il devient froid, ses moules sont de glace, ses masques sont sans caractere & sans vie ; il ne peut saisir les finesses des traits & toutes les nuances imperceptibles, qui grouppant, pour ainsi dire, la physionomie lui prêtent mille formes différentes. […] Vous concevez, Monsieur, qu’il est peu libre ; que son ame est toujours agitée ; que son imagination travaille sans cesse ; qu’il est les trois quarts de sa vie dans un Enthousiasme fatigant qui altere d’autant plus sa santé qu’il se tourmente & qu’il se pénétre d’une situation triste & malheureuse, vingt-quatre heures avant de la peindre & de s’en délivrer. […] Lorsque l’éleve est parvenu à mettre une figure ensemble, le Maître lui enseigne la façon de l’animer, en y répandant de la force & du caractere ; il lui apprend à connoître les mouvements de la nature ; il lui indique la maniere de distribuer avec Art ces coups de crayon qui donnent la vie, & qui impriment sur la physionomie les passions & les affections dont l’ame est imbue. […] Ici je vois de la conduite & du raisonnement, de la précision dans l’Ensemble, de la vérité dans le Costume, de la fidélité dans le trait historique, de la vie dans les figures, des caracteres frappants & variés dans les têtes, & de l’expression par-tout ; c’est la nature qui m’est offerte par les mains habiles de l’Art : mais là je ne vois que des Tableaux aussi mal composés que désagréablement dessinés. […] La dispute de Ciceron & de Roscius, à qui rendroit mieux la pensée, Ciceron par le tour & l’arrangement des mots, & Roscius par le mouvement des bras & l’expression de la physionomie, prouve très-clairement que nous ne sommes encore que des enfants ; que nous n’avons que des mouvements machinaux & indéterminés, sans signification, sans caractere & sans vie.
On sait que Psyché étoit d’une beauté rare ; que Vénus en devint si jalouse, qu’elle employa tout son pouvoir pour la persécuter, que l’Amour frappé des charmes de Psyché, conçut pour elle la passion la plus vive, et qu’il se détermina à l’épouser ; que la curiosité de cette jeune Princesse pour connaître son vainqueur, qui ne la voyoit que la nuit, excita pendant quelque tems la colère de ce dieu, et qu’il l’abandonna quelques instans ; on n’ignore pas, dis-je, que Venus profita de ce moment, pour s’abandonner à sa vengeance, et qu’elle livra la malheureuse Psyché aux fureurs des divinités infernales ; qu’indépendamment des tourmens que les furies lui firent éprouver dans ce séjour de douleur, elle y perdit encore ses charmes et sa beauté ; que l’Amour toujours tendre et toujours épris se fraya une route dans les enfers, qu’il y enleva Psyché prête à perdre la vie, qu’il la transporta dans le palais de Vénus, qu’il reconcilia enfin cette divinité avec Psyché, qui recouvra sa fraîcheur et ses charmes : et que l’Amour l’épousa. […] Mais, avant de perdre la vie, les Furies se font un plaisir barbare de lui faire éprouver les plus cruels tourmens.
Je me couchai à minuit, — et pour la première fois de ma vie, je sus l’heure qu’il était quand je me réveillai.
On avait nommé ainsi ceux qui s’appliquaient à la vie contemplative.
. — Sa vie à Berlin. — Ses amours à Vienne. — Son activité politique. — Sa prodigalité. — Portrait physique. — Première rencontre avec Fanny Elssler. — Confidences à Prokesch von Osten et à la comtesse Fuchs. — Les lettres de Gentz à Fanny. — La révolution de 1830 ; Gentz chez le prince de Metternich. — Départ de Fanny pour Berlin. — Lettres de Gentz à Rahel Varnhagen. — Fanny chez Rahel. — Lettres de Rahel à Gentz. — Retour de Fanny à Vienne. — Lecture de Henri Heine. — Mélancolie de Gentz. — Sa mort. — Nature des sentiments de Fanny pour lui. — Légende des amours de Fanny et du duc de Reichstadt ; les Mohicans de Paris ; l’Aiglon.