C’est ce qui fait dire à Louis Vivès, précepteur de l’empereur Charles-Quint, dans un excellent ouvrage qu’il a fait, sur la manière de bien élever une fille chrétienne, au titre des danses, après avoir rapporté les paroles des deux païens que je viens de citer : « Je me souviens d’avoir entendu dire que quelques personnes arrivées depuis peu en France, ayant vu des femmes danser, en furent si effrayées, qu’elles prirent la fuite, les croyant et les disant agitées de quelque fureur extraordinaire.
Les ballets, au contraire, qui trainent après eux le désordre et la confusion, dont la marche est inégale, dont les figures sont brouillées, ne ressemblent-ils pas à ces ouvrages de mécanique mal combinés, qui, chargés d’une quantité immense de roues et de ressorts, trompent l’attente de l’artiste, et l’espérance de public, parce qu’ils péchent également par les proportions et la justesse. […] Chez eux, tous les ouvrages qui concernent la manœuvre sont d’un fini et d’une délicatesse admirables ; cette proprété, ce soin et cette exactitude qu’ils emploient dans les plus petites parties, peuvent contribuer sans doute à la vitesse et à la précision.
Je trouvai dans l’immense bibliolhèque de Garrick tous les ouvrages anciens qui traitent de cet art ; j’appris à la danse muette ; à articuler ; à exprimer les passions et les affections de l’âme ; mes soins et mes succès la placèrent au rang des arts imitateurs ; mais après cinquante années d’études, de recherches, et de travaux ; je me suis apperçu que je n’avois fait que quelques pas dans la carrière, et que je m’étois arrêté là, où les obstacles me parurent insurmontables. […] Je désire, Monsieur, pour les progrès de mon art que ceux qui se destinent à la danse et à la composition des ballets en action, suivent la marche que j’ai observée ; qu’ils sachent enfin que sans l’amour et étude des beaux arts, ils ne pourront enfanter que des ouvrages imparfaits, privés de goût, de grace, d’élégance, et dénués, tout à la fois, d’esprit, de variété, et de cette imitation de là nature, qui est l’âme des beaux arts.
Les Ballets, au contraire, qui traînent après eux le désordre & la confusion, dont la marche est inégale, dont les Figures sont brouillées, ne ressemblent-ils pas à ces Ouvrages de méchanique mal combinés, qui chargés d’une quantité immense de roues & de ressorts, trompent l’attente de l’Artiste & l’espérance du Public, parce qu’ils péchent également par les proportions & la justesse ? […] Chez eux tous les Ouvrages qui concernent la manœuvre, sont d’un fini & d’une délicatesse admirables ; cette propreté, ce soin & cette exactitude qu’ils emploient dans les plus petites parties, peuvent contribuer sans doute à la vîtesse & à la précision.
Ce sont ces demoiselles de l’Opéra qui s’en vont à leur ouvrage. L’ouvrage, c’est la leçon ; c est le cours ; ce sont les répétitions, au foyer ou sur la scène, des pas, des groupes et des ensemble.
Il n’est point d’ouvrage de cet esprit créateur, dans lequel on ne voie, si l’on sait voir, l’indication marquée de plusieurs Ballets d’action très ingénieux et tous liés au sujet principal.