Robinet, lettre du 7 juillet 166899 Mais, avant que l’on en soit là (Et toute la Cour dit cela), La REINE pourra, sans obstacle, Voir l’incomparable Spectacle Que notre susdit SOUVERAIN ; De qui le Sort est surhumain, Fait préparer en son VERSAILLE, Où, nuit et jour, fort on travaille.
À ce Théâtre si riant, Dressé, je pense, à l’Orient, On se rendait, par une Allée, D'un bout à l’autre, bien sablée, Que trente Arcades partageaient, Et trente Lustres éclairaient, Répandant, tous, une Lumière Qui plaisait plus à la Visière, Que la Lumière que produit L'Astre du jour, ou de la Nuit : Tout cela, pour conclure en somme, Disposé par un galant Homme,133 Et, comme par Enchantement, En deux, ou trois jours seulement.
On exprima par les uns, des choses purement naturelles, comme la nuit, les saisons, les âges. […] On prit ordinairement la nuit pour l’exécution de ces Spectacles.
L’importune et grande chaleur Cédant la place à la fraîcheur, Ainsi que Phébus aux étoiles, La nuit tendit ses sombres voiles, Mais, pour chasser l’obscurité, Des lumières en quantité (Dont quatre mille était le nombre), Dissipèrent tout à fait l’ombre.
On raconte qu’une nuit, à un bal chez le viceroi dont elle était l’invitée, son entrée fit une telle sensation que tous les couples, oubliant qu’ils étaient là pour danser, s’arrêtèrent et vinrent admirer sa beauté radieuse. […] A travers la nuit brune filtre un reflet pâli qui palpite. […] On dirait la pensée humaine se déchirant dans la nuit. […] Plus heureuse que ses frères les Créateurs elle fit vivre son œuvre silencieuse et, dans la nuit, ce décor des grandes choses, nulle tâche humaine n’amoindrit sa beauté.
Une seconde circonstance qui rend les danses plus dangereuses et plus criminelles, c’est lorsqu’elles se font la nuit ; et c’est ainsi que se font celles qu’on appelle bals. Tout le monde sait que la nuit contribue ordinairement à rendre plus hardi pour le mal. […] Rien de plus opposé que les danses en général, et en particulier celles de la nuit, à cette règle de saint Paul : Marchons avec bienséance et avec honnêteté, comme on marche durant le jour. […] Si, comme je viens de le marquer, les ténèbres de la nuit contribuent à donner plus de hardiesse pour prendre ou souffrir des libertés criminelles, cette hardiesse ne doit-elle pas naturellement beaucoup augmenter, lorsqu’étant caché par un masque et sous un habit extraordinaire, on est assuré de n’être pas connu ?