Ce sont des espèces d’extraits de pièces dramatiques, dans les quels je me suis borné à suivre et à indiquer les différentes situations des personnages.
Après avoir suffisament parlé dans le cours de mon ouvrage des principes de la danse, et des règles relatives à la composion des ballets, je vais parcourrir les différens genres que le compositeur peut adopter, si toutefois il veut se varier et plaire. […] Pendant cet assaut, les femmes des bandits qui sont restées sur la montagne, forment différens tableaux dans le lointain par une pantomime analoque et adaptée à la circonstance. […] Que de situations différentes à peindre ! […] Enfin, Monsieur, on fait danser les chevaux, ce sont des écuyers instruits qui les dressent aux différens airs, ils leur enseignent le pas terre à terre, en avant, en arrière, à droite et à gauche ; les courbettes en avant, par volte et demi-volte ; les cabrioles de différentes espèces. […] En Allemagne ils verront une immense variété de costumes et de danses différentes ; en Autriche, en Bohême, en Moravie des constrastes encore plus variés.
On regarde encore les Egyptiens comme les premiers inventeurs de l’Orchesographie, ou art de décrire par divers caracteres toutes sortes de danses sur le papier, comme les Musiciens ont fait les airs par des notes de différentes valeurs. […] Pytagore, Platon, Lucien, & Athénée nous ont donné seulement une idée generale de la Danse ; Meursius en a plus parlé dans son Traité de l’Orchestre : mais cela est fort différent d’une Histoire suivie de cet Art, de laquelle j’aurai eu au moins le mérite de l’invention.
Tous les temps doivent toujours être présents à son esprit ; mais il doit surtout étudier les différentes opérations de l’âme, pour pouvoir les peindre par les mouvements du corps. […] Pour exceller en ce genre, il faut joindre à ces Notions, les différentes Métamorphoses en fleurs, en arbres, etc.
Le concile de Bordeaux, tenu ensuite en 1624, parlant de la célébration des fêtes, commence par remarquer que le cœur de l’homme est si naturellement porté au mal, que ce que les saints pères ont autrefois établi pour réunir les peuples dans des assemblées de prières, ne sert plus, par un renversement étrange, qu’à les emporter dans différens excès. […] On doit joindre à tous ces réglemens si unanimes des différens conciles que je viens de citer, celui du troisième concile de Milan, que j’ai rapporté plus haut en marquant ce que saint Charles a pensé des danses.
En habituant notre ame à les sentir, la difficulté de les exprimer s’évanouira ; alors la physionomie recevra toutes ses impressions de l’agitation du cœur ; elle se caractérisera de mille manieres différentes ; elle donnera de l’énergie aux mouvements extérieurs, & peindra avec des traits de feu le désordre des sens & le tumulte qui régnera au-dedans de nous-mêmes. […] S’il veut persuader, qu’il dessille les yeux trop fascinés des jeunes danseurs, & qu’il leur dise : « Enfants de Terpsichore, renoncez aux cabrioles, aux entrechats & aux pas trop compliqués ; abandonnez la minauderie pour vous livrer aux sentiments, aux graces naïves & à l’expression ; appliquez-vous à la Pantomime noble ; n’oubliez jamais quelle est l’ame de votre Art ; mettez de l’esprit & du raisonnement dans vos pas de deux ; que la volupté en caractérise la marche & que le génie en distribue toutes les situations ; quittez ces masques froids, copies imparfaites de la nature ; ils dérobent vos traits, ils éclipsent, pour ainsi dire, votre ame, & vous privent de la partie la plus nécessaire à l’expression ; défaites-vous de ces perruques énormes & de ces coëffures gigantesques, qui font perdre à la tête les justes proportions qu’elle doit avoir avec le corps ; secouez l’usage de ces paniers roides & guindés qui privent l’exécution de ses charmes, qui défigurent l’élégance des attitudes, & qui effacent la beauté des contours que le buste doit avoir dans ses différentes positions.