Cette image touchante se gravait dans les cœurs : elle était une nouvelle leçon de vertu pour des Peuples qui ne vivaient que pour elle43.
Cette Danseuse paraissait au milieu de ses Rivales, avec les grâces et les désirs d’une jeune Odalisque qui a des desseins sur le cœur de son Maître.
Il résiste ; une force invisible l’entraîne ; son cœur fidèle se révolte contre une fascination qui augmente sans cesse. […] Giannina veut le savoir ; à elle il appartient de sonder d’une main caressante les plaies de ce cœur aimé ; c’est à elle de consoler le fiancé qu’elle a choisi. […] La raison et l’usage de ses sens vont lui manquer, lorsque l’Ondine, touchée de pitié, redevient invisible, et rend à la chaumière sa paix habituelle, au cœur de Giannina son repos.
Le cœur en est affecté, et l’esprit s’en occupe. […] Cette contradiction a pour principe, sans qu’on s’en doute, un vice du cœur humain.
La mère de Gab avait dû écrire ce livre pendant son voyage là-bas, car peu de temps avant sa mort elle avait visité cet intéressant pays et avait pénétré dans les maisons et aussi dans les cœurs où aucun Européen ne trouve accès. […] Et nous demeurons le cœur poigné : de la Beauté qui passe.
Deux poëtes Italiens, au service de deux souverains, vinrent me complimenter ; le coeur ému, et les yeux encore baignés de larmes ; ils me dirent : vous êtes aujourd’hui le Sehakespéar de votre art, vous êtes cruel, et pour sécher nos pleurs, vous auriez du terminer votre ballet par une jolie contredanse. […] Après une digression dont mon coeur avoit besoin, je reviens aux maîtres de ballets qui sont pour moi des êtres parfaitement inutiles à un art que j’ai embelli.
Il fallait que Trajan se servît du pouvoir qu’il s’était acquis sur l’esprit et le cœur de ses sujets, pour purger ce Spectacle de toutes les indécences qui le déshonoraient, pour y ramener le bon ordre, pour rendre les Pantomimes plus circonspects dans leurs plaisanteries, plus retenus dans leurs tableaux ; et, s’il était possible, plus habiles dans leur art.
Cryséïs obtient la rose, et le parfum qu’elle exhale, fait palpiter son cœur ; elle se blesse le doigt ; l’epine de cette rose est une flèche de l’Amour.
Sa danse voluptueuse étoit écrite avec autant de finesse que de légèreté : ce n’étoit point par bonds et par gambades qu’elle alloit au cœur.
C’est vous dire d’un mot que vous aurez affaire à un cœur droit et à une bonne conscience.
Je me suis livré dès cet instant à la danse expressive et en action ; je me suis attaché à peindre dans une manière plus grande et moins léchée ; et j’ai senti que je m’étois trompé grossièrement en imaginant que la danse n’étoit faite que pour les yeux, et que cet organe étoit la barrière ou se bornoit sa puissance et son étendue, persuadé qu’elle peut aller plus loin, qu’elle a des droits incontestables sur le cœur et sur l’ame, je m’efforcerai désormais de la faire jouir de tous ses avantages. […] Toutes ces femmes s’efforcent de captiver son cœur, mais Zaïre et Zaïde semblent devoir obtenir la préférence. […] Or, Monsieur, dans un ballet bien conçu il faut peu de dialogue et peu de momens tranquilles ; le cœur doit y être toujours agité.
Persuadé qu’elle peut aller plus loin, & qu’elle a des droits incontestables sur le cœur & sur l’ame, je m’efforcerai désormais de la faire jouir de tous ses avantages. […] Toutes ces femmes s’efforcent de captiver son cœur, mais Zaïre & Zaïde semblent devoir obtenir la préférence. […] Or, Monsieur, dans un Ballet bien conçu il faut peu de dialogues & peu de moments tranquilles ; le cœur doit y être toujours agité ; ainsi comment décrire l’expression vive du sentiment & l’action animée de la Pantomime ?
J’ai la prétention d’avoir autant d’imagination que toutes ces dames, et rien ne me serait plus facile que de raconter les « malheurs » que j’aurai dû avoir dans mon enfance : De parler d’une mère marâtre qui me battait, me nourrissait au pain noir et à l’eau sale, qui me faisait travailler vingt-trois heures par jour : De faire pleurer les âmes sensibles en leur narrant le conte d’une séduction dans les régles, ou l’histoire d’un jeune homme blond — le valet de cœur — qui m’aurait abandonné après m’avoir fait maudire par ma famille !
Pline dit que touché de la beauté de l’une de ses Esclaves appelée Compespé, qu’il aimoit éperdument, il la fit peindre par Appellès ; & s’étant apperçu qu’elle avoit frapé le cœur du Peintre, du même trait dont il se trouvoit lui-même atteint, il lui en fit un présent, ne pouvant récompenser plus dignement cet ouvrage, qu’en se privant de ce qu’il aimoit avec passion. […] Ceux mêmes dont la profession étoit de persuader, ont souvent appelé la Peinture à leur secours pour toucher les cœurs, parce que l’esprit, comme nous l’avons fait voir, est plutôt & plus vivement ébranlé par les choses qui frappent les yeux, que par celles qui entrent par les oreilles ; les paroles passent & s’envolent, comme on dit, & les éxemples touchent : c’est pour cela qu’au rapport de Quintilien qui nous a donné les régles de l’Eloquence, les Avocats dans les causes criminelles exposoient quelquefois un tableau qui représentoit l’événement dont il s’agissoit, afin d’émouvoir le cœur des Juges par l’énormité du fait. Les pauvres se servoient anciennement du même moyen pour se défendre contre l’oppression des riches, selon le témoignage du même Quintilien, parce que l’argent des riches pouvoit bien gagner les suffrages en particulier ; mais sitôt que la peinture du tort qui avoit été fait paroissoit devant toute l’assemblée, elle arrachoit la vérité du cœur des Juges en faveur des pauvres : la raison en est que la parole n’est que le signe de la chose, & que la Peinture qui représente plus vivement la réalité, ébranle & pénétre le cœur beaucoup plus fortement que le discours.
Cette Dolorès était Dolorès Serrai, l’étoile de la troupe, qui se montra pendant plusieurs années sur diverses scènes parisiennes, et dont Théophile Gautier donnait cette pittoresque description : « Son talent a un caractère tout particulier : dans les écarts les plus excessifs de cette danse si vive et si libre, elle n’est jamais indécente ; elle est pleine de passion et de volupté, et la vraie volupté est toujours chaste ; on la dirait fascinée par le regard de son cavalier ; ses bras se dessinent, pâmés d’amour ; sa tête se penche en arrière, comme enivrée de parfums et ne pouvant supporter le poids de la grande rose au cœur vermeil qui s’épanouit dans les touffes noires de ses cheveux ; sa taille ploie avec un frisson nerveux, comme si elle se renversait sur le bras d’un amant ; puis elle s’affaisse sous elle-même en rasant la terre de ses bras, qui font claquer les castagnettes et se relève vive et preste comme un oiseau, en jetant à son danseur son rire étincelant105. » Le Diable boiteux, qui transportait les spectateurs en Espagne, au pays de Gastibelza, l’homme à la carabine, de l’Andalouse au sein bruni, de Dolorès Serral, arrivait donc à son heure. […] Le brillant cavalier, découvrant en Paquita une simple fille du peuple, la dédaigne, quoiqu’elle l’aime de tout son cœur. […] « La pensée chorégraphique avait passé, dit le Monde dramatique, de la ouate des mollets dans la moelle des os et de là dans le cœur. » Le plancher de l’Opéra vit de folles évolutions qui firent frémir dans l’autre monde les mânes des chorégraphes classiques. […] Et le parterre l’applaudit des mains et du cœur. […] Sa beauté, à elle, c’est celle de la beauté externe et de la forme matérielle, les nuances du cœur, les émotions passionnées ; ce n’est pas la sylphide aux ailes de soie et d’azur, c’est la jeune fille vive, gaie, insouciante et légère. » La foule n’eut pas le sentiment de ces nuances.
Ce qui faisait battre mon cœur et me faisait verser des larmes abondantes, c’est que j’étais sûre dé ne jamais arriver à la voir, cette merveilleuse fée de la scène ! […] Elle devint toute pâle, mais je n’avais plus le choix et c’était le seul moyen d’en finir, même si cela devait briser mon cœur qui battait si fort que je le crus sur le point d’éclater.
Je cachai ma tête dans mon oreiller et versai toutes les larmes qui, depuis si longtemps, avaient rempli mon pauvre cœur découragé. […] Théâtre du Casino. » Mais tout à coup une chose me frappa au point de faire cesser les battements de mon cœur.
… Le général s’approcha, à la fin, du capitaine Taglioni : — Permettez-moi de vous féliciter de tout mon cœur. […] Il n’y en a pas cinq qui osent avouer un amant de cœur !
[Voir Ballet, Fêtes de la Cour de France] Les Poètes, les gens de Lettres, les Artistes ne seront-ils jamais persuadés, par les exemples éclatants qui frappent leurs yeux, par l’expérience de tous les siècles, par la voix intérieure qui crie sans cesse dans le fond de leur cœur, que l’envie, la malignité, les fureurs de la jalousie dégradent, avilissent, déshonorent ?
Une virtuosité très réelle subordonnée de grand cœur à une conception plastique, voilà ce qui semble être la formule de Quinault.
Vous la blâmez, mais ce trait, à son âge, Fait, selon moi, l’éloge de son cœur. […] — Prends mon… cœur, répond-elle. […] Un nez dont les narines palpitent comme des ailes de papillon à l’aspect d’un nœud de cravate au-dessus d’un gilet en cœur.
Elles savent que le ciel s’intéresse aux petits événements de leur carrière et même à leurs peines de cœur. […] Mais on se demandait en même temps si la conquête de la gloire n’avait pas exigé certains sacrifices et si les deux sœurs, dans leur séjour à l’étranger, n’avaient pas perdu des qualités essentielles du cœur, la simplicité et la bonté. […] La loyauté allemande du cœur, la sensibilité allemande n’a pas été étouffée chez elles sous le corset de la danseuse d’Opéra ; le cœur chaud et secourable de l’Autrichienne n’est pas descendu chez elles dans les extrémités des pieds pour y devenir inerte et indifférent124. » Des démarches actives furent faites pour les retenir à Vienne. […] Lorsque, à la fin du spectacle, le bruit des ovations se fut un peu apaisé, Fanny s’avança près de la rampe et, les yeux pleins de larmes, prononça ces mots : « Nous prenons congé de vous le cœur accablé ; jamais, jamais nous ne vous oublierons. » Elles partirent, suivies d’unanimes regrets, auxquels se mêlait un sentiment de colère contre Paris, « l’heureux Paris, digne d’envie, disait l’Allgemeine Theaterzeitung, la cité orgueilleuse et avide, qui sait attirer à elle ce qu’il y a de grand, de beau, d’excellent, de n’importe quel pays, et qui, de temps en temps seulement, daigne envoyer au dehors ses favoris pour quelques semaines à peine126 ». […] Leur principal organe, la Gazette des Théâtres, dit : « La reprise de la Sylphide est une erreur d’une danseuse de beaucoup de talent ; nous n’avons plus de sylphide à Paris, elle a pris son vol vers les glaces du Nord, et pour nous consoler de son départ, il nous est resté une séduisante mortelle, bien faite pour charmer les yeux et les cœurs, mais non pas pour nous faire oublier sur la terre ce ciel auquel il ne lui est pas permis de s’élever. » Le public sembla partager l’opinion des taglionistes.
Ça ressemble à la monnaie des amants de cœur.
Mon ami Poulle m’a raconté ses jours d’exil à la Jamaïque, et je vous ouvre mon cœur et mes bras.
Si l’acteur récitant, l’acteur chantant, et l’acteur pantomime ne s’attachent point à ce jeu muet : leur diction sera froide, leur chant sera languissant, leurs gestes seront insignifiants ; et tout annoncera chez eux un coeur tiède, une àme glacée, et une monotonie fatigante.
La joie et l’allégresse régnent dans tous les cœurs et brillent dans tous les yeux.
Les Magiciens, les Tyrans, les Amants haïs sont pour l’ordinaire des basses-tailles ; les femmes semblent avoir décidé, on ne sait pourquoi, que la haute-contre doit être l’amant favorisé, elles disent que c’est la voix du cœur ; des sons mâles et forts alarment sans doute leur délicatesse. […] Lorsqu’une basse-taille nouvelle se sera mise en crédit, qu’il paraîtra un autre Thévenard, ce système s’écroulera de lui-même, et vraisemblablement on se servira encore du sentiment pour prouver que la haute-contre ne fut jamais la voix du cœur. […] Telles sont les semences d’immortalité que vous répandez dans tous les cœurs ; les fruits en sont plus précieux que l’or, que l’amitié des parents, que le sommeil le plus tranquille : pour vous le divin Hercule et les sils de Léda essuyèrent mille travaux, et le succès de leurs exploits annonça votre puissance. […] L’amour le plus tendre, déguisé sous les traits du dépit le plus violent dans le cœur d’une femme toute puissante, est le premier tableau qui nous frappe dans cet opéra. […] Dans le premier acte, son cœur est le jouet tour-à-tour de tous les mouvements de la passion la plus vive : dans le second elle vole à la vengeance, le fer brille, le bras est prêt à frapper ; l’amour l’arrête, et il triomphe.
« Ces deux arts sont frères, et se tiennent par la main ; les accents tendres et harmonieux de l’un excitent les mouvements agréables et expressifs de l’autre ; leurs effets réunis offrent aux yeux et aux oreilles des tableaux animés ; ces sons portent au cœur les images intéressantes qui les ont affectés ; le cœur les communique à l’âme ; et le plaisir qui résulte de l’harmonie et de l’intelligence de ces deux arts, enchaîne le spectateur, et lui fait éprouver ce que la volupté a de plus séduisant. » [NdE J.
Or il est dans la nature que l’âme n’éprouve point de sentiment, sans former le désir prompt et vif de l’exprimer ; tous ses mouvements ne sont qu’une succession continue de sentiments et d’expressions ; elle est comme le cœur, dont le jeu machinal est de s’ouvrir sans cesse pour recevoir et pour rendre : il faut donc qu’à l’aspect subit de ce tableau frappant qui occupe l’âme, elle cherche à répandre au-dehors l’impression vive qu’il fait sur elle. […] Ce discours qui vous émeut, qui vous intéresse ou qui vous révolte ; ces détails, ces images successives qui vous attachent, qui ouvrent votre cœur d’une manière insensible à celui des sentiments que l’on veut vous inspirer, tout cela n’est et ne peut être que l’effet de l’émotion vive qui a précédé dans l’âme de l’orateur celle qui se glisse dans la vôtre.
Nous recevons des ordres et nous obéissons, nous pouvons rarement suivre les conseils de notre cœur.
A quatre heures et demie, le besoin d’éteindre le gaz et d’aller se coucher se fit sentir dans le cœur du professeur.
Il avait la pente la plus forte au libertinage, un goût excessif pour le plaisir, l’esprit léger, le cœur gâté, l’âme faible.
Il connaissait toutes les circonstances qui avaient entouré la gestation de ses chefs-d’œuvre ; il en parlait comme un homme de cœur et comme un critique d’art.
Dans la plénitude même de leurs cœurs, il y a un tourment, un bonheur déchirant qu’ils ne sauraient dire.
La terreur glace ses sens, et l’arrête ; mais animé par l’Amour qui guide invisiblement ses pas, et par l’espoir de revoir l’objet que son cœur adore, il marche d’un air plus assuré et arrive à la porte des Enfers.
Elle prend à son gré toutes sortes de formes, avec cette difference que Prothée les emploïoit souvent pour effraïer les mortels curieux qui venoient le consulter ; & elle ne s’en sert que pour enchanter les yeux avides qui la regardent, & pour attirer les suffrages de tous les cœurs.
On pourrait aussi citer à certains maîtres de ballets, qui par leurs ouvrages prouvent combien la lecture de Noverre leur est étrangère, ces mots de Dauberval : « Je conçois que la multiplicité des décorations et des effets mécaniques peut éblouir la multitude ; mais j’ose dédaigner ce moyen, quand il ne tient pas essentiellement au sujet ; c’est la pantomime et la danse que je traite ; je veux laisser tout l’honneur du succès à ces deux arts ; il ne me suffit pas de plaire aux yeux, je veux intéresser le cœur. » 3.
La baronne, qui lui avait dit de l’appeler sa tante dans le monde, le débarbouilla elle-même, le fit habiller avec élégance, et pendant un mois ce fut un amour maternel effréné ; tout le monde s’entretenait de sa bonne action, son cœur fit prime.
Le cœur plein d’amertume, les yeux noyés de larmes je me laissai une seconde fois emmener et je montai dans le train.
Nous voilà d’accord ; et pour que ma comparaison soit plus juste, je metterai le ballet en action, en paralelle avec la galerie du Luxembourg peinte par Rubens : chaque tableau présente une scène ; cette scène conduit naturellement à une autre ; de scène en scène on arrive au dénouement, et l’œil lit sans peine et sans embarras l’histoire d’un prince dont la mémoire est gravée par l’amour et la reconnoissance, dans le cœur de tous les français.
Tout ce qui l’environne a une nuance lugubre ; mais Alceste exprime son affliction de la manière de plus vive, on voit qu’une douleur profonde brise son ame et déchire son cœur.
Le Ballet est l’image du Tableau bien composé, s’il n’en est l’original ; vous me direz peut-être qu’il ne faut qu’un seul trait au Peintre, & qu’un seul instant pour caractériser le Sujet de son Tableau, mais que le Ballet est une continuité d’actions, un enchaînement de circonstances qui doit en offrir une multitude ; nous voilà d’accord, & pour que ma comparaison soit plus juste, je mettrai le Ballet en action, en parallele avec la galerie du Luxembourg, peinte par Rubens : chaque Tableau présente une Scene, cette Scene conduit naturellement à une autre ; de Scene en Scene on arrive au dénouement, & l’œil lit sans peine & sans embarras l’Histoire d’un Prince dont la mémoire est gravée par l’amour & la reconnaissance dans le cœur de tous les François.
« Des sueurs abondantes, dit Véron, d’accablantes fatigues, des larmes, rien n’attendrissait le cœur de ce père, rêvant la gloire pour un talent qui portait son nom67. » Un mot que l’on cite de ce dresseur farouche montre quels étaient à la fois son amour-propre et sa rigueur. […] c’est un crime de troubler la sérénité de ton âme, la satisfaction de ton cœur ! […] « Ainsi, s’exclame le biographe, contre l’habitude, voilà une danseuse qui ne met pas tout son esprit dans ses jambes et en réserve une partie pour sa tête et son cœur.
Si bien que, pendant ces quarante années, l’Opéra a la vie, la splendeur et le mouvement d’où naissent les beaux dividendes, avec cette fascination qui, à certaines époques, ramène les hommes distingués dans un endroit où ils trouvent de quoi alimenter leur esprit, leur cœur, leur sociabilité, et même leurs défauts. […] Sur quoi elle remarqua : « Il ne me trouve plus jeune parce que je le vieillis. » Beaugrand qui dansait mieux que toute autre une variation de violon, qui avait de la nuance, de l’esprit, de l’orthographe, et inspirait un sonnet à Sully-Prudhomme : Beaugrand, Dont le pas élégant, à sa chaste caresse, Sans corrompre le cœur, enchaînait le regard.
A présent, merci, merci de tout mon cœur ! […] J’en étais là, lorsque je débutai dans la Sylphide avec des ailes de papillon que je faisais palpiter en posant la main sur mon cœur.
En outre, elle n’avait pas sa pareille pour saluer le public, après un écho applaudi, et pour le remercier de la bouche et du regard, en plaçant sa main sur son cœur.
Dans l’onnêteté de son cœur, elle ne se voyait pas séparée par sa profession des classes que l’Église admet à ses pratiques et reçoit dans son sein.
Dépouillé de la pantomime du visage de celui qui le débite, il faut un temps pour articuler sa pensée, il n’en faut point à la physionomie pour la rendre avec énergie : c’est un éclair qui part du cœur, qui brille dans les yeux, et qui, répandant sa lumière sur tous les traits, annonce le bruit des passions, et laisse voir, pour ainsi dire, l’âme à nu. […] On ne peint plus, ni on ne danse plus, les vents, avec des soufflets à la main, des moulins à vent sur la tête, et des habits de plumes pour caractériser leur légèreté : on ne peindroit plus le monde, et on ne le danseroit plus avec une coiffure, qui formeroit le mont Olympe, avec un habit représentant une carte de Géographie ; on ne garnira plus son vêtement d’inscriptions ; on n’écrira plus en gros caractères sur le sein, et du côté du cœur, Gallia ; sur le ventre, Germania ; sur une jambe, Italia ; sur le derrière, Terra Australis incognita ; sur un bras, Hispania, etc. […] On le suivoit sans peine : il touchoit dans le pathétique ; il faisoit éprouver dans le tragique les mouvemens successifs des passions les plus violentes ; et, si j’ose m’exprimer ainsi, il arrachoit les entrailles du spectateur, il déchiroit son cœur, il perçoit son âme, et lui faisoit répandre des larmes de sang.
Il faut un temps pour articuler sa pensée, il n’en faut point à la physionomie pour la rendre avec énergie ; c’est un éclair qui part du cœur, qui brille dans les yeux, & qui répandant sa lumiere sur tous les traits annonce le bruit des passions, & laisse voir pour ainsi dire l’ame à nu. […] On ne peint plus, ni on ne danse plus les Vents avec des soufflets à la main, des moulins à vent sur la tête & des habits de plumes pour caractériser la légéreté ; on ne peindroit plus le monde, & on ne le danseroit plus avec une coëffure qui formeroit le Mont-Olympe, avec un habit représentant une carte de Géographie ; on ne garnira plus son vêtement d’inscriptions ; on n’écrira plus en gros caracteres sur le sein & du côté du cœur, Gallia ; sur le ventre, Germania ; sur une jambe, Italia ; sur le derriere, Terra australis incognita ; sur un bras, Hispania, &c. […] Il est si naturel, son expression a tant de vérité, ses gestes, sa physionomie & ses regards sont si éloquents & si persuasifs, qu’ils mettent au fait de la Scene ceux mêmes qui n’entendent point l’Anglois ; on le suit sans peine ; il touche dans le Pathétique ; il fait éprouver dans le Tragique les mouvements successifs des passions les plus violentes, & si j’ose m’exprimer ainsi, il arrache les entrailles du Spectateur, il déchire son cœur, il perce son ame, & lui fait répandre des larmes de sang.
Entorses, boutons, fantasmes, peines de cœur, accidents si variés de leur profession (et ces accidents substantiels qui se déduisent aisément d’une carrière très mobile), — et leurs mystérieux malaises ; voire la jalousie, qu’elle soit artistique ou passionnelle ; voire songes ! […] Suspens délicieux des souffles et des cœurs ! […] Le réel, à l’état pur, arrête instantanément le cœur… Une goutte suffit, de cette lymphe glaciale, pour détendre dans une âme, les ressorts et la palpitation du désir, exterminer toutes espérances, ruiner tous les dieux qui étaient dans notre sang.
Elle ne dansa pas, on fit relâche, — faute grave que punissent sévèrement et pécuniairement les règlements de l’Opéra, — et Duponchel put murmurer, en regrettant les fleurs qu’il avait jetées autrefois à son oublieuse pensionnaire, — les premières reçues, — celles qui s’étaient fanées dans sa main, non moins que dans son cœur, le sentiment de la reconnaissance : — Une recette de huit mille francs perdue ! […] Carlotta avait au fond du cœur une secrète préférence pour la danse. […] Carlotta est une fée depuis le bout des orteils jusqu’au bout des doigts : une bonne petite fée qui a toujours du cœur et du dévouement au service de ses amis. » *** Perrot tenait beaucoup à ce que son élève reçût des leçons des meilleurs maîtres de chant.
« Après avoir reçu tant de victoires du Ciel, ce n’est pas assez de l’avoir remercié dans les Temples ; il faut encore que le ressentiment de nos cœurs éclate par des réjouissances publiques.
Que viendrait-elle chercher, en effet, au milieu de ces jambes légères, de ces cœurs fragiles et de ces estomacs toujours prêts à engloutir le champagne frappé ?