On reproche l’incrédulité sur les faits aux gens instruits, parce qu’ils n’admettent jamais que la vérité prouvée : il me semble qu’elle est bien plutôt l’humiliant apanage des ignorants, puisqu’ils rejettent toujours, sans discussion, tout ce qui passe leur portée. Si quelqu’un de ceux de cette première classe me fait l’honneur de suivre le fil de cet Ouvrage, il saisira sans peine dans la suite des faits, les marques de vérité qui m’ont frappé moi-même. […] Peut-être n’est-il point dans le monde un Public, qui se laisse tromper plus aisément par la charlatanerie que celui que l’amour du plaisir entraîne à nos Spectacles ; mais aussi n’en est-il point qui saisisse avec plus de promptitude la vérité, dès qu’elle se montre à ses yeux.
Il s’agit à la vérité, dans cet article, des danses aux jours de dimanches et de fêtes, mais j’ai déjà observé, qu’outre la profanation de ces saints jours que les danses qu’on y fait entraînent après elles, elles ont, en quelques jours qu’elles se fassent, des dangers et des vices qui en sont inséparables. […] C’est donc une vérité certaine et incontestable qu’elles ne sont pas permises ; et cependant on n’y demeure pas moins attaché. Est-ce là rendre l’hommage que l’on doit à la vérité infaillible de Dieu, qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper ?
De là, l’opposition que tant de gens ont aux vérités qui condamnent le mal auquel ils sont attachés, et les efforts qu’ils font pour trouver des prétextes de ne pas se rendre à ces vérités. De là, en particulier, toutes les fausses maximes que bien des gens avancent et soutiennent en faveur des danses, tout ce qu’ils opposent aux autorités et aux raisons par lesquelles ceux que la vérité éclaire et instruit en montrent le danger et le mal. […] 3.° Quelques curés ou confesseurs entre les mains desquels ce petit écrit pourra tomber, et qui ont été jusqu’à présent trop indulgens pour les danses et pour les personnes qui les aiment, parce qu’ils ne les ont point envisagées sous le vrai point de vue où il faut les considérer, pourront être plus touchés de cette multitude de preuves, que si on en avoit allégué quelques-unes en petit nombre ; et, en voyant tant de témoins déposer contre les danses, on peut espérer qu’ils se reprocheront d’avoir pensé autrement, et d’avoir trop facilement toléré ce qui dans tous les temps a été si hautement condamné ; qu’ils reviendront sur leurs pas, étant toujours honorable et utile de revenir à la vérité, quand on commence à la reconnoître, et qu’ils emploîront l’autorité de leur ministère à s’opposer à un mal dont ils sentiront mieux la grandeur et les funestes suites. […] Si toutes ces preuves ne touchent et n’ébranlent point, elles serviront du moins à faire voir combien est grande l’inflexibilité de cœur de ceux qui ne s’y rendront pas, et combien est opiniâtre leur résistance à la vérité.
Apelle peignit Alexandre plusieurs fois, et donna à ces différents portraits le charme de la ressemblance, et les attraits séduisans de la vérité ; mais il s’en faut bien que j’aye à ma disposition les pinceaux, et les couleurs brillantes de ce peintre célèbre. […] Ses gestes sont éloquents, parce qu’ils ne sont point étudiés dans une glace infidèle, qu’ils sont mus par les passions, dessinés par le sentiment, colorés par la vérité, et que le principe de leurs mouvemens réside dans l’âme de l’acteur. […] Cheminant gaiment, car l’esprit et l’enjouement voyageoient eu croupe avec eux, Preville eût la fantaisie de contrefaire l’homme ivre ; Garrick en applaudissant à l’imitation de Préville, lui dit : « mon cher ami, vous avez manqué une chose bien essentielle à la vérité et a la ressemblance de l’homme ivre, que vous venez d’imiter » — « quoi donc, lui dit Préville ? […] Garrick disoit que Grandval étoit le peintre fidèle des moeurs de son siècle ; qu’il les représentoit avec une vérité d’autant plus précieuse qu’il avoit l’art heureux d’embéllir jusqu’aux ridicules, de les peindre sans charge, et de faire oublier, par un agréable prestige, jusqu’à son nom, pour ne paraître que M. le comte, ou M. le Marquis. Garrick ajoutoit à l’hommage, qu’il rendoit à la vérité, que le débit aisé le maintien noble et la grace, que cet acteur avoit en abordant une femme, soit pour la tromper, soit pour l’adorer, étoit au dessus de tout éloge.
Je dois avouer que non seulement elles sont très commodes pour les danseurs, et qu’elles conviennent beaucoup mieux à l’imitation de la coiffure des Grecs et des Romains etc. que des cheveux frisés et poudrés ; En l’année 1762 je déclarai la guerre aux énormes perruques de l’opéra parce qu’elles étaient ridicules et qu’elles s’opposaient à la vérité du costume et aux proportions que la tête doit avoir avec le buste : mais je ne proscrivis pas celles qui pouvoient les établir, car j en fis un usage constant dans tous les caractères qui exigeoient de la vérité et de la ressemblance. […] Je conviendrai avec autant de douleur que de vérité qu’il ne m’a pas été possible pendant mon séjour à Paris de subordonner aucun premier sujet aux lois sages du costume. […] Sans cette précaution l’éffet sera nul, le but sera manqué, et la représentation privée de cette vérité qui en impose, ne pourra entraîner le spectateur à l’illusion ; elle ne produira pour lui qu’une sensation médiocre. […] Le dessinateur des habits s’abandonne à une complaisance impardonnable ; il sacrifie la vérité du costume aux fantaisies des acteurs, aux caprices des danseurs et des danseuses, et loin de trouver dans le vêtement le costume d’une nation éloignée, on ne voit que la bigarrure et l’extravagance d’une grande mascarade. […] Il faut espérer que la raison reprendra un jour ses droits, et que honteux de nous être rendus tributaires de la folie, nous anoncerons à son empire, et que les arts fatigués du bruit de ses grelots, prêteront enfin l’oreille aux accens de la vérité et aux sages leçons de la nature.