J’ai craint ce danger en écrivant cet Ouvrage, et pour m’en garantir, je me suis rappelé mille fois les prétentions ridicules des différents maîtres du Bourgeois Gentilhomme. […] La prévention s’expliquera de même sans doute, si une nouvelle Danse mieux composée, plus active, moins monotone, s’établit de nos jours sur les débris de toutes les autres ; mais l’extravagance d’un pareil discours mise une fois en évidence, il n’en saurait plus résulter aucun danger ni pour les Artistes ni pour l’Art ; et on osera danser sur notre Théâtre mieux que du temps de Lully, que du temps de l’Abbé Du Bos, que du temps même de Dupré [Voir Chaconne, Entrechat, Gargouillade], sans craindre de se rendre ridicule.
Le Théâtre, pendant son règne, ne fut plus qu’une école odieuse de libertinage ; les Pantomimes, qu’une troupe infâme prostituée sans cesse à la débauche des Romains ; l’art, qu’un vil instrument dont se servait la fortune, pour combler de biens des personnages ridicules dont rien ne réprimait l’insolence68.
Cependant j’opine et avec une conviction défiant le ridicule que voilà une des plus prodigieuses découvertes de l’art théâtral et dont la portée esthétique est encore insoupçonnée.
Je n’y ai vu que des processions ridicules, sans costumes vrais, sans ordre, sans caractère, sans goût, sans imagination.
Le danseur qui serait placé de cette manière, répugnerait au bon goût ; et ses positions, ses attitudes, devenues grotesques et caricatures, seraient un objet de ridicule pour le dessinateur.
Nous avons entendu saint Jean Chrysostôme déclarer, en déclamant contre les danses, que si plusieurs le trouvoient en cela ridicule, il espéroit que du moins son discours seroit utile à quelques-uns.