La musique languissante de Lulli, faite pour régler les mouvemens des danseurs, leur imprimoit un caractère de tristesse, plus propre à ennuier le public qu’à l’intéresser.
Qu’il soit honnête et intelligent, je n’en demande pas davantage pour faire avec lui un bail de dix-huit mois ou deux ans et pour lui rendre ma solitude moins austère en le traitant comme un compagnon et un ami. » Je reconnais bien là la bonté candide de vos jeunes années, et je sais assez la bienveillante douceur de votre caractère pour être certain que vous tiendrez parole.
Une musique au contraire expressive, harmonieuse et variée, telle que celle sur la quelle j’ai travaillé1 depuis quelque temps, me suggère mille idées et mille traits ; elle me transporte, elle m’élève, elle m’enflamme ; et je dois aux différentes impressions qu’elle m’a fait éprouver, et qui ont passé jusque dans mon âme, l’accord, l’ensemble, le saillant, le neuf, le feu, et cette multitude de caractères frappans et singuliers que des juges impartiaux ont crû pouvoir remarquer dans mes ballets ; effets naturels de la musique sur la danse, et de la danse sur la musique lorsque les deux artistes se concilient et lorsque les deux arts se marient, se réunissent, et se prêtent mutuellement des charmes pour séduire et pour plaire. […] En s’attachant scrupuleusement à peindre le caractère, les mœurs et les usages de certaines nations les tableaux seroient souvent d’une composition pauvre et monotone : aussi y auroit-il de l’injustice à condamner un peintre sur les licences ingénieuses qu’il auroit prises, si ces mêmes licences contribuoient à la perfection, à la variété et à l’élégance de ses tableaux. Lorsque les caractères sont soutenus, que celui de la nation qu’on représente n’est point altéré, et que la nature ne se perd pas sous des embellissemens qui lui sont étrangers et qui la dégradent ; lorsqu’enfin l’expression du sentiment est fidèle, que le coloris est vrai, que le clair-obscur est ménagé avec art, que les positions sont nobles, que les groupes sont ingénieux, que les masses sont belles et que le dessin est correct, le tableau dèslors est excellent et produit son effet.
Ces annonces prématurées et mensongères, ne contribuèrent pas peu à dégouter le public ; les louanges outrées que cet ex-directeur ne cessoit de donner à l’ouvrage d’Hayden, portoient le caractère du charlatanisme.
(B) En un mot toute la poésie lyrique n’était proprement que des chansons : mais nous devons nous borner ici à parler de celles qui portaient plus particulièrement ce nom, et qui en avaient mieux le caractère. […] (B) Les modernes ont aussi leurs chansons de différentes espèces selon le génie et le caractère de chaque nation : mais les Français l’emportent sur tous les peuples de l’Europe, pour le sel et la grâce de leurs chansons : ils se sont toujours plus à cet amusement, et y ont toujours excellé ; témoin les anciens Troubadours. […] L’usage établi en France d’un commerce libre entre les femmes et les hommes, cette galanterie aisée qui règne dans les sociétés, le mélange ordinaire des deux sexes dans tous les repas, le caractère même d’esprit des Français, ont dû porter rapidement chez eux ce genre à sa perfection. […] Le chant naturel variant dans chaque nation selon les divers caractères des peuples et la température différente des climats, il était indispensable que le chant musical, dont on a fait un art longtemps après que les langues ont été trouvées, suivît ces mêmes différences ; d’autant mieux que les mots qui forment ces mêmes langues n’étant que l’expression des sensations, ont dû nécessairement être plus ou moins forts, doux, lourds, légers, etc. […] C’est le ton propre au sentiment, à la situation, au caractère de chacune des parties du sujet qu’on traite.
Un admirateur anonyme analyse de la façon suivante le style que Mlle Taglioni porta, dans la Sylphide, à son point culminant : « …Les lignes télégraphiques, les figures géométriques disparaissent ; plus de ces poses laborieusement voluptueuses, plus de ces scènes soi-disant lascives, qui se jouent avec le sourire et les yeux ; plus de coudes pointus, de poignets cassés, de petits doigts détachés ; en un mot, rien qui sente le travail d’une profession, les artifices d’un métier, les caractères d’une école. […] conserve toujours ton divin caractère : ta pudeur si suave, ta pudeur voluptueuse et chaste ! […] Le caractère de chaque nation se reflétait dans sa façon d’honorer l’héroïne. […] Il fallait aussi, pour s’accommoder de son caractère, une forte dose de patience et de philosophie.
Le bon goût semblait avoir banni des spectacles de France ces sortes de caractères, qui y étaient autrefois en usage, L’Opéra Comique les y avait fait revivre. […] On convient qu’il y a quelques caractères qui exigent le masque ; mais ils sont en petit nombre ; et ce n’est pas à cause des efforts prétendus qu’il faut faire pour les bien danser, que le masque devient nécessaire, mais seulement parce qu’un visage humain y serait un contre-sens ridicule.
L’Amérique — cette Amérique que, sur le bateau, il se promettait de trouver parfaite — commençait à l’intéresser seulement là où elle perdait son caractère propre. […] Tout le caractère du pays tient dans ce double trait.
Soit que l’esprit se fût développé par la continuité des Spectacles publics, qui sont toujours l’École la plus instructive de la multitude, fait qu’à force de donner des Fêtes à la Cour, l’imagination s’y fut peu à peu échauffée, fait enfin que le Cardinal Mazarin, malgré les tracasseries qu’il eut à soutenir et à détruire, y eut porté ce sentiment vif des choses aimables qui est si naturel à sa Nation ; il est certain que les spectacles, les amusements, les plaisirs pendant son ministère, n’eurent plus ni la grossièreté, ni l’enflure qui furent le caractère de toutes les Fêtes d’éclat du Règne précédent.
Il ne faut à la danse qu’un beau modèle, un homme de génie, et les ballets changeront de caractère.
Depuis plus de six années que je me suis attaché à donner une nouvelle forme à la danse, j’ai senti qu’il étoit possible de faire des poëmes en ballets : j’ai abandonné les figures simétriques, j’ai associé aux mouvemens méchaniques des pieds et des bras, les mouvemens de l’âme, et les caractères variés et expressifs de la physionomie ; j’ai proscrit les masques et me suis voué à un costume plus vrai, et plus exact.
Il doit s’instruire à fond du caractère des deux frères Danaüs et Égyptus, pour pouvoir représenter d’une manière frappante le mariage frauduleux de leurs Enfants, et de l’effroyable Tragédie qui en fut la suite.
C’est l’âme seule qui imprime sur les traits du visage et en caractères énergiques, les sentimens, les affections, les passions, les plaisirs et les peines qu’elle éprouve ; c’est, elle encore qui donne aux muscles de la physionomie ce jeu varié, et ces teintes propres à l’expréssion ; mais cette variété et cette mobilité seroit imparfaite, si les yeux n’y ajoutoient pas le signe de la vérité, et de la ressemblance ; je les comparerai a deux flamheaux faits pour éclairer tous les traits, et y répandre ce clair-obscur qui les distingue, et les fait valoir.
J’ajoute encore qu’il est impossible à la danse de dialoguer tranquillement ; que tout ce qui tient au raisonnement froid ne peut être exprimé par elle ; qu’il faut dans un ballet beaucoup de spectacle et d’action pour suppléer à la parole, beaucoup de passions et de sentimens ; et qu’il faut que ces sentimens et ces passions soient vivement exprimés, pour produire de grands effets, c’est toujours en grand que la pantomime doit peindre ; elle doit employer les couleurs les plus fortes et les traits les plus hardis, parce que toutes les demi-teintes ne répandent qu’un vague obscur et indécis sur le caractère de telle ou telle passion, et sur l’action de la pantomime qui, dans ce cas, est toujours froide et indéterminée ; les passions ont d’ailleurs tant d’analogie entre elles qne le plus grand nombre se ressembleroient, si l’on négligeoit de les caractériser par des traits particuliers qui empêchent les spectateurs de les prendre l’une pour l’autre. […] Cette fête générale est interrompue pendant quelques instans par un pas en action entre Agamemnon, Clytenmestre, Egisthe, Electre, Iphise et Cassandre ; cette scène dialoguée, en développant le caractère et les passions de chaque personnage, sert encore au nœud de l’action. […] La fête recommence, et après plusieurs pas adaptés au sujet et au caractère mâle et héroïque de ce genre, elle se termine par un pas de progression dont la dernière figure offre un grouppe pyramidal orné de tous les trophées de la victoire, propres à caractériser la pompe et la majesté qui règnoient dans les entrées et les fêtes triomphales des anciens.
Cette émotion, moins vive à la vérité, mais du même caractère, se fait sentir à tous ceux qui sont à portée de jouir des diverses productions des beaux-arts. […] qu’il nous suffise de dire qu’on rencontre communément dans les vrais talents une bonne foi comme naturelle, une franchise de caractère, et surtout l’antipathie la plus décidée pour tout ce qui a l’air d’intrigue, d’artifice, de cabale.
Le second Chant présente les caractères et les règles des Danses françaises et étrangères. […] Conservez à chacun son propre caractère. […] Conservez à chacun son propre caractère. […] Jadis on se servait de ces noms pour indiquer le mouvement et le caractère de l’air. […] « A la démarche, à l’habitude du corps, il prétendait connaître le caractère d’un homme, » &c.
On peut s’en servir dans un pas de caractère.
Je lui demandai s’il croyait que les couleurs dont nous nous entourons ont une action sur notre caractère, et il me dit : — Il est indiscutable, n’est-ce pas, que chacun se plaît mieux dans telle couleur que dans telle autre, et c’est si probant que tout le monde vous dira : « J’aime cette couleur-ci et je n’aime pas “celle-là.”
Mais parce que l’élite moderne aspire à un art désintéressé, constructif, fidèle à sa loi intérieure, à ses caractères spécifiques.
Alphonse paroît ; ce chevalier d’un caractère violent et emporté, est confirmé dons ses soupçons.
Ce sujet a été traité par Euripide chez les Grecs, et par Guymond de la Touche chez les Français, Il ne m’a pas été possible d’imiter servilement Euripide, ni de copier strictement Guymond de la Touche ; je me suis attaché à ne point altérer le trait historique par des embellissemens et des ornemens étrangers qui en auroient défiguré les caractères. […] Les coups de théâtre et les tableaux de situation ; j’ai cru devoir donner une épouse à Thoas, afin de me procurer un contraste d’autant plus nécessaire dans ce sujet, qu’il n’y règne point d’amour, et que privé d’une passion, qui est le ressort detoutes les autres, il a été utile que je cherchasse à y suppléer par des épisodes, qui ne pussent choquer la vraisemblance, ni altérer le fond de l’histoire ; j’ai prêté à Thoas un caractère cruel et farouche, fanatique et superstitieux, soupçonneux et craintif ; je lui oppose une épouse remplie de vertus, de douceur et d’humanité, et qui n’est occupée que du soin généreux de le ramener à des sentimens moins barbares.
L es acteurs de l’antiquité ne sont pas d’accord sur les effets merveilleux que produisoient les masques de leurs acteurs ; ils ne le sont pas davantage sur le costume théâtral, et les miracles de la déclamation ; Les contradictions qui régnent dans leurs opinions et l’obscurité dont leurs éloges sont enveloppés, ne sont point propres à nous persuader, et à nous imptimer ce sentiment d’admiration, que l’on accorde facilement à tout ce qui porte le caractère de la vérité.
Le nuage sur le quel il est assis s’enflamme, et on lit en caractères de feu ces paroles : Admète, va perdre la vie, Si quelqu’un ne s’immole pour lui.
Il éprouve un légitime orgueil à se retrouver chez ceux de ses enfants qui gardent, tout en les idéalisant, les caractères physiques et moraux de la race et qui, devenus des modèles, ne cessent pas d’être des types. […] Enfin plusieurs traits de son caractère, la bonté, la simplicité, la franchise, étaient de ceux que son grand compatriote, le poète Franz Grillparzer, se plaisait à constater chez les Autrichiens et dont il les félicitait à juste titre. […] Ce théoricien de la chorégraphie dit : « Il est naturel à l’Italien de gesticuler ; il n’est donc pas surprenant que les mimes de l’Italie soient supérieurs à ceux des autres pays, ou que la pantomime y soit portée à un si grand degré de perfection qu’elle soit capable d’exprimer parfaitement toutes les passions et tout ce qui est sensible à la vue8. » Une personne qui réunissait dans un ensemble parfait les caractères les plus heureux de la danse italienne et le langage éloquent de la pantomime fut Antonietta Pallerini, la créatrice, à la Scala, des principales œuvres de Vigano.
Maintenant que les lis et les roses sont des comparaisons souffertes uniquement autour des mirlitons de Saint-Cloud et des devises de Berthellemot, nous ne saurions mieux donner une idée de la finesse de sa peau que par le plus moelleux papier de riz de la Chine ou les pétales intérieurs d’un camélia qui vient d’éclore ; le caractère de sa physionomie est une naïveté enfantine, une gaieté heureuse et communicative, et parfois une petite mélancolie boudeuse qui rappelle la charmante moue de la Esméralda, cette Grisi bohémienne rêvée par le plus grand poète des temps modernes, et peut-être bien aussi des temps antiques. […] Le second acte surtout est empreint d’un caractère fantastique tout à fait en situation ; les rayons bleus du clair de lune allemand glissent mystérieusement sur les notes argentées de la musique et sur les eaux du lac les plus transparentes qu’ait jamais peintes Ciceri. — Et M.
Ils portaient les poissons les plus exquis, et ils les servirent en exécutant des danses de différents caractères. […] Les tableaux merveilleux qu’on peut tirer de la Fable, l’immensité de personnages qu’elle procure, la foule de caractères qu’elle offre à peindre et à faire agir, sont en effet les ressources les plus abondantes. […] Je vais tracer ici une sorte d’esquisse de tous ces préparatifs, parce qu’ils peuvent donner une idée juste des ressources du génie français, et du bon caractère d’esprit de nos grands seigneurs dans les occasions éclatantes. […] On verrait dans le même tableau la magnificence constante de la ville de Lyon embellie par le goût des hommes choisis qui la gouvernent, toujours marquée au coin de cet amour national, qui fait le caractère distinctif de ses citoyens. […] Le caractère des hommes se peint presque toujours dans les traits saillants de leurs ouvrages.
Il falloit chez les Romains le concours de deux personnes, pour composer une pièce de théatre : l’un inventoit la fable, dessinoit les caractères, faisoit des vers bien mesurés ; l’autre composoit la déclamation, c’est à dire, marquait les mouvemens de la prononciation, les infléxions, les repos etc.
Cette distinction une fois bien établie, on ne confondra plus trois choses qui s’annoncent avec des caractères distinctifs ; ces trois choses réunies et mises ensemble composent un ballet en action, ou un Drame-ballet-Pantomime.
Signe particulier : un filet de vinaigre dans le caractère.
Les Songes agréables, les funestes, et les plaisants le suivaient, et ils dansèrent des pas ingénieux de ces divers caractères.
Avant, le temps était humide et triste, ce qui heureusement n’influe pas beaucoup sur notre caractère.
J’ose même avancer que ceux qui sont doués d’une taille majestueuse abusent quelquefois de l’étendue de leurs membres et de la facilité qu’ils ont d’arpenter le théatre et de détacher leurs temps ; ces déploiemens outrés altérent le caractère noble et tranquille que la belle danse doit avoir, et privent l’exécution de son moëlleux, et de sa douceur. […] Les airs mêmes destinés à leurs réjouissances ont un caractère et un mouvement différents, quoiqu’ils portent tous celui de la gaité, leur danse est séduisante, parce qu’elle tient tout de la nature ; leurs mouvemens ne respirent que la joye et le plaisir ; et la précision avec la quelle ils exécutent donne un agrément particulier à leurs attitudes, à leurs pas et à leurs gestes.
Mlle Marie-Anne Cupis De Camargo débuta, le 5 mai 1726, dans les Caractères de la Danse. […] « Mademoiselle Guimard, dit Bachaumont (mai 1762), le nouveau sujet dont l’Opéra vient de faire l’acquisition, a doublé mademoiselle Allard, avec le plus grand succès, dans les Caractères de la Danse.
Ce n’est pas pour eux qu’il a prétendu écrire, il n’a traité que la poétique de l’art ; il en a saisi l’esprit et le caractère ; malheur à tous ceux qui ne peuvent ni le goûter ni l’entendre ! […] Je crois, Monsieur, que celle que je viens de vous montrer dans une perspective éloignée, porte un caractère au quel l’humanité ne peut-être insensible, et qu’elle est en droit d’arracher des larmes et de remuer fortement tous ceux dont le cœur est susceptible de sentiment et de délicatesse.
Ce que le Maître Ecrivain sait faire avec ses doigts, ils le font avec les pieds et avec les bras ; mais comme le premier est bien éloigné de pouvoir avec son mince talent composer un Poème, une Tragédie, un Morceau d’éloquence, l’autre est également inepte à rendre en Ballet, je ne dirai pas le Rôle entier d’une Pièce de Théâtre, mais le simple caractère isolé d’un Héros, ou d’un Personnage célèbre.
C’est sous ce caractère que Tertullien représentoit autrefois les chrétiens dans son apologétique, ou défense des premiers chrétiens contre les calomnies des païens.
De par sa magie, une grande bouche devient de l’expression et un grand nez du caractère… Mais à Circé, Circé et demie : La danseuse s’attable devant sa glace… D’abord, elle se passe sur la figure, les bras, le cou, les épaules, et la poitrine, jusqu’au-dessous des seins une couche épaisse de blanc liquide qui forme vernis en séchant.
Combien sont éloignés d’avoir ce zèle tant d’ecclésiastiques, de pasteurs et de confesseurs, qui n’osent élever leur voix contre les danses, ou qui l’élèvent trop foiblement, se contentant de dire qu’on feroit bien mieux de n’y pas aller, (comme s’il ne s’agissoit ici que de tendre à une plus haute perfection) sans condamner ouvertement et fortement les personnes qui y vont, et sans employer l’autorité que leur donnent leur caractère et leur ministère pour en détourner absolument, comme d’un grand mal, surtout les personnes dont ils sont chargés !
Tout ce qui peut servir à la peinture, doit servir à la danse : que l’on me prouve que les pièces des auteurs que je viens de nommer sont dépourvues de caractères, dénuées d’intérêt, privées de situations fortes, et que les Bouchers, et les Vanloos ne pourront jamais imaginer d’après ces chefs-d’œuvre, que des tableaux froids et désagréables ; alors, je conviendrai que ce que j’ai avancé n’est qu’un paradoxe : mais s’il peut résulter de ces pièces une multitude d’excellens tableaux, j’ai gain de cause ; ce n’est plus ma faute si les peintres pantomimes nous manquent, et si le génie ne fraye point avec nos danseurs.
C’est le génie seul qui pose ce nombre, et c’est par lui seul que ces caractères vagues et indéterminés parviennent à exprimer des quantités réelles.
« Elle exprime avec rapidité, disait-il, les mouvements de l’âme ; elle est le langage de tous les peuples, de tous les âges, de tous les temps ; elle peint encore mieux que la parole une douleur extrême ou une joie excessive. »« Il ne me suffit pas de plaire aux yeux, proclamait-il, je veux intéresser le cœur6. » Les danses de Dauberval avaient toujours un caractère expressif. […] Elle pense à son caractère sacré, à son devoir, à la religion.
Le Figaro, — 1826, — va nous édifier à l’endroit du caractère : « Mademoiselle Saulnier disait qu’elle connaissait les livres de morale… — Oui, lui répliqua-t-on, comme les voleurs connaissent la gendarmerie. » Mademoiselle Marinette Revenons à Guillaume le Flâneur : « Mademoiselle Marinette est une fille d’esprit. […] Madame Alexis Dupont C’était la sœur de Lise Noblet et la femme du chanteur à la voix blanche que vous savez… Le soir, madame Alexis Dupont se trémoussait fort agréablement, à l’Opéra, dans la Muette, dans le Lac des Fées, dans le Dieu et la Bayadère, dans l’Orgie et dans ce pas de cinq du deuxième acte de Robert qui fut supprimé depuis… Dans la journée, elle enseignait les danses de caractère et le maintien à toute sorte de jeunes demoiselles des meilleures maisons.
Le babil métallique de ses éperons accentuait nettement chacun de ses mouvements et leur donnait un caractère de vigueur joyeuse tout à fait irrésistible. […] Et il fit mine de déposer un portefeuille aux pieds de Fanny… Celle-ci était le plus honnête homme du monde… Elle repoussa le portefeuille avec indignation… Mais Auguste reprit sa place au milieu des siens avec cette noble modestie qui est le partage des grands caractères.
[15] Les plus grands artistes, soit peintres, soit poètes, ou musiciens, se sont bien gardés de confondre le caractère et l’expression des divers personnages ; ils se sont toujours attachés à la distinction ces genres.
Avant que de répondre aux amateurs et aux défenseurs des danses, qui veulent se prévaloir de cet exemple, je leur demanderai s’ils ont autant remarqué tout ce qui est dit dans l’histoire de ce saint roi pénitent, des différens caractères si admirables de sa pénitence, qu’ils ont remarqué sa danse ; et s’ils sont autant touchés des gémissemens qu’il poussoit sans cesse, et des larmes qu’à la vue de ses péchés il répandoit toutes les nuits si abondamment, que son lit en étoit tout trempé, qu’ils sont touchés de le voir danser devant l’arche du Seigneur ?
Quant au fait dramatique en lui-même, ou plutôt aux appareils scéniques, c’est-à-dire mêlés d’une action extérieure, dont il est fort indifférent de rechercher les caractères divers, on en rencontre la source à la naissance même de toutes les civilisations. […] Cette investigation, appliquée à la plus vaste, à la plus somptueuse de nos scènes, et à un établissement tout-à-fait national, prend alors un haut caractère de curiosité et d’intérêt-général. […] Dès sa création, il prit donc ce caractère national qui ne l’a abandonné dans aucune des phases de son existence.
Cette Dolorès était Dolorès Serrai, l’étoile de la troupe, qui se montra pendant plusieurs années sur diverses scènes parisiennes, et dont Théophile Gautier donnait cette pittoresque description : « Son talent a un caractère tout particulier : dans les écarts les plus excessifs de cette danse si vive et si libre, elle n’est jamais indécente ; elle est pleine de passion et de volupté, et la vraie volupté est toujours chaste ; on la dirait fascinée par le regard de son cavalier ; ses bras se dessinent, pâmés d’amour ; sa tête se penche en arrière, comme enivrée de parfums et ne pouvant supporter le poids de la grande rose au cœur vermeil qui s’épanouit dans les touffes noires de ses cheveux ; sa taille ploie avec un frisson nerveux, comme si elle se renversait sur le bras d’un amant ; puis elle s’affaisse sous elle-même en rasant la terre de ses bras, qui font claquer les castagnettes et se relève vive et preste comme un oiseau, en jetant à son danseur son rire étincelant105. » Le Diable boiteux, qui transportait les spectateurs en Espagne, au pays de Gastibelza, l’homme à la carabine, de l’Andalouse au sein bruni, de Dolorès Serral, arrivait donc à son heure. […] Mais le 31 octobre le mal prit un caractère alarmant.
Ils appréciaient en lui non seulement le talent, mais encore le caractère. […] La beauté, le caractère et le talent de la jeune fille lui inspirèrent une admiration qu’elle traduisit librement, sans craindre d’aviver encore par ses paroles enthousiastes la flamme qui dévorait le vieillard. […] « Au moment où j’entre, dit-elle, elle était assise en train de préparer pour sa sœur et pour elle-même de ses mains souveraines des garnitures pour costumes de bal avec des dentelles, des fils de laiton et des rubans ; elle est adroite comme une fée, l’ouvrage est gracieux comme s’il arrivait à l’instant même de Paris ; c’est ingénieux, et il n’y a qu’un caractère tout à fait individuel qui puisse imaginer chose semblable.
Son caractère de taquinerie malicieuse l’emporte alors sur ses généreuses intentions, et elle se venge par mille espiègleries d’un bonheur qui la blesse dans ses plus chers désirs.
Mais l’histoire est majestueuse et triomphante lorsqu’elle descend dans les tombeaux, et qu’elle en ranime les cadavres, éclairée par le flambeau de la vérité, elle les peint alors tels qu’ils étoient jadis ; elle saisit leurs traits, elle trace leurs caractères avec fidélité, et elle ne se dégrade point en leur prêtant des ornemens étrangers.
Je préviens le public que je ne me suis servi que des 2ème, 3ème et 4ème chants du poème, et que j’ai été contraint de renoncer à toutes les beautés de détail, que la pantomime ne peut exprimer, pour me livrer à l’action et à tout ce qui s’appelle tableau de situation ; je me suis vu forcé d’avoir recours à des moyens étrangers à l’original, pour pouvoir indiquer l’instant, où, les Graces, cessant d’être méconnues, paroissoient avec le caractère de leur essence et de leur immortalité.
J’ai voulu vous montrer comment cet art, loin d’être un futile divertissement, loin d’être une spécialité qui se borne à la production de quelques spectacles à l’amusement des yeux qui le considèrent ou des corps qui s’y livrent, est tout simplement une poésie générale de l’action des êtres vivants : elle isole et développe les caractères essentiels de cette action, la détache, la déploie, et fait du corps qu’elle possède un objet dont les transformations, la succession des aspects, la recherche des limites des puissances instantanées de l’être, font nécessairement songer à la fonction que le poète donne à son esprit, aux difficultés qu’il lui propose, aux métamorphoses qu’il en obtient, aux écarts qu’il en sollicite et qui l’éloignent, parfois excessivement, du sol, de la raison, de la notion moyenne et de la logique du sens commun.