Une partie des habitans est rangée autour de ce même autel, tenant dans leurs mains des massues avec les quelles ils s’exercent, tandis que les autres insulaires célèbrent par une danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau prosélite. Celui-ci se voit forcé de promettre solemnellement d’immoler avec le fer dont on va l’armer, la première femme qu’un destin trop cruel portera dans cette isle ; à peine commence-t-il à proférer l’affreux serment dont il frémit lui-même, quoiqu’il fasse le vœu dans le fond de son cœur de desobéir au nouveau Dieu dont il embrasse le culte, que la cérémonie est interrompue par des cris perçans poussés à l’aspect d’une chaloupe que bat une horrible tempête, et par une danse vive qui annonce la joie barbare que fait naître l’espoir de saisir quelques victimes. […] Elle s’échappe de nouveau, et y revole encore. […] L’Espagnol la croyant réellement affectée de cette passion, cherche à la détromper en lui donnant de nouvelles assurances de sa tendresse ; elle y paroît insensible, et ne le regardant qu’avec des yeux troublés et menaçans, elle lui montre un poignard ; il frémit, il recule de frayeur ; s’élance pour le lui arracher, mais elle feint de s’en frapper ; elle chancèle et tombe dans les bras de ses suivantes.
Une partie des Habitants est rangée autour de ce même Autel, tenant dans leurs mains des massues avec lesquelles ils s’exercent, tandis que les autres Insulaires célébrent par une Danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau Prosélyte. […] A peine commence-t-il à proférer l’affreux serment dont il frémit lui-même, quoiqu’il fasse le vœu dans le fond de son cœur de désobéir au nouveau Dieu dont il embrasse le culte, que la cérémonie est interrompue par des cris perçants poussés à l’aspect d’une chaloupe que bat une horrible tempête, & par une Danse vive qui annonce la joie barbare que fait naître l’espoir de voir frapper quelques victimes. […] Elle s’échappe de nouveau & y revole encore ; cependant ne pouvant resister au nombre, Dorval & Clairville presque mourants & accablés sont enchaînés ; Constance est entraînée au pied de cet Autel trône de la Barbarie. […] Elle feint d’être jalouse à son tour ; l’Espagnol la croyant réellement affectée de cette passion, cherche à la détromper en lui donnant de nouvelles assurances de sa tendresse ; elle y paroît insensible & ne le regardant qu’avec des yeux troublés & menaçants, elle lui montre un poignard ; il frémit, il recule de frayeur, il s’élance pour le lui arracher, mais elle feint de s’en frapper, elle chancelle & tombe dans les bras de ses Suivantes.
Rien de si gai que lui au contraire, les jours, où il devoit représenter un poète, un artisan, un homme du peuple, un nouvelliste, un petit-maitre ; car cette espèce règne aussi en Angleterre, sous une autre forme, à la vérité, que chez nous : Le génie, différera, si vous le voulez, mais l’expression du ridicule et de l’impertinence est égale : Dans ces sortes de rôles, dis-je, sa physionomie se déployoit avec naïveté ; son âme y étoit toujours répandue ; ses traits laissoient voir à chaque instant de nouveaux sentimens peints avec la plus grande vérité. […] Voilà pourtant l’effet que produit le masque sérieux ; il est toujours gracieux et ne peut changer de caractère, lorsque les yeux en prennent à chaque instant de nouveaux. […] Therpsis, qui vint après eux, ……… fut le premier qui, barbouillé de lie promena par les Bourgs cette heureuse folie, et d’acteurs mal ornés chargeant un Tombereau, amusa les passans d’un spectacle nouveau. […] Sophocle et Euripide, après eux, n’introduisirent rien de nouveau ; ils perfectionnèrent seulement la tragédie, et ne changèrent aux masques d’Eschyle que la forme dont ils avoient besoins, pour les différents caractères de leurs pièces. […] Cette multitude de choses qui se présentent à nous dans l’éloignement le plus reculé, est l’image d’une perspective trop étendue : L’œil s’y perd et ne distingue qu’imparfaitement ; mais l’imagination vient au secours et supplée à la distance et à la foiblesse des regards ; l’enthousiasme rapproche les objets, il en crée de nouveaux, il s’en fait des monstres ; tout lui paroit grand, tout lui semble gigantesque, l’on pourroit appliquer ici ces vers de Molière dans les femmes savantes.
Rien de si gai que lui au contraire les jours où il doit représenter un Poëte, un Artisan, un Homme du Peuple, un Nouvelliste, un petit Maître ; car cette espece regne en Angleterre, sous une autre forme à la vérité que chez nous ; le génie différera, si vous le voulez, mais l’expression du ridicule & de l’impertinence est égale ; dans ces sortes de rôles, dis-je, sa physionomie se déploie avec naïveté ; son ame y est toujours répandue ; ses traits sont autant de rideaux qui se tirent adroitement, & qui laissent voir à chaque instant de nouveaux Tableaux peints par le sentiment & la vérité. […] Voilà pourtant l’effet que produit le masque sérieux ; il est toujours gracieux & ne peut changer de caractere, lorsque les yeux en prennent à chaque instant de nouveaux. […] Fut le premier qui barbouillé de lie, Promena par les Bourgs cette heureuse folie, Et d’Acteurs mai ornes, chargeant un tombereau Amusa les Passants d’un Spectacle nouveau. […] Sophocle & Euripide après eux n’introduisirent rien de nouveau ; ils perfectionnerent seulement la Tragédie, & ne changerent aux masques d’Eschyle que la forme dont ils avoient besoin pour les différents caracteres de leurs pieces. […] Cette multitude de choses qui se présentent à nous dans l’éloignement le plus considérable, est l’image d’une perspective trop étendue ; l’œil s’y perd & ne distingue qu’imparfaitement ; mais l’imagination vient au secours, elle supplée à la distance & à la foiblesse des regards ; l’enthousiasme rapproche les objets ; il en crée de nouveaux ; il s’en fait des monstres ; tout lui paroît grand, tout enfin lui semble gigantesque.
Pour revenir à mon sujet, n’est-il pas vrai que si les Acteurs ne jouaient que par signes, les Spectateurs ne seraient plus ennuyés, dégoûtés, révoltés par le mauvais style de la plupart des Pièces nouvelles ? […] J’avoue d’abord qu’il serait à souhaiter qu’on ne représentât par gestes que les Pièces nouvelles, attendu que, pour l’ordinaire, elles ne font pas aussi-bien écrites que celles de Corneille, Molière, Racine, Voltaire, &c.
Leur vigueur les abandonne-t-elle un instant, ils sont gauches ; ils ignorent l’art de dérober leur situation par des temps simples qui, n’exigeant aucune force, donnent toujours le tems d’en reprendre de nouvelles ; ils ont de plus très-peu d’élasticité, et percutent rarement de la pointe. […] La raison en est simple : Les parties foibles ne pouvant résister dans l’instant de la chûte aux plus fortes, c’est a dire, au poids du corps, qui acquiert, à proportion de la hauteur, dont il tombe, un nouveau dégré de pésanteur, cèdent et fléchissent ; et c’est dans ce moment de relachement et de fléxion que le bruit de la chûte se fait entendre, bruit qui diminue considérablement, et qui peut même être insensible quand le corps peut se maintenir dans une ligne exactement perpendiculaire, et lorsque les muscles et les ressorts ont la force de s’opposer à la force même, et de résister avec vigueur au choc qui pourroit les faire succomber.