Que dites-vous, Monsieur, de tous les titres dont on décore tous les jours ces mauvais divertissements destinés en quelque façon à l’ennui, & que suivent toujours le froid & la mélancolie ; on les nomme tous Ballets Pantomimes, quoique dans le fond, ils ne disent rien. […] Cette précaution utile qui mettoit le Spectateur au fait de l’idée & de l’exécution imparfaite du Peintre, l’instruiroit aujourd’hui de la signification des mouvements méchaniques & indéterminés de nos Pantomimes. […] & l’on danse ; ce sont là les drames ingénieux dont on nous repaît ; c’est ce qu’on nomme des Ballets d’invention, de la Danse Pantomime ; mais laissons-en ramper paisiblement les Auteurs ; les ailes sont des ornements étrangers & des instruments inutiles pour quiconque ne peut devoir son éclat à lui-même, & se voit forcé comme les vers luisants à l’emprunter des ténebres & de l’obscurité. […] On a sacrifié le beau genre au trivial ; on a secoué le joug des principes ; on a dédaigné & rejetté toutes les regles ; on s’est livré à des sauts, à des tours de force ; on a cessé de danser, & l’on s’est cru Pantomime, comme si l’on pouvoit être déclaré tel, lorsqu’on manque totalement par l’expression ; lorsqu’on ne peint rien ; lorsque la Danse est totalement défigurée par des charges grossieres ; lorsqu’elle se borne à des contorsions hideuses ; lorsque le masque grimace à contre-sens, enfin lorsque l’action qui devoit être accompagnée & soutenue par la grace est une suite d’efforts répétés, d’autant plus désagréables pour le Spectateur qu’il souffre lui-même du travail pénible & forcé de l’exécutant. […] Je ne fais aucun cas d’un sujet Pantomime qui pour se faire entendre, a recours au récit ou au dialogue.
Pour exprimer la grandeur de ce Roi, le jeune pantomime entre sur la scène avec un cothurne qui le rehausse, s’élève encore avec force sur la pointe des pieds, et parvient en effet, par cet artifice, à paraître beaucoup plus grand que la foule d’Acteurs dont il était entouré. […] L’insolence du jeune Pantomime ne fit pas attendre Auguste longtemps.
Peu à peu on dansa sur les théâtres, et les Grecs mêlèrent des danses à leurs tragédies et à leurs comédies ; les Romains imitèrent cet exemple jusqu’au temps d’Auguste, qui régala son peuple par des spectacles représentant des actions héroïques ou comiques, exprimées par les gestes et par des danses, qu’exécutaient Pylade et Bathyle, les deux premiers instituteurs de l’art des pantomimes. […] [3] Noverre 2, le restaurateur des ballets d’action et de l’art de la pantomime, a posé les principes qui doivent guider le maître de ballet, c’est-à-dire les compositeurs ; il a prescrit des règles aux mimes ; il a aussi écrit sur l’art, proprement dit, de la danse ; mais ses instructions à cet égard, se bornent à quelque conseil sur la poétique de l’art et à quelques légères observations sur son mécanisme. Les excellentes lettres de cet artiste célèbre, sur les ballets, ont été écrites particulièrement pour le compositeur, et ne devraient jamais sortir de ses mains ; c’est cet ouvrage qui apprendra aux artistes danseurs les véritables règles dramatiques, et la manière simple d’intéresser dans une action pantomime. […] On pourrait aussi citer à certains maîtres de ballets, qui par leurs ouvrages prouvent combien la lecture de Noverre leur est étrangère, ces mots de Dauberval : « Je conçois que la multiplicité des décorations et des effets mécaniques peut éblouir la multitude ; mais j’ose dédaigner ce moyen, quand il ne tient pas essentiellement au sujet ; c’est la pantomime et la danse que je traite ; je veux laisser tout l’honneur du succès à ces deux arts ; il ne me suffit pas de plaire aux yeux, je veux intéresser le cœur. » 3.
Honneurs et Privilèges accordés à la Danse Auguste rendit les Pantomimes égaux aux Citoyens, en leur accordant le privilège de ne pouvoir être punis comme les Esclaves. […] Dans les suites, quelques Empereurs allèrent encore plus loin, et nous voyons, dans des Monuments anciens, que des Pantomimes furent élevés à la dignité de Prêtres d’Apollon, toujours briguée par les noms les plus illustres72.
Ce fut une pantomime incolore corsée par des effets d’éclairage d’un agencement bien primitif. […] plusieurs pantomimes dans le silence, où la musique est remplacée par un tapage terrible de pieds sur les planches disjointes du plateau.
Je m’arrête & vous renvoie à la Lettre que je vous écris pour votre instruction, & qui suit immédiatement ma Pantomime.