e livre des rois, (c. 22.) que pour un seul véritable prophète, nommé Michée, qui eut le courage de dire la vérité à Achab, il se trouva quatre cents faux prophètes qui ne cherchèrent qu’à le flatter, et qui, en l’assurant qu’ils lui parloient de la part de Dieu, qui ne les avoit pas envoyés, l’engagèrent dans une entreprise qui lui coûta la vie. […] C’est pour le punir de cette mauvaise disposition que Dieu permit au démon d’être un esprit menteur dans la bouche de ces quatre cents prophètes, pour qu’ils le trompassent en lui cachant la vérité qu’il craignoit de voir. N’est-ce pas là encore aujourd’hui la disposition de beaucoup de mauvais chrétiens qui, aimant leurs vices et les erreurs qui les favorisent, sont secrètement ennemis de la vérité, et ne peuvent souffrir ceux qui la leur représentent ? […] Parce qu’ils n’ont pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés, c’est pour cela que Dieu leur enverra un esprit d’erreur si efficace qu’ils croiront au mensonge ; afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, et qui ont consenti à l’iniquité, soient condamnés. En effet, la vérité éternelle qui doit un jour nous juger, pourra-t-elle ne pas condamner ceux qui s’en seront déclarés les ennemis ; qui craignent de la connoître ; qui aiment ceux qui, pour les flatter et leur plaire, la leur cachent ; qui ont une opposition secrète, et quelquefois même marquée, pour ceux qui leur présentent sans déguisement la vérité à la lumière de laquelle ils doivent marcher ?
Je crois encore avoir fait aux objections, par lesquelles on s’efforce d’affoiblir ces preuves, des réponses sans réplique, du moins pour ceux qui ne proposent des difficultés que pour l’éclaircissement de la vérité, et non dans le dessein de lui résister opiniâtrément dans quelque jour qu’on la mette. Ne faut-il plus rien afin que les vérités exposées dans ce petit écrit, soient favorablement reçues et suivies ? […] qu’elle enseigne toutes choses, et qu’elle est la vérité , ne vient se joindre à l’instruction extérieure. […] Esprit de vérité, placez-vous dans nos cœurs pour nous instruire et nous toucher ! […] En faisant luire à notre esprit la lumière de la vérité, faites-la aussi pénétrer dans nos cœurs, en sorte que nous ayons un éloignement fini et persévérant pour tout ce qui peut vous offenser et vous déplaire ; et que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui est aimable, tout ce qui est d’édification et de bonne odeur, tout ce qui est vertueux, et tout ce qui est louable dans les mœurs, occupe désormais uniquement nos pensées, éclate dans toutes nos œuvres .
Et en effet, dans le petit nombre des conversions qui se font aujourd’hui, il est aisé de remarquer que pour l’ordinaire c’est par le ministère des confesseurs les plus instruits des règles et les plus attentifs à les suivre, que Dieu les opère : ils ont à la vérité la douleur de se voir souvent abandonnés de ceux à qui la sainte vérité de l’Evangile déplaît, et qui veulent être conduits par la voie large ; mais quant à l’exactitude et à la fermeté, les confesseurs joignent une grande charité et une grande douceur pour ceux qui leur résistent, et que leurs exhortations sont soutenues par des prières fréquentes et ferventes ; Dieu leur donne aussi de temps en temps la consolation de voir quelques-unes de ces personnes se repentir de leur résistance, céder enfin à la force de la vérité, les remercier de ce qu’ils ne la leur ont pas cachée, et de ce qu’ils n’ont pas eu pour elles une indulgence qu’ils auroient jugée cruelle, parce qu’elle les auroit perdus.
Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ s’est appelé la vérité et non pas la coutume » ; par conséquent, en nous ordonnant de suivre la vérité, il nous défend de nous régler par la coutume. […] « La mauvaise coutume, dit-il, ne doit point prévaloir sur la vérité : car une coutume qui n’a point la vérité pour fondement, est une vieille erreur. Laissons donc l’erreur, et suivons la vérité qui est toujours victorieuse. C’est ce que Jésus-Christ nous présente dans l’Evangile, lorsqu’il dit : Je suis la vérité, (Jean. c. 14, v. 6.) […] Et nous est-il plus permis qu’à lui de nous écarter de la vérité, en suivant les coutumes qu’elle condamne ?
On y représenta un grand Ballet, dont le sujet était La Verita nemica della apparenza, sollevata dal tempo ; ce qui veut dire, La Vérité ennemie des apparences soutenue par le temps. […] On aperçut alors une Horloge immense à sable, de laquelle sortirent comme en triomphe les Heures et la Vérité.