VII En tout art, mais en musique plus qu’en nul autre, nous allons à un discours libre de toute entrave, à une forme non serve qui ne saurait être prescrite, et qui ne puisse être imitée : celle qui convient à une œuvre, et à elle seule, parce qu’elle est le signe de l’émotion qui l’a fait naître.
Bien présentée, avec un effort de mise en scène adéquat à la valeur de l’œuvre, La Foire de Corfou aurait pu devenir le Petrouchka français ! […] J’aurais pu cependant citer deux ou trois œuvres récentes, mais bien anodines, bien fades, bien inutiles, qui encombrent le répertoire sans pouvoir se maintenir au programme.
Sa matière musicale est traîtreusement dérobée à l’œuvre de Chopin ; elle est, d’ailleurs dépouillée de son charme secret le plus subtil par les sonorités indiscrètes de l’orchestre, par l’éclat, bien qu’amorti, de ses timbres. […] Tout cela dit — car la critique ne prétend pas être un marivaudage — la Suite de Clustine reste une œuvre vivante. […] Il défraya l’œuvre d’un Lanner, d’un Schubert, de cette dynastie indigène des Strauss à laquelle le formidable et pesant Richard, leur homonyme, a voulu s’associer en se servant dans le Chevalier des Roses, d’une valse comme thème principal.
Car, malgré la partition du maître-musicien Florent Schmitt, l’œuvre n’est pas viable. […] C’est là une œuvre hybride, celle d’un « vieux de la vieille », fidèle non tellement à la tradition, qu’au train-train paisible des choses, mais désorbité, affolé, envoûté par les triomphes de Fokine.
La première de jeudi comporta deux œuvres inédites : La Belle au Bois dormant et Le Renard. Paris ne verra pas, cette fois-ci, l’œuvre maîtresse de Marius Petipa se dérouler dans son ensemble imposant, dans le cadre grandiose établi par Bakst pour le mémorable spectacle de Londres.
Pour une première fois Bakst y fit triompher l’unité optique du spectacle, méconnue, perdue pendant un siècle ou presque ; Shéhérazade, instaura de même cet exotisme pittoresque, intense et sensuel, qui fit surgir de par le monde une foule d’œuvres théâtrales, qui subordonna pendant plus d’une saison à la peinture la Mode jusqu’alors incoercible, cependant que l’imagination du peintre-auteur s’évadait vers d’autres horizons. […] Si peu de chose subsiste de l’œuvre originale !