Lectevr, encore que ie croye ce que les doctes m’ont apris, que tout bien est communicable, & que l’experience face voir que l’on a de tout temps hay la memoire de ceux qui ont emporté les aduantages qu’ils auoient eu du Ciel dans leur tombeau, si est-ce que ce mien trauail, (dont ie recognois le suiect meriter vne meilleure plume que la mienne) n’eust de ma vie sorty des tenebres où ie l’auois confiné, si le trait d’vne ame trop ambitieuse forçant mon silence, ne m’eust obligé de faire iour aux imperfections de mon esprit & de mon stile, pour rappeller ma reputation que mes amis trouuoient engagee dans vne iniure insuportable. […] En fin la longueur du temps non plus que la raison n’ayant peu matter ceste ambition qu’il auoit de triompher du merite d’vn autre, il fist dernierement transcrire sans aucune alteration, la coppie qu’il tenoit de moy & la feit grossir d’vn certain discours qu’il intitule Loüange de la Danse, & dont l’Autheur a vne entiere obligation à Agrippa en ses Paradoxes de l’incertitude & abus des Sciences. En cest aueuglement il a presenté comme sienne ceste rare piece de rapport, à Monseigneur le Marquis de Buckingham, donnant par là subject à toute la Cour, (qui cognoist la fourbe) de s’entretenir pour vn temps sur ceste gentille inuention de gloire, & à moy qui suis interessé de te marquer icy en suitte des ressentimens que ie doibs à ceste iniure, la honte que merite celuy à qui il a fié son affaire : Car i’aduoüe franchement qu’il a trop de suffisance en sa profession, & n’ay pas son esprit en si mauuaise estime pour m’imaginer qu’il se soit peu luy mesme embarasser dans de si lourdes impertinences, que celles qui se voyent en la confrontation de son liure & du mien, & desquelles son second ne se sçauroit excuser, qui me pardonnera si ie dis, qu’il a esté en cela peu fidelle ou peu iudicieux.
On compte dans les bras trois mouvemens de même que dans les jambes, & qui sont rélatifs l’un à l’autre : Sçavoir, celui du poignet, celui du coude, & celui de l’épaule ; mais il faut qu’ils s’accordent avec ceux des jambes, en ce que, si vous faites des demi-coupez en des tems & ouvertures de jambes, & autres pas qui se prennent plus du cou-de-pied que du genou, ce sont les poignets qui agissent, au lieu que si ce sont des pas fort pliez, comme pas de Bourée, tems de Courante, pas de Sissonne, Contretems & autres pas qui demandent du contraste ou de l’opposition, pour lors c’est le coude qui agit, ou du moins qui est le plus apparent ; parce que l’on ne doit pas plier le coude, sans que son mouvement soit accompagné de celui du poignet : ainsi du cou-de-pied & du genou, qui ne peut finir son mouvement sans que l’on soit élevé sur la pointe du pied, qui par consequent est le cou-de-pied qui l’acheve.
Pylade et Bathylle jouirent pendant quelque temps en commun, de leur fortune et de leur gloire ; mais la jalousie altéra leur amitié, et rompit leur union. […] À peu près dans le même temps, un Danseur représentait les Travaux d’Hercule. […] Thymèle, du temps de Domitien, fut à Rome, ce que la fameuse Empuse avait été dans la Grèce. […] Je vais traduire ici une partie de ce qu’il a écrit sur ce genre de composition si fort estimé de son temps, et si peu connu du nôtre.
Le coupé en arriere est different en ce qu’il faut faire deux oppositions ; Sçavoir, une en pliant votre demi-coupé, supposé que vous le fassiez du pied droit, c’est le bras droit aussi qui s’oppose, & se remet dans le même tems : l’autre opposition est que le pied gauche, se passant derriere le bras gauche revient aussi devant ; ce qui fait l’opposé au pied qui est devant. Pour ceux qui se font de côté, si vous les commencez du pied droit vous pouvez faire une opposition du bras gauche, en faisant votre demi-coupé, & l’étendre dans le même tems au second pas ; parce qu’il est ouvert : c’est pourquoi il ne faut pas de contraste. […] Il y en a qui se font devant & se finissent derriere, dont la maniere est singuliere en ce que, si vous faites un demi-coupé en avant du pied droit, en vous relevant la jambe gauche s’approche de la droite, faisant un battement derriere ; & se remet à la même place qu’elle étoit avant à la quatriéme position derriere, ce qui fait le coupé entier dans ce pas en prenant votre demi-coupé en avant du pied droit, c’est le bras gauche qui s’oppose à la jambe droite, & pour le mieux distinguer, l’épaule droite s’efface, son bras fort étendu en arriere ; ce qui dégage le corps, & lui donne de l’agrément ; pour ceux qui se font en avant & qui sont battus au second pas, on ne doit faire aucun mouvement de bras dans le tems que vous formez vos battemens ; parce que ce pas n’est que pour faire voir la liberté de jambe que vous possedez, sans tourmenter le haut du corps ; ce qui le dérangeroit de la grace qu’il doit toûjours conserver.
On objecte en sixième lieu, en faveur des danses, que dans tous les temps et dans tous les lieux, elles ont été en usage, surtout dans les occasions de réjouissances publiques. […] « Que ni le temps, ni la dignité des personnes, ni les priviléges des pays ne peuvent prescrire contre la loi de Dieu ; car c’est quelqu’une de ces trois choses qui donne ordinairement lieu à la coutume qui, ne subsistant d’abord que par l’ignorance ou la simplicité des hommes, se fortifie ensuite par l’usage, et s’élève contre la vérité. […] Salvien, prêtre de Marseille, (l. 5, de Providentiâ.) se plaignoit de ce que de son temps, après avoir reçu de Dieu quelque faveur publique, on alloit, en signe de réjouissance et avec plus d’ardeur, en foule aux spectacles qui étoient alors en usage. Appliquons aux danses ce que Salvien dit des spectacles usités de son temps : ses raisonnemens, tous puisés dans le fond de la Religion, nous apprendront si l’occasion d’une réjouissance publique peut rendre les bals et les danses plus légitimes qu’en tout autre temps. […] Par une telle conduite, faisons-nous autre chose qu’imiter la conduite d’un homme qui accableroit d’injures son bienfaiteur, qui l’outrageroit dans le temps même qu’il lui marqueroit plus d’amitié ; et qui, pendant qu’il l’embrasse, lui plongeroit un poignard dans le sein ?
Ainsi pour commencer ce pas si c’est du pied droit, il faut ayant le pied gauche devant & le corps posé dessus, aprocher le pied droit auprès à la premiere position, puis plier les deux genoux également, & étant pliez, vous passez le pied droit devant jusqu’à la quatriéme position & vous élevez dessus la pointe, en étendant les genoux & du même tems le talon droit se pose, & le genou se plie, mais la jambe gauche se glisse devant jusqu’à la quatriéme position, & le corps se posant dessus ; il termine l’étenduë de votre coupé. D’autres personnes le prennent differemment ; c’est qu’après votre demi-coupé, étant élevé sur la pointe il glisse le pied dans le même tems qu’il s’éleve jusqu’à la quatriéme position ; en le passant la pointe doit être basse, la jambe bien étenduë, & à mesure que cette jambe gauche se passe devant, le genou droit se plie, & par ce mouvement renvoie le corps sur le pied gauche, ce qui termine ce pas ; ces deux manieres sont bonnes l’une & l’autre ; mais je trouve que la premiere est plus aisée, en ce que le corps est plus assuré par le talon droit que vous appuyez ; il se fait aussi en arriere, & de côté, aux positions près qui sont differentes selon le chemin que vous devez tenir. […] Il se fait une autre espece de coupé que l’on nomme glissade, mais elle ne se pratique que pour aller de côté & sur une même ligne, soit à droit, soit à gauche : par exemple, si vous voulez faire des glissades en allant du côté droit, il faut plier sur le pied gauche, pour faire votre demi-coupé du pied droit en le portant à côté à la deuxiéme position, & en vous élevant dessus vous tirez le pied gauche du même tems derriere jusqu’à la troisiéme position, en laissant poser le corps dessus pour en reprendre un autre de suite du droit : parce qu’ordinairement on en fait trois de suite, quoiqu’il n’en entre que deux dans une mesure, c’est pourquoi on doit les faire de suite, afin que par cette liaison les mouvemens se succedent l’un à l’autre.
En exécutant à trois reprises le mouvement grandiose et léger que nous venons de décrire, la danseuse a remonté à reculons le plateau incliné — et elle le redescend en diagonale, par un enchaînement de pirouettes et de temps battus, somptueux et complexes, selon le rythme lourdement scandé de l’accompagnement. […] Nous louerons encore la fougue et l’ampleur de ses temps sautés et cette qualité si rare : le ballon. […] Et il faut voir Mlle Rousseau battre l’entrechat-six, ce mouvement complexe et symétrique qui est bien de son fait : on pourrait mesurer l’amplitude de chaque temps, les segments des deux lignes brisées que décrivent, en croisant et se décroisant, les jambes — et les rapports se montreraient exacts comme dans un tracé d’architecte. […] Cette variation de Phryné discrètement glissée, ponctuée de temps piqués, s’enveloppe de ports de bras mélodieux, s’alanguit en portements de corps passionnés.
« Il faut entièrement abolir la coutume irréligieuse qui s’est introduite aux fêtes des saints, que les peuples, au lieu d’assister à l’Office divin, emploient le temps à des danses et à de mauvaises chansons ; ce qui fait que non-seulement ils se nuisent à eux-mêmes, mais ils troublent encore par le bruit qu’ils font, la piété des chrétiens plus religieux. » Le concile recommande aux ministres du Seigneur et aux juges séculiers d’employer tous leurs soins pour bannir ce désordre de toute l’Espagne. […] Le concile d’Aquilée, tenu en 1596, porte en termes formels : « Le temps des jours de fêtes doit être employé à écouter les prédications, et à assister à la sainte Messe et aux divins Offices, et non pas à des festins : beaucoup moins encore doit-on, après qu’on a dîné, employer aux danses et aux jeux un temps destiné â assister à l’office du soir, pour y louer Dieu d’un même cœur et d’une même bouche : Multò minùs peracto prandio ad saltationes et lusus déclinandum. […] En vain croiroit-on pouvoir affoiblir la preuve, qui résulte en général des décrets de ces conciles contre les danses, sous prétexte qu’il ne s’y agit que des jours de fêtes et de dimanches, et du temps des saints offices ; en vain voudroit-on en conclure qu’en d’autres jours et en d’autres temps les danses ne sont point défendues par les conciles. D’abord, je demande s’il y a un seul concile, en quelque temps, en quelque lieu qu’il ait été tenu, qui ait mis les danses au rang des choses indifférentes ; et qui ait marqué aucune condition à observer dans les danses, afin qu’en les observant, tous abus et tous dangers pour l’ame en soient retranchés ?
Les saints Pères qui ont été chacun dans leur temps les organes de l’Eglise, ont tous parlé avec force contre les danses. […] Pères qui ont fleuri dans les temps voisins de celui des Apôtres, tom. 2. pag. 59, édition d’Anvers.) […] » Qui est-ce qui, à cette description si effrayante et trop véritable de ce qui se passe, même dans les danses de notre temps, ne doit pas trembler, s’il lui reste un peu de foi ? […] Il blâme d’abord les danses en général, en quelque temps et en quelque lieu qu’elles se fassent, en expliquant le psaume 69 (n.° 2.) il observe que le démon, selon la différence des temps, prend aussi différentes formes pour attaquer les chrétiens ; que dans le temps que les princes infidèles persécutoient les adorateurs du vrai Dieu, le démon avoit la forme de lion, la fureur des persécuteurs étant figurée par celle d’un lion rugissant ; qu’ensuite les persécutions ayant cessé, le démon avoit pris la forme d’un serpent, s’appliquant d’autant plus à séduire et à tromper les Fidèles, qu’il ne pouvoit plus les persécuter autrement ; que les danses sont un des moyens qu’il emploie pour les perdre. […] Saint Charles a présidé aux conciles de Milan tenus de son temps ; ainsi on trouve ses sentimens sur les danses dans les réglemens de ces conciles.
[5] Mettez tous vos soins à acquérir de l’aplomb et un parfait équilibre ; attachez-vous à la correction et à la précision dans votre danse ; que tous vos temps soient réglés d’après les meilleurs principes que vous avez reçus, et que l’exécution de vos pas soit toujours élégante et gracieuse. […] Travaillez pour acquérir une élévation facile ; c’est une belle qualité chez le danseur, et qui lui est nécessaire pour l’exécution des temps de force et de vigueur. […] Chaque danseur a sa manière particulière d’allier et de varier ses temps (a) et ses pas (b). […] (a) On appelle temps un mouvement de jambe. […] C’est en musique la différence du mouvement qui résulte de la vitesse ou de la lenteur, de la longueur ou de la brièveté des temps.
Mais voyez mes Dames la responce que ie leur ay faicte en l’Apologie de ce traité, où vous aprendrez que l’on s’offence à tort d’vne intention innocente, & qu’il n’y a que les circonstances des temps & des lieux qui puissent rendre vos actions blasmables, ce que si vous considerez bien, vous n’attacherez iamais vostre creance à ces superstitieuses persuasions. […] Lors que sa discretion luy fera iuger le temps de saluer la compagnie qu’elle reçoit ou qu’elle aborde, il faut qu’elle escarte tant soit peu l’vn des pieds à costé, & d’vn mesme temps glisser doucement l’autre quasi tout ioignant, les pointes ouuertes, lors sans s’arrester que bien peu, ayant les bras negligement estendus sur les costez, elle doit auec le plus de douceur qu’il sera possible plier esgalement les deux genoüils, non en auant comme font plusieurs, qui pour tenir les pointes des pieds closes s’en aquittent assez mal, mais chacun de son costé, & si elle la desire descendre tres-basse & y tenir quand & quand le corps droit & ferme, qu’elle leue doucement les talons en se soutenant sur la pointe des pieds à mesure qu’elle pliera les genoüils, & lors qu’elle l’aura tiree au point qu’elle la voudra faire, faut tout aussi tost luy faire remonter de mesme air qu’elle aura descendu. […] Tovt de mesmes qu’il a esté dict pour vn Caualier, il faut qu’vne Dame commence le Bransle Gay par le dernier pas, à fin de bien prendre la cadance, & pour ce faire en pliant tant soit peu les genoüils, on assemblera le talon droict au gauche en glissant, & se releuant sur la pointe de tous les deux ; Puis commençant le premier des quatre pas dont il est composé, il faut escarter le pied gauche à costé, & faire que d’vn mesme temps l’autre le suiue de pres en glissant, iusqu’à ce qu’il paruienne au talon, & au troisiesme sans plier les genoüils, glisser doucement le pied gauche à costé sur le talon la pointe releuee, puis en pliant les genoüils, assembler comme on aura faict pour prendre la cadance, à fin de recommencer. […] Le troisiesme est le bransle de Poictou, où il faut compter douze pas, lequel se commence (apres vne reuerence qu’on fera semblable à celle du premier,) par vn temps ou deux, auec vn ou plusieurs pas coulez, en tournant deuant celuy qu’on meine, selon que la Musique pourra obliger pour prendre la cadence. […] A ce dernier couplet il faut faire vn temps en coulant lentement le pied droit par dessus le gauche, & vn autre du gauche en le desgageant & portant à costé, puis deux glissades du costé gauche, & deux autres du costé droit semblables à celles du cinquiesme, si bien que pour finir il ne faut que plier doucement les genoüils pour releuer le pied gauche en l’air, lequel estant porté à costé sera suiuy d’vn pas couppé.
Par exemple, il peut estre devancé par un coupé, ou un tems grave, & même très-souvent par un pas assemblé, ce qui le fait changer de nom en l’appellant pas de Gaillarde ; ainsi le pas de Gaillarde est composé d’un assemblé, un pas marché & d’un pas tombé ; ce qui fait toute sa construction, & même il est repeté plusieurs fois dans la danse qui en porte le nom, ce qui me fait croire que c’est la seule raison qui lui a donné le nom de pas de Gaillarde. […] Je commencerai d’abord par celui qui se fait en avant, ayant le pied gauche devant à la quatriéme position, & le corps posé dessus le talon du pied droit levé ; ce qui marque que la jambe est preste à partir, de-là vous pliez sur le pied gauche & du même instant la jambe droite se leve, & en vous relevant pour sauter, la droite se croise devant à la troisiéme position, en retombant de ce saut sur les deux pieds les genoux étendus, mais la jambe droite qui a croisé devant, se porte à la quatriéme position en avant, & laissez poser le corps dessus en vous élevant du même tems, ce qui attire la jambe gauche derriere la droite ; mais à peine la touche-t’elle que le pied se pose à terre, & le corps se posant dessus & fait plier le genou gauche par le fardeau du corps, ce qui oblige la jambe droite de se lever ; mais dans le même moment le genou gauche qui est plié, en voulant s’étendre renvoye le corps sur la jambe, qui se pose à terre en faisant un saut que l’on appelle jetté-chassé, mais en vous laissant tomber sur le pied droit la jambe gauche se leve, & le corps étant dans son équilibre entierement posé sur le pied droit, vous pouvez de cette situation en faire autant du pied gauche, on en voit l’exemple dans la Bachante au commencement de son troisiéme couplet. […] Par exemple, ayant le corps posé sur le pied gauche vous pliez, & vous élevez en sautant & assemblant le pied droit auprès du gauche à la premiere position, en tombant sur les deux pointes ; mais le corps posé sur le gauche, parce que du même tems vous portez le droit à côté à la deuxiéme position en vous élevant dessus pour faire votre pas tombé ; qui fait la seconde partie dont le pas de Gaillarde est composé ; mais comme j’ai fait une description assez étenduë touchant le pas tombé, cela me paroît inutile de le repeter une seconde fois, ce pas se prévient encore par un coupé & fait un fort bon effet par les mouvemens soûtenus que l’on doit observer pour le bien faire.
Ne demeurez point au milieu des femmes ; car comme le ver s’engendre dans les vêtemens, ainsi l’iniquité de l’homme vient de la femme ; c’est-à-dire comme le ver se forme dans les vêtemens, sans qu’on s’en aperçoive, que, lorsqu’il n’est plus temps d’y remédier, ainsi le mal spirituel qui naît des conversations trop fréquentes et trop familières avec les personnes d’un autre sexe, est un mal qui ne s’aperçoit pas d’abord, parce qu’il a gagné insensiblement le cœur, passant des yeux dans les pensées et les désirs, et trop souvent des désirs dans les actions. […] C’est en tout temps que Jésus-Christ dit qu’il faut prier et veiller. […] Manqueroit-on assez de bonne foi pour ne pas reconnoître que le temps et la circonstance des danses, sont un temps et une des circonstances où le démon est plus occupé à tourner autour des ames pour les perdre, et où il lui est plus facile de les dévorer, c’est-à-dire de s’en rendre le maître, en les faisant tomber dans le péché ? C’est donc aussi là un temps et une circonstance où la prière et la vigilance, qui nous sont tant recommandées en tout temps, sont plus nécessaires. Mais qui est-ce qui oseroit dire que le temps où l’on danse est propre à remplir ce double devoir ?
Cette sorte de pas est particulier dans sa maniere, il tient pour ainsi dire du pas tombé, en ce qu’il faut être levé sur la pointe du pied pour le commencer ; mais comme j’ai donné dans ma premiere Partie l’intelligence pour le faire, & qu’il ne me reste plus que de vous instruire sur la maniere d’y faire les bras ; je vous dirai seulement, que, lorsque vous le commencez ayant les pieds l’un devant l’autre à la quatriéme position, par consequent un bras opposé qu’il faut faire votre premier mouvement : pour lors ce bras qui est opposé doit s’étendre de haut en bas, & l’autre dans le même tems vient de bas en haut ; mais ne change pas au second saut : ensuite en faisant le troisiéme qui est un assemblé, vous laissez tomber vos deux bras à côté de vous ; puis vous faites un petit mouvement de la tête en la baisant, & vous la relevez de même que les bras, lorsque vous faites un autre pas comme de Bourrée, ou tels que la Danse le demande ; cette petite action, quand elle est faite à propos donne beaucoup d’agrémens, mais sur tout point d’affectation. […] Il y a même d’autres pas de danses dont je n’ai point fait de mention, ne m’étant engagé dans ce Livre que de traiter de la maniere de faire tous les principaux pas des danses de Ville, & de fournir en même tems les moïens les plus faciles de les executer avec les bras, pour que l’on puisse apprendre à danser avec tout le bon goût, & la delicatesse que cet exercice demande, à quoi je me flatte d’avoir réussi.
Les Institutions les plus sages qu’elle corrompt, dégénèrent en peu de temps en des pratiques folles et nuisibles. […] La joie sainte des solennités, qui, en passant de l’âme jusqu’au sens, devint bientôt moins pure, les deux sexes qu’elles rassemblaient, la nuit, si propice à la séduction, qui était le temps marqué pour la célébration de presque toutes les grandes Fêtes, plus que tout cela, peut-être le refroidissement de la ferveur, qui ne fut plus capable dès lors d’étouffer les autres mouvements, voilà quels furent les principes d’un débordement intolérable, qui dégrada des pratiques autrefois dignes de louanges.
Il en fut ainsi dans les temps reculés. […] [Voir Danses militaires, Danse pyrrhique] Dans les temps héroïques, d’ailleurs, la guerre était le seul chemin ouvert à la gloire.
Car, dans un développé, c’est en suivant la pointe qui lentement trace, ayant touché la cheville, le segment de cercle qui l’amène à la grande seconde, que nous éprouvons la satisfaction esthétique inhérente à ce temps. […] Et comme les bras accompagnent harmonieusement les temps sautés en tournant !
De’ Tempi di Coscia, de Temps de Cuisse [1] Non altro importa questo “Tempo di coscia”, o, come in Francese sentesi, Temps de cuisse, se non se un battimento di coscia, di gamba accompagnato al battimento del piede.
Cet Académicien convient d’abord que jusqu’à lui, on avait cru tout bonnement que les Anciens chantaient et dansaient sur leurs théâtres de la manière à peu près que l’on chante et danse sur le nôtre ; mais comme les chants et les danses de son temps ne lui paraissaient avoir qu’un rapport très éloigné avec les prodiges que le Chant et la Danse ont opérés autrefois à Rome et dans Athènes ; que d’ailleurs il était intimement persuadé, que les hommes ne pouvaient avoir chanté ni dansé mieux qu’ils dansaient et chantaient à notre Opéra, il en a conclu, 1°. […] Quatrièmement, l’Abbé Du Bos a cru la Danse de son temps parvenue au plus haut point de perfection possible. […] L’édifice élevé par l’Abbé Du Bos sur le fondement de la perfection prétendue de la Danse de son temps, s’écroule donc évidemment de lui-même. […] Ce Baladinage est devenu à son tour la seule Danse noble, à laquelle on a substitué dans les suites une Danse plus animée, que les louangeurs du temps passé ont jugée un excès outré et de mauvais goût, et c’est cette dernière qu’au temps de l’Abbé Du Bos on regardait comme la perfection de l’Art. La prévention s’expliquera de même sans doute, si une nouvelle Danse mieux composée, plus active, moins monotone, s’établit de nos jours sur les débris de toutes les autres ; mais l’extravagance d’un pareil discours mise une fois en évidence, il n’en saurait plus résulter aucun danger ni pour les Artistes ni pour l’Art ; et on osera danser sur notre Théâtre mieux que du temps de Lully, que du temps de l’Abbé Du Bos, que du temps même de Dupré [Voir Chaconne, Entrechat, Gargouillade], sans craindre de se rendre ridicule.
Les Grecs l’ont aussi attribuée à Terpsicore, comme la meilleure danseuse de son tems, ou parce qu’elle présidoit à la danse des neuf Muses, au son de la lyre d’Apollon. […] L’Histoire remarque que dès le tems de Socrate & de Platon, les plus sévéres Philosophes ne dédaignoient pas d’aller au bal, & d’y danser après le festin, au rapport de Diogene, qui dit que Socrate y dansoit ordinairement une danse qu’on nommoit la Memphitique, qu’il aimoit fort. […] L’Histoire remarque que du tems d’Henri IV. les treize Cantons avoient envoyé un très-grand nombre de Bourguemestres à Paris, pour renouveler leurs alliances ; ce qui se fait depuis tous les cinquante ans. L’Hôtel de Ville avoit envie de les régaler avec grand appareil ; mais n’ayant pas de fonds dans ce tems-là pour survenir à cette dépense ; le Gouverneur de Paris, le Prevôt des Marchands & les Echevins s’aviserent de présenter un Mémoire au Roi, pour le prier de leur accorder un petit droit sur les Robinets des Fontaines publiques de la Ville, pour régaler les Cantons. […] desorte que par la suite du tems on ne dansera plus dans les assemblées de cérémonie, que des danses baladines.
J’avais affirmé ici même que Mlle Nyota-Nyoka, danseuse exotique, s’illusionnait en croyant reconstituer des danses du temps jadis. […] Donc Mlle Nyota reconstitue les danses du temps des Pharaons ; et j’apprends qu’elle a peu de doutes sur l’authenticité de son interprétation. […] Il mit les dessins des potiers ioniens en présence d’analyses photographiques prises sur les temps essentiels de la danse dite classique.
(S) La courante est composée d’un temps, d’un pas, d’un balancement, et d’un coupé. […] Dans les premiers temps qu’on trouva la courante, on en sautait le pas ; dans la suite on ne la dansa que terre à terre. […] Mais à mesure que le pied droit se glisse devant, le genou gauche se détend, et le talon se lève, ce qui renvoie avec facilité le corps sur le pied droit, et du même temps l’on s’élève sur la pointe. […] O temps ! […] Une des jambes, en s’élevant, forme un tour de jambe en-dehors, et l’autre un tour de jambe en-dedans, presque dans le même temps.
Puis, le cabotinage moderniste reprend le dessus, et, soulignant à grands gestes évocateurs un sautillement intermittent, grêle, ou de pauvres petits temps de talons, elle repart vers une nouvelle défaite. […] Il intercale dans son jeu des arabesques péniblement équilibrées, des temps classiques avortés.
De-là vous passez étant plié le pied droit devant vous sans vous relever, à la quatriéme position, ainsi que cette troisiéme Figure le démontre, & dans le même temps apporter le corps dessus en vous élevant dessus la pointe du pied droit. […] Quatrieme Representant l’equilibre Et dans le même tems apporter le corps sur le pied droit en vous élevant sur la pointe du pied 3. de même que le représente cette quatriéme Figure, ce que l’on peut appeller pour lors équilibre, parce que le corps n’est supporté que d’un seul pied.
Par exemple, si c’est un pas tombé simple, tel que je l’ai deja dit dans la maniere de le faire, il faut que vous le commenciez par vous élever sur la pointe des pieds, les bras étant à la hauteur que le represente la Figure qui est au commencement de cette deuxiéme Partie : ainsi lorsque votre pied se tire derriere en tombant, les bras quoique étendus se baissent ; ce qui se fait par le mouvement de l’épaule qui se d’étend, en laissant baisser les bras & les relever dans le moment : vous voyez par là, la conformité des jambes avec les bras ; puisque dans le tems que vous tirez votre pied derriere, & que les genoux se plient, comme si les forces vous manquoient (ce qui fait votre pas tombé) les bras se baissent aussi & se relevent, lorsque vous faites votre second pas qui termine votre pas tombé, qui est un demi jetté : ainsi pour ce pas, les bras ne font que se baisser & se relever, ce qui est le mouvement de l’épaule, puisque ce n’est que par cette jointure que les bras s’émouvent. […] Mais comme j’ai deja dit, que ce pas ce commençoit par un assemblé ainsi si vous le faites du pied droit en avant, c’est le bras gauche qui doit s’opposer en avant de bas en haut : par exemple, en prenant votre mouvement pour assembler, le bras droit qui étoit devant, s’étend en dessous ; & dans le même tems le gauche se tourne aussi en dessous, & vient s’opposer au pied droit qui s’assemble devant le gauche : mais à peine cet assemblé est-il fait que le pied droit se glisse à la 4e position ; & en glissant le corps & la tête font un petit mouvement ; puis ils se redressent en vous élevant sur ce pied droit, & le bras gauche s’étend, pour lors vos deux bras restent dans leur situation, sans faire aucun mouvement pendant les deux jettez-chassez qui terminent l’étenduë de ce pas.
Quoique j’aye donné la maniere de faire ces demi-coupez dans la construction du pas du Menuet, néanmoins pour vous en donner de suite l’intelligence, je dirai que lorsque vous voulez faire un fleuret, étant posé à la quatriéme position, si c’est le pied gauche que vous ayez devant, qu’il faut que le corps soit entierement dessus, en approchant le pied droit à la premiere position, sans qu’il touche à terre ; puis plier les deux genoux également, ce qui s’appelle plier sous soi, mais il ne faut pas passer le pied droit devant vous à la quatriéme position, que lorsque vous avez plié, & du même tems qu’il est passé vous vous élevez sur la pointe : puis marcher deux autres pas tout de suite sur la pointe ; sçavoir, l’un du gauche, & l’autre du droit, & à ce dernier il faut poser le talon, en le finissant, afin que le corps soit plus ferme, soit pour en reprendre un autre, ou tel autre pas que la danse que vous dansez le demande ; mais pour se mettre dans l’habitude de faire ainsi que des autres, il est à propos d’en repeter plusieurs de suite ; outre que cela vous donne la facilité de faire d’un pied ce que vous faites de l’autre. […] Il s’en fait aussi d’une autre façon, que l’on appelle pas de Bourée ouverts qui se font de la maniere suivante, sçavoir si on le prend du pied droit l’ayant en l’air, à la premiere position : vous pliez sur le gauche & vous portez le droit à côté à la deuxiéme position & vous élevez dessus : en vous élevant sur le droit la jambe gauche suit la droite en s’approchant à la premiere position, dans le même tems le pied droit se pose entierement, & de suite vous posez le pied gauche à côté à la seconde position en posant le talon premier, & lorsque le corps se pose sur ce pied, vous vous élevez sur la pointe ; ce qui attire la droite dont le pied se glisse derriere le gauche jusqu’à la troisiéme position, ce qui termine ce pas ; mais si vous en voulez faire un autre du pied gauche, il faut poser le talon droit à terre & plier dessus, & porter le pied gauche à côté en observant la même maniere, d’autant que l’on doit s’habituer de faire un pas d’un pied comme de l’autre. Ce même pas se fait encore d’une autre maniere, en ce qu’en faisant votre premier pas qui est un demi-coupé, ayant le corps posé sur le pied gauche vous pliez dessus, & en prenant ce mouvement la jambe droite qui est en l’air marche en faisant un batement sur le cou du pied, & du même tems se porte à côté à la deuxiéme position en vous élevant dessus, & continués votre pas comme cy-devant. […] Par exemple, le pas de Rigaudon est tiré du Rigaudon, qui est une danse fort en usage en Provence, & que les originaires du païs dansent naturellement, & même chaques Cantons le danse differemment les uns des autres, ce que j’ai vû dans le tems que j’étois dans ce païs.
Il resta peu de temps à l’Opéra. […] Nom qui désigne un air très-lent, à trois temps. […] Quand son rhythme est à deux temps, on la nomme sauteuse. […] L’air est à deux temps très-vifs. […] Cet air est à trois temps, un peu vif ; en général, il ne commence qu’au deuxième temps.
L’Auteur croit devoir prier le Public de ne point le confondre avec un artiste du même nom, qui, depuis quelque tems, fait annoncer de toutes parts un nouveau Cours de danse.
Quant à celle en passant, elle se fait pareillement, excepté que lorsque vous passez devant une personne vous faites deux ou trois pas avant de commencer votre reverence : regarder la personne que vous devez saluer pour lui adresser votre reverence, & du même tems vous vous tournez à demi du côté que sont les personnes que vous saluez, & vous glissez le pied qui est de leur côté en avant, puis vous pliez & vous relevez très-doucement, en observant de laisser poser le corps sur le pied qui a passé devant, afin de marcher du pied de derriere. […] Il faut aussi prendre garde de tirer le pied & de plier en même tems, ce qui dérange le corps de son à plomb & fait chanceler.
Les premiers se retournaient aux temps marqués : ils pénétraient dans la troupe des jeunes danseuses ; et ils s’unissaient tous par de mutuels entrelacements de bras, en conservant toujours, les uns, la vivacité, les autres la lenteur de leur premier mouvement45. […] Dans cette Danse les garçons faisaient doubles ou triples tous les pas que les filles faisaient simples dans le même temps. […] « Quelques-uns reprenaient la coutume que Lycurgue avait introduite, que les filles, à certains jours de Fête, allassent par la Ville toutes nues, et lui en demandaient la cause ; afin, répondit-il, que faisant les mêmes exercices que font les hommes, elles n’eussent rien moins qu’eux, ni quant à la force et santé du corps, ni quant à la vertu et générosité de l’âme, et qu’elles s’accoutumassent à mépriser l’opinion du vulgaire ; d’où vient que la femme de Léonidas nommée Gorgo, répondit, à quelques Dames étrangères qui lui disaient : Il n’y a que vous autres Lacédémoniennes qui commandiez à vos maris : aussi n’y a-t-il que nous qui portions des hommes… Et était en ce temps-là l’honnêteté et la pudicité des Dames si éloignée de la facilité que l’on dit avoir été depuis parmi elles, que l’on tenait l’adultère pour une chose impossible et incroyable. » Plut.
Échos du temps passé. […] Cambrures et ports de bras, le jeu serré et rapide de temps battus, l’emploi sobre de la pirouette comme ressource suprême et qu’Auguste Vestris fut le premier à prodiguer, le fléchissement du genou et la démarche élastique, tout cela tient du style rocaille magistralement rendu par Aveline, sauf peut-être pour certains temps d’élévation.
Entre temps, il avait appris l’anglais, et put me raconter que lorsque nous l’avions vu à Kingston c’était peu de mois après une révolution qui avait éclaté à Haïti. […] Pendant tout le temps qu’il était resté à la Jamaïque il avait essayé de communiquer avec ses amis, via New-York, et il n’était pas arrivé à savoir si sa mère, ses frères et ses sœurs étaient morts ou en vie. Peu de temps après notre départ il entra en correspondance avec sa famille et apprit que les affaires commençaient à s’arranger. […] Une fois Alexandre Dumas vint me rendre visite au Grand-Hôtel, et depuis ce temps le personnel me considéra comme un être à part, car on disait qu’Alexandre Dumas faisait aussi peu de visites que la Reine d’Angleterre.
Un Bal est sitôt ordonné, si facilement arrangé : il faut si peu de combinaisons dans l’Esprit, pour le rendre magnifique : il naît tant d’hommes communs, et on en voit si peu qui soient capables d’inventer des choses nouvelles, qu’il était dans la nature, que les Bals de cérémonie une fois trouvés fussent les Fêtes de tous les temps. […] On donna des Bals de cérémonie jusqu’au temps où le génie trouva des moyens plus ingénieux, de signaler la magnificence et le goût des Souverains ; mais ces belles inventions n’anéantirent point un usage si connu ; les Bals subsistèrent et furent même consacrés aux occasions de la plus haute cérémonie. […] La décence, l’honnêteté, la convenance de ces sortes de Fêtes étaient au reste, dans ce temps, si solennellement établies dans l’opinion des hommes, que l’amer Fra Paolo dans ses déclamations cruelles contre ce Concile, ne crut pas même ce trait susceptible de critique. […] Les Buffets étaient séparés par des balustrades, et en dedans une infinité d’Officiers du Gobelet avaient le soin de donner, à qui en voulait, tout ce qu’on leur demandait pour rafraîchissements, pendant tout le temps du bal qui dura toute la nuit. […] Pendant tout le temps qu’il y fut on ne dansa que des Danses graves et sérieuses, où la bonne grâce et la noblesse de la danse parurent dans tout son lustre. » À cette gravité si l’on ajoute les embarras du cérémonial, la froide répétition des mêmes Danses, les règles rigides établies pour le maintien de l’ordre de ces sortes d’Assemblées, le silence, la contrainte, l’inaction de tout ce qui ne danse pas ; on trouvera que le Bal de cérémonie, est de tous les moyens de se réjouir, celui qui est le plus propre à ennuyer.
Quinault a coupé tous ses poèmes pour la grande déclamation : il ne pouvait pas alors avoir une autre méthode, parce qu’il n’avait que des sujets propres à la déclamation ; que d’ailleurs on connaissait à peine la danse de son temps, et qu’elle n’occupait qu’une très petite partie de la représentation. […] La danse naissait à peine de son temps, et il avait pressenti qu’elle serait un des principaux agréments du genre qu’il avait créé : mais comme elle était encore à son enfance, et que le chant avait fait de plus grands progrès ; que Lully se contentait de former ses divertissements de deux airs de violons, de trois tout au plus, quelquefois même d’un seul ; qu’il fallait cependant remplir le temps ordinaire de la représentation, Quinault coupait ses poèmes de façon que la déclamation suffît presque seule à la durée de son spectacle : trois quarts d’heure à peu près étaient occupés par les divertissements, le reste devait être rempli par la scène. […] Que la durée d’un opéra doit être la même aujourd’hui qu’elle l’était du temps de Quinault : 2°. […] (Belles-Lett.) est en général l’espace de temps qui sépare deux actes d’une pièce de théâtre, soit qu’on remplisse cet espace de temps par un spectacle différent de la pièce, soit qu’on laisse cet espace absolument vide. […] Le temps d’une entrée de ballet doit être celui de l’action même.
J’ose avancer ici, après Pitagore & Lucien, que la danse Sacrée a été inventée autant pour représenter en quelque maniere le mouvement des Astres, que pour le culte de la Religion, d’un tems immémorial. […] Il est vrai qu’il s’y étoit glissé des abus dès le tems même de S. […] Le Cardinal Ximenès rétablit de son tems dans la Catédrale de Tolede l’ancien usage des Messes solemnelles des Musarabes, nation Arabe, & qui furent les premiers Chrétiens en Espagne qui mirent la danse Sacrée en grande véneration pendant le Service divin. […] Leclerc, Tome XXII. pages 28, 29, 33, & suivantes, qui nous assure que la danse Prophane tire aussi son origine de la danse Sacrée, par rapport à ses mouvemens, ses cadences & ses figures, énoncez dans le premier Chapitre, dont le peuple par la suite des tems se servit pour composer des danses convenables aux réjouissances publiques. […] Pour la danse Astronomique, elle a été confondue dans les premiers tems avec la danse Sacrée, parce que les Sacrificateurs dans l’antiquité étoient aussi profonds dans l’Astrologie que dans l’Astronomie, qui servoient de fondemens à la Théologie des Payens, surtout parmi les Caldéens, les Egyptiens, les Perses, & les Grecs.
Sans étaler ici une érudition qui n’a pas été oubliée par d’autres, je me bornerai à dire que Lucien nous assure qu’on pleurait de son temps aux Représentations Pantomimes, tout de même qu’à celles des Tragédies. […] 13Si le temps avait épargné ce que Pylade avait écrit sur cet Art, il nous serait plus aisé de le ramener sur la Scène ; mais dans l’obscurité qui l’enveloppe aujourd’hui, n’ayant presque pas de lumière pour nous conduire, nous sommes obligés de marcher, pour ainsi dire, à tâtons, dans une crainte continuelle de nous égarer. […] 15L’unité de temps a toujours été fixée à 24 heures ; mais les Pièces dont la durée de l’action se rapproche le plus de celle de la représentation, toutes choses égales, sont regardées comme les plus parfaites. […] Si nous sommes gênés par la règle, ce n’est pas parce que nous trouvons le temps trop borné ; nous sentons au contraire à chaque instant qu’il est trop long. […] 19Ainsi un compositeur de Ballets Pantomimes, borné pour l’ordinaire à deux ou trois Danseurs, ne saurait faire durer ses Pièces plus long temps que la nature de son Art ne peut le permettre.
Dans les séries de temps battus ou sautés, ronds de jambes ou entrechats-six, la concordance de durée entre les mouvements consécutifs et identiques avait l’exactitude d’un chronomètre. […] Les temps ne sont plus, heureusement, quand on prônait une œuvre musicale pour son pittoresque et une œuvre peinte pour ses qualités plastiques.
On exprime par les uns les choses naturelles, comme les ballets de la nuit, des saisons, des temps, des âges, etc. […] Ces personnages formèrent les différentes entrées, après lesquelles le temps parut. […] La danse des cabrioles n’est autre chose que le saut que fait le cheval en cadence à temps dans la main, et dans les talons, se laissant soutenir de l’un, et aider de l’autre, soit en avant en une place, sur les voltes et de côté : on n’appelle point cabrioles tous les sauts ; on nomme ainsi seulement ceux qui sont hauts et élevés tout d’un temps. […] Le temps des airs sont les divers passages que l’on fait faire aux chevaux en avant, en arrière, à droite, à gauche : de tous ces mouvements se forment les figures, et quand d’un seul temps sans s’arrêter, on fait aller le cheval de ces quatre manières, on appelle cette figure faire la croix. […] On était peu galant, quoi qu’en disent les Poètes, dans ces temps reculés.
C’est par les expressions que les Balets se distinguent des autres danses, qui ne sont que de simples portemens du corps, ajustez à la cadence & au son des instrumens, dont on marque seulement les tems par la différence des pas & par la chute du corps : & presque toutes les danses que l’on danse au Bal & aux assemblées, sont sans aucune expression ; si ce n’est la Sarabande Espagnole avec les castagnettes, ou la Gigue d’Angleterre, comme la Courante marque la gravité de la danse Françoise. […] La danse des Vents doit être légere & précipitée ; celle des Forgerons doit avoir des tems, & des intervales à fraper sur l’enclume. […] Il y en a, dit Plutarque, qui ne dansent que pour danser, & dont toute l’adresse ne consiste qu’à faire une belle cadence & de grands portemens de corps ; ce qu’il appelle danser plus proprement que sçavamment : car comme une chanson, ajoute-t-il, a des tons & des tems pour l’air, le Balet a aussi des mouvemens, des figures, ou des démonstrations, pour le distinguer de la simple danse. […] Tertulien parle encore de ceux que l’on condamnoit à paroître avec une chemise brûlante, pour représenter la mort d’Hercule : & au Traité qu’il adresse aux Martyrs, il parle de ceux qui se louoient aux Pantomimes pour porter durant quelque tems cette chemise brûlante sur le Théâtre.
En retraçant l’idée de la galanterie de ce temps, elles font voir que la Danse fut un art connu des Français, avant tous les autres, comme il l’avait été autrefois des Grecs et des Romains. […] Il en communiqua le plan à la Reine qui l’approuva ; mais le peu de temps qui restait ne lui permettant point de se charger des Récits, de la musique et des Décorations ; la Reine, à sa prière, commanda à Lachenaye Aumônier du Roi de faire les Vers ; Beaulieu Musicien de la Reine eut ordre de composer la musique ; et Jacques Patin Peintre du Roi fut chargé des Décorations. […] C’étaient des Médailles d’or gravées avec assez de finesse pour le temps. […] Il était dans ce temps un des meilleurs Violons de l’Europe et son ouvrage qui est imprimé est plein d’invention et d’esprit.
Subligny, troisième semaine, lettre du 24 février 1667 Ballets, Bals, Mascarade, Courses, Et d’autres plaisirs infinis, Qui remplissent l’esprit en vidant bien des bourses, En ce temps-ci, SEIGNEUR, seront-ils bannis ?
Elles furent créées dans un tems où cet art ne marchoit qu’à l’aide des lisières ; ces règles n’annoncent que la foiblesse de l’enfance. […] Les théâtres devenus plus vastes forcèrent encore les danseurs à les arpenter, à détaller leurs tems, et a parcourrir l’espace avec plus de prestesse, et de légèreté. […] En l’année 1740 le célèbre Dupré, l’Appollon de la danse, ornoit le tems de Gaillarde d’un tortillé, mais il étoit si bienfait, le jeu de ses articulations étoit si doux et si liant, que ce pas fait d’un seul pied avoit beaucoup d’élégance et préparoit agréablement le pas tombé ; tel est, Monsieur, l’empire des graces qu’elles embellissent tout. […] Marcel tourmenté de la goute ne pouvoit faire le pas, il pensa tomber plusieurs fois et m’écraser, je lui dis alors : Monsieur, mettez-vous sur votre fauteuil, faites moi le pas avec les doigts ; j’espère le prendre à votre satisfaction comment diable, s’écria Marcel, vos jambes saisiront le mouvement de mes doigts ; oui, Monsieur, très rapidement en ajoutant toute fois le nom du pas, ou des temps que vos deux doigts me traceront. […] Il m’esquissa le pas avec les deux index, je le pris facilement ; son prévôt jouoit du violon, et je dansai ; le rondeau sçu, il m’arrangea les bras à l’antique, et content de mon intelligence il me dit : venez me voir de tems en tems ; je parlerai de vous, et je ferai votre fortune.
La Danse avait été de tous les temps un signe d’Adoration, une démonstration extérieure de la dépendance des créatures, une expression primitive de reconnaissance. […] Cependant la Danse sacrée de l’Église, susceptible, comme les meilleures institutions, des abus qui naîtront toujours de la faiblesse et de la bizarrerie des hommes, dégénéra après les premiers temps de ferveur, en des pratiques dangereuses qui alarmèrent la piété des Papes et des Évêques. […] Le Père Ménestrier31 Jésuite, dit avoir vu de son temps, dans quelques Églises, les Chanoines et les Enfants de chœur, qui, le jour de Pâques, se prenaient tout bonnement par la main et dansaient en chantant des Hymnes de réjouissance.
J’expliquai alors à Kawakami, avec le renfort indispensable des gestes qui convenaient, que le temps était venu pour lui de se lever et de dire quelques mots en japonais. […] Il fit les entr’actes si courts qu’on n’avait même pas le temps d’aller au buffet. […] Il passait son temps à dessiner tout ce qui l’entourait.
Vous avez, par des temps de marche et de course, exprimé directement la configuration du rythme ; vous avez calqué vos pas sur le dynamisme inhérent au texte musical en vous en faisant l’écho plastique. […] Eh bien, quelle délivrance, quelle robuste joie que ce franc jeté, que ce temps d’élévation exécuté dans toute sa claire logique. […] Eh bien, le temps quand « les danseurs classiques ne s’aimaient pas » est, heureusement, révolu.
Je vous communique ces chiffres sur une feuille à part avec le relevé des travaux exécutés par mon jeune architecte dans ces derniers temps et qui sont ses états de service. […] Vous voulez continuer à vivre dans l’austère solitude de votre vieux manoir, puisque vous consacrez du temps et de l’argent à le rendre plus élégant et plus confortable ; c’est le tour qu’ont pris vos pensées depuis quelques années, et je l’approuve, parce que je garde l’espérance de vous voir associer à votre existence celle d’une femme aimable et vertueuse. […] Laisserez-vous battre en brèche vos plus chers principes, et si vous ne pouvez vous y résoudre, car cela est impossible à qui porte en soi la flamme de la croyance, ne regretterez-vous pas le temps perdu à repousser de vains sophismes ?
Robinet, lettre du 8 août 1666 Au COLLÈGE des JÉSUITES, Pères Savants, bons Casuites, Bref, Artisans des beaux Esprits, MARDI, l’on délivra les Prix Fondés par le Roi notre SIRE, Qui des LETTRES chérit l’Empire, Pour animer les STUDIEUX, Qui se font grands Hommes chez Eux, Une TRAGÉDIE excellente, Dont la Scène était fort brillante, Et même le BALLET du TEMPS, Des plus moraux et plus galants, Cette Action accompagnèrent Et tous les Spectateurs charmèrent.
Que mes Confrères impriment les productions des cerveaux poétiques de notre tems ; ils ne débiteront que des Ouvrages cent fois rebattus.
On le déguise pour un temps ; ou, si l’on s’en débarrasse, ce n’est qu’en lui substituant un défaut contraire. […] Presque tous les grands Ballets de ce temps qui étaient les seuls amusements du Roi et des Courtisans, ne furent que de froides allusions, des compositions triviales, des fonds misérables. […] L’esprit de ce grand homme se refusait au bas, et dans le même temps il se perdait dans le Phébus. […] On vit paraître alors les furies armées de leurs serpents, dans le même temps qu’un Aigle descendait des nues, et que deux énormes Lions sortaient d’une horrible caverne. […] Elle est sans doute très inférieure à ce qu’elle devrait être ; mais dans ce temps elle dut paraître fort magnifique.
J’ai pour les établir des arrêtés, des ordres, des délibérations de toutes les administrations, de toutes les autorités qui se sont succédées depuis ce temps. […] Il est temps, Citoyen Conseiller d’État, de faire enfin cesser les intrigues de ceux qui veulent des places (qu’ils ne sauraient peut-être pas bien occuper), dirigées contre ceux qui les occupent, et qui prouvent qu’ils peuvent les occuper encore. […] -S. — Si votre cœur vous portait à venir me voir, ne l’écoutez pas, je vous prie, par ce temps-ci, et soyez assurée qu’aussitôt que je croirai pouvoir le faire sans danger, ce sera moi qui irai vous présenter mes hommages. […] Avant, le temps était humide et triste, ce qui heureusement n’influe pas beaucoup sur notre caractère. […] Elle est venue espérant faire fortune ; ce temps-là est passé pour la Russie.
De même que lorsque l’on vous vient prier pour danser, il faut vous transporter à l’endroit où l’on commence, & faire les reverences que l’on fait avant de danser ; mais si vous ne sçavez pas danser, il faut faire vos excuses, soit sur le peu d’usage que vous en faites, ou sur le peu de tems qu’il y a que vous apprenez : ainsi vos reverences finies vous reconduisez cette Dame à sa place, & du même tems vous allez faire une reverence à une autre Demoiselle, pour la convier de venir faire la reverence avec vous, afin de ne point déranger l’ordre du Bal ; mais si l’on vous pressoit de danser, quelque instance que l’on vous fit, ayant refusé une fois, il ne faut pas danser dans tout le Bal, parce que ce seroit offenser la personne qui vous a prié d’abord, ce qui se doit observer d’un sexe comme de l’autre : comme aussi ceux qui ont la conduite d’un Bal, d’être attentif que chacun danse à son tour, afin d’éviter la confusion & le mécontentement ; comme aussi lorsqu’il arrive des Masques, de les faire danser des premiers, afin qu’ils prennent ceux de leur compagnie de suite.