reste demeura caché, et fut successivement embelli du charme de la surprise. […] Sans doute qu’il faudrait donner à l’artifice du feu, dans ces représentations surprenantes, le secours des belles machines, qui en ranimant l’action, entretiendraient l’illusion qui est le charme le plus nécessaire.
.) : Ne vous trouvez pas avec une femme qui danse, et ne l’écoutez pas, de peur que vous ne périssiez par la force de ses charmes.
Le charme de cet ensemble, l’élégante vérité de la pose, l’expression de cette physionomie si douce et si piquante et la richesse du costume si légèrement reproduite, font de cet ouvrage un véritable chef-d’œuvre du genre. […] « La souplesse, disait le Courrier des Théâtres, l’élégante mollesse, la légèreté de velours, la vivacité spirituelle, l’expression comique toute pleine de goût et de charme que déploie Mlle Fanny ont séduit, captivé les spectateurs jusque-là qu’ils ont cru voir une pièce où il n’y avait qu’une ravissante actrice. » Th. […] Ajoutez, à ces dons précieux, des bras ronds et potelés, qualité rare chez une danseuse, une taille souple et bien assise sur ses hanches, des jambes de Diane chasseresse que l’on croirait sculptées dans le marbre du Pentélique par quelque statuaire grec du temps de Phidias, si elles n’étaient plus mobiles, plus vives et plus inquiètes que des ailes d’oiseau, et, sur tout cela, l’attrait, le charme, les Vénus et les Cupidons, Veneres Cupidinesque, comme disaient les anciens, tout ce qui ne s’acquiert pas et qu’on ne peut expliquer. […] En somme, elle laissait les Parisiens sur une impression de charme et les témoignages de sympathie qui lui furent prodigués ce dernier soir pouvaient lui donner confiance pour l’avenir.
Nous tenons par l’habitude et par l’amour-propre à tout ce qui nous a plu ; quoique l’expérience nous démontre qu’il nous faut des charmes nouveaux pour nous plaire.
Marchand, qui s’était approché du bureau et que séduisait le charme irrésistible de la mère de Gab, prit part à la conversation.
» Pour ceux qui n’ont jamais pénétré dans les coulisses d’un théâtre et qui rêvent de connaître l’envers du rideau, le tableau suivant doit avoir un charme tout particulier. […] Paquita, pour réparer l’échec qu’elle a éprouvé à la classe de danse, exécute une danse nationale avec une grâce et un charme infinis.
Entraîné par le charme de cette idée, je m’amusai, non à parodier1 l’Art Poétique, mais à calquer sur ce Poëme les préceptes de la Danse. […] Chant I, vers C’est en vain qu’au théâtre un novice danseur Des charmes de son art croit être possesseur : S’il n’a reçu du ciel grace, adresse, élégance1, Si son astre en naissant ne l’a fait pour la Danse, Dans sa lourde structure il est toujours captif ; Ses bras sont maladroits, et son jarret rétif. […] Sans cesse elle nous charme, et jamais ne nous lasse, Chant II, vers D’un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace, &c. […] Ce même genre est aujourd’hui dansé aussi par le jeune Duport, talent brillant, qui fait dans ce moment le charme de l’Opéra. […] Il en résultait une expression si naturelle d’images si ressemblantes, un pathétique si touchant, ou une plaisanterie si agréable, que l’on croyait entendre les actions qu’on voyait ; le geste seul suppléait à la douceur de la voix, à l’énergie des discours, au charme de la poésie.
Combien il s’éloignait ainsi de la danse classique où tout était précis et palpable, où la danseuse, au lieu de fuir la terre, semblait y revenir sans cesse avec le désir d’en goûter les charmes pour elle-même et de les augmenter pour les autres ! […] La Germanie rêvera et chantera tristement à la vue des malheurs de la sylphide, mais elle ne saura pas apprécier la « fugitive harmonie » de ses charmes.
La fortune de son extérieur, l’agaçante94 finesse de son regard, le dessin de son col, la beauté de ses épaules, la grâce de ses bras, l’élégance de son ensemble, la légèreté de sa danse et le charme de son mérite promettent à cette artiste un succès… véronien. » En même temps qu’il donnait cet alléchant portrait de Fanny, le directeur du Courrier des Théâtres essayait de faire vibrer pour elle de puissantes sympathies en touchant une corde particulièrement délicate. […] « Le talent de Mlle Taglioni, dit-elle, n’a pas de limites ; il se révèle dans le moindre geste, le moindre mouvement de ses pieds, de sa tête et de ses bras ; c’est un talent qui charme toujours, parce qu’il est complet et possède toutes les ressources de la véritable danse, depuis la perfection technique que donne l’étude, jusqu’à la grâce native et la délicatesse des poses qui ne s’apprennent pas. » D’après la Revue de Paris, le grand succès du 21 septembre aurait été entièrement spontané.
Une multitude de petites parties de cette espèce trop négligées, diminuent beaucoup le charme du spectacle ; mieux soignées, elles le rendraient infiniment plus agréable.
C’est sous de tels maîtres que la danse française peut acquérir cette expression enchanteresse qui lui donne, sans parler, autant de charmes qu’en étalent la bonne poésie et l’excellente musique.
Comme je paraissais surprise de le voir voyager sans elles, surtout dans un pays où il y avait tant de jolies femmes, il me regarda longuement à son tour et répondit : — Pour mes femmes, une femme blanche n’a ni charme, ni beauté.
elles perdent leur nom, leurs charmes et leur effet ; ce n’est plus que de la minauderie dont la fadeur devient insupportable.
Toutes ces richesses et ces ornemens etrangers affoiblissent l’action, et en éffacent les traits ; dès lors l’illusion disparoit le charme cesse, et le plaisir fuit.
Vous pardonnerez le radotage d’un homme vieux comme Anacréon, et qui ne desire son esprit et ses graces, que pour célébrer vos charmes et vos vertus.
On reprendra bien encore quelques-uns de ses ballets, on cherchera à l’imiter, mais le charme est rompu, on ne saurait monter un ballet de Viganò sans Viganò. […] Sans même tenir compte des critiques absurdes qui lui furent prodiguées au sujet de ses anachronismes ou des libertés qu’il prenait avec les vieilles légendes, il y eut en Italie tout un parti pour se plaindre de voir sacrifier l’art de la danse, la merveilleuse technique française à laquelle les connaisseurs trouvaient tant de charme, à un idéal exclusif d’expression dramatique.
On ne verra jamais de représentation parfaite, sans cette chaleur mutuelle qui entretient la vivacité de celui qui représente, et le charme de ceux qui l’écoutent ; c’est un mécanisme constant établi par la nature.
Brune et belle, le visage éclairé de deux magnifiques yeux noirs tout pleins d’étincelles, montrant aux regards une poitrine superbe ; nerveuse, vaillante, infatigable, passionnée pour son art, et, avec cela, toujours le sourire aux lèvres : voilà par quels charmes elle gagne, dès qu’elle paraît, la sympathie du parterre.
Cette continuité de spectacle est favorable à l’illusion, et sans l’illusion il n’y a plus de charme dans un spectacle en musique.
Non, que tes charmes s’unissent Aux vers, aux chants qui remplissent L’Opéra.
Méry affirme qu’elle avait dans l’esprit le charme de ses pieds divins, qu’elle dansait en causant.
Carlotta Grisi et Petipa, qui la seconde si merveilleusement, ont fait de ce dernier acte un véritable poème, une élégie chorégraphique pleine de charme et d’attendrissement.
Le visage, miroir fidèle et interprète éloquent des sentimens de l’ame, doit peindre cette douce gaîté qui donne tant de charmes aux réunions des gens bien élevés. […] N’oublions jamais que ce n’est qu’en observant les règles du maintien, que l’on peut procurer au corps le jeu agréable qui produit le charme de la danse ; ce charme est presque toujours dû à un léger abandon du corps sur différens tems, à des oppositions de tête ou d’épaule faites à propos ; enfin à plusieurs autres mouvemens du ressort de l’art, mais toujours réglés par la décence, sans laquelle on tombe dans tous les défauts du mauvais goût et du mauvais ton.
Mais elle réussit, par la toute-puissance de son art et le charme de sa personne, à endormir les haines nationales, à faire oublier qu’elle était une tedesca. […] Hanslick nous a laissé le récit suivant de la soirée : « L’illustre danseuse, idolâtrée de toute l’Europe, était alors une femme d’environ soixante ans, mais produisait toujours encore une impression de charme, presque de jeunesse.
Après sa mort on fit des opéras coupés [voir Coupe] comme les siens, mais qui n’étaient animés, ni du charme de son style, ni des grâces du sentiment qui était sa partie sublime.