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131. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVII. » pp. 173-184

L’opéra a été regardé long-tems comme l’école du bon goût ; le costume y étoit observé ; les actrices et les danseuses surtout, s’habilloient avec élégance. […] Les danseurs de l’opéra ont pris le costume du jour, et se sont consacrés à toutes les perruques possibles. […] Le dessinateur des habits s’abandonne à une complaisance impardonnable ; il sacrifie la vérité du costume aux fantaisies des acteurs, aux caprices des danseurs et des danseuses, et loin de trouver dans le vêtement le costume d’une nation éloignée, on ne voit que la bigarrure et l’extravagance d’une grande mascarade. […] Nos danseuses ont adopté le costume des Lacédémonienues ; elles sont presque nuës ; une gaze légère leur sert de jupes et les pirouettes sans fin soulèvent ces voiles légers et découvrent toutes les formes que la pudeur et l’honnéteté eûrent toujours le soin de dérober. […] On verra qu’elle s’accorde à merveille avec l’accoutrement ridicule et fantastique du danseur.

132. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VII. » pp. 110-128

La plupart des Danseurs ou des Compositeurs devroient adopter l’usage que les Peintres suivoient dans les siecles d’ignorance ; ils substituoient à la place du masque des rouleaux de papier qui sortoient de la bouche des personnages, & sur ces rouleaux l’action, l’expression & la situation que chacun d’eux devoit rendre étoient écrites. […] Fossan, le plus agréable & le plus spirituel de tous les Danseurs comiques, a fait tourner la tête aux éleves de Terpsichore ; tous ont voulu le copier, même sans l’avoir vu. […] Cette fureur d’imiter ce qui n’est pas imitable, fait & fera la perte d’un nombre infini de Danseurs & de Maîtres de Ballets. […] Le mêlange que les Danseurs ont fait de la cabriole avec la belle Danse a altéré son caractere & dégradé sa noblesse ; c’est un alliage qui diminue sa valeur & qui s’oppose, ainsi que je le prouverai dans la suite, à l’expression vive & à l’action animée qu’elle pourroit avoir, si elle se dégageoit de toutes les inutilités qu’elle met au nombre de ses perfections. […] Je n’y ai jamais vu la Danse en action ; les grands récits étoient mis en usage au défaut de l’expression des Danseurs, pour avertir le Spectateur de ce qu’on alloit représenter ; preuve très-claire & très-convaincante de leur ignorance, ainsi que du silence & de l’inefficacité de leurs mouvements.

133. (1852) Tableau de Paris. Chapitre XII « [Chapitre XII. Extrait] » pp. 104-108

Puis, à la mort de Molière, la salle rue du Palais-Royal fut donnée aux chanteurs et aux danseuses. […] le foyer des danseuses a beaucoup dégénéré depuis que le prince russe et le milord y sont devenus rares, et que les ambassadeurs ont fait place à la tourbe des dandys aux existences hypothétiques. […] Les premiers sujets du chant recevaient chacun 1,500 livres par an ; les premiers danseurs avaient 1,000 livres, et les premières danseuses 900 livres. […] L’Opéra a une armée de chanteurs, de chanteuses, de danseuses et même de danseurs, sans compter messieurs les marcheurs et mesdemoiselles les marcheuses.

134. (1908) L’École de danse de Grünewald « L’école de danse du Grünewald » pp. 261-268

. — Éducation des jeunes danseuses. — La forêt, la gymnastique, l’hydrothérapie, la musique. — Pieds nus et jambes nues. — L’Impératrice et les petites danseuses. — Il ne faut pas que la danse meure. […] « Nous avons déjà ce dont nulle part au monde vous ne trouverez l’équivalent ou même l’approchant : l’École de danse d’Isadora Duncan. » Je ne connaissais pas cette danseuse. […] Une musique accompagne leur gymnastique dansante, car le but à atteindre, c’est que la future danseuse vive les rythmes, les sente et les interprète avec la même facilité qu’elle respire. […] Mais quand elle sut que c’étaient les élèves de la danseuse aux jambes nues, elle repartit sans insister davantage.

135. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VI. les débuts de fanny elssler à paris  » pp. 188-219

Une de ces demoiselles est d’une taille un peu élevée et extrêmement svelte, et l’autre est une perfection, soit comme femme, soit comme danseuse. […] Il projeta de faire des débuts de la nouvelle danseuse une véritable manifestation bonapartiste. […] Les costumes des autres danseuses exigèrent des dépenses plus modestes encore. […] Vous avez mieux qu’un palais d’or, mieux que le ballet le plus ingénieux, le plus admirable : vous avez une grande et inimitable danseuse. […] C’est une danseuse toute nouvelle et qui ne ressemble en rien à Mlle Taglioni ; heureusement pour toutes deux ! 

136. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre III. Des différentes espèces de Ballets »

On appelait Entrée une ou plusieurs Quadrilles de Danseurs, qui par leurs pas, leurs gestes, leurs attitudes, représentaient la partie de l’action générale dont ils étaient chargés. On entendait par Quadrille, non seulement quatre, mais six, huit, et jusqu’à douze Danseurs vêtus uniformément, ou même de caractères différents, qui formaient des troupes particulières, lesquelles se succédaient, et faisaient ainsi succéder le cours de l’action. […] Leur variété, leur harmonie, leur son particulier paraissait ainsi changer la Scène, et donner à chacun des Danseurs la physionomie du Personnage qu’il devait représenter.

137. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VI. » pp. 40-55

serions-nous moins bien organisés que les danseurs de Rome ? […] En ignore-t-on les principes, on a peu de ressources ; il faut dèslors renoncer au grand, abandonner l’histoire, la fable, les genres nationaux, et se livrer uniquement à ces ballets de paysans, dont on est rebattu et ennuyé depuis Fossan, cet excellent danseur comique, qui apporta en France la fureur de sauter, je compare la belle danse à une mère-langue ; les genres mixtes et corrompus qui en dérivent, à ces jargons que l’on entend à peine et qui varient à proportion que l’on s’éloigne de la capitale, où règne le langage épuré. […] Cette multitude de danseurs qui trainoient après eux le brillant de l’oripeau, et l’assemblage bizarre des couleurs, éblouissoient les yeux, sans les satisfaire. […] Les actrices et les acteurs, les danseurs et les danseuses sont les personnages qui doivent l’orner et l’embellir ; mais pour que ce tableau plaise, et ne choque point la vue, il faut que de justes proportions brillent également dans les différentes parties qui le composent. […] Les jalousies ou les fêtes du serrail vous ont offert l’esquisse de la distribution qui doit règner dans les quadrilles des ballets ; mais comme il est plus ordinaire d’habiller les danseurs et les danseuses uniformément, j’ai fait une épreuve qui m’a réussi, et qui ôte à l’uniformité des habits le ton dur et monotone qu’ils ont ordinairement ; c’est la dégradation exacte de la même couleur, divisée dans toutes les nuances, depuis le bleu foncé jusqu’au bleu le plus tendre ; depuis le rose vif jusqu’au rôse pâle ; depuis le violet jusqu’au lilas clair : cette distribution donne du jeu et de la netteté aux figures ; tout se détache et fuit dans de justes proportions ; tout enfin a du relief et se découpe agréablement de dessus les fonds.

138. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VI. » pp. 78-109

Serions-nous moins bien organisés que les Danseurs de Rome, & ce qui s’est fait du temps d’Auguste ne peut-il se faire aujourd’hui ? […] on a peu de ressource ; il faut dès-lors renoncer au grand, abandonner l’Histoire, la Fable, les genres nationaux, & se livrer uniquement à ces Ballets de Paysans, dont on est rebattu & ennuyé depuis Fossan, cet excellent Danseur comique, qui apporta en France la fureur de Sauter. […] L’œil du Spectateur fatigué ne distinguoit aucune forme ; cette multitude de Danseurs qui traînoient après eux le brillant de l’Oripeau, & l’assemblage bizarre des couleurs éblouissoient les yeux sans les satisfaire. […] Les Actrices & les Acteurs, les Danseurs & les Danseuses sont les personnages qui doivent l’orner & l’embellir ; mais pour que ce Tableau plaise & ne choque point la vue, il faut que de justes propositions brillent également dans les différentes parties qui le composent. […] Les Jalousies ou les Fêtes du serrail vous ont offert l’esquisse de la distribution qui doit régner dans les quadrilles des Ballets, mais comme il est plus ordinaire d’habiller les Danseurs & les Danseuses uniformement, j’ai fait une épreuve qui m’a réussi, & qui ôte à l’uniformité des habits le ton dur & monotone qu’ils ont ordinairement ; c’est la dégradation exacte de la même couleur divisée dans toutes les nuances, depuis le bleu foncé jusqu’au bleu le plus tendre ; depuis le rose vif jusqu’au rose pâle ; depuis le violet jusqu’au lilas clair : cette distribution donne du vaste & de la netteté aux Figures ; tout se détache & fuit dans de justes proportions ; tout enfin a du relief & se découpe agréablement de dessus les fonds.

139. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VII. Influence constante du bon ou du mauvais Gouvernement sur les Arts. »

Sous l’Empire de Constance, on chassa de Rome tous les Philosophes sur le prétexte d’une disette prochaine, et on y conserva77 trois mille Danseurs, dont le plus grand nombre était mauvais, et dont aucun n’avait une supériorité éminente sur les autres. […] Si nous sommes moins bons Danseurs, nous sommes meilleurs Philosophes.

140. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre VII. Supériorité et avantages de la Danse en action »

Or, le talent supposé dans le Danseur, la Danse en action lui fournit autant de moyens d’expression qu’il y a de passions dans l’homme. […] On ne saurait faire qu’un seul tableau, de toutes les Danses simples qu’a exécutées, pendant vingt ans, le meilleur Danseur moderne.

141. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VIII. Preuve de la perfection réelle de la Danse ancienne. »

À Rome, dans les beaux jours de l’art, tous les sentiments qu’exprimaient les Danseurs, avaient un caractère si vrai, une si grande force, tant d’énergie, qu’on vit plus d’une fois la multitude entraînée par l’illusion suivre machinalement les différents mouvements du Tableau dont elle était frappée, pousser des cris, répandre des pleurs, partager les fureurs d’Ajax79, ou les tendres douleurs d’Hécube80. […] Un Danseur qui représentait Capanée était d’une taille gigantesque. […] Si un Danseur n’avait pas cet air leste, cette légèreté qui est la première grâce de l’art, au premier entrechat qu’il hasardait, on s’écriait avec un ris amer : Étayez le théâtre.

142. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IX. Du Ballet Moderne »

On avait plus de Chanteurs que de Danseurs passables. […] La disette des sujets était alors si grande en France, que notre Opéra fut exécuté pendant plus de dix ans sans Danseuses. On faisait habiller en femmes deux ou quatre Danseurs qui figuraient sous cette mascarade dans les Fêtes de ce Spectacle.

143. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 8 janvier. Esquisse pour un portrait de Mlle Camille Bos. — les Ballets Léonidoff. — « l’automne » et les « chansons arabes ». »

Et c’est le fait de la plupart des danseuses françaises, ou plutôt latines, l’attitude où la verticale de l’aplomb, passant par la jambe d’appui, est barrée par l’horizontale du bas de la jambe croisée, doit sa beauté tectonique au jeu des angles et des lignes brisées. […] S’il en est ainsi, nous tendrons à croire que les étoiles du firmament latin doivent être le plus souvent envisagées de face, tandis que les danseuses slaves gagnent infiniment, vues de profil. […] Non, la danseuse française n’est pas faite pour escalader des cieux imaginaires ; il lui est donné surtout de fouler allègrement les fleurs du paradis terrestre. […] Mais l’agitation factice de la danseuse ne porte pas.

144. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VIII. Ballerines étrangères. » pp. 176-189

. — Plus mime que danseuse. — Jovita, le Corsaire et la Fonti. […] Lucile Grahn Cette blonde fille du Danemark entrait à l’Opéra, au mois de juillet 1838, — par la porte vermoulue d’un ancien ouvrage démodé, le Carnaval de Venise… Là-bas, à Copenhague, — la vieille et sainte ville, enfouie au fond du Nord, qui vous apparaît avec son gothique entourage de basiliques romanes et de maisons pointues, — elle s’était montrée, à l’âge de quatorze ans, dans le rôle de la princesse Astride, de Waldemar, et dans le principal personnage de Hertha, deux ballets empruntés aux chevaleresques traditions et à la mythologie scandinaves… Et ses compatriotes avaient fait fête à l’envi à ce prodige enfantin, dont toutes les convoitises se portaient vers la France, — cette France qui donne, quand il lui plaît, aux comédiens et aux danseuses de grandes et sublimes leçons ! […] Cadbury frères, de Birmingham, un agencement de boutique, sis à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 90. » Nadedja Bagdanoff Diplomate, danseuse et Russe de haute école. […] Comme danseuse, par exemple, elle se fatiguait facilement, avait l’haleine courte, et se voyait dans l’obligation de se ménager, de se reposer… Elle n’en faisait pas moins recette. […] Amalia Ferraris n’était danseuse qu’au théâtre.

145. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Ce ne fut qu’au ballet du Triomphe de l’Amour qu’on introduisit en France des danseuses dans les représentations en musique ; il n’y avait auparavant que quatre ou six danseurs qui formaient tous les divertissements de l’opéra, et qui n’y portaient par conséquent que fort peu de variété et un agrément très médiocre ; en sorte que pendant plus de dix ans on s’était passé à ce théâtre d’un plaisir qui est devenu très piquant de nos jours. […] Ils en dansent un commencement ; un danseur ou une danseuse danse un commencement et une fin, et les chœurs reprennent la dernière fin. Chaque danse qu’un danseur ou une danseuse exécute, s’appelle aussi entrée. […] Dans toute entrée de danse, le danseur, à qui on suppose de la vigueur et de l’habileté, a trois objets principaux et indispensables à remplir. […] Le second, l’esprit de l’air que ses pas doivent rendre ; car il n’est point d’air de danse, quelque plat que le musicien puisse le faire, qui ne présente une sorte d’esprit particulier au danseur qui a de l’oreille et du goût.

146. (1936) Philosophie de la danse

Que faire devant la Danse et la danseuse pour se donner l’illusion d’en savoir un peu plus qu’elle-même sur ce qu’elle sait le mieux et qu’on ne sait pas le moins du monde ? […] Il regarde alors la danseuse avec des yeux extraordinaires, les yeux extra-lucides qui transforment tout ce qu’ils voient en quelque proie de l’esprit abstrait. […] Notre philosophe peut aussi bien comparer la danseuse à une flamme, et, en somme, à tout phénomène visiblement entretenu par la consommation intense d’une énergie de qualité supérieure. […] C’est donc bien que la danseuse est dans un autre monde, qui n’est plus celui qui se peint de nos regards, mais celui qu’elle tisse de ses pas et construit de ses gestes. […] Ces mains ne sont-elles pas des danseuses qui, elles aussi, ont dû être soumises pendant des années à une discipline sévère, à des exercices sans fin ?

147. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « X, les étoiles d’aujourd’hui. » pp. 204-

Mais on n’a pas eu le temps de respirer six fois que la danseuse, hissée par deux violons, est revenue à son poste, et elle salue le plus gracieusement du monde les spectateurs enthousiasmés. […] Pendant son séjour en Amérique, elle avait réuni une troupe de trente-cinq danseurs et danseuses, — sans compter les violons, et avait voulu tenter la fortune. […] Ceux à qui la charmante danseuse met le diable au corps avec les sauteries espagnoles du Cid n’auraient qu’à venir sous ses fenêtres plumer la dinde ou racler le jambon, — comme l’on dit là-bas, à Burgos ou à Séville, — et voyez-vous tout un quartier de Paris encombré d’amoureux, de guitares et de sérénades ? […] Aux murs, sur les meubles, partout, des couronnes de feuillage d’or, des banderoles de satin de différentes couleurs, estampées de devises louangeuses ; des bibelots-souvenirs, des bouquets fanés, des corbeilles de fleurs artificielles ou naturelles, — trophées d’hier qui attendent les trophées de demain… Il n’y manque que les colombes enrubannées que, dans certains théâtres d’Italie, on a lancées à la danseuse. […] Le papa Mauri était danseur lui-même.

148. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VII. Brelan d’astres » pp. 134-175

Marie Taglioni était une danseuse chrétienne, si l’on peut employer ce mot à propos d’un art proscrit par le catholicisme ; elle ressemblait à une âme. […] A dix ans, Carlotta était première danseuse parmi les enfants, tandis que Cerrito était première parmi les jeunes filles. […] *** Notre danseur avait enfin trouvé son chemin de traverse. […] L’Opéra était veuf ; sa première danseuse s’appelait Pauline Leroux ; la place était vacante. […] C’est la danseuse aérienne que le poète voit descendre et monter l’escalier de cristal de la mélodie dans une vapeur de lumière sonore !

149. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Vous admirez de loin, en rêve, une figure aérienne, comparable en grâce à ces danseuses qu’on voit, sur les peintures de Pompeï, flotter dans leurs voiles légers. […] Voilà au naturel cette Loïe Fuller en qui notre Roger Marx a salué la plus chaste et la plus expressive des danseuses, la belle inspirée qui retrouva en elle et nous rendit les merveilles perdues de la mimique grecque, l’art de ces mouvements à la fois voluptueux et mystiques qui interprêtent les phénomènes de la nature et les métamorphoses des êtres.

150. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 14 juillet. « La Maladetta ». »

C’est que ces vastes et symétriques mouvements de masses asservies à une volonté unique n’admettent aucune velléité individuelle ; vue d’une avant-scène des quatrièmes loges, la disposition des danseurs doit se montrer pareille à un tracé planimétrique. […] Ricaux, bon danseur avec des éléments de virtuosité réelle et, en outre, un sentiment vif du caractère ; aussi le « jeune premier » de la pièce faisait à côté de lui assez piètre figure.

151. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre VI » pp. 76-89

. — Charles le danseur. — Chopart dit l’aimable. […] Les célèbres danseuses dont nous venons de parler, probablement. […] Vous êtes danseuse ? […]  — C’est Charles le danseur, — une réputation mâle du bal, — un Brididi rajeuni.

152. (1921) Une dernière étape des « Ballets russes ». La Belle au Bois Dormant pp. 227-231

Celui qui contribua si puissamment à la création d’une école nationale fut le Marseillais Marius Petipa qui tint à la Russie par 56 ans de services ininterrompus sous quatre empereurs, qui fut l’éducateur de tant de générations de danseurs russes et qui, ayant dansé l’Esméralda avec Fanny Elssler et le Faust de Perrot avec Carlotta Grisi, devait un jour diriger les premier pas d’Anna Pavlova. […] D’autres « unités » enfin furent introduites à Londres par Mlle Nijinska, sœur du danseur illustre : « Jean le simple » très mouvementé de style, grotesque russe, variation d’Aurore, biffée avant la première de 1890 et, en conséquence, jamais exécutée, une Barbe bleue plutôt insignifiante, une Shéhérazade — parodie qui, à vrai dire, détonait : en somme un ensemble énorme de morceaux chorégraphiques, tout un monde ! […] Danseuse encore incomplète mais incomparablement poétique ! Elle est doublée par Mme Egorova, très bonne danseuse « de précision » ; beaucoup de noblesse, point d’émotion.

153. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — VI, lumière et danse » pp. 60-71

Tant pis pour la pauvre créature qui ne peut pas faire avec la jambe gauche ce qu’elle peut accomplir avec la jambe droite, tant pis pour la danseuse qui ne peut pas aller en mesure, ou pour mieux dire qui ne peut pas faire autant de mouvements qu’il y a de notes. […] Le meilleur musicien est celui qui peut permettre à la danseuse de diriger la musique, au lieu que ce soit la musique qui inspire la danse. […] En effet, une danseuse dit, en entendant une musique inconnue : « Oh ! je ne peux pas danser sur cet air-là. » Et, pour danser avec une musique nouvelle, la danseuse doit apprendre des pas convenus qui s’adapteront à cette musique. Tout au contraire, la musique devrait indiquer, avec le feu de l’instinct, l’harmonie ou la pensée, et cet instinct devrait inciter la danseuse à suivre l’harmonie, sans préparation.

154. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juin. Le ballet cambodgien. »

Elles s’avancent, les minuscules ballerines, le jarret légèrement ployé, les pieds en dehors ; comme nos danseuses, elles recherchent dans les temps à la hauteur le centre de gravitation, mais ce n’est pas sur la jambe tendue, verticale, qu’elles pivotent ; le genou est infléchi par un demi-plié. […] Mlles Yth et Trasoth auront porté le coup de grâce au pastiche exotique, au dilettantisme brutal et désinvolte de tels danseurs européens, « faisant » dans le style oriental.

155. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 31 août : Ballet de L’Arc-en-ciel Fils du Soleil , accompagnant la tragédie de collège La Mort des Enfants de Säul — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 3 septembre 1661 »

[…] Père Darrouy, profond Docteur, En est le noble et digne Auteur : Cette Histoire, des mieux traitée, Fut assez bien représentée, Et les Ballets entrelacés Fort agréablement dansés, Se trouvant, illec, d’assurance, Un des adroits Danseurs de France.

156. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — La Muse de la Cour à Monseigneur le Dauphin d’Adrien Perdou de Subligny — Subligny, vingt-neuvième semaine, lettre du 9 décembre 1666 »

Subligny, vingt-neuvième semaine, lettre du 9 décembre 1666 Vos Danseurs font-ils des merveilles ?

157. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre IV. État actuel de la Danse Théâtrale en France »

Tel est notre meilleur Danseur moderne.

158. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 26 janvier : Ballet de la Naissance de Vénus — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 14 février 1665 »

Loret, lettre du 14 février 1665 Jeudi, douze du mois présent, Moi, l’Auteur de ces vers, présent, Le Ballet de Vénus céleste, Des Divinités la plus leste, Où de très beau Monde courut, Pour la dernière fois parut, Laissant un grand regret dans l’âme De maint Monsieur, de mainte Dame, De perdre le contentement D’un si cher divertissement, Où Beauchamp, Danseur d’importance, L’un des plus dispos de la France, (Et l’incomparable, dit-on,) Représentant du Dieu Pluton, Le rollet, ou le personnage, Fait admirer, à triple étage, Et, mêmement, aux Majestés, Ses étranges agilités.

159. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 6 août : Le Ballet des Comètes accompagnant la tragédie de collège Irlande — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas : — La Gravette de Mayolas, lettre du 16 août 1665 »

La Gravette de Mayolas, lettre du 16 août 1665 […] Selon la coutume ordonnée Dans cette Maison chaque année, Le Réverend Père DIEZ, Un Esprit des plus déliés, Dont la veine docte et fertile Egale Sénèque et Virgile, Ce poète et grand Orateur, De cet Ouvrage fut l’Auteur, Dont le nom fameux est IRLANDE, Histoire belle, vraie et grande, Ayant fait choix de bons Acteurs Et fait instruire les Danseurs, Qui dans leurs postures discrètes Dansaient le Ballet des Comètes ; Et les délicats Violons Jouaient d’agréables chansons Quantité de Gens remarquables, Témoins de ces plaisirs aimables, Avec les autres spectateurs En furent les admirateurs, Attentivement écoutèrent, Et l’Auteur tout à fait louèrent.

160. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Traduction des passages italiens parsemés dans cet ouvrage » pp. 115-118

Le Rythme est ce qui distingue plus sensiblement les compositions musicales ; parce que les combinaisons diverses et infinies des différents temps que la musique emprunte du Rythme avec une grande variété, produisent les différences sensibles d’un air avec un autre, ou de tel ou tel autre motif, d’une pensée, d’un trait, du sujet, sous quelque dénomination qu’on veuille les placer, ce qui a fait dire à Virgile « Qu’il se rappellerait bien l’air s’il avait, les paroles présentes à l’ esprit. » Avec ce Nombre ou Rythme (que nous réglons par la mesure), les danseurs peuvent, sans avoir besoin de l’harmonie (c’est-à-dire du chant ou du son d’un instrument), exécuter leurs imitations. C’est pour cela qu’Ovide donne aux bras d’une danseuse l’épithète de Nombreux, au lieu d’Harmonieux. « Cette danseuse séduit par ses gestes, elle meut avec justesse ses bras nombreux : en inclinant avec un art enchanteur et tournant avec souplesse son beau corps. » (Métastase, Considérations sur l’art poétique d’Aristote.)

161. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Conclusion] »

Par la danse, j’avoue que je n’entends pas simplement cet art mécanique qui consiste à remuer alternativement les bras et les jambes au son d’un instrument, à se fatiguer en mesure pour exécuter des pas qui ne signifient rien, à avancer sans dessein, à reculer uniquement pour changer de place, enfin à faire toutes les évolutions que les danseurs médiocres regardent comme la perfection de l’art, et qui n’en sont que le commencement. […] N’oublions jamais qu’un ballet est un tableau, et que pour faire un beau ballet, il faut nécessairement que le compositeur soit un grand peintre : la scène est la toile, les danseurs sont les personnages, leurs mouvements sont les couleurs, la fidélité du costume le coloris. […] Il est encore plus nécessaire que le maître de ballet connaisse la musique ; elle doit être en quelque sorte la régulatrice de tous les mouvements du danseur, qui ne saisira jamais l’esprit ni le caractère de son rôle, s’il n’asservit pas fidèlement et avec une précision sévère sa pantomime aux impulsions que la mélodie vocale ou instrumentale doit lui communiquer.

162. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 26 février. Affaires courantes. »

Cette impulsion intérieure, ce délire lucide et harmonieux qui est l’atmosphère même de la danseuse créatrice comme Mlle Bos en deviendra une, active l’allure même de la danse. […] Lancée en l’air par son danseur, elle « jette » en tournant avec une légèreté charmante ; et puis elle pique franchement de la pointe.

163. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 23 juillet : Le Ballet des Saisons — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 6 août 1661 »

Loret, lettre du 6 août 1661 […] Le Ballet de Fontainebleau Comme il est admirable et beau, Et tout brillant de divers lustres, À cause des Danseurs illustres, Et des Objets de rare prix Que dans iceluy sont compris, À ce qu’on dit, se danse encore : Mais mon esprit se remémore, Qu’étant à Paris de retour, Lors que je parlai, l’autre-jour, De ce Ballet que tant on prise, J’oubliai Monseigneur de Guise, Dont je suis très-humble valet, Et l’un des Grands dudit Ballet.

164. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 3 août : Ballet du Temps accompagnant la tragédie de collège Gusmans — Lettre en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 8 août 1666 »

Les Danseurs du BALLET DU TEMPS Donnèrent bien du passe-temps ; Ils dansèrent tous d’importance, Et le Maître de cette danse, L’adroit CHICANEAU, qu’on vanté, Fort dignement s’en acquitta.

165. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIV. » pp. 134-149

Mon dessein n’est cependant ni d’entreprendre une dissertation anatomique, ni de me donner un air de démonstrateur qui me siéroit mal ; je me bornerai à décrire les articulations qui coopèrent le plus aux mouvemens du danseur. […] pourquoi tel danseur ne réussit-il pas ? […] Il sera donc important que le danseur s’accoutume de bonne heure à surveiller l’état de son visage en même temps que la position de sa tête ; car rien n’est plus pénible pour le spectateur que de voir se peindre sur la physionomie de celui qui danse, les efforts qu’il fait pour simuler une legereté qu’il n’a point, ou d’appercevoir sur son front les traces de la préocupation que lui cause l’attention qu’il donne à ses mouvemens. […] Il seroit à souhaiter pour la facilité et la beauté de l’exécution que ses mouvemens fussent aussi complets que ceux du bras, mais la nature ne l’ayant pas jugé nécessaire, et la position des danseurs, étant comme je l’ai dit, anti-naturelle, il faut donc que l’artiste lutte sans cesse contre les hanches, et il faut à son tour que cette partie violemment exercée, obéisse à l’art. […] Ce que j’ai dit est plus que suffisant pour le but que je me propose, et cette portion de connoissance, quelque petite qu’elle soit, ne laissera pas de servir utilement au danseur, et de le guider dans les leçons qu’il donnera à ses élèves.

166. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 23 juillet : Le Ballet des Saisons — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 10 juillet 1661 »

On travaille (à ce qu’on raconte) À neuf cents habits, de bon compte, Qui d’or et d’argent brilleront, Pour les Danseurs qui danseront, Pour les belles Voix ordinaires, Et pour tous les Instrumentaires.

167. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

… Voici précisément, — comme si de ta bouche créatrice, naissaient l’abeille, et l’abeille, et l’abeille, — voici le chœur ailé des illustres danseuses ! […] SOCRATE Par les dieux, les claires danseuses ! […] — En moi, par moi, tous les secrets de la médecine s’échangent en secret contre tous les secrets de la danseuse ! […] Plus je regarde, moi aussi, cette danseuse inexprimable, et plus je m’entretiens de merveilles avec moi-même. […] C’est pourquoi la seule danseuse peut le rendre visible par ses beaux actes.

168. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 17 août : Les Fâcheux — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 août 1661 »

Loret, lettre du 20 août 1661 Mais il ne faut pas que je die Le reste de la Comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra ; Et chacun prêtant les oreilles À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir, à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire, aux Acteurs, outrage Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des Curieux, Un Ballet entendu des mieux, Qui par intervalles succède, Sert à la Pièce, d’Intermède, Lequel Ballet fut composé Par Beauchamp, Danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte Par les Messieurs de son Escorte ; Et, même, où le sieur d’Olivet, Digne d’avoir quelque Brevet, Et fameux en cette Contrée, A fait mainte agréable Entrée.

169. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 26 décembre 1666 »

Robinet, lettre du 26 décembre 1666 L’auguste BALLET des NEUFS SŒURS, Où l’on voit d’excellent Danseurs, Divertit toujours à merveille La COUR des Cours la nonpareille, Et, parmi les OBJETS poupons Lesquels font là des Pas mignons, TOUSSI, cette GRÂCE naissante,72 De plus en plus est ravissante , De FIENNE, qu’on ne saurait voir Sans mille Attraits apercevoir, Dedans sa Danse paraît telle Qu’on meurt de danser avec Elle, Et du LUDRE, l’ASTRE LORRAIN73 Qui des Cœurs s’empare soudain, Par sa belle et forte Influence, Les prend illec comme en Cadence.

170. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IV. De la Danse des Balets des Anciens & des Modernes, avec quelques descriptions des plus singulieres, & de l’origine de la danse Théâtrale. » pp. 70-111

Ce Duc étoit fort sujet à la goutte ; & comme il aimoit la danse passionnément, il composa un Balet de Gouteux, & se fit apporter dans un fauteuil, ayant la goutte, & une canne à la main, pour tenir son rang parmi les danseurs, en 1630. […] Ce Monarque figuroit avec Messieurs Legrand, le Maréchal de Villeroy & la Rochefoucault ; & l’on peut dire qu’il l’emportoit de beaucoup sur les autres, ayant passé pour le danseur le plus gracieux de son tems. […] Tous ces chantres & ces danseurs n’étoient aussi, à bien prendre, que des Saltimbanques & des boufons ; & ce fut pour purger le Théâtre de ces spectacles indécens, que les Grecs eurent recours aux Balets sérieux & réglez, dont l’usage a passé depuis dans la plus grande partie des Cours de l’Europe. […] Une troupe de petits Amours effrayez d’un accident si surprenant, sortent avec précipitation des ruines du Palais, & retiennent une partie des déguisemens qu’ils n’ont pas eu le tems de dépouiller tout-à-fait : les uns ont encore les plumages des oiseaux, d’autres une partie des habits des Nymphes & danseurs, qu’ils avoient pris pour servir la passion d’Armide ; ce qui termina le Balet. […] Toutes ces Entrées furent presque exécutées par des danseurs & des danseuses de profession, & de la composition de Beauchamps, sur les airs de M. de Lully, qui étoient deux génies excellens pour ces sortes de représentations.

171. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Ce beau danseur servit de modèle à Vestris le père ; celui-ci le surpassa en goût, en intelligence, et en variétés. […] Les théâtres devenus plus vastes forcèrent encore les danseurs à les arpenter, à détaller leurs tems, et a parcourrir l’espace avec plus de prestesse, et de légèreté. […] La danse n’a donc que des règles de convention, et le maître qui connoitra l’Anatomie, c’est à dire la partie de cette science qui traite des articulations en général, et des leviers propres aux mouvemens variés du danseur, sera celui qui parviendra le mieux à former un élève. […] Je veux vous pailer de Marcel, danseur très-médiocre ; il étoit grand, bienfait, avoit une belle physionomie et chantoit très agréablement. (Preuve non équivoque qu’il étoit mauvais danseur.)

172. (1779) Trattato teorico-prattico di ballo « Trattato teorico-prattico di ballo —  Parte prima — Capitolo III. Delle qualità del Ballerino »

«Il faut que le Danseur Pantomime connaisse la Poésie, la Géométrie, la Musique, la Philosophie, l’Histoire, et la fable, qu’il sache exprimer les passions, et les mouvements de l’âme, que il emprunte de la Peinture, et de la Sculpture, les différentes postures et contenances, en sorte qu’il ne le cède à […] Ce Danseur doit savoir aussi particulièrement expliquer les conceptions de l’âme, et Découvrir les sentiments par les gestes, et les mouvements du Corps: enfin il doit avoir le secret de voir partout ce qui convient (qu’on appelle le Décorum) et, avec cela, être subtil, inventif, judicieux, et avoir l’oreille très délicate».

173. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Errata du tome I. » pp. 241-242

232. 3. les danseurs ne puisse, lisés : les danseurs ne puissent.

174. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

La Revue des Deux-Mondes, en 1840, était jeune et capable de s’échauffer à propos d’une danseuse. […] Les engagements sont chose sacrée que même une danseuse n’a pas le droit de fouler aux pieds. […] Elle était regrettable pour Paris, qui perdait une danseuse excellente. […] Le travail terminé, les organisateurs furent pris de scrupules et crurent devoir demander au pape-roi l’autorisation d’offrir un diadème à une danseuse. […] Il se rappela le temps où, misérable petit gratte-papier dans une officine infime à Wesselburen, il lisait dans les journaux les triomphes de la danseuse.

175. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettre en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 décembre 1666 »

Ainsi, pour la grande URANIE Qui des CIEUX connaît l’Harmonie, Des Danseurs lestes et fringants Font les SEPT PLANÈTES ERRANTS. […] ERATON, à qui sur l’AMOUR D’ordinaire l’on fait la Cour, Est aussi très bien recréée Par six DANSEURS pour son ENTRÉE, Représentants de nos ROMANS Les six plus célèbres AMANTS.

176. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Catalogue. Des Danses dont je fais mention dans cette Histoire. » p. 212

De l’origine de la danse des Danseurs de corde, & de l’art Gymnastique & des sauts périlleux.

177. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1660 — 19 février : Ballet accompagnant Stilicon de Thomas Corneille — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 21 février 1660 »

Loret, lettre du 21 février 1660 Mollier, Esprit de bon aloi, Illustre Musicien du Roi, Par une agréable boutade, Fit un Ballet, ou Mascarade De Bergères et de Bergers,1 Qui ne craignant plus les dangers2 De la Guerre, qui tout saccage, Dansaient des Danses de Village ; Mais avec tant d’agilité,3 De grâce et de dextérité,4 Que les meilleurs Danseurs des villes N’auraient pas été plus habiles.

178. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Préface. » pp. -

On peut juger du pouvoir qu’elles avoient sur l’esprit des Payens, par l’effet des danses des Bacchantes, dont Bacchus employa les charmes plutôt que la force pour subjuguer les Indiens : il établit à son retour en Egypte la Danse des Festins, qui a rapport à nos Bals de cérémonie pour les réjouissances publiques ; quoique Philostrate en attribue l’invention à Comus, comme Dieu des Festins, desquels le Bal faisoit l’accomplissement de la fête chez les Grecs Diodore l’attribue aussi à Terpsicore, la premiere Danseuse des Muses. […] L’art des Danseurs de corde a aussi sa place dans cette Histoire, tant par rapport au goût du tems, que parce qu’il paroît avoir été le premier spectacle public représenté chez les Grecs, qui appeloient ces Danseurs Schoënobates, & qui les avoient introduits dans leurs Foires pour attirer chez eux une quantité d’étrangers qui augmentassent leur commerce.

179. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Madame Balachova. »

Mme Alexandra Balachova, étoile du ci-devant Théâtre Impérial de Moscou et son danseur, le prodigieux Smolzoff dansent au gala de Femina quelques-uns de leurs duos qu’ils avaient déjà interprétés ici, sur ce même plateau.

180. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — II »

Une femme, passe encore ; mais il me souvient avec horreur d’un danseur scandinave : je ne sais rien de plus ridicule, de plus laid et de plus lourd que ce Lapon gras, fessu, aux larges cuisses, au ventre mou qui faisait la femme, bien pis l’almée.

181. (1921) Quelques lettres inédites de célébrités chorégraphiques pp. 222-226

Il reste à écrire d’après des documents authentiques la vie d’un Gardel, d’un Viganò, d’une Taglioni… Pour contribuer à ces futurs ouvrages, voici quelques lettres inédites de plusieurs chorégraphes ou danseuses célèbres. […] Avant de quitter Gardel donnons cette lettre sans date qu’il adressait pour sa fête à la danseuse Victoire Saulnier et qui nous rappelle la facilité avec laquelle s’attendrissaient les contemporains du sensible Robespierre… Il y a bien longtemps que je sens tout l’excès de mon malheur, mais jamais avec autant d’amertume qu’aujourd’hui. […] Les danseuses et danseurs sont détestables.

182. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Description méthodique des figures de contredanse qui se dansent généralement ; suiviede variétés et de plusieurs autres contredanses nouvelles. » pp. 109-128

Cette figure ne se fait plus à cause de l’embarras qu’éprouveraient les danseurs, qui font à présent des contredanses ou quadrilles en nombre indéterminé au-dessus de huit. […] Chassez croisés tous les huit ou plus, c’est-à-dire tous les danseurs, selon le nombre formant la contredanse. […] Ce trait, qui présente une seule chaîne de tous les danseurs, produit un meilleur effet dans les contredanses en nombre multiplié. […] C’est contre les règles de la danse que beaucoup de danseurs exécutent cette figure à deux cavaliers et une dame.

183. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 décembre. Polyphème. »

Car le plateau de la Salle Favart ne s’est pas mis pour les danseurs en frais d’hospitalité.

184. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettre en vers et en prose au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 21 février 1669 »

[…] Mais le grand Monarque de France Remporta le prix de la danse Sur les plus accomplis Acteurs Comme sur les meilleurs Danseurs, Et, par sa grâce sans seconde, Ravit les yeux de tout le monde, Qui louait, aussi bien que moi, L’éclat et l’adresse du Roi.

185. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre V. De l’usage de la Danse grave & sérieuse, convenable aux Bals de cérémonie. » pp. 112-145

Les Grecs l’ont aussi attribuée à Terpsicore, comme la meilleure danseuse de son tems, ou parce qu’elle présidoit à la danse des neuf Muses, au son de la lyre d’Apollon. […] Malchus assure que Pithagore se faisoit honneur de danser en public, & d’y passer pour bon danseur, s’étant perfectionné dans cet art pendant son séjour en Egipte, quoique le plus grave & le plus sérieux de tous les Philosophes. […] Pendant le repas, des troupes de danseurs & de danseuses des Provinces voisines, qui étoient venus à Bayonne au bruit de la fête, y danserent à la maniere de leur pays : les Poitevins, avec la cornemuse ; les Provençaux, au son d’un tambourin que le Ménétrier bat de la main droite, & de la gauche s’en sert pour jouer du flageolet ; les Bourguignons & les Champenois, avec le petit hautbois & le tambourin ; les Bretons y danserent les Passepieds & les branles gais, au son des violons ; & les Biscayens, à la Moresque, avec le tambour de basque. […] J’ai oui dire à nos fameux Danseurs que l’usage des contre-danses nous vient d’un Maître à danser d’Angleterre, arrivé en France il y a douze ou quinze ans ; elles passent chez cette nation pour des danses de contrée : mais dans leur origine, elles passoient chez les Anciens pour des danses renversées, comme nous avons dans la Musique l’usage de la fugue & de la contre-fugue. C’est ce que les Anciens ont attribué à Dédale, comme je l’ai dit ci-devant, & ce que les Danseurs modernes ignorent, comme bien d’autres choses qui concernent l’origine de la Danse.

186. (1845) Notice sur Giselle pp. 3-24

On se souvenait bien d’avoir vu, il y a quelques années, à la Renaissance, une charmante enfant qui jouait un rôle dans une pièce intitulée Zingaro ; mais l’on ne savait pas si c’était une danseuse ou une chanteuse, car elle était l’une et l’autre. […] Mademoiselle Héberlé était la première danseuse de l’Italie. […] Tu es fatigué, tes pieds traînent ; un danseur qui se lasse n’est bon qu’à être précipité dans le lac. […] Les wilis, ogresses de la valse, ont flairé un danseur frais ; elles accourent en toute hâte prendre leur part de ce régal. « Méchantes ! […] Ce rôle est désormais impossible à toute autre danseuse, et le nom de Carlotta est devenu inséparable de celui de Giselle.

187. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Sixième lettre. Juste Odoard à Mlle de Nesmes, à Lyon. » pp. 433-445

Ils prirent subitement la détermination d’aller attendre la danseuse à la sortie des artistes, afin de lui faire, à eux seuls, un petit succès détaché dont elle pourrait leur tenir compte par un remerciement ou un sourire. […] Tu n’auras jamais ces maladies terribles du pied qui, sur douze apprenties danseuses, en font mettre dix de côté, infirmes pour toujours ». Dès notre première étape, il rencontra un autre danseur de ses amis, qui l’invita à dîner et lui demanda si j’étais quelque chose. […] Le danseur, objet de ma tendresse de commande, était un beau maladroit qui me faisait grand’peur, parce qu’il me soutenait mal dans les poses où je devais m’abandonner en me fiant à son aide. […] J’avoue que je n’y pensais pas, sauf quand mon danseur, en feignant de me retenir, passait dans ma ceinture l’anneau qui devait me servir à m’envoler.

188. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 6 janvier. Quelques danses sur des airs populaires espagnols. »

Les « vendredis de danse » ont pris ce pli dangereux de nous offrir, pour nous désennuyer pendant que la danseuse change de costume, le tour du chant.

189. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre dernier. Au public » pp. 186-188

Une coquetterie de danseuse qui a voulu prouver à de certaines personnes qu’au besoin elle savait parler et écrire.

190. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Danses de Mlle Svirskaya. »

Mlle Thamara Svirskaya, qui vient de donner une soirée au Théâtre Montmartre, est une de ces danseuses dont la vocation est déterminée plutôt par une belle ardeur intellectuelle et une curiosité musicale très vive que par le jaillissement spontané du rythme saltatoire.

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