Après la maladie du Roi en 1684, Sa Majesté voulant venir à Notre-Dame pour rendre graces à Dieu de sa guérison, le Gouverneur de Paris & le Prevôt des Marchands allerent prier le Roi d’honorer l’Hôtel de Ville de sa présence, pour y dîner à son retour : le Roi l’accepta, & y fut régalé avec toute la Cour, d’une somptuosité surprenante. […] Quoique ce fût en plein jour, la magnificence de l’assemblée ne laissa pas de le rendre très-éclatant. […] Viens, Terpsicore riante, Ce sont des jeux que je chante, Qui te doivent leurs appas ; Viens, danse au son de ma lyre, Et rends les airs que j’en tire, Aussi legers que tes pas. […] Une foule de Héros, Une puissance soudaine Leur rend l’amour ou la haine, Dont ils furent agitez : Mouvemens qui dans moi-même, Par un prestige que j’aime, Seront bientôt transportez. […] D’une troupe plus nombreuse, Muse régle les accords, D’une joie impétueuse Rends dociles les transports, Chaconne.
J’aurois du moins étudié l’art d’ajuster et d’accommoder à mes traits les agrémens des autres ; et je me serois efforcé de me les rendre propres, ou du moins de m’en parer sans devenir ridicule. […] Les Faunes les suivent avec empressement ; et pour sauver les bienséances et ne pas rendre trop sensibles les remarques que l’Amour fait faire à sa mère sur cette disparition, je fais rentrer un instant après ces mêmes Nymphes et ces mêmes Faunes. […] Elles obéissent à regret ; et malgré l’empressement avec le quel elles semblent se rendre aux ordres du Sultan, elles laissent échapper des mouvemens de dépit et de désespoir, qu’elles étouffent en apparence lorsqu’elles rencontrent les yeux de leur maître. […] Zaïde est prête à se rendre lorsque Zaïre reparoit avec fierté ; sa présence rappelle sa rivale à toute sa fureur ; celle-ci s’élance avec précipitation sur elle pour lui porter le coup qu’elle se destinoit ; Zaïre l’esquive adroitement ; elle se saisit de ce même poignard, et lève le bras pour en frapper Zaïde. […] Granier, accompagnateur du concert de Lyon ; et je dois ici lui rendre la justice qui lui est due, en assurant qu’il est peu de musiciens aussi capables d’approprier sa composition à tous les genres de ballets, et de mouvoir le génie des hommes faits pour sentir et pour connoitre.
Les Momons de toutes les sortes Se rendirent là par Cohortes, Et l’on y put voir, en un mot, Plus de Grotesques que Callot, À peindre les Démons idoine, N’en fait voir près son Saint Antoine.
Je n’avais qu’à m’attacher un peu moins à l’histoire de l’Art et beaucoup plus à celle des Artistes ; mais je n’ai point cherché à rendre cet Ouvrage plaisant. […] Or ce système n’a pour base que deux erreurs, et il a d’ailleurs tous les caractères qui peuvent rendre un système inadmissible. […] La connaissance des faits, abrège les discussions et rend plus aisé l’établissement des principes. […] La prévention s’expliquera de même sans doute, si une nouvelle Danse mieux composée, plus active, moins monotone, s’établit de nos jours sur les débris de toutes les autres ; mais l’extravagance d’un pareil discours mise une fois en évidence, il n’en saurait plus résulter aucun danger ni pour les Artistes ni pour l’Art ; et on osera danser sur notre Théâtre mieux que du temps de Lully, que du temps de l’Abbé Du Bos, que du temps même de Dupré [Voir Chaconne, Entrechat, Gargouillade], sans craindre de se rendre ridicule. […] Il dit cependant dans son premier volume, p. 443, édit. 1746, que les symphonies de nos Opéras et principalement celles de Lully, le plus grand Poète en Musique dont nous ayons des ouvrages, rendent vraisemblables les effets les plus surprenants de la Musique des Anciens.
L’amour qu’Apelles a conçu pour Campaspe, lui fait imaginer de se servir du déguisement de ses élèves, pour rendre à cette beauté la séance plus variée, et moins ennuyeuse. […] Roxane, dévorée par la jalousie s’est introduite dans l’atelier d’Apelles ; elle est témoin de l’hommage qu’il rend à Campaspe ; elle fait éclater la joie que lui donne l’espoir de perdre sa rivale, et sort on faisant entendre qu’elle va dévoiler à Alexandre la trahison du peintre et la perfidie de Campaspe. Apelles, s’étant livré à son enthousiasme et ayant rendu à la beauté qui l’enflamme l’hommage que son cœur lui devoit, retourne à l’ouvrage. […] Après cette cérémonie, Alexandre donne la main à Roxane, et l’élève au trône, au pied du quel on lui rend tous les honneurs qui lui sont dûs.
L’élève pour y bien parvenir doit étudier la nature et les meilleurs peintres qui se sont plu à nous en rendre sensibles les images68. […] Ils doivent se rendre esclaves de l’imitation la plus sévère des danses particulières à chaque peuple et, tout en dansant, donner à leurs pas et à leurs attitudes le genre et le caractère des danses nationales qu’ils exécutent69. […] Je ne puis m’empêcher de rendre ici un pur hommage à ce grand sculpteur, le Praxitèle, et peut-être le Phidias de notre siècle.
Quel doute qu’ils ne se rendent d’autant plus criminels devant Dieu, que leur exemple est plus capable de faire impression, et qu’on est plus porté à s’en prévaloir pour regarder comme permis un divertissement qu’on n’est déjà que trop porté à justifier, quelque mauvais qu’il soit ? Un curé qui se rendra spectateur des danses qui se font dans sa paroisse, aura-t-il bien du zèle et de la force pour les condamner dans la chaire et au confessional ? […] Ce ne sera pas d’être présent à ces danses ; mais de parler souvent en chaire contre elles ; d’exhorter avec charité et avec douceur les personnes de la paroisse qui les aiment, à y renoncer ; d’être ferme et de ne point admettre aux sacremens ceux et celles qui refuseront de se rendre à ses avis ; de faire à Dieu de fréquentes et de ferventes prières pour obtenir de sa miséricorde qu’il ouvre le cœur de ses paroissiens à ses exhortations ; et, s’il ne peut, par tous les efforts et toute l’industrie de son zèle, arrêter un mal dont il sent toutes les funestes suites, il ne doit pas se décourager pour cela ; mais redoubler dans le secret ses gémissemens, espérant qu’ils ne seront pas entièrement sans fruit pour quelques-uns de ceux qui en auront été l’objet ; ou que s’ils ne leur servent pas, ils lui serviront à lui-même, en attirant sur lui, pour sa propre sanctification, les grâces qu’il n’aura pas obtenues pour la sanctification des autres.
Du Théâtre les changements, Décorations, ornements, Augmentent la magnificence De cet Ouvrage d’importance, Et les talents particuliers De l’esprit de Monsieur MOLIÈRE, Par un Concert incomparable, La rendent fort recommandable.
Or, les beaux Concerts dans la Grotte, Afin que tout d’ordre je cotte, Les Bals et somptueux Festins Pour les Compères Intestins, Les Branles à l’Escarpolette, Où dans l’air on fait gambillette, La Promenade dans les Bois, Qui reverdissent en ce mois, Et la Françoise Comédie,94 Qu’accompagnait la Mélodie, Ont été les Plaisirs charmants Et les plaisants Ébatements De cette Cour brillante et leste, Dans cet Éden presque céleste, Où l’Air, le Ciel, la Terre et l’Eau, Lorsqu’on y fait royal Cadeau, Montrent, pour le rendre agréable, Tout ce qu’ils ont de plus aimable.
Les vers de cinq, de quatre, de trois syllabes sont réservés au canevas ; la phrase de Musique qu’il faut rendre donne la loi ; une note quelquefois exige un sens fini, et un vers par conséquent d’une seule syllabe. […] C’est un hommage que l’académie royale de Musique rend au Roi. […] (Opéra) on se sert de ce terme pour exprimer la façon dont la musique vocale et instrumentale sont rendues. […] L’espèce de culte qu’on rend aux inventeurs ou aux restaurateurs des Arts, est assurément très légitime ; mais il devient un odieux fanatisme, lorsqu’il est poussé jusqu’à respecter des défauts que les génies qu’on admire auraient corrigés eux-mêmes, s’ils avaient pu les reconnaître. […] Mais l’acteur qui doit le rendre ayant par ce moyen une déclamation trouvée, de laquelle il ne saurait s’écarter, quelle est donc l’expression qu’il peut encore lui prêter ?
Mon père était un ami intime des personnes chez lesquelles on se rendait, en « surprise-party », et, comme, en outre, il était l’un des meilleurs musiciens de la contrée, il ne pouvait se dispenser d’aller faire danser la bande. […] Une « surprise-party » consiste, aux États-Unis, à se rendre, la nuit et en groupe, chez des amis qu’on n’a point prévenus d’une telle visite.
Définition, et Division de la Danse sacrée La Danse sacrée est celle que le Peuple Juif pratiquait dans les fêtes solennelles établies par la Loi, ou dans les occasions de réjouissances publiques, pour rendre grâces à Dieu, l’honorer, et publier ses louanges.
Après la mort de Bacchus, les Bacchantes en qualité de ses Prêtresses, sous prétexte de rendre à ce Dieu des honneurs convenables, instituerent, à ce que dit Hérodote, Livre second, les Bacchanales, qui étoient des Fêtes où les Danses Lascives prirent leur origine. […] C’est ainsi que j’apprens ce que c’étoit que les Orgyes parmi les Danses Bacchiques, ce que c’étoit que la Danse du Pressoir parmi les Vendangeurs ; comment Cerès enseigna les Danses Rustiques convenables aux Laboureurs pour lui rendre des honneurs divins, & pour les délasser de leurs travaux par des fêtes innocentes après les sémailles & la moisson : comment le Dieu Pan & les Faunes apprirent aux Bergers les Danses Champêtres au son de la flute & des chalumeaux, qui firent depuis partie de la cérémonie des fêtes célébrées en l’honneur de ces Dieux. Je rapelle chez les Lacédémoniens l’invention de la Danse Militaire qui se pratiquoit au son de la flute, danse dont ils furent redevables à Castor & Pollux, & par laquelle ils s’étoient rendus invincibles, jusqu’au tems qu’Epaminondas Général de l’armée des Thébains, leur en eût enseigné l’usage, pour vaincre à leur tour les Lacédémoniens.
Fragment de Lucien Un Compositeur de Ballets doit réunir plusieurs connaissances glorieuses à l’art ; mais qui le rendent très difficile. […] Qu’il se promène ensuite dans la Thrace et dans la Thessalie, qu’il contemple les miracles de la voix d’Orphée, sa mort, sa tête qui rend encore des sons, et qui semble revivre sur sa Lyre. […] Aussi les Romains jouissaient-ils d’un avantage qui devait rendre nécessairement leurs Théâtres en général fort supérieurs aux nôtres.
Ils rendent à la mode une beauté démodée : le ballet de Nijinski ressuscite le ballet de Vestris, comme l’Europe de 1914 rappelle celle du Directoire.
Ces grands trumeaux si semblables les uns aux autres, que l’art a divisés et qui les réunit, sont toujours prêts à recevoir et à rendre l’empreinte de la figure qui les frappe. […] La mauvaise santé de Louis XIII le rendait sombre. […] Les Quadrilles qui formaient cette entrée étaient vêtues de couleur de chair ; tous ceux qui les composaient portaient des moulins à vent sur la tête, et à la main des soufflets, qui, agités, rendaient le sifflement des vents. […] Il n’aimait point Corneille, et il estimait Desmarets : c’est-à-dire, qu’avec les parties précieuses d’un génie supérieur pour le gouvernement qu’il possédait à un degré éminent, il lui aurait fallu encore, pour pouvoir rendre les Arts florissants, cette finesse de discernement, ce sentiment délicat du vrai, qui peuvent seuls apprécier avec une justesse prompte et sûre les talents des artistes.
La Musique rend ses traits, par l’arrangement successif des sons ; la Peinture, par le mélange adroit des couleurs ; la Poésie, par le feu varié du discours ; la Danse, par une suite cadencée de gestes.
Non pretendo dire che questa disposizione, qual dalla Danza vien data al corpo nostro, sia il dotarlo di una nuova simmetria: ma solo rende più disposta e ben messa quell’istessa che dalla natura ebbe il corpo umano.
On ne saurait trop se persuader combien ce petit exercice, qui ne parait rien signifier, contribue cependant à rendre la flexibilité aux jarrets et procure une démarche aisée et agréable, corrige les mauvaises habitudes contractées, ou qu’on pourrait contracter par la suite1 : il n’y a donc pas de doute que cet exercice ne soit un point essentiel, et qu’il ne doive être répété tous les jours pendant longtemps pour faciliter les progrès dans cet art.
Grâce à la musique, le temps est l’espace du cœur, ou de l’esprit rendu sensible au cœur par l’émotion.
J’en puis rendre ce témoignage, Grâce aux Dieux, je vis cet Ouvrage, Ouvrage fin et délicat, Dont Monsieur l’Éminent Légat, Eut dans une superbe Salle À Fontainebleau le Régale ; Il la vit attentivement, Il y prit grand contentement ; Et malgré son humeur hautaine, Quittant la gravité Romaine, Il rit fort aux endroits plaisants, Aussi bien que nos Courtisans.
Avant ce superbe Banquet Qui rend si fécond mon caquet, La COMIQUE et ROYALE TROUPE, Qui semble avoir le vent en poupe, Représenta l’ANTIOCHUS, Poème si beau que rien plus, La dernière des Doctes Veiles Du plus jeune des deux CORNEILLES, Qui n’avait point encore paru Et qui certes a beaucoup plu.
Robinet, lettre du 8 août 1671 […] À propos, encore, de Trépas, En cet Endroit, n’oublions pas, De marquer que la Tragédie, Où Balthazar perdit la Vie, Fut un Spectacle, Mercredi, Dont Maint, et Maint fut ébaudi, Qui, là, d’entrer, eut Privilège, Savoir au célèbre Collège Que l’on appelle de Clermont : Ou pareils Spectacles se font, Pour y rendre plus solennelle La Distribution annuelle Des Prix établis par le ROY ; Non pas, non, de je ne sais quoi, Mais de Volumes d’importance, Où brille sa magnificence, En faveur des grands Studieux, Pour qui sont ces Prix glorieux.
Communément on entend par enthousiasme, une espèce de fureur qui s’empare de l’esprit et qui le maîtrise, qui enflamme l’imagination, l’élève, et la rend féconde. […] Observez que je parle ici de l’âme d’un homme de génie ; parce que j’entends par le mot génie, l’aptitude naturelle à recevoir, à sentir, à rendre les impressions du tableau supposé. […] Or il est dans la nature que l’âme n’éprouve point de sentiment, sans former le désir prompt et vif de l’exprimer ; tous ses mouvements ne sont qu’une succession continue de sentiments et d’expressions ; elle est comme le cœur, dont le jeu machinal est de s’ouvrir sans cesse pour recevoir et pour rendre : il faut donc qu’à l’aspect subit de ce tableau frappant qui occupe l’âme, elle cherche à répandre au-dehors l’impression vive qu’il fait sur elle. […] Il n’est point d’enthousiasme sans génie, c’est le nom qu’on a donné à la raison au moment qu’elle le produit ; ni sans talents, autre nom qu’on a donné à l’aptitude naturelle de l’âme à recevoir l’enthousiasme et à le rendre. […] La raison d’un homme de génie décompose les différentes idées qu’elle a reçues, se les rend propres, et en forme un tout, qui, s’il est permis de s’exprimer ainsi, prend toujours une physionomie qui lui est propre : plus il acquiert de connaissances, plus il a rassemblé d’idées ; et plus ses moments d’enthousiasme sont fréquents, plus les tableaux que la raison présente à son âme sont hardis, nobles, extraordinaires, etc.
Je viens vous rendre ces filles chéries que vous pleurez. […] Il part : on le suit : on ramène ses compagnes : un Mariage solennel le rend le plus heureux de tous les maris, et l’aimable Athénienne qui l’épouse, est dans les suites la plus fortunée de toutes les Athéniennes.
Pour les rendre vraisemblables et pour donner un charme nouveau à leur représentation, l’art devait venir au secours de la nature ; et on trouva, dans les forces mouvantes, dans la Peinture, dans la Menuiserie, dans la Sculpture, etc., tous les moyens d’étonner, d’exciter la curiosité, et de séduire. […] Cette partie moins négligée rendrait notre Opéra le plus surprenant spectacle de l’Europe.
Mais, comme elle a le cœur fâché Des Honneurs rendus à Psyché,146 Au préjudice de ses Charmes, N’en pouvant cacher ses alarmes, Elle fait, bientôt, bande à part, Et restant seulette, à l’écart Avec son Fils, en conférence, Elle l’anime à sa Vengeance, Puis s’éclipse, jusqu’au Succès, Qu’aura son amoureux Procès. […] Apollon, avec les neuf Sœurs, Qui plaisent fort aux Spectateurs, Bacchus, de même, avec sa suite, À faire Brindes, bien instruite, Momus, avec la Sienne, aussi, Et Mars, lors, sans guerrier souci Font, enfin, chacun, une Entrée : Etants venus de l’Empirée, Avecque leur Sire, Jupin, Lequel termine à la parfin, De Venus, & son Fils, les rixes, Et par ses Soins, des plus propices, Rend l’Amour, Epoux de Psiché, Dont il est, tendrement, touché.
J’aurois du moins étudié l’art d’ajuster & d’accomoder à mes traits les agréments des autres, & je me serois efforcé de me les rendre propres, où du moins de m’en parer sans en devenir ridicule. […] Vous ne distinguez rien, & dans l’impossibilité où je suis de rendre ce que les traits, la physionomie, les regards & les mouvements des Nymphes exprimoient si bien, vous n’avez & je ne vous donne ici que l’idée la plus imparfaite & la plus foible de l’action la plus vive & la plus variée. […] Les Faunes les suivent avec empressement, & pour sauver les bienséances, & ne pas rendre trop sensibles les remarques que l’Amour fait faire à sa mere sur cette disparition, je fais rentrer un instant après ces mêmes Nymphes & ces mêmes Faunes. […] Elles obéissent à regret, & malgré l’empressement avec lequel elles semblent se rendre aux ordres du Sultan, elles laissent échapper des mouvements de dépit & de désespoir qu’elles étouffent en apparence, lorsqu’elles rencontrent les yeux de leur Maître. […] Granier, accompagnateur du Concert de Lyon, & je dois ici lui rendre la justice qui lui est due, en assurant qu’il est peu de Musiciens aussi capables d’approprier sa composition à tous les genres de Ballets, & de mouvoir le génie des hommes faits pour sentir & pour connoître.
J’ai réuni dans ce volume, qui a pour objet la danse, les chroniques et comptes rendus de spectacles publiés par moi depuis une année et parus pour la majeure partie, sauf indication contraire, dans le quotidien Comœdia.
vous rendez les artistes si heureux par votre bienveillance ! […] Les journaux lui reprochent d’avoir laissé partir l’un ; pour un peu, ils le rendraient responsable du mal au genou de l’autre. […] Emile Deschamps rendait populaire le Romancero du Cid. […] Au moment où il court à un rendez-vous que lui a donné la belle senora, un jeune officier à la moustache triomphante l’arrête et croise le fer avec lui. […] Renonçant à se rendre à Marseille où elles devaient rester une quarantaine de jours, les deux sœurs reprirent directement le chemin de Paris.
Elle sera toujours la boussole des Arts : en montrant les points cardinaux de la route, elle l’abrège et la rend sûre.
Cest pourquoy ie me suis resolu le donnant aux yeux & iugement de tous, de le pouruoir d’une puissante protection, par l’offre que i’en fais a vostre Grandeur, assuré que l’affection quelle a tesmoigné auoir a son subiect par la perfection quelle sen est acquise, ne la pourroit rendre que fauourable a vne ambition qui a pris pour obiect l’vtilité d’un public & laquelle ie desire passionnement (Monseignevr) estre suiuie d’une occasion ou mon affection & ma vie se portent ensemble pour marque que ie m’estime né pour mourir De Vostre Grandeur Le tres humble & tres obeissant seruiteur, F.
Mais par la suite des tems ils joignirent à leur troupe des Sauteurs pour les sauts périlleux, que les Grecs appeloient Cubistes, & des femmes qui sautoient au-travers des cerceaux garnis de pointes d’épées en dedans, & qui faisoient quantité de tours de souplesses & d’agilitez très-surprenans ; ce qui rendit aussi leurs spectacles plus divertissans & plus estimables. […] Capitolin rapporte encore qu’au tems de Néron, un Chevalier Romain parut à un de ces spectacles, monté sur un éléfant, qui marchoit en cadence sur la corde : ce qui fait voir que les Danseurs de corde étoient dans ce tems-là en quelque réputation pour les spectacles publics : les Empereurs Romains y assistoient aussi pour se rendre plus familiers au peuple. […] Ceux qui ont lû les Relations des Voyages de la Chine, sçavent que cette nation disloque les membres de leurs enfans, pour leur rendre le corps aussi souple & aussi dispos que celui d’un singe, surtout ceux qui font profession de gagner leur vie aux représentations des Jeux publics. […] Néanmoins quand elle me rendit la mienne, dont la garde étoit fort pesante, je remarquai que la pointe étoit un peu ensanglantée. […] Les Danseurs de corde, pour rendre leurs spectacles plus complets, ont joint encore à leur troupe celle des Alards, qui sont connus autant par l’agilité des sauts périlleux, que par la perfection des Entrées de Scaramouches & d’Arlequins, où ils ont même paru à quelques Opéras avec applaudissement.
Ce fut par miséricorde qu’il affligea autrefois, par ces châtimens extérieurs, ceux que saint Eloy excommunia, puisque ces peines servirent à les faire rentrer en eux-mêmes ; au lieu que le silence que Dieu garde maintenant, pour l’ordinaire, à l’égard de ceux qui résistent à ses ministres, parce qu’ils ne peuvent souffrir qu’ils s’opposent à leurs passions, est un silence de justice, qui, ne servant qu’à les endurcir dans le mal, les rend plus dignes des supplices éternels, réservés aux pécheurs impénitens. […] Mais il suffit pour cela d’apprendre à de jeunes personnes à ne point s’abandonner à une molle nonchalance qui gâte et corrompt toute l’attitude du corps, à se tenir droites, à marcher d’un pas uni et ferme, à entrer décemment dans une chambre ou dans une compagnie, à se présenter de bonne grâce, à faire une révérence à propos ; en un mot, à garder toutes les bienséances qui font partie de la science du monde, et auxquelles on ne peut pas manquer sans se rendre méprisable. […] pour l’engager à ne pas borner l’usage de son autorité au bien temporel des peuples, mais à l’étendre encore à leur bien spirituel : « Si toute la prudence par laquelle vous tâchez de maintenir les choses dans l’ordre, et de faire du bien aux hommes, si toute la force qui vous fait soutenir, sans vous étonner, tout ce que la malice des hommes peut entreprendre contre vous ; si toute la tempérance qui vous fait résister au torrent de la corruption, si toute la justice qui reluit dans l’intégrité de vos jugemens, qui vous fait rendre à chacun ce qui lui appartient ; si tout cela, dis-je, ne tend qu’à garantir ceux à qui vous prétendez faire du bien, de ce qui pourroit menacer leurs corps et leur vie, à assurer leur repos contre les entreprises des méchans, à faire que leurs enfans croissent comme de jeunes plantes, que leurs filles soient parées comme un temple magnifique, que leurs celliers regorgent l’un dans l’autre, que leurs brebis soient fécondes, que leurs bœufs soient gras, que nulle ruine ne défigure leurs héritages, qu’on n’entende point de clameurs publiques, qu’il n’y ait parmi eux ni querelle ni procès ; vos vertus ne sont pas plus de véritables vertus, que le bonheur de ceux pour qui vous travaillerez ne sera un véritable bonheur. Je ne crains point de vous le dire (et cette modeste retenue que vous louez en moi dans votre lettre, avec des termes si pleins de bonté, ne m’en doit point empêcher) ; je vous dis donc encore une fois, que si, dans les fonctions de votre charge où vous paroissez orné de ces vertus, vous n’avez pour but que de garantir les hommes de tout ce qui pourroit les faire souffrir selon la chair, sans vous mettre en peine à quoi ils rapportent ce repos que vous tâchez de leur procurer, c’est-à-dire, pour m’expliquer plus clairement, comment ils rendent au vrai Dieu le culte qui lui est dû, (car ce n’est que pour avoir plus de moyens de le lui rendre, qu’une vie tranquille est désirable, et c’est tout le fruit qu’on en peut tirer ; toutes vos peines ne serviront de rien pour la vie où se trouve la véritable félicité.
Seneque dict, que si la nature nous a donné l’estre nous sommes redeuables à l’estude de la vertu du bien estre, & i’ose sans rougir encherir là dessus que le seul exercice de la danse peut non seulement arracher les mauuaises actions qu’vne negligente nourriture auroit enracinee, mais donner encore vn maintien & vne grace que nous disons entregent, & que ie peux appeller proprement le bel estre, chose tout à faict necessaire à quiconque veut rendre son port & son abort agreable dans le monde. […] Mais que sert il de tant discourir en faueur d’vne chose que l’exemple des siecles passez, & les effects qu’elle produit au nostre rendent assez recommandable ? […] Icy il importe que ie gauchisse encores vn peu mon chemin, pour faire veoir que cest abus est suiui d’vn autre bien plus insupportable : C’est que comme en toutes sortes de sciences il se rencontre des personnes qui pour y estre montees seulement par la fenestre, n’esperent rien moins que les mesmes priuileges de ceux qui en ont recherché l’entree par les voyes legitimes, l’on voit de mesmes en celle cy vn tas de Maistres dont les vns s’imaginent que pour rendre leurs imperfections inuisibles, c’est assez de se mettre à couuert soubs les aisles de ceste belle qualité, qu’ils font le sejour de leur reputation, aussi plaisant que celuy qui couuroit son Asne de la peau du Lyon, croyant luy faire changer de nature. […] Or s’il y en a quelques vns parmi ceux-cy qui n’ayent pas du tout oublié par l’vsage des pas celuy de la raison, ie les coniure de faire vne petite reflection sur eux mesmes, & de donner quelques heures de leur loisir à la cognoissance non affectee de ce qu’ils sont capables ou incapables, afin que la prattique d’vn estude si profitable, ils anoblissent ce qu’ils peuuent desia, corrigent leurs deffauts, & acquierent en fin les perfections qui rendent à bon droict imitables ceux qui les possedent, lesquelles (s’ils ne les recherchent ailleurs que dans la presomption) on trouueroit aussi tost en eux, qu’en la Sphere le rencontre de deux parallelles. Quand à ceux qui n’ont l’esprit qu’au bout des pieds, ils ne peuuent pas auoir les considerations releuees iusques où ie les voudrois, pour leur faire trouuer quelque goust en ces aduis, ils sont trop ahurtez à la bonne opinion qu’ils ont d’eux mesmes, qu’ils s’y tiennent donc tant qu’il leur plaira, & qu’ils exercent à souhait leur iugement terre à terre, ie ne leur enuieray iamais la gloire qu’ils en rapporteront, il suffit que i’aye rendu ce tesmoignage du ressentiment qu’vne consideration publique me donne de ce qu’ils sont tels, & du contentement que i’aurois pour la mesme raison qu’ils fussent dignes d’vne recommandation veritable.
« Lycurgue le Législateur, voulant réduire ses Citoyens, de leur ancienne manière de vivre en une qui fût plus honnête, et les rendre plus vertueux, (car auparavant ils étaient par trop délicats en leurs mœurs), il nourrit deux chiens nés d’un même père et d’une même mère ; et en accoutuma l’un à toutes friandises, le tenant en la maison, et l’autre le menant aux champs l’exerça à la chasse ; puis les amena tous deux en pleine assemblée de Ville où était tout le Peuple, et mit devant eux des friandises et fit lâcher un lièvre. L’un et l’autre se rua incontinent sur ce à quoi il avait été nourri ; car l’un alla à la soupe, et l’autre prit le lièvre ; et lors il leur dit : Vous voyez, Citoyens mes amis, comme ces deux chiens étant nés d’un même père et mère, sont devenus fort différents l’un de l’autre pour leur diverse éducation, et combien plus peut, à rendre les hommes vertueux la nourriture que non pas la Nature. » Plut.
Le sol rendu fécond par l’influence de ce dieu charmant, produit autour de lui un tapis émaillé de fleurs odoriférantes. […] elles avancent ; les larmes et les prières de l’amour remplissent leur ame de l’émotion la plus vive, elles se préparent à lui rendre la liberté. […] on l’écoute, il intéresse, on brise ses liens, on lui rend la liberté et il en consacre à la reconnoissance les premiers momens. […] L’Amour qui est allé chercher les Graces, pour les rendre témoins de cette union, paroît dans le lointain avec ses aimables sœurs : leur présence embellit tout, leur influence répand sur tous les objets de nouveaux attraits. […] Philis, Daphnis, Lycénion et Damet se prosternent aux pieds de Vénus, de l’Amour et des Graces ; tous les Bergers et toutes les Bergères s’empressent à leur rendre le même hommage ; les trois aimables sœurs leur promettent de règner toujours invisiblement parmi eux, de se mêler à leurs danses et d’embéllir leurs fêtes.
Un pas, un geste, un mouvement et une attitude disent ce que rien ne peut exprimer : plus les sentimens que l’on a à peindre sont violens, moins il se trouve de mots pour les rendre. […] Dèslors, avant de choisir des airs pour y adapter des pas ; avant d’étudier des pas pour en former ce que l’on appelloit dans ce temps là un ballet, je cherchai, soit dans la fable, soit dans l’histoire, soit enfin dans mon imagination, des sujets, qui, non seulement présentâssent l’occasion d’y placer à propos des danses et des fêtes etc. mais qui offrissent encore dans leur développement une action et un intérêt gradués, mon poème une fois conçu, j’etudiai tous les gestes, tous les mouvemens et toutes les expressions qui pouvoient rendre les passions et les sentimens que mon sujet faisoit naître. […] Mais tous ces matériaux confiés à l’amitié eûssent été vraisemblablement perdus pour le public et pour les arts, sans une circonstance aussi honorable qu’imprevue qui me permet aujourd’hui de les réunir et de les rendre publics.
Ils somment la place de se rendre ; le farouche Lycomède, qui est sur les remparts, ne répond à cette sommation qu’en leur montrant Alceste dans les fers. […] Hercule lui avoue que son épouse s’est devouée à la mort, pour lui conserver la vie, et il la lui montre entourée de sa sœur, de ses enfans et de ses femmes ; Admète s’approche de ce tableau avec effroi, et se précipite aux genoux de son épouse ; mais la voyant sans vie, il se saisit du poignard, et veut se frapper ; Hercule lui arrête le bras, le désarme et lui promet de descendre aux enfers, de ravir son épouse à l’empire de Pluton et de la rendre à sa tendresse : Hercule se jette à genoux, étend ses bras vers le ciel et supplie Jupiter de lui accorder cette nouvelle victoire, Le Maître des Dieux est sensible à la prière de son fils ; la foudre gronde, l’éclair perce la nue ; le Tonnerre frappe la terre : elle sentrouvre et offre une route à Hercule. […] Apollon, n’ayant point oublié les égards et les services qu’Admète et Alceste lui rendirent, veut être témoin du bonheur de ces époux.
Le bras se lève, le coup est prêt à tomber, lorsqu’un Dieu protecteur des amans arrête le bras du sacrificateur, en répandant un charme sur cette isle, qui en rend tous les habitans immobiles. […] Les instans du charme qui les rend immobiles, offrent une multitude de tableaux et de groupes qui différent tous par les positions, par la distribution, par la composition, mais qui expriment également ce que la fureur a de plus affreux. […] La scène de dépit, les lettres déchirées et les portraits rendus avec mépris, présentent la scène du dépit amoureux de Molière. […] Voilà la difficulté ; il seroit rare d’en trouver un grand nombre, continua-t-il, capable de jouer ces pièces : ces scènes simultanées seroient embarrassantes à bien rendre ; cette action pantomime seroit l’écueil contre le quel la plupart des comédiens échoueroient. […] Diderot, et de la partie de Trictrac jouée dans la première scène du pere du famille, ce qui la rend plus vraie et plus naturelle, j’ai mis un jeu d’échec dans mon ballet.
Le bras se leve, le coup est prêt à tomber, lorsqu’un Dieu protecteur des amants arrête le bras du Sacrificateur, en répandant un charme sur cette Isle qui en rend tous les habitants immobiles. […] Les instants du charme qui les rend immobiles, offrent une multitude de tableaux & de grouppes qui différent tous par les positions, par la distribution, par la composition, mais qui expriment également ce que la fureur a de plus affreux. […] Les différents événements que cette Scene a produit rendent l’action générale ; le plaisir s’empare de tous les cœurs ; il se manifeste par des Danses où Fernand, Inès, Béatrix, & Clitandre président. […] Voilà la difficulté ; il seroit rare d’en trouver un grand nombre, continua-t-il, capable de jouer ces Pieces ; ces Scenes simultanées seroient embarrassantes à bien rendre ; cette action Pantomime seroit l’écueil contre lequel la plupart des Comédiens échoueroient. […] Diderot & de la partie de trictrac jouée dans la premiere Scene du Pere de famille, ce qui la rend plus vraie & plus naturelle, j’ai mis un jeu d’Echec dans mon Ballet.
Comment diable voulez-vous qu’on nous représente nos meilleures Comédies, nos meilleures Tragédies, si vous prétendez que les Acteurs ne les rendent, non plus à l’aide de leurs poumons, mais par le moyen de leurs bras & de leurs jambes ? […] Cela posé, je dirai qu’il me semble que des Gesticulateurs habiles pourraient représenter à la muette les excellentes Pièces, sans faire rien perdre de leurs beautés, parce que, tandis qu’ils les rendraient à l’aîde de différens signes, ceux des Spectateurs, qui voudraient en prendre la peine, liraient le Poème, pour juger si les gestes correspondent à l’action ; ainsi que cela se pratique à l’Opéra, où l’on n’entend pas facilement les paroles. […] Ces images douloureuses, que je suis contraint de retracer ici, doivent engager tous les cœurs sensibles à faire des vœux pour qu’on sente généralement la nécessité de ne faire monter sur la scène que des Gesticulateurs, & non des Comédiens généreux, qui abrégent leurs jours avec un courage héroïque, en cherchant à rendre trop au naturel les passions de leurs personnages, & qui s’époumonent pour mieux se faire entendre. […] Si cet expédient n’avait aucun succès, recourez au dernier moyen ; portez votre main au front, en formant un angle aigu avec l’index & le doigt du milieu : soyez persuadées que ce signe énergique le rendra plus raisonnable.
Gluck vif, impatient étoit hors de lui-méme, jettoit sa perruque à terre, chantait, faisoit des gestes ; peines inutiles ; les statues ont des oreilles et n’entendent point ; des yeux, et ne voyent rien : j’arrivai et je trouvai cet homme de génie et plein de feu, dans le désordre qu’impriment le dépit et la colère ; il me regarde sans me parler, puis rompant le silence il me dit avec quelques expressions énergiques que je ne rends pas : délivrez moi donc, mon ami, de la peine où je suis, donnez par charité du mouvement à ces automates ; voilà l’action ; servez leur de modèle, je serai votre interprète ; je le priai de ne leur faire chanter que deux vers a la fois, après avoir passé inutilement deux heures entières et employé tous les moyens d’expression, je dis à Gluck qu’il étoit impossible d’employer ces machines ; qu’elles gateroient tout ; et je lui conseillai de renoncer totalement a ces choeurs ; mais j’en ai besoin, sécria-t-il, j en ai besoin ! […] Je ne demande point de vers ; je ne veux que des mots entrecoupés, des cris de désespoir et de douleur, et des exclamations propres à rendre plus effrayans les tableaux déchirans de la scène. […] Je dois rendre ici hommage à la vérité et payer par gratitude les sentimens de reconnoissance que le Picq, mon élève a fait éclater envers son maître et son ami ; sentimens rares qui s’allument et brillent un instant par le besoin et la nécessité ; mais qui s’éteignent pour toujours dans la plupart des élèves, lorsque leur amour-propre leur conseille d’abandonner leurs maîtres, et de rayer de leur mémoire les tendres soins, les peines et les fatigues qu’ils se sont donnés pour assurer tout à la fois leur existence et leur réputation. […] Il ne m’avoit pas écrit depuis vingt ans, et à dater de cette époque, il savoit que je m’occupois à écrire sur mon art, à l’embellir par des productions nouvelles, et à rendue un compte fidèle des voyages et des entreprises de mon imagination.
Je n’entreprendrai point de rendre avec des phrases les tableaux, les situations et les grouppes perpétuellement variés de la scène nocturne du premier acte ; il faudroit beaucoup de mots pour exprimer un sentiment ou une pensée ; et il ne faut qu’un geste pour peindre l’un et l’autre ; la pantomime est une langue universelle, qui articule, pour ainsi dire, avec la rapidité de l’éclair. […] L’Amour, sensible aux larmes et aux maux de Psyché, s est rendu à ses instantes prières ; il paroît, et témoin du danger qui menace les jours de son amante, il ordonne à Tisiphone de lui rendre cet objet cher à son cœur. […] Il brise son arc et lui promet de renverser ses autels et de renoncer pour jamais à son empire ; il fuit avec Psyché et l’Hymen ; Vénus vivement allarmée l’arrête et l’adoucit, en faisant grace à Psyché ; un baiser quelle lui donne et que l’Amour lui rend, forme le sceau de la réconciliation.
Un Citoyen que son courage, sa générosité, l’élévation de son âme avaient rendu l’objet du respect et de l’amour de la Patrie, semblait reparaître aux yeux de ses Concitoyens.
Voilà donc les cinq positions naturelles de la danse et qui en font la base, qu’on doit se rendre familières, c’est-à-dire, se les graver dans la mémoire, les répétant souvent, tantôt du pied droit, tantôt du pied gauche, tous les pas dérivant de ces cinq positions, qu’il est très important de bien savoir ; on aura l’attention d’observer pour tous ces mouvements et changements de positions, ce qui a été dit ci-devant.
J’ai déja dit dans plusieurs endroits que lorsque l’on fait un pas d’un pied, on doit s’exercer à faire d’une jambe, ce que l’on fait de l’autre, ce qui fait & rend le Danseur parfait, & lui donne la facilité d’aprendre plus vîte, & de plus c’est que par cet exercice égal, le corps se porte avec liberté sans paroître gêné dans tous les divers mouvemens que la danse demande, sur-tout avec cette grace, & justesse que cet Art seul est capable de procurer.
Le Peuple, les Sénateurs, la Noblesse ne pouvaient se lasser de bénir [la] main bienfaisante, qui leur rendait le plus célèbre et le meilleur Danseur de la terre. […] Auguste n’eut la main sûre, vers la fin de son règne, que parce que l’habitude de régner et la connaissance des hommes, la lui avaient rendue légère.
Vous voulez continuer à vivre dans l’austère solitude de votre vieux manoir, puisque vous consacrez du temps et de l’argent à le rendre plus élégant et plus confortable ; c’est le tour qu’ont pris vos pensées depuis quelques années, et je l’approuve, parce que je garde l’espérance de vous voir associer à votre existence celle d’une femme aimable et vertueuse. […] Qu’il soit honnête et intelligent, je n’en demande pas davantage pour faire avec lui un bail de dix-huit mois ou deux ans et pour lui rendre ma solitude moins austère en le traitant comme un compagnon et un ami. » Je reconnais bien là la bonté candide de vos jeunes années, et je sais assez la bienveillante douceur de votre caractère pour être certain que vous tiendrez parole.
Outre les éléments de son Art, il faut au Danseur, comme à l’Écrivain, un style dont ils sont la matière première ; et ce style est plus ou moins estimable, selon qu’il rend, qu’il exprime, qu’il peint avec élégance, une plus grande quantité de choses estimables, agréables, utiles.
Il n’y a que ces parties qui doivent entrer dans son dessein : toutes les autres sont défectueuses ou inutiles : elles ne feraient que l’embarrasser, le rendre confus, froid, et de mauvais goût.
J’oserai dire qu’il avoit autant de sortes de voix que de physionomies différentes, qu’il avoit l’art d’adapter, sans charge et sans rivialité, à la foule immense des caractères, qu’il avoit à rendre. […] Dans ces situations très-difficiles à rendre, Garrick oublioit l’univers. […] La peur de manquer de mémoire l’occupant sans cesse, met des entraves à son débit, et rend sa déclamation lourde et traînante. […] Un instant après il devient plus ivre ; il perd son chapeau, abandonne ses étriers, il galope, frappe son cheval, le pique de ses éperons, casse son fouet, perd ses gands, et arrive aux murs de son parc ; il n’en trouve plus la porte, il veut absolument que son coursier dont il déchire la bouche, entre par la muraille ; l’animal se débat, se cabre, et jette mon vilain à terre. » Après cet exposé, Garrick commença ; il mit successivement dans cette scène, toutes les gradations dont elle étoit susceptible ; il la rendit avec tant de vérité, que lorsqu’il tomba de cheval Prévillo poussa un cri d’effroi ; sa crainte augmenta encore lorsqu’il vit que son ami ne répondait à aucune de ses questions. […] Il le cormparoit à REinoLds, peintre célèbre de Londres, qui avoit le talent de saisir la ressemblance, et de rendre la laideur aimable.
On ne me donne, à la place de ce que je pouvais attendre, qu’une froide symphonie, des cartons mal peints, quelques poignées d’étoupes enflammées, et un escamotage grossier, qui ne sert qu’à me faire apercevoir, combien j’aurais pu être satisfait, si le jeu de la Danse et le mouvement des machines s’étaient adroitement concertés, pour rendre à mes yeux et à mon oreille l’intention ingénieuse du poète. […] Qu’on se rappelle en effet toutes les évolutions militaires qui sont de l’institution primitive de la Danse [Voir Danse Armée, Danse de la Grue] ; qu’on les suppose pour un moment exécutées sur les chants des chœurs, et sur des symphonies relatives au sujet ; qu’on se représente les attaques, les poursuites, les efforts des Assiégeants, la défense des Assiégés, leurs sorties, leurs fuites ; qu’on imagine voir au Théâtre la succession rapide de tous ces divers tableaux, rendus avec art par des Danses expressives, on aura alors une idée de l’esquisse de Quinault que l’exécution originaire a totalement défigurée. […] Si je suis dans l’erreur, je rends grâces d’avance à la main secourable qui voudra m’aider à en sortir.
De là, l’opposition que tant de gens ont aux vérités qui condamnent le mal auquel ils sont attachés, et les efforts qu’ils font pour trouver des prétextes de ne pas se rendre à ces vérités. […] Prendre le deuxième parti, ce seroit aller contre les principes de la Religion et de la bonne morale, et se rendre l’avocat de la plus mauvaise cause ; or, tout chrétien ne doit-il pas rougir d’être l’apologiste de ce qui ne peut être défendu qu’en s’écartant des vrais principes ? […] Si toutes ces preuves ne touchent et n’ébranlent point, elles serviront du moins à faire voir combien est grande l’inflexibilité de cœur de ceux qui ne s’y rendront pas, et combien est opiniâtre leur résistance à la vérité.