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22. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre troisième. Étude du corps » pp. 52-56

Effacez votre buste39 avec élégance, donnez-lui, dans ses oppositions et dans ses mouvements, de la grâce, de la souplesse, de l’abandon, sans jamais lui faire perdre la beauté de sa pose, en conservant rigoureusement la pureté du dessin. [4] Les épaules, la tête et le buste, doivent être soutenus, et ornés par les mouvements des bras, et ils doivent les suivre avec grâce, pour que tout l’ensemble présente une agréable harmonie40. [5] Dans l’exécution des pas, il faut que le corps soit tranquille, inébranlable, ferme, sans roideur, mais flexible suivant tous les mouvements des jambes et des bras. […] L’art chez eux a suppléé à la nature, parce qu’ils ont eu le bonheur de rencontrer d’excellents maîtres, qui leur ont démontré que lorsqu’on abandonne les reins, il est impossible de se soutenir dans une ligne droite et perpendiculaire ; que l’on se dessine de mauvais goût, que la vacillation et l’instabilité de cette partie s’opposent à l’aplomb et à la fermeté ; qu’ils impriment un défaut désagréable dans la ceinture ; que l’affaissement du corps ôte aux parties inférieures la liberté dont elles ont besoin pour se mouvoir avec aisance ; que le corps dans cette situation est comme indéterminé dans sa position ; qu’il entraîne souvent les jambes ; qu’il perd à chaque instant le centre de gravité, et qu’il ne retrouve enfin son équilibre qu’après des efforts et des contorsions, qui ne peuvent s’associer aux mouvements gracieux de la danse. » [NdE J.  […] Les mouvements des jambes, comme l’apprend le chapitre précédent, doivent nécessairement participer de cet ensemble harmonieux.

23. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

[Voir Danse théâtrale] Leurs danses étaient un tableau fidèle de tous les mouvements du corps, et une invention ingénieuse qui servait à les régler, comme la tragédie en représentant les passions, servait à rectifier les mouvements de l’âme. […] La danse des courbettes est composée de mouvements à demi élevés, mais doucement, en avant, en arrière, par voltes et demi-voltes sur les côtés, faisant son mouvement courbé, ce qui donne le nom à cette espèce de danse. […] L’air est le mouvement de la symphonie qu’on exécute, et qui doit être dansée. […] (Art et Hist.) mouvements réglés du corps, sauts, et pas mesurés, faits au son des instruments ou de la voix. Les sensations ont été d’abord exprimées par les différents mouvements du corps et du visage.

24. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 17 avril. « En bateau ». — Le préjugé du rythme. »

L’une d’elles, sur la proue, regarde en avant, fascinée ; deux autres, pensives, observent le sillage, les yeux baissés, tandis qu’au milieu, une quatrième, Mlle Bourgat, se penche d’un mouvement lent et incurvé avec ampleur sur la rame invisible ; et le balancement de la nacelle fait onduler le corps souple dans sa tunique. […] * * * Le reste de la Suite n’est plus qu’un trottinement de pieds nus tout autour de la musique ; on respire un instant quand deux toutes petites danseuses esquissent un pas de menuet ; la grâce maniérée et précieuse de cette démarche sur les doigts tendus, la courbe du cou-de-pied saillant, tout ce mouvement délicatement articulé, évoque le charme suranné des fêtes galantes. […] Car le système Jaques‑Dalcroze, tout valable qu’il soit dans l’interprétation du rythme musical, est vide de signification plastique, ignore les ressources du mouvement organisé. […] Le rythme doit vaquer à la distribution du mouvement dans le temps ; il prétend en dicter la configuration dans l’espace. […] Mais comparez donc le mouvement du danseur, dit moderne ou prétendu « antique » : genoux projetés verticalement, ruades variées, — s’il ne s’enhardit pas à sautiller, — à celui du danseur classique, à son amplitude, son aplomb, son élasticité prodigieuse, son articulation parfaite… Pour un œil qui sait voir, pour un œil contemporain, épris de « constructivité », de discipline, de beauté intellectuelle, il y a plus de beauté dans un simple développé à la seconde de Mlle Zambelli que dans maint bacchanal pseudo-grec escamoté à Fokine.

25. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 mai. Pétrouchka. L’Après-midi d’un faune. Soleil de nuit. »

Quelle joie que cette musique, ce bruit puissamment organisé, forgé par le rythme ; cette musique où d’innombrables harmonies imitatives sont fondues dans ce vaste mouvement d’ensemble, irrésistible, impératif qui impose aux danseurs leurs pas. […] Cependant, rien de plus complexe que la configuration du mouvement réparti sur trois plans différents. […] Ce que nous montrent les danseuses foraines du premier tableau, puis, la ballerine-poupée, c’est la déformation ironique des pas de ballet, — tandis que les danses des nourrices, des postillons ou des masques valent par l’exagération grotesque, voulue par le maître, des mouvements de danse populaires. […] Pétrouchka est un pantin astreint à un mouvement mécanique, limité, anguleux. […] Et ce dualisme du mouvement, poignant et cocasse, tient la salle en haleine.

26. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse moderne »

Elle est composée de trois pas joints ensemble, avec deux mouvements. […] Ce mouvement se fait en laissant plier le genou de la jambe de derrière, qui renvoie par son plié le corps sur le pied de devant, ce qui fait l’étendue de ce pas. […] ) elle tient de la danse haute, et de la danse terre à terre, et s’exécute sur une chaconne, ou sur un air de ce mouvement. […] Ses mouvements, quoique la courante ne soit plus en usage, sont si essentiels, qu’ils donnent une grande facilité pour bien exécuter les autres danses. On nomme ce pas temps, parce qu’il est renfermé dans un seul pas et un seul mouvement, et qu’il tient la même valeur que l’on emploie à faire un autre pas composé de plusieurs mouvements.

27. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 avril. Pour une danseuse morte. — Anniversaire. – Bilan. »

Mais elle dépassait ces lourds pastiches et ces formules simplistes par le rayonnement merveilleux de son corps bronzé qui se revêtait dans ses moindres mouvements de la noble grandeur des rites bouddhistes ou de cette délicate volupté des paradis asiatiques. […] J’ai voulu affirmer hautement l’autonomie de la danse qui transforme et exalte le mouvement usuel et le rythme naturel du muscle selon une loi formelle et un sens plus pur. […] Ces autres écoles réduisent toutes le mouvement des jambes à ces deux modes du déplacement de l’équilibre : la marche et la course. Grâce au principe des jambes tournées « en dehors », le classique est apte à exécuter non seulement d’innombrables variantes du saut et du mouvement giratoire, mais aussi à se déplacer latéralement ; observation de mécanique dont la portée esthétique n’échappera à personne. […] Le mouvement saltatoire exclut toute velléité expressive ; s’il se laisse gagner par l’émotion psychologique, il se déforme fatalement, sa ligne dévie, son rythme se brise, il sombre dans le concret.

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