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23. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 janvier 1663 »

Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté. Je ne parlerai point du reste De ce Ballet pompeux et leste ; On en a fait un Imprimé, Où tout est si bien exprimé, Qu’aux Curieux il peut suffire, Et qu’on doit acheter et lire : Mais je désire, en ce moment, Dire deux mots, tant seulement, De cinq admirables Personnes, De cinq adorables Mignonnes, Qui dans cet illustre Ballet Jouèrent si bien leur Rollet De Bergères et d’Amazones, Que je crois que sous les cinq Zones, Et partout où luit le Soleil, Il ne se voit rien de pareil Madame en était la première, Qui paraissait toute lumière, Tant par ses habits précieux Que par l’éclat de ses beaux yeux ; On ne pouvait, sans allégresse, Voir danser icelle Princesse, Et rien n’égalait les appas De sa grâce et de ses beaux pas : C’est ce qu’on ne lui peut débattre ; Voici les noms des autres quatre.

24. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VIII. Preuve de la perfection réelle de la Danse ancienne. »

Un Pantomime qui, à la fin du rôle d’Œdipe, était censé s’être crevé les yeux, manqua de mettre dans ses mouvements le caractère de la situation. […] Et comment en effet, sous les yeux d’Horace, aurait-on osé trouver bon ce qui aurait été sans art et de mauvais goût ? […] Peut-être n’est-il point dans le monde un Public, qui se laisse tromper plus aisément par la charlatanerie que celui que l’amour du plaisir entraîne à nos Spectacles ; mais aussi n’en est-il point qui saisisse avec plus de promptitude la vérité, dès qu’elle se montre à ses yeux.

25. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « [Épigraphe] »

[Épigraphe] C’est en vain qu’aujourd’hui des chants mélodieux Sur la Scène appellent les Grâces, Si la danse n’amuse, et ne charme les yeux, L’ennui suit les plaisirs, et vole sur leurs traces.

26. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVI. » pp. 160-172

Lyncée et Hypermnestre se jettoient sur son corps ensanglanté : déjà la mort s’imprimoit sur ses traits ; des mouvemens convulsifs annonçoient son dernier instant ; c’est en vain que ses enfans le pressoient et le conjuroient de jetter sur eux un régard de clémence : Danans toujours cruel détournoit avec horreur ses yeux de dessus eux, ou, si par hazard, il les regardoit, c’étoit toujours pour leur reprocher sa mort, leur prouver qu’il emportoit sa haine, et qu’il expiroit avec le regret de n’avoir pu éteindre ses crimes dans leur sang. […] Deux poëtes Italiens, au service de deux souverains, vinrent me complimenter ; le coeur ému, et les yeux encore baignés de larmes ; ils me dirent : vous êtes aujourd’hui le Sehakespéar de votre art, vous êtes cruel, et pour sécher nos pleurs, vous auriez du terminer votre ballet par une jolie contredanse. […] Au signal donné parle grand prêtre, tout le peuple tombe a génoux, ainsi que Clytéimnestre, Egiste et leur suite : Le corps humblement combé et les yeux attachés vers la terre, ils ne sortent de cette attitude respectueuse que pour élever les bras vers le ciel ; mais dans cet instant, le dieu du Tonnére Lance ses foudres ; les portes du tombeau s’ouvrent avec fracas, son intérieur est embrasé. Oreste poursuivi par les Euménides et inspiré par elles se fraye un chemin à travers les flammes, cherche de l’oeil et de la main l’assassin de son père ; il l’apperçoit, vole à lui et armé du fer vengeur des furies il le lui plonge dans le sein. […] Oreste revenu à lui-même et jouissant d’un instant de calme ouvroit les yeux, et, en apper cevant une femme voilée et mourante, secourue par Electre et entourée par un !

27. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre IV » pp. 44-59

. — Ce qu’est un homme à leurs yeux. — Un mot d’une fille pauvre. — Le corset et la liberté. — Sommes-nous réellement heureuses ?  […] L’homme est à leurs yeux un geôlier bienfaisant qui leur ouvre les portes de la prison. […] Avisant une honnête figure de gandin provincial qui les regarde entrer en ouvrant des yeux hébétés, elles le prient de se charger du dépôt du châle au vestiaire. […] mais ma dernière maladie m’a tellement affaiblie, que ma main tremble, que mes yeux se troublent.

28. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XI. » pp. 107-114

La première ne parle qu’aux yeux, et les charme par la simétrie de ses mouvemens, par le brillant des pas et la variété des tems ; par l’élévation du corps l’aplomb, la fermeté, l’élégance des attitudes, la noblesse des positions, et la bonne grace de la personne. […] La seconde que l’on nomme danse en action est, si j’ose m’exprimer ainsi, l’âme de la première ; elle lui donne la vie et l’expression, et en séduisant l’oeil elle captive le coeur, et l’entraine aux plus vives émotions ; voila, ce qui constitue l’art. […] Cet acteur n’a d’autre langue que ses gestes, d’autres phrases que les traits animés de sa physionomie, d’autre énergie, que ses yeux. […] On me dira, sans doute, que cette comparaison n’a rien de relatif à l’acteur pantomime, puisqu’il doit parler sans voix ; je répondrai que ses gestes, le jeu varié de sa physionomie, l’expression animée de ses yeux sont autant de langues qu’il a à sa disposition ; j’ajouterai à tous ces moyens ceux que la musique expressive offre à la pantomime ; elle en est l’organe, et lui fournit tous les accens dont elle peut avoir besoin.

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